• Grotesque de Kôji Shiraishi

     

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    Grotesque ( Gurotesuku)

    de Kôji Shiraishi

    Japon (2009) Horreur / Torture Porn

    Grotesque de Kôji Shiraishi

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     Autant le dire tout de suite en préambule de cette critique je n'ai aucune affection particulière pour les torture porn, cette forme abrupt, crapoteuse et un peu gratuite de l'horreur me laisse le plus souvent totalement perplexe. Pourtant et comme je suis bourré de paradoxes, j'adore aussi être dérangé, perturbé, mis mal à l'aise et bousculé dans ma position de spectateur de films horrifiques ce qui me pousse à aller toujours regarder les pires productions du genre. Grotesque du japonais Kôji Shiraishi a le mérite d'ouvrir le débat sur ce que doit être un torture porn, sur la légitimité de ce sous genre de l'horreur et sur les attentes prétendues ou bien réelles des amateurs d'horreur.

     Faire le résumé de Grotesque est une chose facile puisque le film de Shiraishi ne raconte volontairement pas grand chose. On regarde donc pendant 75 minutes un type qui séquestre un couple de jeunes tourtereaux afin de leur faire subir les pires tortures et humiliations possible juste parce que cela lui donne du plaisir.

    Grotesque de Kôji Shiraishi

     Comme on peut le constater Kôji Shiraishi ne s'embarrasse pas de fioritures d'écriture et concentre son récit de la manière la plus primaire possible. Ici pas de contexte, pas d'explications psychologiques aux motivations du bourreau, pas de mise en place de l'intrigue; Grotesque est un film qui rectiligne et droit au but. On es pas très loin du minimalisme malsain des Guinea Pig et surtout d'une écriture proche de la pornographie dans laquelle l'histoire n'est qu'un prétexte à introduire un maximum de séquences de cul ici remplacè par des séquences gore. Kôji Shiraishi semble presque nous dire que tout l'emballage contextuel n'est que pur hypocrisie et qu'il convient de servir de la manière la plus brutal qui soit ce que les spectateurs viennent rechercher. Reste à savoir si Shiraishi a raison ou si il se plante dans les grandes largeurs en dépouillant à ce point le cinéma d'horreur ? Le débat est ouvert et les avis que j'ai pu glaner sur le net montre que certains trouvent encore la démarche de Kôji Shiraishi bien trop soft préférant des œuvres plus underground et dégueulasses comme Snuff 102, A serbian film ou August underground mordun. Une surenchère presque inquiétante pour obtenir non plus le titre de meilleur film d'horreur mais celui de l'œuvre la plus extrême et insupportable. Même si je pense que le cinéma d'horreur doit bousculer les esprits et rester un spectacle dérangeant par certains aspects, on peut aussi se demander si la limite n'est pas de rester dans le cadre purement cinématographique. Dans un soucis de toujours faire plus glauque, plus violent, plus malsain, plus gratuit, plus extrême on risque de vite se retrouver avec des petits malins tournant comme des amateurs et sans le moindre recul des viols de petites filles éventrées par des nains qui se font sodomiser par une tronçonneuse tout en se faisant aspirer les yeux à la paille par des obèses en train de déféquer dans la bouche de femmes dépecées.... Il faut pourtant ne pas oublier qu'un bon film d'horreur se doit avant tout d'être un bon film tout court.

    Grotesque de Kôji Shiraishi

     Alors finalement que pensez de Grotesque ? Et d'ailleurs peut on tout à fait prendre au sérieux un film dont le titre évoque d'emblée la caricature, l'excès et la farce ? De toute évidence Shiraishi voulait remettre les pendules à l'heure et rendre aux asiatiques la légitimité du torture porn radical et rentre dedans comme un pied de nez ou plutôt un violent coup dans la gueule à la vague post Saw et Hostel. Grotesque est effectivement malsain, parfois dérangeant comme lors de la longue scène de masturbation, provocant, douloureux dans son plaisir sadique à martyriser les parties les plus sensibles du corps mais peut être même pas totalement gratuit. Le film de Kôji Shiraishi n'est pas totalement à vivre au premier degré et comporte quelques touches d'humour grotesque forcément et absurde comme lorsque le bourreau met un doigt coupé dans le nez de sa victime ou lorsque lors du final le trauma du psychopathe est caractérisé par le fait qu'il sente comme un vieux dessous de bras. On peut alors franchement se demander si le réalisateur ne se moque pas ouvertement des productions américaines, de leurs justifications psychologiques à deux balles et de leurs scènes de torture qui n'osent jamais aller trop loin ? Et puis Grotesque possède quelques qualités purement cinématographiques comme une très belle direction d'acteurs (l'acteur qui incarne le bourreau est assez fascinant) et une rupture de ton dans l'écriture assez inattendue et particulièrement cruel. Pour le reste on notera aussi un final aussi romantique que excessif dans lequel il faudra sortir ses tripes pour prouver son amour alors qu'une tête tranchée versera une petite larme presque émouvante sur une joue couverte de sang.

     Grotesque est donc un film qui a le mérite de poser des questions à défauts d'apporter des réponses. En ce qui me concerne je serais bien incapable de dire si j'ai apprécié ou non cet étrange spectacle de souffrances et d'humiliations. J'ai juste la sensation que Grotesque se situe à la frontière ou le cinéma d'horreur commence à se vautrer dans la facilité et à basculer dans un autre genre de spectacles plus destiné aux amateurs tordus de violence qu'aux amateurs de cinéma.

