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Dark Shadows
de Tim Burton
2012 – USA – Comédie/ Fantastique
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Pour son nouveau film le réalisateur Tim Burton plonge dans ses souvenirs d'enfance en adaptant une série totalement inédite chez nous mais qui pendant cinq ans et plus de 1200 épisodes permettait de voir à la télévision dans une sorte de soap fantastique une étrange famille avec des vampires, des sorcières et des fantômes. Un soupçon d'enfance, des freaks, un univers décalé et une ambiance gothique autant d'éléments fort pouvant permettre à Tim Burton de retrouver l'amour de ses nombreux fans déçus et qui attendent désormais ses films avec un couteau entre les dents. Je ne sais pas si Dark shadows va réconcilier Tim Burton avec ses nouveaux détracteurs (et anciens admirateurs), il est même bien plus probable que le film divise encore avec force. Pour ma part, même si le film n'est pas exempt de défauts, j'ai passé un très très bon moment...
Après presque 200 ans passé dans un cercueil à la suite d'une malédiction, le vampire Barnabas Collins (Johnny Depp) retrouve ce qu'il reste de son ancien empire. Un manoir poussiéreux, une famille en désordre, une entreprise en ruine voici à peu de chose tout ce qu'il reste de la fortune et du prestige des Collins qui 200 ans auparavant avaient pourtant construit la ville. La faute à une sorcière folle d'amour et de jalousie qui a jetée une terrible malédiction sur les Collins. Barnabas déboule donc dans un monde moderne qu'il ne connait plus, mais fermement décidé à redonner richesse, honneur et fierté à sa famille.
La première réussite de Dark shadows est purement graphique et visuelle puisque l'on retrouve souvent l'univers gothique et macabre du meilleur de Tim Burton. Loin des délires bariolés et souvent moches de quelques unes de ses dernières œuvres comme Alice ou Charlie et la chocolaterie, Burton revient ici à un univers plus sombre proche de Sleepy hollow et Sweeney Todd tout en retrouvant la folie d'un univers décalé. La très jolie photographie du français Bruno Delbonnel (Amelie Poulain) et la musique à la fois romantique et sombre de Danny Elfman finissent d'assurer à Dark shadows une belle densité. Les amateurs de fantastique et d'horreur gothique devraient connaître de nombreux frissons de plaisir devant les images de falaises abrupts fouettées par les vagues, de cimetière embrumé et de fantôme glissant le long des couloirs d'un immense manoir richement décoré. A travers l'adaptation de la série Dark Shadows, Tim Burton livre aussi un hommage évident et sincère au Roger Corman des adaptations de Edgar allan Poe. On retrouve aussi dans Dark Shadows de nombreuses thématiques et obsessions de Burton à tel point que le film ressemblerait presque à un film somme de son univers dans lequel s'entrechoque le meilleur et malheureusement parfois le moins bon de sa filmographie. Dark shadows est une fable sur la famille et la place du père (Big fish), un film qui s'interroge sur la place des freaks dans nos sociétés (Edward aux mains d'argents), un délire kitsch et référentiel (Mars attaks), une histoire d'amour sombre entre des êtres différents ( L'etrange Noël de Mr Jack), un film à l'humour décalé (Beetlejuice) et une sorte de déclaration d'amour à l'univers gothique d'un certain cinéma (Sleepy hollow, Vincent). Le film est d'ailleurs bourré de références et de clin d'œil aux premières œuvres de Burton avec chanson de Tom Jones, réplique parodiant le célèbre « Je suis Catwoman écoutez moi rugir Miaouuuuu », rampe d'escalier se transformant en serpent comme dans Beetlejuice et bien d'autres encore.
