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I want to be a soldier (De mayor quiero ser soldado)
De Christian Molina
Espagne / Italie (2011) Drame
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I want to be a soldier est un petit film espagnol qui débarque directement en DVD ce mois ci en France. On pourra une nouvelle fois le regretter car si objectivement le film de Christian Molina est loin d'être parfait il a au moins le mérite de se frotter au sujet délicat de l'apprentissage et la banalisation de la violence chez les enfants.
I want to be a soldier raconte l'histoire de Alex un jeune garçon tranquille de dix ans qui rêve de devenir astronaute. Un peu délaissé par ses parents à la suite de la naissance de jumeaux et véritablement absorbé par les images de guerre que déverse une télévision placée dans sa chambre le jeune Alex laisse brutalement tomber ses rêve d'étoiles pour embrasser l'espoir de devenir soldat.
I want to be a soldier porte en son sein un sujet fort et polémique avec le rôle de la télévision et plus globalement des images violentes sur le comportement des enfants. Une problématique certes indéniable mais qui mérite avant tout une réflexion globale sur la société dont la télévision n'est finalement que le reflet. Le gros problème du film de Christian Molina, aussi attachant et pertinent soit il, c'est qu'il sombre trop souvent dans une forme caricaturale qui va desservir son propos. Même si le film peut être vu comme une fable cruel s'adressant à un jeune public on a du mal à ne pas sourire devant la transformation trop abrupt et radicale de ce jeune garçon sous l'effet des images. On a malheureusement la sensation qu'il suffise de mettre une télévision dans la chambre d'un gamin de dix ans pour en faire très vite un monstre aux pulsions sanguinaires d'extermination de masse. Même si Christian Molina accompagne cette soif d'images de violence à une forme d'abandon d'affection et d'attention de la part des parents, le discours semble un poil trop caricatural pour être totalement convaincant. Le changement de comportement et d'orientation du jeune garçon est bien trop rapide, trop prononcè, trop radical pour être parfaitement crédible et on a du mal à avaler qu'en l'espace de cinq minutes à l'écran il se rase la tête, décore sa chambre d'images militaires douteuses sous le regard bien trop indifférent de ses parents. Si tout semble aller trop vite le réalisateur Christian Molina choisit toutefois l'angle intéressant du soldat, une figure forte propre à l'enfance et capable de n'être perçu que comme un jeu de rôle innocent. Le film nous évite ainsi les discours moralisateurs sur les films d'horreur et la violence des jeux vidéos (c'est déjà ça) qui ne sont évoqués que très rapidement dans le film pour se concentrer sur la figure ambigüe du soldat pour l'enfant (à la fois jouet, figure héroïque et instrument de violence).
Le jeune garçon va alors s'inventer un ami imaginaire sous la forme d'un sergent instructeur militaire remplaçant dans son univers un précédent ami tout aussi imaginaire qui était donc un astronaute. Les deux amis imaginaires vont alors agir sur l'enfant comme les deux pensées contradictoires, bonne et mauvaises, se bousculant dans sa tête un peu à l'image du petit diable et du petit ange au dessus de la tête d'un personnage de cartoon. Une idée plutôt amusante, qui tient la route sans être ridicule à l'écran et qui permet de suivre le cheminement mental du jeune garçon. La pression constante que va exercer ce sergent imaginaire sur Alex donnera lieu à quelques scènes inquiétantes comme lorsque le jeune garçon marchant dans la rue est systématique incité à haïr et détester tous ceux qu'ils croisent pour leurs faiblesses; femmes, pauvres, étrangers, handicapés. L'obsession de la force, de la puissance , de la victoire vont alors doucement pousser Alex vers l'idée que le respect ne se conquiert que par la violence, le mépris et l'asservissement de l'autre. Christian Molina a alors la très bonne idée de montrer le court moment durant lequel Alex, sous l'influence d'un psy interprété par Robert Englund, tente de retrouver le bon chemin mais se heurte à l'injustice et les moqueries de celles et ceux pour qui la gentillesse reste une faiblesse. Sur un cheminement narratif proche de American history X (Embrigadement idéologique conduisant au drame) I want to be a soldier avance alors inexorablement jusqu'à son dénouement. On regretteras alors que Christian Molina n'est pas élargit la réflexion de son excellent sujet au delà de l'aspect militaire et de son imagerie ambigüe pour embrasser plus largement les dérives de nos sociétés à travers les valeurs qu'elle véhiculent par le prisme de nos écrans. Car plus encore que les images des conflits et celles des films de guerre on doit s'interroger sur les valeurs qui transpirent des télés réalités qui érigent la bêtise et l'élimination de l'autre comme une marque de réussite, le culte de la consommation qui pousse à la jalousie et à cette idée absurde que pour être il faut avoir, les jeux stupides qui tentent à laisser penser qu'être con suffit à être riche, le cynisme, le diktat de l'apparence.... Une sorte de gloubiboulga informe de mille petites choses qui dépassent de très loin le simple fait de voir des images violentes, même si incontestablement la banalisation de la violence dans le regard des enfants est une problématique dont on doit parler. Le film ne semble globalement qu'effleurer son sujet même si il comporte quelques moments très fort durant lesquels le jeune garçon s'interroge en confrontant les principes d'éducation qu'on lui offre avec ce que les hommes en feront globalement plus tard.
