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Atrocious
de Fernando Barreda Luna
Espagne / Mexique (2010) Thriller / Horreur / Found Footage
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Atrocious est donc un nouveau found footage qui débarque directement en DVD par chez nous. Il est vrai que l'équation entre found footage et direct to DVD ne laissait rien présager de formidable mais l'origine du film (Espagne) et le distributeur (l'excellent Wild Side) auront toutefois suffit à attiser une pointe de curiosité chez votre serviteur.
Atrocious raconte l'histoire d'un frère et d'une sœur qui s'amusent à filmer des mythes et légendes urbaines. En vacances dans une immense maison ils s'intéressent alors à une légende urbaine locale concernant une petite fille disparue qui apparaitrait aux personnes égarés dans la nuit.
Atrocious est une sorte de mélange opportuniste entre Le projet Blair Witch et Paranormal activity et le film de Fernando Berreda Luna réussit l'exploit de compiler sur 70 minutes qui semblent facilement durer le triple les pires tares de ce sous genre. Les trois quart du temps le film se contente de scruter le vide matérialiser ici par un immense labyrinthe végétale dans lequel les personnages ne cessent de trainer et se perdre. On a donc droit à facilement 45 minutes de travellings chaotiques à bases d'arbres et de buissons tantôt de jour et parfois de nuit filmés avec la traditionnelle vision infrarouge verdâtre qui fait trop peur. Un film sans doute passionnant pour les botanistes en herbe mais très vite soporifique et emmerdant pour le commun des mortels. Atrocious exploite toutefois à merveille le concept du genre à savoir filmer longuement le rien n'importe comment pour donner l'illusion d'une prétendue vérité anxiogène. Comme toujours les personnages semblent avoir une caméra continuellement greffée à l'épaule et se filment souvent en dépit du bon sens. On a même droit ici à un plan ou les personnages se filment en train de regarder la télé (???) et un autre durant lequel ils se filment mutuellement en train de se filmer en tournant sur eux même comme dans un Lelouch. On ne saura d'ailleurs rien des personnages strictement fonctionnels si ce n'est qu'ils sont frère et sœur et qu'ils filment les légendes urbaines (Pour qui , pourquoi ???)
Le film s'articule aussi sur une légende urbaine Catalane visiblement assez connue mais monstrueusement mal vendue par le script. On nous raconte juste que cette petite fille disparue se manifesterait aux personnes égarées pour les remettre dans le bon chemin et puis basta ! Une sorte de fantôme GPS que l'on es finalement bien content de croiser et à priori pas des plus flippant. Sans doute conscient que niveau trouille ça le faisait moyen on aura donc droit à un type qui étoffera un peu l'histoire en disant que cet esprit arrive souvent derrière vous (Ouhhhhh!). Il faudra une nouvelle fois attendre les dix dernières minutes pour que Fernando Berreda Luna installe enfin un semblant d'angoisse parmi le chaos. Des bruits sourds, une ambiance légèrement oppressante, des images maladives et enfin la crainte et surtout l'envie qu'un truc déboule devant cette foutue caméra. Le film s'achève alors sur un pseudo twist bien moisi que 90% des amateurs du genre auront compris au bout de 40 minutes achevant définitivement ce triste Atrocious. Le found footage accouche une nouvelle fois d'un triste film creux et sans aucun intérêt pourtant je reste persuader que ce sous genre est capable de nous offrir des films vraiment effrayant. Il faudrait juste que cette forme d'écriture et de mise en scène inspire plus de vrais cinéastes (Comme le duo Plaza / Balaguero)) plutôt que des petits malins opportunistes sentant l'aubaine de faire un film pour trois francs, sans histoire et sans exigence de mise en scène.
Atrocious est donc à éviter à moins que vous ne soyez un accroc fétichiste des branches, des feuilles, des taillis, des haies et des arbres
Ma note 02/10
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Le colosse de Hong Kong (The mighty Peking man)
de Ho Meng-Hua
Hong Kong (1977) Aventures / Fantastique / Hong King Kong Fu Fu
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Datant de 1977 Le colosse de Hong Kong est une sorte de remake non officiel du King Kong de Jonh Gullermin sorti un an plus tôt sur les écrans américains, lui même remake du film mythique de Merian C. Cooper et Ernest B Schoedsack. Le film est aussi l'un des premiers grand film de monstres made in Hong Kong, un genre jusqu'ici réservé et popularisé par les fameux Kaiju eiga japonais.