Coté casting on est pas loin du sans fautes absolu avec une belle galerie de personnages servis par des comédiens et comédiennes en pleine forme. Johnny Depp est parfait dans le rôle délibérément théâtral, excessif et ampoulé de Barnabas Collins et donne à son personnage de vampire anachronique une joli dimension à la fois humoristique et dramatique. A ses cotés Michele Pfeiffer est impeccablement classe en mère de famille assurant tant bien que mal l'équilibre familiale, Jackie Earle Haley est très drôle en homme à tout et rien faire (Ah la scène du « Il faudra me passer sur le corps) et dans le rôle malheureusement mineur de Roger Collins on retrouve un toujours très bon Jonny Lee Miller. On notera aussi la belle confirmation du talent et du charisme de Chloe Moretz absolument génial en adolescente rebelle et désabusée et les apparitions toujours agréables et savoureuses de Alice Cooper et Christopher Lee. Les fans purs et durs et les adeptes de la série originale retrouveront même une partie du casting du show télévisé lors du happening organisé dans le manoir des Collins. La grosse révélation du film reste néanmoins la comédienne française Eva Green qui est tout bonnement formidable dans le rôle de la sorcière Angelique Bouchard. A la fois sensuelle, dangereuse, garce et manipulatrice mais aussi figure tragique du film la jeune comédienne explose sur tous les registres et récolte fort logiquement tous les suffrages. A noter aussi la présence de Helena Bonham Carter dans un rôle un peu en demi-teinte et pas totalement indispensable à mon avis. Et puis franchement, quel plaisir de trouver une telle galerie de personnages qui ne soient pas clairement définit comme des bons et des méchants possédant chacun une part d'ombre et de lumière.
Avec Dark shadows on retrouve donc du bon, voir du très bon Tim Burton. Même si sur le registre de l'humour le film ne fait pas toujours mouche en se laissant parfois aller à des gags trop facile aux forts accents de déjà vu, il offre des moments bien savoureux comme les discutions entre Barnabas et les hippies, les apparitions de la vieille dame du manoir, les vannes sur Alice Cooper, l'affrontement final ou encore les échanges entre Barnabas et la jeune Carolyn (Chloe Moretz). Mais les instants durant lesquelles on retrouve le plus le génie de Burton restent ses formidables envolées gothique comme le réveil de Barnabas, le suicide de Josette, l'étrange poésie morbide du corps de porcelaine de Angelique Bouchard ou encore le très beau final malheureusement plombé par un plan bien inutile préparant la suite des aventures. Tim Burton prouve aussi qu'il n'a rien perdu de son amour pour les êtres différents et les freaks en montrant avec une certaine cruauté le comportements de parents prêt à abandonner leurs enfants hors normes pour de l'argent ou à s'en débarrasser en les livrant à des hôpitaux psychiatriques. On retrouve également une thématique récurrente à l'œuvre de Tim Burton et qui personnellement me touche beaucoup qui est celle de l'individu anachronique. Tout comme Edward paumé dans un quartier banlieusard américain, Ed Wood ovni dans un système de production cinématographique, Jack contraint de jouer les père noël ou encore Pee Wee dans un monde trop adulte on retrouve ici un vampire perdu dans un monde nouveau dont il n'a plus les codes. C'est également avec un immense bonheur que j'ai pu constater que Tim Burton réservait finalement la plus belle scène du film au personnage du méchant en lui donnant le temps d'un moment une magnifique humanité comme c'était déjà le cas pour le pingouin dans Batman le défi.
Dark shadows est donc un très bon Burton et tant pis pour celles et ceux qui continuent de cracher sur le génie de Burbanks comme si il était définitivement mort et enterré. Son cinéma est toujours aussi vivant et vibrant (bien plus que dans l'immense majorité des blockbusters) et il ne lui manque plus que cette petit étincelle de poésie et ce petit supplément d'âmes pour embraser à nouveau totalement le cœur des spectateurs.
