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Par Freddy K le 26 Novembre 2012 à 06:25
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Sinister
de Scott Derrickson
USA / Gde Bretagne – 2012 – Fantastique / Thriller / Horreur
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Un peu comme tous les ans on a droit à notre petit film d'horreur estampillé « retour de la vraie peur qui fout vraiment la trouille au cinéma ». Pour cette année c'est donc le Sinister de Scott Derrickson qui se voit affublé de ce sceau strictement publicitaire et finalement bien lourd à porter, l'affiche du film annonce même fièrement « par les producteurs de Paranormal activity et Insidious » deux films soit disant référentiels de la peur au cinéma de ses dernières années. Et sans grande surprise, Sinister est une nouvelle déception, le film comptant au final bien plus de défauts que de qualités.
Sinister c'est donc l'histoire de Ellison un jeune auteur de livres basés sur des enquêtes criminelles réelles dans lesquelles il replonge afin de trouver de nouvelles pistes. Histoire de bien s'imprégner de sa nouvelle enquête et donc de son potentiel futur bouquin, il s'installe avec sa petite famille dans une maison qui n'est autre que le triste théâtre d'un crime passé. Ellison découvre alors dans le grenier de la maison une boite contenant des bobines super 8 sur lesquels sont filmés des meurtres de familles entières et ceci sur plusieurs décennies.
Le meilleur de Sinister tient en deux choses avec d'une part les petits films super 8 en eux même et de l'autre le sound design et la formidable bande originale signée Christopher Young. Scott Derrickson a donc réussi à surfer sur la mode du found footage tout en l'intégrant cette fois ci à une forme classique de récit. Les quelques petits films que regarde Ellison (Ethan Hawke) constituent incontestablement les moments les plus étranges et flippant du film et le réalisateur sans doute conscient de ce fait à la bonne idée de les disséminer tout au long du récit quitte à perdre un peu en crédibilité. Effectivement, on a un peu de mal à comprendre pourquoi cet auteur avide de sensations fortes et croyant trouver une mine d'or pour son futur bouquin ne regarde pas tous les films à la suite. Angoissant, bizarres et fatalement étrangement crédibles ces petits films super 8 sont au cœur du film et nous interrogeant notre propre voyeurisme et amour pour les images interdites. Pour le reste Sinister prend une forme assez classique de film de maison hantée et d'images aux pouvoirs maléfiques renvoyant vers Ring, Insidious ou même Paranormal activity. Le film parvient toutefois à générer un climat anxiogène grâce essentiellement à sa bande son assez monstrueuse et la musique obsédante et diaboliquement efficace de Christopher Young.
Pour le reste Sinister souffre malheureusement de nombreux défauts à commencer par la caractère ultra-répétitif des événements qui fait que l'on a parfois la sensation d'assister trois fois à la même scène comme par exemple le rituel de projection des films super 8. Difficile aussi de vraiment se passionner pour le coté très statique de l'enquête, le personnage interprété par Ethan Hawke passant son temps à faire des recherches sur Gooogle ou au téléphone. Et puis surtout Sinister n'est jamais très effrayant, les apparitions des gamins aux maquillages sommaires sont tout au plus étranges et les longue scène d'angoisses liées à l'exploration nocturne de la maison sont aussi récurrentes que balisés des pires clichés du genre. Quand aux quelques apparitions du boogeyman en premier plan, genre coucou fais moi peur histoire de faire sursauter son monde, pour moi c'est le genre de truc artificiel et limite pas possible..... Même les films super 8 perdent un peu de leur puissance à mesure que Scott Derrickson joue sur la surenchère comme avec le coup de la tondeuse à gazon. Le film s'avère donc sans grandes surprises et c'est assez facilement que les adeptes de fantastiques comprendront au bout d'une petite demi-heure toute la trame et le final de cette histoire. Au registre des déceptions on pourra également ajouter les personnages secondaires tous plus inutiles et sous développés les uns que les autres comme le gamin et ses terreurs nocturnes prétexte à deux jumps sacres, l'adjoint du flic simple moteur pour révéler le pseudo-twist final.