Le film reprend donc assez grossièrement la trame de King Kong avec un richissime homme d'affaire qui envoie un aventurier pour tenter de capturer un légendaire gorille géant qui vivrait dans la jungle indienne. Notre aventurier va alors faire la connaissance d'une jeune sauvageonne qui n'est autre que l'ami du gorille et décider ainsi de ramener tout ce petit monde vers Hong Kong.
Pour être honnête j'avais un petit pincement au cœur à l'idée de coller Le colosse de Hong Kong dans ma rubrique gratin de navets même si il en possède tous les symptômes. Si le film se prête parfaitement à la moquerie et au cynisme du fait de ses nombreux défauts il s'en dégage aussi une naïveté touchante et une candeur quasiment enfantine qui place illico le film de Ho Meng -Hua au dessus du panier des simples mauvais films rigolos. On retrouve dans Le colosse de Hong Kong l'esprit des vieux Kaiju Eiga avec ses acteurs engoncés dans des costumes de monstres venant piétiner et écraser des maquettes que des techniciens ont sans doute mis des heures à réaliser aven patience et minutie. Il y-a comme ça un coté sale gosse venant écraser ses jouets qui m'a toujours beaucoup amusé dans les films de monstres asiatiques. Notre grand gorille un poil miteux s'amuse ici à écrabouiller des voitures miniatures, à aplatir des gens d'un coup de semelle, à exploser des chars d'assaut en plastique avec le plaisir bien communicatif de la destruction à grande échelle. Les effets spéciaux sont certes artisanaux et rudimentaires mais le plaisir est bel et bien présent à l'image de notre colosse perché au sommet d'un gratte ciel (forcément) se battant avec des hélicoptères de cinq centimètres. Pour les amateurs de Godzilla, des monstres en caoutchouc, des maquettes et des miniatures Le colosse de Hong Kong constitue un joli retour vers une cinéma malheureusement disparu.
Les aspects les plus drôles et les plus kitsh du film de Ho Meng-Huia se situent incontestablement dans l'histoire d'amour entre l'aventurier interprété par Danny Lee (The killer) et la femme sauvage interprétée par la starlette blonde et européenne Evelyn Kraft. Une femme sauvage à la coiffure blonde toujours impeccable, au maquillage parfaitement soigné qui se balance de lianes en lianes comme Tarzan, communique avec les animaux et porte à merveille un bien ravissant ensemble deux pièces tout en peau dévoilant ses charmes et formes généreuses. Fatalement notre aventurier va tomber amoureux et comme l'amour rend toujours un petit peu niais on aura droit à une improbable séquence de course au ralenti les cheveux aux vents avant que nos deux tourtereaux ne s'amusent comme des petits foufous en faisant tournoyer une panthère. C'est totalement naïf et couillon mais le film détourne aussi avec malice la censure lorsque Danny Lee suce voluptueusement l'intérieur de la cuisse de notre femme sauvage afin d'extraire le venin d'une morsure de cobra alors que cette dernière pousse des petits cris d'extase.
On s'amusera aussi des nombreuses transparences bien foireuses montrant les acteurs tentant d'interagir maladroitement avec un écran projetant des images derrières eux. A ce titre la charge des éléphants est un moment assez inoubliable dans le registre du bis et du bricolage. Des transparences mal incrustées renforcées par la très belle copie du DVD, il suffit en effet de regarder dans les bonus du même DVD les images d'époque de la bande annonce originale pour voir que l'aspect un peu moisi de la copie faisait passer avec plus de finesses les différences de qualité d'images entre les différents plans. A propos de cette bande annonce , on se demande également avec un vif intérêt ou a bien pu passer le plan furtif de la jolie poitrine de Evelyn Kraft présent dans la bande annonce et totalement absent du film. On passera aussi sur les incohérences du récit comme l'explication de la capture du gorille et comment se dernier qui pèse des tonnes se retrouve enchainer sur un bateau (??). A priori il semblerait que notre primate géant suive tout bêtement la blonde jusqu'à Hong Kong par amour. A ce propos la séquence durant laquelle notre Tarzanne dit au revoir aux animaux vaut son pesant de cacahuètes entre l'éléphant qui pleure, le tigre qui tire la gueule et la panthère qui tente de retenir la malheureuse en s'accrochant avec les dents à son slip de peau.