Ma note: 07/10
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_____ L'abime des morts vivants de Jess Franco – 1983 ________________________________________________
Ce brave Jess Franco avoue dans l'interview accompagnant le DVD du film qu'il n'aime pas les morts vivants car il les trouve bien trop idiots et pas assez effrayants. Le pire c'est que si l'on prenait son film comme seule référence on ne pourrait être que totalement d'accord avec lui. L'abime des morts vivants raconte la quête de plusieurs personnes autour d'un trésor nazi protégé par des soldats zombies en plein cœur du désert. A défaut d'être effrayé on s'amusera beaucoup des acteurs mauvais comme des cochons ou inexpressifs, des dialogues idiots remplis de lieu communs et de lapalissade, de la musique électronique digne de Chalie Oleg, des effets spéciaux et maquillages rudimentaires comme les morts vivants qui semblent cracher le sang de leurs propres bouches en les posant sur les corps de leurs victimes sans les mordre. Malheureusement le film ne sera jamais jamais aussi drôle que son hilarant prologue avec deux jeunes filles bien stupides en mini short tellement mauvaises actrices que Jess Franco préfère filmer leurs jolis derrières que leurs visages, c'est pourtant bien dommage car les doubleurs de la version française font tellement de zèle qu'ils disent des âneries y compris lorsque les actrices ont la bouche fermée. L'abime des morts vivants flirte un peu avec le joyeux nanar mais au bout du compte il faut reconnaître que c'est l'ennuie qui pèse bien plus dans la balance que l'amusement.
______________________________________________________________________________________ Ma note 04/10 ____
_____ Intruder de Scott Spiegel – 1988 __________________________________________________________________
Petit slasher oublié des années 80, Intruder retrouve donc une seconde jeunesse grâce au DVD. Le film de Scott Spiegel raconte comment les employés d'un petit supermarché se font dézinguer un à un par un tueur sadique après la fermeture du magasin. Si le film reste toujours aussi sympathique et agréable à regarder il faudra bien admettre que son aura de film culte et de monument horrifique est largement exagéré. Le seul gros point fort du film qui fait qu'il traverse le temps avec panache reste le festival d'effets gore réjouissants signés par le trio culte Gregg Nicotero, Robert Kutrzman et Howard Berger. Ça sent bon le latex et c'est un plaisir de voir des têtes écrabouillées ou coupées en deux, des coups de couteau géant et des coups de hachoir en pleine tronche. Même si tout ses joyeusetés se font dans le contexte d'un slasher bien trop prévisible, trop long à se mettre en place et qui fait défiler un sacré catalogue de jump scare usés jusqu'à la corde le plaisir reste intact plus de vingt ans après sa sortie. On pourra aussi s'amuser d'un casting réunissant les frères Raimi et Bruce Campbell dans un tout petit rôle car pour le reste Intruder reste un petit slasher fort sympathique mais pas innoubliable.
_____________________________________________________________________________________ Ma note 06/10 _____
_____ Rogue River de Jourdan Mc Clure – 2011 _________________________________________________________
Rogue river reprend le concept de la jeune fille paumée qui si retrouve contrainte de passer une nuit dans une famille bien trop accueillante de tarés. Rien de bien nouveau donc dans ce petit DTV correctement emballé mais sans grands frissons ni surprises. Le film de Jourdan Mc Clure navigue du coté du survival et emprunte souvent beaucoup trop à d'autres films pour orchestrer ses moments chocs ( The loved ones par exemple). Entre tortures, ambiance glauque et pressions psychologique le film avance toutefois sans trop de temps morts pour atteindre 75 petites minutes de gentille tension. On notera surtout la présence de l'inquiétant et immense Bill Moseley en chef de famille à la fois calme et dangereux et un étrange et grotesque rituel de mariage débouchant sur un viol. Rogue river n'a rien d'une folle descente de rapides sur une coquille de noix, c'est pas non plus la croisière s'amuse juste un petit ride en canoë sur une rivière sauvage.