Sinister n'est donc guère plus qu'une bonne petite série B d'épouvante boosté toutefois par sa bande son diabolique et quelques moments d'angoisse tous liés à la projection des films super 8. Pour le reste Sinister possède également une morale assez ambigüe qui semble nous dire: prenez garde aux images violentes et à votre fascination pour le macabre car cela pourrait bien contaminer vos enfants, alors occupez vous plutôt de votre famille .
Ma note 06/10
2 commentaires -
Par Freddy K le 13 Novembre 2012 à 06:57
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Frankenweenie
de Tim Burton
USA – 2012 – Animation / Fantastique / Comédie / Monster's spirit
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Presque 25 ans après, Tim Burton revient donc à ses premiers amours avec Frankenweenie qui combine l'univers de ses deux courts métrages emblématiques avec l'animation en stop motion et en noir et blanc à la Vincent et l'histoire et l'univers du Frankenweenie originel de 1984. Ironie du sort Tim Burton revient aussi avec un long métrage pour Disney adaptant le court qui lui avait couté de perdre son job à l'époque dans ce même studio. Le réalisateur retrouve aussi une partie de l'affection de nombreux fans déçus, parfois à tord et à raison, par ses précédents films même si au bout du compte Franbkenweenie est bien parti pour être le plus gros échec commercial de Burton depuis Ed Wood.
Frankenweenie raconte l'histoire de Victor un jeune garçon solitaire d'une petite banlieue américaine qui ne possède qu'un seul véritable ami, son chien Sparky avec lequel il tourne des courts métrages. Lorsque Sparky meurt renversé par une voiture, le jeune Vincent inspiré par son drôle de professeur de science décide de faire revenir son animal à la vie grâce à la puissance électrique d'un orage...
Frankenweenie est avant toute choses un hommage vibrant et touchant à l'épouvante et aux grands monstres Universal. Avant même que le film ne commence, comment ne pas avoir un léger frisson de plaisir lorsque soudainement le logo Disney avec le château de La belle aux bois dormants se transforme en une image en noir et blanc, gothique en diable de vielle bâtisse inquiétante dans une nuit de pleine lune brumeuse. Même la musique de Danny Efman est de la partie avec une magnifique rupture de ton transformant la musique Disney en une sombre musique d'épouvante. La suite direct est tout aussi touchante avec le jeune Victor montrant à ses parents, aussi admiratifs que inquiets, un court métrage de science fiction délirant tourné avec des bouts de ficelles et mettant en vedette le chien Sparky en monstre sauveur. En cinq minutes tout est déjà là ou presque, l'amour du cinéma, de ses modestes bricoleurs d'images et des monstres, la « revanche » sur Disney, et l'esquisse du portrait sans doute très autobiographique de se jeune gamin solitaire et rêveur perdu dans l'ennuie d'une petite banlieue. Le tout dans un superbe noir et blanc avec une vraie patte graphique rendant presque immédiatement identifiable l'univers de Burton, une animation qui assume la raideur de son procédé, voilà comment le réalisateur signe peut être avec Frankenweenie la plus belle introduction de toute sa carrière.
La suite sera tout aussi réjouissante et c'est avec beaucoup de plaisir que l'on va suivre Victor et Sparky dans cet univers fait de voisins rigides et de gamins aux tronches de freaks. On est donc amusé par ses gosses pour le moins étranges avec une mention spéciale pour la gamine aux grand yeux fixes et son chat qui fait des présages avec ses crottes ou encore le gnome bossu et le môme aux allures de Boris Karloff. Déjà généreux en frissons de plaisirs Frankenweenie permet de retrouver l'ombre longiligne et émouvante de Vincent Price sous les traits du professeur Monsieur Rzykruski. Tim Burton a dores et déjà planté un univers solide et tangible lorsque survient la mort plutôt émouvante de Sparky notamment à travers le regard de Victor tentant de prolonger la vie de son compagnon en le regardant vivant sur pellicule (un nouvel hommage magnifique au cinéma).