Le plus gros reproche que l'on puisse faire au film I want to be a soldier reste sa forme trop didactique, trop moralisatrice, trop appuyé... Le film n'avait par exemple pas besoin du discours final sur le générique avec un Danny Glover qui vient face caméra et la larme à l'œil répéter encore une fois tout ce que Molina vient pourtant de montrer dans son film. I want to be a soldier reste globalement un bon film qui invite au débat et à la réflexion et qui comporte assez de scènes fortes et émouvantes pour permettre de passer un bon moment.
Ma note 06,5/10
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______ Prince of Persia Les sables du temps de Mike Newell – 2010 ___________________________________
Prince of Persia rejoint la longue liste des adaptations foireuses de jeux vidéos et accessoirement celle des blockbusters calibrés pour les moins de douze ans. Estampillé Disney, le film de Mike Newell ( Donnie Brasco, Quatre mariages et un enterrement) est une sorte d'ersatz enfantin de La Momie dans lequel on croise une princesse tête à claques, une sorte de brave prince yamakazi, un vilain comploteur et quelques seconds rôles bien fadasses et bête à manger du sable. L'humour à base de courses d'autruches, de princesse revêche et de la taille du sexe de ceux qui ont une grosse épée ne dépasse jamais le niveau de cour de récréation et les scènes d'action s'enlisent lamentablement dans le sable bien loin du souffle épique des grandes aventures. Quand au fameux sablier offrant la possibilité de voyager dans le temps il ne servira finalement qu'à une chose qui est de permettre à tous les zentils du film qui sont morts durant l'aventure de finalement revenir pour un grand happy end bien moisi. Le film offre toutefois le minimum syndical au niveau de l'apparence avec son lot de décors, costumes et effets spéciaux, comme bien d'autres coquilles vides.
______________________________________________________________________________________ Ma note 04/10 _____
_____ Prophecy de John Frankenheimer – 1979 _________________________________________________________
Le vétéran John Frankenheimer (French connection II, Le train, Le prisonnier d'Alcatraz) signe ici une petite et sympathique série B horrifique avec un monstre réveillant dans Le Maine les tensions entre indiens, industrielles et écologistes. Car Prophecy est ,bien avant la mode, une fable sur les dangers des produits polluants et toxiques rejetés dans la nature en toute impunité. Le film de John Frankenheimer est plutôt agréable du fait de son background scénaristique riche et soigné (Écologie, sort réservé aux indiens, peur d'enfanter un monstre) et d'un solide casting avec Robert Foxworth, Talia Shire (Rocky) et Armand Assante qui incarne ici un indien malgré qu'il soit sicilien et irlandais d'origine. C'est lors des apparitions du monstre, une sorte de grizzly géant écorché vif, que Prophecy glisse pour mon plus grand plaisir joyeusement vers la série Z. Une sorte de craignos monster incarné par un type pataud engoncé dans un costume en latex qui donne au film des faux airs de production Troma des plus réjouissant. Dommage que Frankenheimer n'exploite pas d'avantage la terreur sourde du personnage féminin incarné par Talia shire persuadé que son fœtus pourrait lui aussi devenir un monstre mutant. Prophecy est donc au bout du compte une bonne petite série B, amusante, intelligente, gore et bien foutue.