____________________________________________________________________________________ Ma note 04,5/10 ____
_____ Evil angel de Richard Dutcher – 2009 _____________________________________________________________
Evil angel, l'ange de satan est une très bonne surprise, surtout pour un DTV distribué par Emylia. Le film de Richard Dutcher s'articule autour d'un récit fantastique classique au bon sens du mot, avec des effets spéciaux convaincant, des acteurs et actrices crédibles pour une histoire parfaitement rythmé. Cette enquête autour d'un esprit démoniaque changeant de corps n'est pas sans rappeler Le témoin du mal de Gregory Hoblit avec Denzel Washington sorti en 1997 tout en conservant une certaine originalité. Le film de Richard Dutcher distille suspens, érotisme,horreur, violence avec bonheur et se montre plutôt généreux en matière de scènes d'action, mais le film marque aussi par son humour noir comme lorsque les morceaux d'une pauvre jeune fille écrasée par une voiture viennent atterrir sur les genoux de quelques adolescents dans un bus des jeunesses chrétiennes. Bien loin du tout venant en matière de DTV avec sa cohorte de survival, torture porn, found footage et films de zomblards, Evil Angel lorgnerait presque vers Carpenter de par le classicisme et le soin de sa forme comme de son intrigue. Evil angel est donc une bonne petite série B hautement recommandable.
____________________________________________________________________________________ Ma note 06,5/10 _____
_____ Babycall de Pal Sletaune – 2012 __________________________________________________________________
Dès ses permiers essais et notamment le très bon Next Door le réalisateur norvégien Pal Sletaune montrait un amour pour le fantastique dépressif et psychologique à la Polanski. Une impression qui perdure avec Babycall dans lequel une jeune mère désespérée et sur-protectrice qui tente de fuir un mari violent découvre d'étranges bruit parasitaires venant du babyphone qu'elle a mis dans la chambre de son fils. Babycall est un thriller froid et assez angoissant sur lequel plane comme un fantôme le profond désespoir de son personnage principale interprétée par une formidable Noomie Rapace (Lisbeth forever). Malheureusement le dénouement de Babycall ne sera pas vraiment à la hauteur de toutes les angoisses et interrogations mise en place durant le film et laissera plus d'un spectateur sur sa faim. Il reste la rigueur nordique du film, quelques jolis moments d'angoisse et le magnétisme de Noomie Rapace assez bouleversante en mère au bout du rouleau et rongée jusqu'aux tripes par l'angoisse.
__________________________________________________________________________________ Ma note 06,5/10 _______
Voilà une nouvelle semaine se termine, une autre va recommencer. To be continued ...
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_______Sound of noise de Ola Simonsson et Johannes Stjarne Nilsson – 2010_________________________
Sound of noise est un petit film suédois dans lequel six percussionnistes fous ont décidés de faire de toute une ville un immense instrument de musique pour une symphonie du chaos. Un concept amusant qui malheureusement tourne un peu en rond la faute à une intrigue policière et amoureuse sans grand intérêt et des morceaux musicaux qui baissent d'intensité à mesure que le film avance au lieu d'aller crescendo dans la folie et la démesure. Le feel good movie peine donc grandement à trouver son tempo et finit par lasser, c'est vraiment dommage car les deux premiers attentats musicaux dans l'hôpital et la banque sont eux de vraies réussites.
__________________________________________________________________________________Ma note 05,5/10________
_______Eldorado de Bouli Lanners – 2005________________________________________________________________
Avec Eldorado l'acteur Bouli Lanners signe un drôle de road movie mélancolique dans lequel un type se prend d'affection pour un petit délinquant toxicomane qui tentait pourtant de le cambrioler . Il décide alors de prendre la route afin de le reconduire chez ses parents. Sur le chemin les deux personnages vont apprendre a se connaître tout en croisant quelques personnages hors normes comme un collectionneur de voitures ayant causées la mort de piétons ou un naturiste qui s'appelle Alain Delon. Entre mélancolie, poésie et sens aiguisé de l'absurde se dessine une relation de tendresse qui n'est pas sans rappeler le Tchao pantin de Claude Berri. Eldorado est un très joli film à la fois très drôle et très émouvant dans lequel l'absurde s'en va côtoyer une humanité aussi sincère que bouleversante.