Arrive alors le gros morceaux de bravoure du film avec la résurrection de Sparky. Cet hommage sublime au Frankenstein de James Whales précédé d'un très beau clin d'œil à Christopher Lee et Dracula est absolument formidable. Utilisation discrète mais pertinente de la 3D, noir et blanc sublime tout en contraste, partition magnifique de Danny Elfman qui s'emballe et monte comme un requiem découpé de grands coups de cymbales, tension palpable et émotion sincère et cette sensation soudaine et grisante que Burton lui même ressuscite totalement en même temps que le chien du film. Une chose est certaine c'est que cette scène se place instantanément parmi mes plus beaux moments de cinéma de cette année 2012.
Malheureusement une fois Sparky revenu d'entre les morts Frankenweenie peine un peu à trouver un second souffle et manque finalement d'enjeux dramatiques. Les personnages secondaires restent très flous et peu attachants en particulier Elsa (Winona Ryder) qui avait pourtant le potentiel d'une pure et belle héroïne Burtonnienne. On s'amusera toutefois des nombreuses références qui continuent de parsemer le film, Burton citant de manière plus ou moins direct l'expressionnisme allemand à la Nosferatu (les ombres des gamins dans l'escalier), L'homme invisible (le poisson invisible), Le loup garou (La transformation du chat) , La fiancée de Frankenstein (La coupe de la chienne d'Elsa), La momie ou les kaiju ega japonnais type Godzilla et Gamera et même Bambi histoire de ne pas oublier que les premiers Disney portaient une part de noirceur... L'attaque des monstres à la fête foraine est donc un joli moment de poésie morbide à la Burton dans laquelle le réalisateur et bien loin de se renier (comme je l'ai encore lu plusieurs fois) en montrant des monstres méchants. Car au détour d'un dialogue entre Victor et Monsieur Rzykruski autour de la résurrection de Sparky et l'échec de celle du poisson, Burton nous livre une magnifique réflexion sur la réussite autour de la création d'un freaks, sur cet inconnu qui transforme et transcende la réussite d'une expérience, qui est simplement l'amour que le créateur porte à sa créature. Pour moi Burton ne montre pas que les vilains garçons vont faire des vilains freaks qui doivent tous mourir mais simplement qu'un monstre créé par opportunisme, appât du gain (ici le concours de science) n'aura jamais la dimension des grandes figures mythologiques inventées par des amoureux fous de l'horreur.
Quand au final du film je dois avouer que je le trouves assez décevant et presque énervant tant il plombe un film jusque là presque parfait. Si Frankenweenie offre encore de jolis moments comme l'attaque du moulin (séquence d'horreur gothique superbe), des dialogues typiquement dans l'esprit de Burton comme lorsque Elsa dit qu'elle serait ravie d'être morte plutôt que de chanter la gloire de sa ville, le film glisse doucement vers un happy end certes mélancolique mais limite hors sujet. J'ai un peu de mal à voir ses habitants qui semblaient prêt à brûler tous les monstres se prendre soudainement d'affection pour Sparky au point de tout faire pour le sauver, en même temps on pouvait difficilement imaginer autre chose de la part d'un film estampillé Disney. Tim Burton n'est peut être pas allé totalement au bout de son sujet mais il livre avec Frankenweenie un très beau film sur le deuil, sur l'imaginaire et sur les monstres.
Même si certains s'amusent encore à le croire et le clamer haut et fort à longueur de critiques, Tim Burton n'est pas encore tout à fait mort. Après un réjouissant Dark Shadows il nous offre avec Frankenweenie un très joli film, certes pas exempt de défauts mais bourré de moments d'une grâce infini. Et comme le hurlait Colin Clive en 1931 j'ai envie de dire à propos de Burton: It's alive, It's ALIVE, IT'S ALIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIVE !!!!!