___________________________________________________________________________________ Ma note 05,5/10 ______
_____ Daisy de Aisling Walsh – 2008 _____________________________________________________________________
Dans ce direct to Dvd on retrouve la thématique de l'enfant démoniaque à travers l'histoire d'un couple venu s'installer dans un petit village irlandais après la mort de leur premier enfant et qui va recueillir une étrange petite fille limite autiste après que ses parents soient morts dans un tragique incendie. De toute évidence Daisy lorgne fortement vers le Esther de Jaume Collet Serra (look de la jeune fille inclus) dont il reprend les grandes lignes sans toutefois s'approcher du niveau de trouble et de tension de son illustre modèle. Car Daisy est bien platement mis en image par le réalisateur de télévision Aisling Walsh qui oublie même d'exploiter l'axe le plus intéressant de son film à savoir l'ambiguïté de la source du mal entre la personnalité étrange de cette gamine et le regard rempli de superstitions des habitants du village. Pour le reste on es en terrain plus que connu et le film ne propose rien de bien excitant pour les spectateurs rompus à cette thématique mainte fois exploitée de l'enfant mauvais.
_____________________________________________________________________________________ Ma note 04/10 ______
______ Fast and Furious 5 de Justin Lin – 2011 _________________________________________________________
J'avais abandonné la saga des Fast and furious après le second épisode étant très vite lassé de l'univers des voitures hot wheels fluorescentes, des biachs qui se dandinent en mini short, du tunning à Jackie et du rap bon marché. Et puis comme au grand désespoir des fans pur et dur de la franchise ce cinquième opus s'éloignait de l'univers original, j'ai fini par tenter l'expérience en louant le Blu-ray histoire de laisser une petite chance au film de Justin Lin. Et bien le verdict est positif et je dois dire que ce Fast and furious 5 est plutôt une bonne surprise, c'est certes un pur film de bourrins mais franchement il rempli totalement son quota de plaisir et de scènes d'actions très agréable à suivre du fait de la mise en scène assez classique de Justin Lin. On ne s'attardera pas trop sur le scénario trop banal qui lorgne vers Ocean's eleven ni sur ses largesses et ses incohérences ( Le coffre de plusieurs tonnes qui n'entrainent jamais les voitures dans son inertie, les flics qui attendent plusieurs sorties de Dom pour enfin le localiser, trois quart d'heure à préparer un casse pour finalement foncer dans le tas, le coup de l'échange du coffre etc etc) pour simplement se laisser porter par le plaisir d'un bon film de pur divertissement. Dommage aussi que les personnages de l'équipe soient aussi mal servis à l'écran car la plupart sont recrutés pour des aptitudes bien précises qu'ils n'utiliseront finalement jamais durant le film. Mais l'essentiel reste que Fast and Furious 5 s'impose sans soucis comme le meilleur film de la série (du moins pour ce que j'en ai vu) et offre 130 minutes d'action bien bourrine et sans temps morts .
_____________________________________________________________________________________ Ma note 07/10 ______
Voilà une semaine se termine, une autre a déjà recommencer . To be continued ....
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De rouille et d'os
de Jacques Audiard
France (2012) – Drame
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Trois ans après Un prophète, le réalisateur Jacques Audiard retrouve donc les écrans et le festival de Cannes avec son nouveau film De rouille et d'os. Jacques Audiard adapte ici un recueil de nouvelles de Craig Davidson pour raconter une singulière histoire entre deux êtres en mage de la société.
De rouille et d'os raconte effectivement la rencontre entre Ali, un père de famille célibataire et sans le sou qui tente de survivre en squattant chez sa sœur et en participant à des combats de free fight clandestins et Stephanie une jeune femme dresseuse d'orques qui à la suite d'un accident se retrouve amputée des deux jambes au niveau des genoux. Sans trop le savoir au départ l'un comme l'autre vont avoir besoin de l'autre pour se retrouver, se reconstruire et s'ouvrir au monde..