_____________________________________________________________________________________Ma note 08/10_______
________The losers de Sylvain White – 2010______________________________________________________________
Une bande de mercenaires à la Agence tous risque au cœur d'un complot pour un film d'action à la cool adapté d'un comics book. Sylvain White se prend pour Guy Ritchie dans un film d'action certes sympathique mais assez vite agaçant. Les personnages sont tous trop cools alors ils prennent des pauses cools, ils font des trucs dingues mais super cool, parlent de manière super cool, font des vannes en pleine action tellement ils sont cools, le méchant cabotine parce que lui aussi finalement il est cool, la mise en scène est bourrée d'effets trop cool et au bout du compte c'est un peu tout le film qui coule. Il reste le plaisir d'un solide casting et celui de passer un bon moment même si The losers fait partie de ses films qui s'oublient exactement 20 minutes après leurs génériques de fin.
_____________________________________________________________________________________Ma note 05/10_______
_________Cannibal kitchen de Gregory Mandry – 2008___________________________________________________
Un énième survival avec une bande de jeunes gens invités dans une ferme qui a fait de la tourte à la chair humaine sa spécialité. Rien de nouveau dans ce film qui empile les clichés, les personnages stéréotypés, les situation déjà vu mille fois sans jamais se démarquer de la masse. Trop sage dans sa mise en scène et bien trop soft dans ses débordements le film rejoint donc illico l'impressionnante cohortes des films d'horreur sans le moindre intérêt.
_____________________________________________________________________________________Ma note 02/10_______
________Dead line de David Aboucaya – 2011____________________________________________________________
Petite production française aux limites de l'amateurisme et au budget des plus réduit, Dead line se voit pourtant offrir le « luxe » d'être distribué en DVD via Asylum et l'incontournable Emylia. Visiblement bourré des meilleures intentions ( le film lorgne du coté de Romero) le film de David Aboucaya a pourtant bien du mal à s'éloigner du statut de gentille série Z mal torchée. Les acteurs sont absolument catastrophique et pas une ligne de dialogue ne sonne juste, les effets spéciaux et maquillages sont rudimentaires, l'histoire lorgne vers La horde (flics et voyous qui cohabitent, vieux monsieur gouailleur) et le film se traine tout de même sur 88 minutes de non événements. Pourtant les plus bisseux et ceux qui ont déjà tâter du court métrage en amateur regarderont d'un œil attendri cette bancale mais sympathique tentative de film de morts vivants made in France. On retiendra quelques jolis plans de silhouette de zombie dans un ciel orageux de coucher de soleil, une musique visiblement très influencé par les Goblins et Carpenter et une mise en scène soignée qui tente d'alterner entre le posé et le bouillonnement de la caméra à l'épaule. Dead line est une toute petit série Z. Dommage que les acteurs plombent à ce point le film tout comme les limites de son originalité et de son budget.
_____________________________________________________________________________________Ma note 03/10_______
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La cabane dans les bois ( The cabin in the woods)
de Drew Goddard
USA – 2012 Comédie beaucoup / Horreur trop peu
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Le moins que l'on puisse dire c'est que La cabane dans les bois est un film qui aura su se faire attendre et désirer. Resté dans les placards pendant presque trois ans suite aux problèmes financiers de la MGM, un temps annoncé dans une conversion en 3D le film de Drew Goddard sort donc finalement sur les écrans avec en plus une jolie réputation de petite révolution horrifique. De quoi faire baver d'impatience les fans de films de genre qui il faut bien le dire sont de moins en moins surpris devant la majorité de la production horrifique actuelle. Il reste à savoir si le film de Drew Goddard et Joss Whedon tient finalement toutes ses nombreuses promesses ou si il demeure un pétard mouillé de plus.