Le colosse de Hong Kong est donc totalement bis, monstrueusement candide et bêtement naïf, mais finalement entre la surenchère toute numérique dans le soucis d'une perfection froide et la candeur naïve d'un cinéma artisanal et bricolé je crois que mon cœur balancera toujours.
Ma note 06,5/10
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Livide
De Julien Maury et Alexandre Bustillo
France (2011) Fantastique / Danse macabre
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Même si les bonnes intentions ne font pas toujours les bons films je tenais vraiment à saluer en préambule de petite cette critique le duo Maury et Bustillo et ceci pour trois raisons. La première c'est de ne pas avoir céder aux sirènes d'Hollywood pour devenir des réalisateurs serviles enchainant les remakes comme des perles, la seconde c'est de continuer encore et toujours à croire que le cinéma de genre est possible au sein d'une industrie française définitivement bien coincé dans ses limites et contradictions et enfin pour avoir tenter avec Livide d'explorer un univers totalement différent de celui de leur premier film. Moi je dis respect car j'appelle tout ça de l'intégrité artistique.
Livide raconte l'histoire de trois jeunes gens en quête d'argent qui viennent durant la nuit cambrioler l'immense maison d'une vielle dame et ancienne professeur de danse dans le coma. Ils découvriront alors que cette étrange demeure cache en ses murs un bien lourd et terrifiant secret.
Après un premier film outrageusement gore et sanguinolent mais non dénué d'émotion Julien Maury et Alexandre Bustillo ont donc choisit d'aller explorer une autre face de l'horreur avec leur second long métrage. Si Livide n'est pas dénué de séquences chocs et horrifique il s'inscrit toutefois dans une ambiance plus poétique, fantastique et macabre que le simple fait divers qui servait de moteur au film A l'intérieur. Beaucoup moins abrupt, sauvage et rentre dedans que A l'intérieur, Livide est un film à l'esthétisme particulièrement soigné grâce à la très belle photographie de Laurent Barès, la musique de Raphael Gesqua, des décors inquiétants et riche de détails signés Marc Thiebault et une mise en scène classique et posée. Même si Livide ne fonctionne pas toujours dans sa globalité le duo Maury/Bustillo nous offre avec Livide plusieurs scènes marquantes par la beauté macabre et la cruauté poétique qui les animent. L'attaque d'un jeune homme par trois étranges petites ballerines dansant autour de lui en jouant du scalpel, l'étrange dinette grandeur nature, une immense boite à musique surmonté d'une forme cadavérique de danseuse, une jeune fille flottant dans les airs, les débordements gores dignes de Fulci, entre univers de conte malsain et décorum horrifique Livide marque les esprit par l'étrange beauté morbide de son univers. D'un point de vue purement formelle Livide est même peut être ce que l'on a vu de plus aboutit dans le cinéma de genre français depuis des lustres. Toujours aussi sincèrement amoureux du genre mais bien moins fourre tout que leur précédent film Livide reste une nouvelle fois très référentiel, le duo Maury et Bustillo signant un film sur lequel flottent les ombres du cinéma de genre espagnol, de l'épouvante gothique, de Fulci et Argento. Certaines scène pourront sans doute sembler totalement gratuite, la cohérence du récit n'est pas strictement linéaire mais le duo nous permet de vivre sur l'écran quelques très beaux moment de pur fantastique.