L'une des grande force du film de Jacques Audiard est de proposer une histoire forte qui ne soit ni une histoire d'amour classique, ni une histoire d'amitié, ni une histoire d'entraide et de compassion mais tout simplement une histoire d'humanité dans toute sa grandeur et sa faiblesse. Les deux personnages principaux du film ne sont pas des figures positives et immédiatement aimable pour les spectateurs. Stephanie est froide, indépendante et autoritaire et Ali est un bien drôle de père le plus souvent réticent à la moindre attention pour son fils; il est capable de l'oublier à l'école pour tirer un coup ou de l'abandonner totalement à la garde des autres. La magie du cinéma de Audiard est peut être de nous donner envie de suivre et d'aimer pendant deux heures des personnages que l'on détesterait sans doute dans la vraie vie. La rencontre entre Ali et Stephanie devient une curieuse évidence à l'écran pour les spectateurs tant l'un semble avoir besoin de l'autre pour combler ce qui lui manque et pour s'accomplir. Après son accident Stephanie va avoir besoin des muscles et du corps de Ali mais plus encore de son détachement sur les choses afin de pouvoir revivre sans le regard de pitié et de compassion lié à son handicap. Elle va aussi devoir accepter enfin l'aide et le soutien des autres, redécouvrir le désir... Il en sera de même pour Ali qui fera doucement l'apprentissage de l'attention, de la tendresse et de la responsabilité afin de combler sa stature purement musculaire de personne handicapé sentimental. Cette rencontre entre ses deux paumés cabossés par la vie qui n'est ni de l'amitié, ni tout à fait de l'amour ou de la romance donne à De rouille et d'os une force, une singularité et une puissance peu commune.
De Mathieu Kassovitz dans Regarde les hommes tomber et Un héros très discret à Romain Duris dans De battre mon cœur s'est arrêté en passant par Tahar Rahim dans Un prophète, Emmanuelle Devos et Vincent Cassel dans Sur mes lèvres la réputation de directeur d'acteur et dénicheur de talents de Jacques Audiard n'est plus à prouver mais se confirme une nouvelle fois avec De rouille et d'os. La révélation du film est incontestablement le jeune comédien belge Matthias Schornaerts assez impressionnant en monstre physique préférant se cogner au monde et aux autres plutôt que les étreindre. Un personnage fort et touchant jusque dans ses lâchetés et ses faiblesses qui ne devrait laisser personne indifférent. A ses cotés on retrouve une Marion Cotillard magnifique qui trouve sans doute ici son plus beau rôle au cinéma. Le moindre regard, le moindre geste, le moindre mot, la moindre intention, tout sonne terriblement juste chez elle et donne la chair de poule. Marion Cotillard incarne ici avec beaucoup de force, d'émotions et d'humanité cette formidable jeune femme brisée retrouvant doucement le goût à la vie. Les second rôles ne sont pas en reste avec Bouli Lanners ou Corinne Masiero dans le rôle très touchant de la sœur de Ali.
Quand à la mise en scène de Jacques Audiard elle touche souvent au sublime tant le film regorge de moments d'une belle et noble intensité. A la fois poétique, tendre, drôle, sensuel, violente et âpre la réalisation de Audiard ne cesse de nous trimballer d'émotions et émotions. Jacques Audiard filme les corps avec une rare sensualité s'arrêtant parfois sur une nuque, un sein ou bien une main pour faire naître l'émotion; des corps qui ne cessent aussi de se caresser, se malaxer, se fracasser, se repousser à l'image de Ali presque incapable d'embrasser sa sœur mais toujours partant pour se mettre en danger lors de combats. Jacques Audiard filme sec mais il filme juste et la simple composition de ses images est capable de faire naître de délicieux frissons. Impossible d'oublier les moments magnifiques comme lorsque Stephanie reprend avec ses mains le ballet des ordres de dressage des orques, cette vision presque surréaliste des jambes mécaniques de la jeune femme lorsque Ali est à terre lors d'un combat ou encore ces magnifiques jeux de lumières sur les visages et les peaux personnages. Jacques Audiard nous donne à ressentir tout autant qu'à voir et ses images sont si forte que l'on semble parfois en ressentir le souffle et la chaleur. Et si le film est par bien des aspect d'une noirceur absolu (Crise, violence, handicap) il s'en dégage une sorte de douceur et de force positive sur l'humain même lorsque ce dernier doit se faire violence avec rage pour exprimer ses sentiments.
Malheureusement le film comporte aussi quelques défauts comme cette sous intrigue à dimension sociale pas vraiment nécessaire sur les vilains petits patrons qui espionnent leurs ouvriers avec des caméras de surveillance et un final peut être trop abrupt. Je regrette aussi un peu que le film ne me donne pas toute l'émotion à laquelle j'espérais succomber. Car sur le registre de la stricte émotion, je trouve que le film ne fonctionne que par intermittence offrant et c'est indéniable des instants magnifiques mais ne laissant pas dans sa globalité une empreinte indélébile. J'espérais simplement être totalement bouleverser et ressortir avec une foutue boule dans le ventre, j'ai simplement été ému au point de repenser encore au film plusieurs jours après l'avoir vu.