     

                                                            Ma note : 05/10 

     

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  • Commentaires

    1
    Soundwave
    Jeudi 3 Novembre 2011 à 17:42

    Je ne sais pas si j'aurais le recul nécessaire en le regardant, et de situer si le réalisateur se moque des productions ricaines ou pas. Mais si tu n'aimes pas trop le torture porn et que tu ne sais pas trop quoi en penser de ce film, c'est plutôt bon signe ^^

    Je vais essayer de regarder cela la semaine prochaine...

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    2
    FreddyK
    Jeudi 3 Novembre 2011 à 22:12

    Bizarrement le film est très premier degré et assez doucement il glisse vers le grotesque donnant une distance assez indispensable pour le spectateur. Tu verras bien comment tu reçois le film.


    En tout cas ça fait bien plaisir de voir mister Soundwave poster un petit com ici

    3
    Soundwave
    Vendredi 4 Novembre 2011 à 15:31

    Ouaip, je devrais passer plus souvent... ^^

    Je reviendrais dès que Grotesque rejoindra la pile des DVD vus... 

    4
    FreddyK
    Vendredi 4 Novembre 2011 à 18:08

    You're welcome,  la porte reste ouverte pour les zamis de passage

    5
    Soundwave
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 11:03

    Voilà, j'ai enfin regardé ce Grotesque hier soir. C'est vrai que c'est très premier degré pendant tout le film et puis, ça glisse totalement pour le final avec la tête décapitée. L'intérêt du film est tout de même assez limité, à part pour me replier sur moi-même en serrant les dents devant quelques sévices assez gratinés. Les dialogues sont tout pourris, ce qui est dommage pour les acteurs, le tortionnaire me faisant un peu penser à Takeshi Kitano. J'aurais mis 5 comme toi, sauf que le hasard est parfois étonnant et m'a fait prendre conscience à quel point ce genre de film n'apporte pas grand chose. Car juste après, j'ai fait le grand écart en regardant à la télé The Secret Life of Words, film d'auteur réalisé par une femme, et interprété par Sarah Polley et Tim Robbins. Il y a une scène où la bouleversante Sarah Polley a un long monologue, où elle raconte les horribles tortures qu'elle a du subir pendant la guerre, en tombant malencontreusement sur des soldats dénués d'âme. Grostesque avec tous ses effets visuels n'est JAMAIS parvenu a faire plus fort que les mots de Sarah Polley.

    6
    FreddyK
    Jeudi 17 Novembre 2011 à 12:38

    Je suis d'accord sur le toute relative utilité de ce genre de film qui s'oublie presque aussi vite qu'il se regarde. En tout cas le but de Grotesque n'est pas vraiment de jouer sur le registre de l'émotion et puis la suggestion a toujours été bien plus forte que la démonstratin.

    7
    Mercredi 30 Novembre 2011 à 00:16

    ça y est, moi aussi je me suis décidé à le regarder, et au final j'ai été très agréablement surpris. Une fois que j'ai compris que le film n'était qu'une grosse farce destinée à se foutre de la gueule de la vague américaine de torture porn, j'ai bien rigolé devant.

    Le film de Shiraishi est vraiment beaucoup plus intelligent qu'il n'y parait. Peut-être un peu trop vu que tout le monde le prend au 1er degré (pourtant le titre ne trompe pas sur la marchandise). Mais franchement, je ne comprends pas comment il est possible de prendre au sérieux un film dans lequel le trauma du tueur est qu'il pue, les dialogues sont débiles comme pas possible (voir la déclaration d'amour niaiseuse sur l'infirmité des héros), et une tête coupée se venge !

    En plus, contrairement à ce que je pensais, le film est loin du déballage de tripaille facile. Les scènes gores sont plutôt bien fichues, puisqu'au final le réalisateur évite les gros plans dégueu, et en montre juste assez pour faire grincer des dents.

    Vraiment surprenant et intéressant.

    8
    FreddyK
    Mercredi 30 Novembre 2011 à 06:34

    Je suis totalement d'accord avec toi sur le fait que Grotesque doit être globalement regarder au second degré mais pour tout le début du film c'est loin d'être aussi évident que cela.

    Ce que j'aime le plus dans Grotesque c'est le questionnement qu'il met en place sur le genre du torture porn avec ses limites, sa légitimité, sa dimension cinématographique, son univers.... Car au premier, au second, comme au trente sixième degré on peut s'interroger sur ce sous genre de l'horreur qui invite aux pires exces en rapprochant sa structure et sa construction du cinéma pornographique. Je ne sais pas si tu vas nous pondre une petite critique mais je suis assez curieux de te lire

    9
    Mercredi 30 Novembre 2011 à 12:50

    Ben je trouve que meme au debut, quand on y repense le film est assez second degre. Tout le truc sur l'amour des deux personnages alors qu'au final ils se connaissent a peine, ou le coup du collier de doigts, c'est quand meme pas mal n'importe quoi. Mais c'est vrai que la premiere partie comporte quelques scenes assez derangeantes (genre celle de la masturbation), du coup je pense que le realisateur a essaye de prendre le public a revers, en lui donnant ce qu'l voulait pour ensuite pervertir totalement l'idee de base.

    Ma critique devrait arriver dans la semaine, des que j'aurai complete ma nouvelle fournee. Je suis un peu a la bourre, parce que j'ai vu plein d'excellents films ces derniers temps, mais j'arrive pas a trouver le temps de les critiquer.

    Au fait, est-ce que tu as recu le dernier Mad? Parce que j'ai l'impression que le mien s'est perdu en route...

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