Malheureusement Livide n'est pas dénué de nombreux défauts, focalisés pour la plupart sur le script et les personnages. Le film semble mettre un temps infini à démarrer en tentant d'installer son récit dans une cohérence pas vraiment indispensable. Le léger soupçon de thriller social tentant d'expliquer les raisons qui vont pousser les trois jeunes à s'introduire dans la maison semble assez anecdotiques et ne présentent pas d'intérêt majeur. Bizarrement soucieux de clairement installer leur histoire dans une sorte de logique les deux réalisateurs et scénariste multiplient alors les dialogues et les plans sur-explicatif semblant souvent appuyer les éléments important de l'intrigue (Les yeux de l'héroïne, les enfants disparus). Le début de l'exploration de l'immense maison reste lui aussi des plus convenu donnant cette sensation étrange que le film passe les deux tiers de son temps à simplement amorcer son très bon final. Le plus embêtant est encore que sur les 4 personnages principaux de l'histoire (j'exclus volontairement les figures purement fantastique) on en trouve trois qui soient absolument insipides ou ratés. On sent bien que Julien Maury et Alexandre Bustillo n'accordent que très peu d'importance aux deux personnages masculins caractérisés à la truelle et interprétés sans éclats par Jérémy Kapone et Félix Moati (tous deux rescapés de Lol) préférant se concentrer sur les figures féminines du film. D'ailleurs il est sans doute trop tôt pour parler déjà d'univers au bout de deux films mais on retrouve dans Livide, tout comme dans A l'intérieur une sensibilité presque féminine de l'horreur et le thème de la maternité. Le gros couac du film tant au niveau du personnage que du casting reste cette infirmière au rôle assez obscure interprétée par une Catherine Jacob visiblement bien peu inspirée, débitant son texte sans la moindre conviction. Il reste fort heureusement Chloé Coulloud assez convaincante dans le rôle principal et la trop courte apparition de Marie-Claude Pietragalla en professeur de danse sadique et rigide. En tout cas Livide pêche clairement par la faiblesse de ses personnages et le manque de densité de son récit passant souvent par des phases amorphes durant lesquels on a la triste sensation qu'il ne se passe strictement rien à l'écran.
Faut il juger Livide que sur ses bonnes intentions et son très beau final ? Sans doute que non mais la dernière demi heure du film possède incontestablement de nombreuses brillantes, sombres et fascinantes facettes permettant de relativiser grandement les lourds et évidents défauts de l'ensemble du film. Durant son final Livide ose mélanger la poésie et l'horreur, le gore et le merveilleux dans un récit qui risque de perdre quelques spectateurs en cours de route. Le film se pare d'un discours assez mélancolique sur la soif de vivre et le désir de mourir, ose une forme symbolique de récit initiatique à la vie et la mort et se termine sur un plan à la fois onirique et curieusement bouleversant. Livide est un film sincère jusque dans la naïveté de son écriture et les contradictions de son univers car pourquoi tellement vouloir ancré le récit dans la réalité pour déboucher sur un univers aussi ouvertement fantastique ?? Livide ne fonctionne peut être que par intermittence alternant des moments magnifiques et d'autres aux lisières du ridicule, mais le film de Maury et Bustillo reste au final aussi singulier que particulièrement attachant.
Ma note 07/10
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Hanna
De Joe Wright
USA/ Angleterre (2011) Action / Thriller / Conte de faits divers
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Au départ Hanna était un film qui ne me tentait pas particulièrement, le film vendu par une bande annonce bien trop commerciale et tapageuse laissait entrevoir un film entre Nikita et Jason Bourne sur une jeune tueuse surentrainé à la recherche de son identité. Hanna est finalement bien plus que cela car Joe Wright transcende une histoire somme toute assez banal pour en faire un véritable objet aux multiples facettes toutes plus fascinantes les unes que les autres.
Hanna est donc une jeune fille qui vit totalement recluse à l'écart du monde avec un père qui l'entraine depuis son plus jeune age comme un soldat tout en la gavant de culture théorique à travers des encyclopédies. Une fois prête la jeune fille est envoyée pour une mission en Europe consistant à tuer la femme responsable de la mort de sa propre mère. Hanna découvrira alors le fracas du monde et les secrets de sa naissance.
Hanna est un film dont la plus grande force est d'être à la fois multiple et totalement cohérent, Joe Wright parvient à mixer dans une même dynamique de formidables scènes d'action, des moment plus humoristique, un univers aux lisières du fantastique pour un conte initiatique à la fois percutant et émouvant. Hanna ressemble à un conte de fée moderne, d'ailleurs Joe Wright fait de nombreuses allusions aux contes des frères Grimm allant jusqu'à utiliser des décors sortant directement de l'imagerie populaire de cette littérature comme la gueule du loup ou l'immense lit sous lequel Hanna se cache pour échapper à la vilaine. La méchante est clairement présentée comme une sorcière et Hanna sous sa carapace de guerrière implacable ressemble à une princesse innocente du fait de son isolement vis à vis du monde extérieur. C'est cette dualité entre la puissance que représente Hanna en tant que soldat et sa fragilité en tant que jeune fille sortant de nulle part qui donne toute la force au personnage magnifiquement interprétée par Saoirse Ronan qui confirme ici l'immense bien que je pense d'elle depuis Lovely bones. On est parfois amusé par sa froide candeur comme lorsque elle explique comment sa mère est morte ou qu'elle repousse le baiser d'un prétendant, on est aussi ému par sa découverte de la tendresse et de l'amitié avec une jeune fille et parfois effrayé lorsque elle se retrouve confrontée aux bruits assourdissants et au rythme du monde( Le travail sur le son est d'ailleurs assez exceptionnel ).