De rouille et d'os est donc un très joli film puissant et d'une grande richesse thématique et formelle. Jacques Audiard s'impose donc sans aucun soucis parmi les réalisateurs les plus importants et les plus exigeant (son univers pourra sembler hermétique) de l'hexagone. Si l'émotion m'avait un peu plus transporté De rouille et d'os serait sans doute devenu à mes yeux une pure merveille.
Ma note 08/10
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Blood island (Bedevilled)
de Jang Cheol-soo
Corée du sud (2011) – Drame rural / Carnage insulaire
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Avec Blood island le cinéma coréen nous envoie une nouvelle fois un drôle de film à la croisée du drame sociale, de la chronique rurale, du thriller et de l'horreur héritière du slasher. Un mélange d'influences pour un film qui brasse à la fois une critique sociale acerbe, une étrange poésie, un humour monstrueusement noir, un drame révoltant et des débordements horrifiques radicaux.
Blood island raconte l'histoire de Hae-won, une jeune femme célibataire d'une trentaine d'année vivant à Seoul. Contrainte à un congé forcée après un pétage de plomb la jeune femme part se ressourcer sur l'île de Moodo afin de retrouver un peu de calme et de sérénité. Sur cette île, la jeune femme va retrouver son amie d'enfance Bok-nam laquelle vit totalement sous l'emprise des dix autres habitants de Moodo. Femme soumise à la tyrannie de son mari, à l'obéissance de sa tante la jeune Bok-nam espère bien trouver en Hae-won l'espoir d'un départ vers une nouvelle vie.
Les amateurs d'horreur et de gros gore qui tâche seront peut être déçu à la vision de ce Blood island car le film de Jang Cheol-soo ne versera dans l'excès que lors de sa dernière demi heure. Avant le réalisateur va prendre le temps d'installer un climat trouble et lourd lui permettant de comprendre la future révolte de Bok-nam. Il faut dire qu'il est bien difficile de ne pas ce prendre d'affection pour cette pauvre Bok-nam, victime perpétuelle des pulsions sexuelles des hommes de l'île, ouvrière exploitée du fait de sa jeunesse et femme soumise au lois ancestrales d'un clan en forme de famille. Le personnage de Bok-nam (Young- Hee Seo Santiaaaano !) aurait très vite pu devenir exaspérant du fait de sa soumission béate mais ce n'est absolument pas le cas ici, le personnage possède dès les premiers instants une forme de détachement sur les choses, de regard critique qui le rend vraiment attachant. On comprend assez vite que Bok-nam subit depuis de tellement longues années que plus rien ne la touche vraiment , du moins jusqu'à l'arrivée de Hae-won qui va raviver ses espoirs d'évasion. L'autre personnage féminin semblant pourtant libre et indépendant est en fait tout aussi prisonnier que Bok-nam d'une forme de domination masculine, de l'emprise de son travail avec en plus (et contrairement à Bok-nam) d'un individualisme proche de la lâcheté.
Blood island décrit donc la lente et inexorable descente aux enfers d'une jeune femme soumise aux lois du clan. Il faut dire que Jang Cheol-soo décrit de manière acerbe cette micro société faites d'hommes dominateurs et obsédé sexuels, de vieillard laissé à l'abandon, de vieilles femmes aigris et accrochées aux vieux préceptes refusant toute idée d'indépendance pour les jeunes filles, de femmes soumises et presque heureuses de l'être, de flics corrompus et de père incestueux. Un univers trouble dans lequel la jeune Bok-nam ressemble à une mère courage tentant de vivre dignement dans ce foutoir morale. La prise de conscience de la jeune femme se fera par l'intermédiaire de sa petite fille et le souhait de la voir vivre une vie bien meilleure que la sienne. Doucement et jusqu'au drame qui va déclencher la révolte de Bok-nam le film installe un climat de malaise et de révolte y compris pour le spectateur qui culminera lorsque le policier viendra interroger les habitants de l'île sur le drame et que tous feront front avec une mauvaise foi aussi pitoyable que gerbante pour accuser Bok-nam. Une longue mise en place totalement réussi puisque à cet instant du film le spectateur est tout aussi prêt que Bok-nam à étriper ce ramassis de tristes individus à grands coups de serpes dans la tête.
