-
De force de Franck Henry
___________________________________________________________________
De force
de Frank Henry
France (2011) Policier / Thriller
________________________________________________________________
Sur le papier on pouvait légitimement attendre le meilleur de ce premier film de Frank Henry. Le polar hexagonal se porte plutôt bien, le réalisateur et scénariste Frank Henry est un ancien truand ayant déjà collaboré aux scripts des séries Engrenage et Braquo laissant espérer une plongée intime dans le monde du grand banditisme et surtout le film réuni un casting assez alléchant avec Eric Cantona, Isabelle Adjani, Simon Abkarian, Thierry Frémont, Anne Consigny et Cyril Lecomte. En gros rien ne laissait vraiment présager du gros ratage que représente De force.
On suit ici l'histoire de Manuel Makarov (Eric Cantona) un détenu proche de la remise de peine qui se retrouve forcé de collaborer avec la police afin d'infiltrer un gang de braqueurs. Prête à tout afin de résoudre cette affaire, la police fait alors évader Manuel Makarov et le place au cœur d'un chantage pour le manipuler.
Dés les premières minutes du film on comprends que De force ne fonctionne pas et ne fonctionnera sans doute jamais. Il suffit d'un braquage de fourgon neurasthénique filmé comme un épisode de Julie Lescault avec montage paresseux pour comprendre que Frank Henry est d'emblée tout sauf un grand réalisateur. La suite ne fera que confirmer cette première impression tant De force ressemble à un banal téléfilm d'une platitude assez désespérante. Jamais Frank Henry ne parvient à installer un soupçon de tension dans son récit ni à faire décoller son intrigue avec un minimum d'action; Henry se contente d'enchainer maladroitement des séquences parfois consternantes jusqu'à aboutir à l'une des prise d'otages la plus insipide de l'histoire du cinéma. Autant le dire tout de suite on es bien loin du cinéma de Olivier Marchal ou Fred Cavayé et De force sombre doucement dans les méandres d'une médiocrité qui le fait doucement glisser vers le navet. Par la faute d'un script décousu, de dialogues appuyés et caricaturaux aux accents de langage de malfrats et surtout d'une mise en scène désincarnée De force semble foirer lamentablement tout ce qu'il tente. Le gang des malfrats composé d'un arabe, un corse et un manouche parfois aidé par des roumains (non le scénario n'est pas l'œuvre de Claude Guéant) ressemble plus souvent à une triste bande de pieds nickelés qu'aux Affranchis de Scorsese. Les personnages sont caricaturaux et mal écrit et les sous intrigue souvent ridicules comme l'histoire du fils délinquant de la chef de la police servant à lourdement introduire un semblant d'émotion dans le film. Tout semble artificiel et tout finit fatalement par sonner le creux dans cette rocambolesque histoire bourré d'incohérences et de raccourcis. Il suffit de regarder le casse final dans lequel la préparation des malfrats se limite à voler une voiture pour aller ensuite braquer à trois et sans entraves des millions de bijoux dans un avion avec autant de protection qu'une valise bourré de fraises Haribo.
En plus Frank Henry se révèle être aussi un bien piètre directeur d'acteurs car seul Eric Cantona s'en tire plus ou bien dans ce triste naufrage. Il est certes difficile d'être tout à fait crédible lorsque l'on donne à un comédien aussi peu de matière à défendre mais Frank Henry réussit l'exploit de faire déjouer tout à la fois Isabelle Adjani, Simon Abkarian et Thierry Frémont. La palme revient toutefois à Anne Consigny (36 quai des orfèvres, Le scaphandre et le paillon, Mesrine) monstrueusement caricaturale en procureur de la république rigide et fatalement rongée d'ambition. On se demande vraiment quelles sont les motivations profondes qui ont pu pousser les différents acteurs à se fourvoyer dans un tel projet qui se paye en plus le luxe de quelques apparitions sympathique avec Paul Personne, Cedric Klapish, Jean François Stevenin ou Francis Kuntz. Fort heureusement le film comporte assez de moments grotesques et de séquences digne des plus sérieux nanars pour permettre aux spectateurs déviants de prendre un minimum de plaisir. Personnellement j'adore la scène durant laquelle Eric Cantona devant sa glace se noircit la barbe avec un bouchon et enfile une casquette avec une mine affligée pour tenter passer inaperçu ou la lamentable scène d'amour entre Adjani et Cantona aussi torride et charnelle qu'un accouplement de méduses sur une chaîne animalière. J'aime aussi beaucoup l'arabe du gang qui va acheter des tenues de combats avec une perruque des Beatles et surtout le négociateur complètement foireux du GIPN qui après s'être fait jeter comme une merde par un Cantona qui menace de faire « Boumbadaboum » avec l'avion dira l'air désespéré « Ouh ben dis donc c'est un client, on va pas se le faire comme ça ». Bon j'avoue c'est bien peu pour satisfaire 100 minutes de calvaire mais c'est toujours agréable de sourire devant la médiocrité.
Avec De force, Frank Henry avoue avoir puiser son inspiration dans les films de Don Siegel, Jean Pierre Melleville et Claude Lelouch (??) et tout ça pour finalement aboutir à un mauvais épisode du commissaire Moulin.
Ma note: 03/10
-
Commentaires