Ma note: 07,5/10
6 commentaires -
Par Freddy K le 4 Novembre 2012 à 16:45
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Abraham Lincoln Chasseur de vampires (Abraham Lincoln Vampire hunter)
de Timur Bekmambetov
USA – 2012 – Fantastique / Aventures / Biopic sous acides
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Produit par Tim Burton ce Abraham Lincoln chasseur de vampires ne respire pas vraiment le biopic ampoulé mais plutôt la bonne grosse série B débile et décomplexée. Parce que franchement avec un tel titre, il semble difficile de prendre ce film et ce concept très au sérieux à part peut être pour Timur Bekmambetov lui même qui livre finalement un film très premier degré qui passe donc totalement à coté de son concept. Abraham Lincoln Chasseur de vampires est un film limite schizophrène qui traite avec un aplomb étonnant la bêtise de son histoire pour livrer un blockbuster presque aussi crétin qu'il est laid.
On suit donc le parcours du jeune Abraham Lincoln dont la maman est tuée par des vampires et qui décide de se venger en débarrassant toute la nation de ses saloperies de suceurs de sang.
Avec un concept aussi stupide on était en droit d'espérer un film gentiment barré et exploitant totalement son coté bis. Ce n'est malheureusement pas vraiment le cas ici et le film traite cette histoire avec le plus grand sérieux, sans distances, sans humour, ni second degré. Le problème lorsque l'on essaye de faire passer le portnawak pour une réalité tangible c'est qu'il faut commencer par être un tout petit peu crédible ou au minimum ne pas être dupe de ce que l'on raconte. Ici rien ne fonctionne à commencer par le personnage principal interprété par un Benjamen Walker totalement transparent, fade et anti-charismatique en diable. Jeune chasseur de vampires ivre de vengeance, père de la nation américaine, figure de super héros bondissant, jeune amoureux romantique, quelque soit la manière dont le personnage évolue au fil du film, Benjamen Walker l'interprète toujours avec trois demis expressions faciales. Quand au récit en lui même il est bourré de trous scénaristiques, de raccourcis et d'ellipses faisant que l'on passe les étapes de la vie de Lincoln souvent à toute vitesse, sans aucunes transitions (Tiens il est devenu président !).
Après Abraham Lincoln Chasseur de vampires pose quelques questions sur le concept même de divertissement et de blokbuster décérébré. On peut effectivement se demander si la surenchère d'action est un prétexte suffisant au portnawak et au foutoir le plus complet et si le concept de divertir ne s'apparente pas trop souvent à celui d'abrutir la masse ?? Lorsque Timur Bekmamtov me montre Lincoln jonglant avec sa hache comme un croisement de Bruce Lee et d'une majorette hystérique juste sous prétexte que le personnage était bucheron, je me dis déjà qu'il se fout un peu de ma gueule de spectateur. Après on aura droit à trois pauvre scène d'apprentissage pour faire de Lincoln un mix entre Blade et Jet Lee et justifier du coup les plus improbables cabrioles et cascade de ce héros qu'on nous dépeint pourtant comme une homme très ordinaire. Je reconnais que Timur Bekmamtov a le sens de la folie et de la démesure dans ses scènes d'actions mais voir des types courir et sauter de montures en montures sur d'immondes canassons numériques, un autre défoncer une porte fenêtre en carriole pour faire voler un vampire en CGI en dérapant sur une flaque de sang ou encore des mecs sauter et courir sur des wagons numériques en flamme tombant dans le vide comme si il faisait un footing ça aurait plus tendance à me gonfler qu'à m'exalter. A force de vouloir faire plus on finit juste par faire n'importe quoi et pas une seule scène d'action de Abraham Lincoln Chasseur de vampires ne trouve grâce à mes yeux qui saignent devant cette orgie de bouillie numérique, de bullet time ringard depuis dix ans, de cabrioles et de gesticulations comme si tout le monde avait un piment dans le rectum.