La cabane dans les bois raconte l'histoire classique de cinq jeunes amis partis passé un week-end dans une cabane paumée au fond des bois. Après la lecture d'un journal intime trouvé dans la cave ils vont réveiller les esprits d'une famille de zombies dégénérés... Voici en tout cas pour la face visible de l'iceberg.
Avant de commencer cette critique je tiens à signaler aux lecteurs combien il est difficile d'analyser La cabane dans les bois sans en spoiler une partie des secrets. Je voulais tenter de ne pas trop en dire mais il est évident que pour approfondir mon analyse je serais obliger de livrer des pistes et informations que les futurs spectateurs du film préféreront sans doute ignorer. Vous voilà donc clairement avertis, cette critique contient de nombreux gros spoliers.
La toute première chose que l'on doit porter au crédit de La cabane dans les bois est incontestablement son originalité, certes relative, mais Drew Goddard et Joss Wedon proposent un film qui se démarque du tout venant de la production horrifique avec une histoire originale, un concept nouveau, un regard plutôt malin sur le genre en évitant de sombrer dans les facilités de reproduire ce qui marche depuis quelques années. On en viendrait presque déjà à célébrer La cabane dans les bois pour le simple fait de n'être ni un found footage, ni un remake, ni une zombédie, ni un film d'infectés , ni une suite ou prequel pas plus qu'un torture porn; c'est dire à quel point le cinéma horrifique est en manque de renouveau. Pourtant La cabane dans les bois n'est pas non plus un concept totalement neuf puisque restant dans l'esprit d'un film comme Scream ou le moins connu The red hills run red de Dave Parker avec un regard à la fois complice et distanciè sur les clichés inhérent au genre investit. L'originalité vient ici d'un regard extérieur sur les événements avec une mystérieuse entreprise de cols blancs semblant manipuler la réalité et les événements afin de parvenir à ses fins. Une sorte d'organisation secrète jouant avec les éléments d'un théâtre grotesque afin de satisfaire un obscur dessein tout en créant une sorte de film dans le film.
Mais comme tous les films qui s'amusent des clichés La cabane dans les bois cultive le paradoxe de les aligner avec la régularité mécanique d'un métronome. On pouvait espérer que à travers leur scénario Goddard et Whedon surprennent jusque dans la structure du survival forestier servant de base à La cabane dans les bois. Malheureusement il n'en sera rien et à bien des points de vues le film n'est finalement ni pire ni meilleur que bon nombres de productions du même genre. Alors bien évidemment on va me dire que c'est tout à fait normal et même qu'il ne peut pas en être autrement puisque le film joue sur les clichés du genre. Mais voilà, normal ou non, il faut juste savoir que sur l'essentiel La cabane dans les bois est un survival forestier ultra classique et plutôt soft avec son lot de personnages bien têtes à claques, de situations déjà vu milles fois et de jumps scare largement téléphonés. Il est vrai qu'il est bien plus facile de compiler les figures imposés d'un genre avec un sourire de complicité goguenard que d'en réécrire les concepts et d'en renouveler la mythologie. L'originalité , et je ne nie pas qu'elle est de taille, reste ses curieux personnages semblant orienter, manipuler, provoquer les événements afin d'écrire à mesure qu'il se déroule la trame d'un film d'horreur. Un décalage curieux, ludique et amusant dont il est objectivement dans un premier temps assez difficile de définir la finalité. Ce regard parallèle à celui du spectateur sur les événements provoque tout de suite un décalage humoristique et flingue illico tout le potentiel strictement horrifique du film qui déjà n'était pas extraordinaire. Très vite La cabane dans les bois devient une comédie bien plus qu'un pur film de terreur ce qui est déjà pour moi un demi échec pour un film sur-vendu comme le renouveau de l'horreur. Le premier Scream de Wes Craven réussissait à être à la fois par certains aspects une comédie tout en restant et avant toute choses un excellent slasher. Objectivement dans La cabane dans les bois, rien ne fait peur, rien ne met mal à l'aise, rien ne déstabilise les spectateur si ce n'est la curiosité ludique de savoir vers quoi nous conduit le scénario. On s'amuse donc beaucoup devant certaines scènes assez maligne comme lorsque notre mystérieuse entreprise provoque la séquence nichons du film en augmentant la température et diffusant des phéromone et on reste parfois circonspect devant quelques facilités imbéciles comme le gaz qui d'un coup fait changer d'avis comme par magie un personnage entre rester en groupe et se disperser. Les amateurs d'horreur pur et dur et de frissons seront fatalement frustrés tant on a trop souvent la sensation de voir deux vieux digne du muppet show commenter en live un mauvais film d'horreur.