Une femme soumise et une ouvrière qui se révolte avec une faucille et un marteau, je n'irais pas jusqu'à parler d'un pamphlet communiste mais le film de Jang Cheol-soo possède une dimension sociale incontestable et évidente. Mais Blood island marque aussi les esprits du fait qu'il joue aussi à merveille sur un climat d'érotisme trouble et malade (la fellation à la lame du couteau), un humour particulièrement sombre et une puissante noirceur dramatique. On en viendrait presque à regretter la scène finale du commissariat qui verse un peu trop dans le grandiloquent et le coté slasher de base et la prise de conscience un peu caricaturale du personnage de Hae-won. Heureusement Jang Cheol-soo termine son film sur un plan assez magnifique qui balaye du coup les moindres réticences à encenser l'ensemble du film.
Blood island est donc une très bonne surprise dans lequel se mêle en parfait équilibre un drame intense, un film d'horreur réussi et une peinture acerbe de la société coréenne.
Ma note 07,5/10
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_____ The Wig de Won Shin Yun – 2006 _________________________________________________________________
The wig est un nouveau film de fantômes asiatiques au concept assez amusant puisque le cliché des longs cheveux noirs est ici matérialisé par une perruque maudite. Ce postiche infernal, cette moumoute diabolique va transformer la vie de deux sœurs et les emmener vers l'horreur absolu. Rien de bien nouveau donc dans ce film Coréen dans lequel on retrouve des accents de The grudge, The ring et autres films de fantômes aux longs cheveux. C'est plutôt joli visuellement, c'est parfois tordu dans son intrigue, on a droit à quelques jolis moments de tension et d'horreur mais dans l'ensemble qu'est ce que c'est long et lent ! On termine donc The wig sur un sentiment partagé d'avoir vu un film d'épouvante plutôt réussi et assez sombre tout en ayant aucune envie de le re-regarder un jour. On ne va pas couper les cheveux en quatre The wig est juste très moyen, trop amorphe et sans surprises
____________________________________________________________________________________ Ma note 04,5/10 _____
______ The last son, la malédiction de Agnes Merlet – 2011 ____________________________________________
Après Dorothy la réalisatrice Agnes Merlet poursuit son petit bonhomme de chemin dans l'univers du cinéma de genre avec Hide Aways ou The last son, la malédiction. Le film raconte la terrible malédiction qui frappe tous les hommes d'une même famille et à laquelle n'échappe pas James le plus jeune des Furlong. Lorsque le jeune homme est envahit de sentiments négatifs et qu'il est bléssé physiquement, il fait alors mourir tout ce qui l'entoure. Il décide alors d'aller s'isoler et se perdre au fond des bois mais il fera pourtant dans cet endroit reculé la connaissance d'une jeune fille atteinte d'un cancer. The last son est un film bancal capable d'offrir des très beaux moments et d'autres d'une naïveté confondante. Le film commence superbement, exposant cette curieuse malédiction de manière à la fois humoristique et tragique et posant les bases d'une belle tragédie fantastique au cœur d'une Irlande rural magnifièe par la photographie de Tim Fleming. Malheureusement l'histoire d'amour entre James et Mae (La très jolie Rachel Hurd-Wood) bien trop appuyé par une musique envahissante ne parviendra jamais à décoller au dessus de la simple bluette adolescente à la Twilight. Naïveté, symbolise un peu lourd, facilité d'écriture, grands sentiments The last son perd doucement tout ce qui faisait sa belle candeur et sa noirceur lors des premières minutes pour se transformer en une histoire romantique trop balisée. The last son reste toutefois un joli petit film fantastique et un joli conte romantique.