Si le film réécrit l'histoire pour le fun il s'amuse aussi à gentiment dédouaner l'Amérique de ses boulets en nous expliquant par exemple que le massacre des indiens ou l'esclavage était forcément l'œuvre des vilains vampires qui depuis Lincoln sont partis en exil au moyen-orient. En même temps on ne s'embarrasse pas trop non plus avec la mythologie du vampire qui est ici capable de se balader au soleil sans le moindre soucis et sans la moindre justification. En gros il y-a un coté on s'en branle de toute façon on dira que c'est fun qui est assez agaçant.... Mais en plus d'être très con ce Abraham Lincoln Chasseur de vampires est aussi extrêmement laid. Timur Bekmamtov est une sorte de power rangers de la mise en scène qui ne jure que par filtre orange et filtre bleue, alternant ainsi scène d'intérieur à dominante chaude et scène nocturne, froide et embrumé. C'est tellement systématique pendant deux heures que ça en deviendrait presque amusant, mais le plus drôle reste encore l'immonde flashback aux couleurs délavées expliquant la malédiction de Henry Sturgess qui est d'une laideur toute numérique assez exceptionnelle.
Abraham Lincoln Vampire hunter en plus de puer le numérique à chacune de ses images est donc bien trop sérieux pour être vraiment drôle et beaucoup trop crétin pour être pris un minimum au sérieux.
Ma note 03/10
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Par Freddy K le 12 Septembre 2012 à 20:54
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The secret (The tall man)
De Pascal Laugier
USA/Canada – 2012 – Thriller mélancolique
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Quatre ans après le choc Martyrs le réalisateur Pascal Laugier s'expatrie donc pour tourner son troisième long métrage en langue anglaise. Après avoir refusé plusieurs remakes et choisit de garder une parfaite intégrité artistique, Pascal Laugier décide donc de mettre en scène un thriller aux lisières du fantastique écrit par ses soins depuis 2005. The secret est un film qui porte bien son titre puisque ce dernier s'avère difficile à analyser sans en spoiler une partie des secrets (justement). Je vais m'efforcer au fil de cette critique de ne révéler aucun des éléments clefs de The secret afin de laisser aux spectateurs le plaisir de se laisser embarquer et manipuler par le script du film. Toutefois les plus perspicaces ou tordus de ceux qui liront cette critique pourront y trouver des éléments propres à comprendre les méandres et surprises du film. Il suffit parfois simplement de parler d'un twist ending pour donner aux spectateurs l'envie de le deviner et donc le trouver... Il est donc recommandable mais pas obligatoire d'avoir vu The secret avant d'aller plus loin dans la lecture de cette critique.
The secret raconte donc la tragique histoire de Cold rock une petite ville sinistrée par le chômage depuis la fermeture de la mine et qui doit faire face à une sorte de malédiction qui voit disparaître un à un les enfants de la ville. Les habitants craignent The tall man, une sorte de mythe et de légende urbaine qui enlèverait les enfants pour les conduire au fond des bois. Julia la pragmatique médecin du village ne croit pas à ses histoires aux frontières du fantastique jusqu'au jour ou son fils de six ans est lui aussi enlevé sous ses yeux....
Avec The secret Pascal Laugier signe un très bon thriller à l'ambiance étouffante et profondément mélancolique. Il suffit de regarder le formidable pré-générique pour se retrouver totalement happer dans l'ambiance lourde de cette petite ville rongée par la crise , les superstitions et la violence. Photographie, musique, direction artistique, montage et mise en scène; ce prologue n'est pas loin de la perfection absolue et il plonge illico le spectateur dans l'atmosphère du film à l'image de cette manière très simple mais au combien efficace de montrer les disparitions d'enfants. La suite sera tout aussi réussi et Pascal Laugier trimballe avec une redoutable efficacité le spectateur dans les méandres de son scénario. Car l'une des grande force du film est incontestablement de surprendre et déstabiliser les spectateurs dans les coups de théâtre et les rebondissements d'un script qui ne cesse de remettre en perspective et en parallèle les événements précédents. Bien loin du simple film à twist ending foireux The secret tient tout entier sur sa construction qui bouleverse les certitudes du spectateur et le pousse à des interrogations délicates sur les notions du bien et du mal comme du juste et de l'injuste. Nul doute que les interrogations inconfortables lancées face caméra par Jodelle Ferland lors du très émouvant final du film devraient longtemps tarauder les esprits et les mémoires. The secret laisse alors l'emprunte et la sensation, non seulement, d'un très bon thriller mais aussi et comme pouvait le faire Martyrs d'un film profond portant un regard mélancolique et désabusé sur le monde actuel.