Plus qu'un très bon film d'action Joe Wright signe un très bon film tout court. Un objet assez fascinant qui ne lâche pas le spectateur une seconde et lui offre à espace régulier de vrais grands moments de cinéma. Les scènes d'action bien que finalement assez rares sont toutes marquantes du fait de leur empreinte visuelle très forte. L'évasion de la base souterraine utilise à merveilles les trompe l'œil de son décor pour un formidable jeu d'ombres et de lumières, la baston dans le métro est marqué par les colonnes rondes digne des arènes et la course poursuite labyrinthique sur le quai recouvert de containers est aussi un formidable jeu du chat et de la souris dans lequel Joe Wright utilise à merveille l'espace. Il faut aussi saluer la musique des Chemical Brothers qui dynamite l'ensemble et booste vraiment méchamment le tempo de l'action. Le travail sur les décors et d'ailleurs absolument génial le film nous trimballant d'un univers froid et blanc de Finlande à un désert marocain pour terminer dans l'univers quasiment surréaliste d'un parc d'attraction. Joe Wright ose même introduire des personnages aux limites de la caricature comme les trois tueurs allemands dont un blond qui se trimballe toujours en short ou en survêtement sans jamais plomber la crédibilité de son film.
Dans un univers de films de plus en plus formatés, Hanna fait vraiment figure d'ovni atypique surtout pour un film d'action, un genre pas des plus habitué au développement d'un univers aussi riche et singulier que celui mis en place par Joe Wright. Hanna est une sorte de conte de fées initiatique et cruel sur la perte brutale d'innocence.
Ma note 08/10
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[Rec]3 Genesis
de Paco Plaza
Espagne (2012) Horreur / Comédie / Un mariage et 200 enterrements
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Après un second volet ,certes décevant mais tout à fait respectable, la saga Rec se poursuit donc avec deux nouveaux films. Avant le Rec Apocalypse de Jaume Balaguero prévu pour l'année prochaine et qui sera une suite direct des deux premiers, voici donc que débarque sur les écrans [Rec]3 Genesis, qui raconte des événements antérieurs à la contamination de l'immeuble. Les fans de la saga pouvaient donc se réjouir fortement de voir les deux réalisateurs se dissocier pour explorer d'un coté les origines du mal et de l'autre ses conséquences apocalyptique...
[Rec]3 se déroule donc un peu avant les événements de [Rec] , ou plutôt de manière simultanée. On suit ici le mariage de Koldo et Clara dans une magnifique maison de campagne avec des centaines d'amis et invités. Le mariage va très vite tourner au cauchemar lorsque un oncle vétérinaire mordus récemment par un chien se transforme en bête sanguinaire contaminant peu à peu tous les convives.
[Rec]3 était sur le papier pétris des meilleurs intentions avec ce désir de raconter la genèse de l'infection tout en se démarquant du style caméra subjective pour ne pas resservir éternellement les mêmes images aux spectateurs (Les producteurs de Paranormal activity devraient fortement s'inspirer de cette démarche). Malheureusement le film de Paco Plaza se démarque tellement des deux premiers films qu'il ressemble bien plus à un spin off parodique et récréatif qu'à un film s'inscrivant totalement dans la cohérence de la franchise. Autant je cautionne à 100% les intentions, autant je ne peux que me résigner à une moue des plus dubitative devant le résultat. [Rec]3 est une comédie romantico horrifique classique, pas totalement foireuse mais qui objectivement n'apporte strictement rien à la saga initiée en 2008. Le film ne raconte strictement rien des origines de l'épidémie, se rattache maladroitement et artificiellement aux deux autres films et ne propose quasiment rien de ce que le spectateur est en droit d'attendre d'un [Rec]. La marge semble pourtant assez énorme entre le fait de ne pas recopier ad vitam aeternam la même recette et partir tellement à l'ouest que le film semble ne plus appartenir à la saga dans laquelle il devrait s'inscrire. L'idée de faire de ce [Rec]3 Genesis une comédie romantique était déjà un poil saugrenue mais Paco Plaza ne semble même pas prendre la peine d'en faire une bonne... On a presque l'impression d'assister à une démolition en règle de l'identité des deux films précédents pour revenir à du pur divertissement horrifique aussi léger que futile.