_____________________________________________________________________________________ Ma note 05/10 ______
_____ La secte des morts vivants de Costas Karagiannis – 1976 _______________________________________
Il n'est pas question du tout de morts vivants dans ce petit film d'horreur grec produit par des anglais. De son vrai titre The devil's men ou Land of the minautor, La secte des morts vivants est un film qui flirte plus volontiers avec l'épouvante des films de la Hammer en transposant son univers sur une petite île de Grèce. Il est ici question de villageois inquiétants, de disparitions, de secte et de rituels sataniques, de baron des Carpates et de curé luttant contre le diable. On retrouve au casting du film deux figures de légende du genre avec Peter Cushing et Donald Pleasance mais malheureusement le film de Costas Karagiannis ne dépasse jamais le niveau de la petite série B aux charmes rétro et désuet. On s'ennuie donc assez vite (environ 10 minutes) devant cette enquête qui traine en longueur et la maladresse de la mise en scène qui fait du zoom avant son principal outils pour créer la tension. Zoom sur des visages inquiétants, zoom sur des visages inquiets (subtil nuance), zoom sur des femmes qui hurlent la tête entre les mains, zoom sur un visage impassible d'enfant .... On se lasse franchement très vite de la pauvreté des trucs de mise en images de Karagiannis incapable de créer une vraie tension et qui font doucement glisser La secte des morts vivants vers la série Z. Les acteurs ne sont pas non plus des plus convaincant à l'image du personnage de Milo, interprété par le comédien grec Costas Skouras, sorte de Frederic François décoloré et inexpressif. La secte des morts vivants possède donc un certain charme mais très objectivement, rien ne retiens vraiment l'attention du spectateur.
_____________________________________________________________________________________ Ma note 04/10 ______
_______ Cannibal ferox de Umberto Lenzi – 1981 _______________________________________________________
Pur film d'exploitation surfant sur le succès du Cannibal holocaust de Ruggero Deodato, Cannibal ferox possède une sérieuse réputation de film bis ultra-gore et bien crapoteux. Pourtant il faut bien reconnaître que le film de Umberto Lenzi est loin d'être un choc à la hauteur de son illustre modèle sorti un an plus tôt. Cannibal ferox reste toutefois un pur bis rital assez plaisant qui tente de reprendre à son compte tout ce a fait la réputation sulfureuse du film de Deodato comme l'exploitation de scènes de tortures animales, toujours aussi difficilement défendable. Si le film offre son lot de séquence gore avec castration, femme pendue par des crochets dans les seins, boite crânienne découpée, les scènes chocs restent assez rares et bien disséminées tout au long d'un film qui prend aussi le temps de poser son intrigue. Si l'enquête policière entre New-York et la forêt d'Amazonie plombe pas mal le récit en revanche on retiendra l'idée assez originale de la femme voulant prouver que le cannibalisme est un mythe et un alibi visant à l'extermination des indigènes par les conquistadors. Cannibal ferox est finalement assez mou dans son rythme, pas aussi excessif que sa réputation le laisse entendre mais reste un bon gros bis d'exploitation italien comme malheureusement on ne va pas en revoir tout de suite.
___________________________________________________________________________________ Ma note 05,5/10 ______
______ Push de Paul McGuigan – 2009 ___________________________________________________________________
Un peu de Heroes, un soupçon de X-men et une dose de thriller voici les ingrédients de ce petit film d'action fantastique sorti en 2009. On y retrouve une organisation traquant des personnes aux pouvoirs paranormaux afin d'en faire de potentielles armes et cherchant ici à récupérer un sujet dangereux échappé de leurs laboratoires. Push avait donc le potentiel d'un sympathique actionner fantastique mais le film de Paul McGuigan cumule au final bien trop d'aspects négatifs pour vraiment s'imposer y compris comme une sympathique série B. L'histoire est à la fois confuse et peu passionnante, les personnages sont globalement assez têtes à claques malgré un casting solide avec Dakota Fanning et Chris Evans et les scènes d'action manque globalement de souffle. La mise en scène de Paul McGuigan bourré d'effets de mode entre sur-découpage et esthétique MTV est elle aussi assez indigeste quand elle n'orchestre pas des moments ridicules à base de flingues volants dans les airs. Il reste toutefois l'impressionnant décor naturel d'un Hong Kong à l'architecture divers et multiples et aux couleurs vives et variées, le film s'offrant une très jolie photographie étonnement bariolée pour une thriller. De toute évidence Push s'adresse avant tout à un public adolescent n'inscrivant jamais son récit dans la noirceur et la violence préférant souvent jouer sur un registre plus décalé d'humour et de romance.
____________________________________________________________________________________ Ma note 04/10 _______
Voilà une semaine se termine, une autre va bientôt recommencer. To be continued ....
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