Entre le thriller, le fantastique, le drame et la chronique ordinaire d'un monde en perte de repères Pascal Laugier signe avec The secret un troisième film, certes bien moins radicale que Martyrs, mais tout aussi réussi. Les personnages son touchants, l'ambiance du film tout aussi prenante que pesante et l'histoire pousse le spectateurs à des interrogations parfois bien gênante. Si certaines critique se sont empressées de faire de The secret une apologie douteuse de certaines pratiques il ne faut pas oublier que le film de Laugier pose finalement bien plus de questions qu'il ne donne de réponses (Tout comme Martyrs d'ailleurs). The secret s'offre aussi un joli casting et permet de retrouver une Jessica Biel émouvante et impliquée dans ce qui reste sans doute son plus joli rôle ou Jodelle Ferland (Tideland – Silent hill) à la présence toujours aussi magnétique. Dans des rôles plus secondaires et peut être même pas assez développés on retrouve avec un immense plaisir Willimam B Davies ( l'homme à la cigarette des X-files) et Stephen McHattie (Pontypool). On pourra aussi noter la très jolie musique du film de Todd Byranton, Joel Douek et surtout Christopher Young et saluer une nouvelle fois l'élégance de la mise en scène de Pascal Laugier.
Quatre ans après Martyrs Pascal Laugier frappe donc de nouveau les esprits. Si il le fait avec beaucoup moins de violence et d'audace, il signe toutefois avec The secret un très bon thriller à la fois ludique pour le plaisir que l'on prend à le suivre et profond pour les interrogations et la mélancolie qu'il laisse longtemps après l'avoir vu.
Ma note: 08/10
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Par Freddy K le 24 Août 2012 à 17:04
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Rebelle (Brave)
de Mark Andrews et Brenda Chapman
USA (2012) - Animation / La rebelle et la bête
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Le cru Pixar 2012 possède une bonne touche de sensibilité féminine puisque c'est à la fois le premier film du studio réalisé par une femme et la première fois que le personnage principal du film est du sexe féminin. Bien évidemment le studio à la lampe nous a déjà offert de nombreux personnages féminins marquants comme Jessie dans Toy Story 2, Eve dans Wall-E, la formidable petite Bouh de Monstres et Cie mais avec Rebelle c'est la première fois que le premier rôle titre est celui d'une jeune fille. Rebelle est aussi le premier film à proposer du neuf après Toy Story 3 et Cars 2, deux suites qui n'avaient pas toujours totalement convaincus les fans. Autant dire que Rebelle était attendu de pied ferme par les fans de Pixar qui espéraient retrouver toute la poésie, la magie et la virtuosité du studio.
Rebelle raconte donc l'histoire de Merida, fille du roi Fergus et de la reine Elinor mais bien peu disposée à devenir princesse comme le voudrait les usages. Merida refuse de sacrifier à la tradition qui la ferait devenir l'épouse d'un des fils de clans du royaume au grand désespoir de sa mère. Emprunte de liberté Merida décide de recourir aux services d'une sorcière afin de faire changer sa mère d'avis à propos de ces fiançailles. Un vœu aux conséquences dramatiques qui va plonger le royaume dans le chaos...