[Rec]3 Genesis commence déjà de manière assez bancal. On suit le mariage de Clara et Koldo filmée par différents invités et l'on retrouve donc le coté vue subjective et images bruts propre à la saga. Un long prologue de presque un quart d'heure (pour un film de 80 minutes) qui va couvrir les événements et les débuts de l'infection dans l'assistance. Ensuite le jeune marié et personnage principal du film ne comprenant pas que l'un des convives puisse continuer de filmer lui arrachera la caméra des mains et la piétinera violemment au sol. Une scène qui fonctionne relativement bien avec cette idée de donner un violent coup de pied à cette satanée vue subjective pour passer à autre chose en revenant à une forme plus classique de cinéma. Après on peut aussi se demander pourquoi Paco Plaza perd un gros quart d'heure de film avec une mécanique qu'il va ensuite fouler au pied. C'est d'autant plus inutile que cette longue exposition ne sert objectivement pas à grand chose si ce n'est à introduire le retour vers un cinéma plus traditionnel en assurant un lien graphique avec les deux autres films. Personnellement j'aurai vraiment préféré que le film commence directement de manière classique et que ce long prologue serve à caractériser et introduire un peu mieux les personnages de Clara et Koldo auxquels il est bien difficile de s'attacher alors que leur histoire d'amour est au centre du film.
[Rec]3 ressemble donc bien à une digression ludique des univers de [Rec] et [Rec]2 qu'à une véritable suite. Hormis deux ou trois éléments presque rien ne rapproche vraiment le film de Paco Plaza de l'univers particulier des [Rec]. Mais le plus décevant c'est que même en regardant le film avec une certaine neutralité vis à vis de son statut de prequel on constate avec dépit (voir agacement) que rien ne fonctionne vraiment. La romance entre Koldo et Clara a bien du mal à toucher les spectateurs du fait de son manque d'exposition et de profondeur, l'humour du film à base de déguisements tombe le plus souvent à plat et niveau trouillomètre on frise le zéro absolu. On sent venir les effets et les sursauts à des kilomètres et de toute évidence le film se range plus du coté du gore rigolo que du frisson et du malaise. Tout semble au final un poil artificiel et vain du type déguisé en Bob l'éponge en passant par Koldo qui s'équipe d'une armure ou la mariée trouvant une tronçonneuse et découpant sa robe pour aller jouer les walkirie en jarretière. On pourra toujours se contenter de quelques effets gore bien méchant comme un coup de mixer dans les gencives mais il faut tristement reconnaître que [Rec]3 est un film des plus moyen qui n'offre pas grand chose de réjouissant aux spectateurs. Les deux seules bonnes petites idées du film comme les infectés reflétant des démons dans les miroirs et le fait qu'ils s'immobilisent à la lecture de la bible sont balancées comme ça au milieu du film sans explications ne répercutions. Pas suffisamment ancré dans la saga, trop sage au niveau gore, trop poussif dans son humour, pas assez profond dans ses enjeux dramatiques et romantiques.... La liste est malheureusement bien longue et le très beau final conjuguant enfin horreur, amour et drame arrive à peine à masquer l'étendu du naufrage.
Volonté de surfer sur la mode des zombédies ? Désir de totalement s'affranchir des deux premiers films ? Volonté de proposer une face plus ludique et positive de l'univers [Rec] ? ... J'avoue que j'ai un peu de mal à comprendre totalement la démarche de Paco Plaza pour se troisième film. Si [Rec]3 reste un divertissement horrifique tout à fait regardable il n'en demeure pas moins et dans la perspective global de la saga aussi dispensable que décevant.
Ma note 05/10
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