Je dois dire qu'à mesure que le film avançait je me disais que Drew Goddard et Joss Whedon avaient intérêt à me trouver un climax absolument dantesque pour justifier le travail de cette curieuse entreprise. On comprends toutefois assez vite la stricte finalité des choses, la réponse est d'ailleurs déjà présente dans le générique de début, mais on a vraiment envie que le film apporte des réponses claires et pertinentes à nos trop nombreuses interrogations. Si la simple finalité est de trucider cinq adolescents en sacrifice, pourquoi toute cette mise en scène ?? Pourquoi cette compétition mondiale dans laquelle les règles du sacrifice en lui même semblent changer ? La finalité des films d'horreur, comme le laisse supposer le film, est donc de trucider dans un rituel accepté par les spectateurs sous couvert de divertissement des adolescents afin de satisfaire les puissance maléfiques du monde ? Il faudra juste dire à Joss Wedon et Drew Goddard que personne n'est dupe sur le fait que les personnages des films d'horreurs sont des acteurs qui reviennent régulièrement dans d'autres films. Ou alors, les deux scénaristes suggèrent que les adolescents sont tellement gavés de clichés de films d'horreur qu'ils vont les reproduire dans une situation extrême comme des imbéciles, les films d'horreur rendraient ils cons (??). D'ailleurs est ce un film en train de se tourner comme une télé réalité ou bien une réalité destinée à aucune diffusion ?? Le concept de La cabane dans les bois est certes ludique, original et malin mas il se prend aussi volontiers les pieds dans le tapis dans ses errances et ses contradictions. Pourtant le film effleure aussi du doigt des thématiques passionnantes comme notre regard distanciè sur la mort de personnes sous couvert de convention à un genre et une fiction...
Une fois acceptée l'idée générale du film on pourra alors se délecter d'un dernier acte assez bordélique mais particulièrement jouissif pour les fans de films d'horreur et de série B qui verront débouler à l'écran un bestiaire assez spectaculaire et diversifié. On s'amusera alors des très nombreuses références cinématographiques et littéraires présente à l'écran et on célébrera enfin l'orgie horrifique que nous propose le film tout en se disant qu'elle arrive bien trop tard. On notera toutefois que même en dehors du contexte d'un survival les personnages restent toujours des têtes à claques sans substances et que ce n'est pas le nihilisme de leur décision final qui va les transformer en figures inoubliables du genre contrairement à tant d'autres avant eux. Whedon et Goddard se plantent aussi un peu sur le choix de leur guest star final car outre le fait que Paul de Greg Mottola leur ai déjà piquè l'idée (même si historiquement La cabane dans les bois a été fait avant) on se dit que les deux compères aurait pu trouver une actrice autrement plus iconique et pertinente pour les fans de cinéma horrifique
La cabane dans les bois est donc un petite déception pour la simple raison que tout ce que le film remplit brillamment sur le contrat de la comédie se fait au détriment de l'horreur. Si le spectacle reste à la fois ludique, original, malin et bourré de bonnes intentions il n'est en rien un grand film d'horreur dans le sens ou je l'espérais. La cabane dans les bois est certes l'un des films de genre les plus originaux de ses dernières années mais j'aurai préféré de très qu'il soit l'un des plus intense et des plus effrayant. J'attends donc toujours mon grand film d'horreur mais il viendra un jour et j'espère que contrairement à celui ci il fera très mal, très peur et renouvellera vraiment le genre en l'investissant de manière frontalr et non détournée.