Première constatation qui n'est même plus une surprise, Rebelle est nouvelle et prodigieuse réussite graphique et un pur enchantement visuel. Les décors sont splendides, l'ambiance celtique et médiéval superbe, les costumes et les décors sont riches en textures et en détails et c'est un immense bonheur pour les yeux que de suivre cette aventure. S'il ne fallait juger l'excellence technique de Pixar que sur un point il suffirait de regarder l'extraordinaire chevelure rousse de son héroïne, sa texture, ses mouvements, ses ondulations, sa flamboyante couleurs sont autant de gages de l'exigence et du degré de perfection atteint par Pixar au fil des ans. L'animation est elle aussi sans faille et les personnages bougent toujours avec autant de grâce que de réalisme et bien que optant pour un rendu très cartoon des visages, les expressions faciales des personnages sont criantes de vérité et d'humanité, et bien plus variées que chez de nombreux acteurs. On pourrait encore citer la jolie musique de Patrick Doyle et la mise en scène souvent inspirée, épique et virevoltante de Mark Andrews et Brenda Chapman comme lorsque Merida s'échappe pour une folle course à cheval avant de finir par boire les eaux d'une immense cascade après avoir gravit une montagne. Dans un autre registre le film joue parfois avec bonheur sur de formidables contraste de teintes, d'ombres et de couleurs comme lorsque l'immense tignasse rousse de Merida est le seul point colorè de l'image lors de l'exploration du château en ruine dans lequel vit le méchant du film. Donc pas grand chose à redire au niveau visuel et graphique car Pixar reste tout simplement ce qui se fait de plus beau en matière d'animation 3D.
Difficile également de faire la fine bouche devant la qualité du divertissement proposé. Rebelle est un film drôle avec une mention toute spéciale aux trois chefs de clans et leurs fils, aux trois facétieux triplés et frères de Merida et à la sorcière et ses sculptures sur bois . Rebelle est aussi un récit initiatique d'aventures trépidant qui s'inscrit dans une tradition très Disney du conte de fée avec sorcières, maléfice et un méchant vraiment impressionnant et capable de foutre une trouille bleue aux plus jeunes spectateurs. Les personnages sont dans l'ensemble charismatiques, attachants et solidement croqués offrant une belle galerie de caractèress hauts en couleurs. Enfin le film propose de jolis moments d'émotion à l'image du final particulièrement touchant pour lequel les plus sensibles verseront sans doute une petite larme. Mais le paradoxe de Rebelle, qui était déjà celui de Cars 2, c'est d'offrir à la fois un grand film de divertissement familiale couplé d'une réussite technique indéniable tout en laissant de nombreux fan de Pixar sur leur faim. Une nouvelle fois il manque à Rebelle cette petite étincelle ou cette pincée de folie ou de profondeur qui faisait le charme des autres films du studio. Rebelle est trop classique et prévisible pour être un excellent Pixar, le film de Mark Andrews et Brenda Chapman aussi charmant soi- il manque sans doute de poésie, de fantaisie, de folie et surtout de profondeur pour venir titiller notre âme d'enfant et nos préoccupations d'adultes comme le faisait si bien les autres films du studio. Le plus embarrassant c'est peut être que pour la première fois un film Pixar véhicule une morale un poil rétrograde et conformiste puisque la rebelle Merida finira par rentrer dans le rang, accepter le poids des traditions, faire des broderies avec môman et comprendre combien il peut être dramatique de braver l'autorité de ses parents (Pour une rebelle ça le fait moyen). L'esprit Disney serait-il en train de doucement ronger la créativité et la liberté du studio à la Lampe ? Il faudra sans doute attendre les prochains films pour se faire une orientation plus précise de Pixar.
En dépit de ses quelques défauts et de la petite pointe de déception qu'il laisse Rebelle reste dans le haut du panier de ce qui se fait en matière d'animation et Merida s'impose très naturellement comme une nouvelle figure emblématique du savoir faire de Pixar
Ma note: 07,5 / 10
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