Ma note 07/10
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En mai fait ce qu'il te plait et va souvent au cinéma vu le nombre impressionnant de grosses sorties en salles avec pas moins de cinq films indispensables pour votre fidèle serviteur.
Dans les salles obscures :
Au mois de mai débarqueront effectivement sur les écrans les nouveaux films de Ridley Scott, David Cronenberg, Jacques Audiard et Tim Burton soit quatre réalisateurs au fort potentiel plus le très intriguant La cabane dans les bois de Drew Goddard.
Il faudra attendre la toute fin de ce mois de Mai pour découvrir Prometheus le nouveau film de science fiction de Ridley Scott (Blade runner / Alien) qui devrait offrir un spectacle 3D aussi réjouissant que spectaculaire. C'est le 25 mai que l'on pourra se précipiter pour voir Cosmopolis le nouveau film de Cronenberg avec la falot Robert Pattinson, une intrigante histoire de golden boy obsédé par sa coupe de cheveux sur fond de monde capitaliste qui s'écroule moi je dis vivement le 25 !!
Enterré par de nombreux fans depuis longtemps, Tim Burton n'est pourtant pas tout à fait mort comme le laisse augurer la très attachante bande annonce gothique et amusante de Dark shadows qui sortira en salles le 09 mai. Un casting quatre étoiles (Depp, Pfeiffer, Chloe Moretz, Christopher Lee, Alice Cooper, John Lee miller, Eva Green), l'univers de Burton retrouvé, la musique de Danny Elfman, autant dire que cette fois ci le réalisateur culte de Edward aux mains d'argent ne peut pas se planter. Et puis on pourra aussi retrouver le 17 mai De rouille et d'os le nouveau film de l'excellent Jaques Audiard (De battre mon cœur s'est arrêté, Un prophète) qui devrait une nouvelle fois bouleverser les spectateurs avec la froide rigueur de sa mise en scène et la puissance de ses interprètes.
Le dernier incontournable de ce moi de mai reste La cabane dans les bois de Drew Goddard tout simplement parce que ça faisait bien longtemps que je n'avais pas ressenti une telle envie et curiosité vis à vis d'un film d'horreur. Une attente qui pourrait être à double tranchant car du coup le film a vraiment intérêt à être à la hauteur de l'attente....
On pourra aussi se laisser tenter par le film à sketchs The theatre bizarre à condition toutefois que le film s'offre une panoplie de salles assez conséquente pour ne pas se limiter à une sortie technique, ce qui est loin d'être gagné. A signaler aussi la sortie du thriller norvégien Babycall de Pal Sletaune (le très bon Next door) avec Nommie Rapace et Moonrise kingdom de Wes Anderson. Le gros blockbuster du mois de mai reste toutefois le Men in black 3 de Barry Sonenfield qui devrait assumer son rôle de pur divertissement pété de thunes.
Dans les rayons DVD :
Fort heureusement pour les finances les sorties DVD du mois de mai sont nettement moins nombreuses et indispensables que les sorties cinéma.
Les deux grosses sorties de ce mois de mai restent le Millenium de Fincher et le Mission impossible – protocole fantôme de Brad Bird, des sorties importantes mais pas au point d'en justifier un achat compulsif et immédiat pour moi
Ensuite on trouve parmi les autres sorties de mai le Intruders de Juan Carlos Fresnadillo, le documentaire Tous au Larzac de Christian rouaud, Sherlock Holmes jeux d'ombres de Guy Ritchie et quelques DTV prometteurs avec Les muppets, le retour de James Bobin et I want to be soldier de Christian molina.
En mai c'est donc plus que jamais en salles que ça se passe niveau cinéma.... Rendez vous le mois prochain.
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