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Le zombie venu d'ailleurs (Prey)
de Norman J. Warren
Angleterre (1977) – Horreur / Science fiction
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Encore une fois et malgré son titre français ce film de Norman J. Warren ne comporte absolument pas de morts vivants, en tout cas pas plus que La terreur des morts vivants chroniqué précédemment dans cette bulle. De son titre original Prey est une petite production fauchée bien plus orientée vers la science fiction cheap et l'érotisme seventies que vers l'horreur carnassière des films de zombies.
Le zombie venu d'ailleurs raconte l'histoire d'une invasion extra terrestre, ou plus exactement l'arrivée d'un extra terrestre venu se paumer bien loin de toute civilisation et qui va rencontrer un couple de lesbienne vivant dans une maison isolée en pleine cambrousse.
Le zombie venue d'ailleurs est une production indépendante à petit budget dans laquelle l'arrivée d'un extra terrestre devient le plus souvent un simple élément révélateur des troubles d'un couple. En regardant le film on se croirait presque devant un film d'auteur français tournant autour d'un drôle de triangle amoureux avec ce couple de lesbienne en crise et cet homme venant d'ailleurs pour mettre en avant les troubles et contradictions de cette relation. Car le film de Norman J. Warren, malgré son sujet et son univers, comporte finalement assez peu d'éléments purement fantastiques et horrifiques et ressemble le plus souvent à un film ultra-classique (et chiant) sur un couple en crise. Mais fort heureusement ce brave Norman J Warren n'est pas non plus Philippe Garrel et le réalisateur anglais nous offre comme à son habitude et à espace régulier de jolies moments de portnawak à l'humour bien involontaire.
L'invasion bien craignos de l'entité extra terrestre se limite à des lumières vertes clignotantes observées depuis une fenêtre et notre Alien ressemble les trois quart du temps au gendre idéal un poil benêt (il ne connait rien de notre monde et se contente de répéter bêtement comme un perroquet ce qu'on lui dit) avec son brushing absolument parfait. Venu chercher de la nourriture sur terre notre brave extra terrestre arrive donc chez un couple de lesbienne végétarienne qui a donc fait du broutage de pelouse un véritable mode de vie totalement écolo. On s'amusera donc beaucoup lorsque l'une des deux jeunes femmes nous explique combien il faut aimer et respecter la nature et les animaux juste avant de sortir son fusil avec rage pour faire la peau à une saloperie de renard accusé à tord du massacre de trois poules. Parmi les autres moments bien à part du film on retiendra une partie de cache cache durant laquelle notre extra terrestre habillé comme un immonde travelo cherche les deux jeunes femmes en caressant un petit lapin en peluche. Impossible aussi d'oublier la encore la loooooooooooooooooooongue séquence durant laquelle les deux jeunes femmes tentent de sauver de la noyade et au ralenti notre alien à moumoute qui sombre lamentablement dans 60 centimètres d'eau. Il faut dire que notre brave visiteur d'un autre monde venait de tenter de marcher sur l'eau pour bouffer un pauvre cygne qui ne demandait absolument rien. Mais le clou du spectacle reste les quelques transformation de l'extra terrestre, lorsque celui ci retrouve sa forme initiale qui le fait ressembler à une sorte d'homme félin bondissant comme un cabris sur ses proies comme un chat sur une souris.
Mais voilà lorsque l'étrangeté devient une norme les films peuvent devenir fascinant... Il serait toutefois bien exagérer d'appliquer cette règle au film de Norman J Warren, mais le climat général du film finit par distiller une ambiance aussi intrigante que singulière. L'ambiance trouble du film entre érotisme et cauchemar, l'aspect surréaliste et abstrait de certaines scènes et l'ambiguïté des personnages parviennent sans aucun soucis à tirer Le zombie venu d'ailleurs bien au dessus du niveau du simple navet de bas étage. Assez bizarrement le film de Norman J Warren est presque aussi chiant que passionnant et le réalisateur parvient à garder l'attention du spectateur (enfin de certains amateurs cinéphages déviants) jusqu'à son final particulièrement réussi mélangeant érotisme sauvage, drame intime, horreur pure et une bonne dose d'humour noir.
Le zombie venu d'ailleurs n'est donc certainement pas le plus fou et le plus drôle des film de Norman J Warren mais c'est incontestablement l'un des meilleurs. Avec une grande économie de moyen et d'effets le réalisateur anglais parvient vraiment à créer une drôle d'ambiance autour d'un improbable trio amoureux qui ne rêvent que de se bouffer entre eux au sens propre comme au figuré.
Ma note 05,5/10
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Le territoire des loups (The Grey)
de Joe Carnahan
USA (2012) Aventures / Survival intime
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Après le gros blockbuster crétin L'agence tous risques le réalisateur Joe Carnahan revient sur les écrans avec un film au budget plus modeste, à la dimension plus humaine et certainement plus intime. Le territoire des loups n'aurait pu être qu'un survival de plus (Wilderness version loup) mais en choisissant de traiter son film comme une lente marche funèbre le réalisateur de Narc transforme un récit , somme toute assez basique, en un puissant requiem dramatique.
Le territoire des loups suit l'aventure extrême de sept survivants d'un crash aérien qui se retrouvent perdus dans l'immensité du grand nord. Ils vont devoir faire face à une nature difficile, des conditions climatiques extrême et surtout tenter de survivre à une meute de loups bien décidée à protéger son territoire.
Dès les premiers instant il est parfaitement clair que Le territoire des loups ne sera pas un simple survival entre des hommes et des loups. Quelques minutes suffisent à Joe Carnahan pour décrire un univers masculin un peu minable, à la fois abrupt et désespéré fait de beuveries et de bagarres. Quand au héros du film il est immédiatement montré comme dépressif et suicidaire vivant tant bien que mal avec le poids de la disparition de sa femme. Ca ne respire pas vraiment la joie de vivre et dès les premières minutes, comme les loups le feront ensuite, le spectateur peut ressentir la peur et la mort qui englobe non pas des héros mais des hommes bien ordinaires vivant par habitude. Le territoire des loups traite finalement bien moins des bêtes sauvages que des hommes qui y seront confrontés. Tant pis donc pour celles et ceux qui espéraient le contraire, mais les loups du film ne sont au bout du compte qu'un élément certes important, mais perdu parmi tant d'autres.
Le territoire des loups possède tout à la fois le souffle d'un grand film d'aventures, la tension d'un pur survival et la densité d'un requiem. Une grande aventure humaine qui commence par un crash d'avion vraiment spectaculaire vécu et filmé de l'intérieur du cockpit avec un sacré sens de l'immersion. Ensuite une grosse poignée de survivant ( une poignée étant trop petit pour sept individus) va se retrouver confrontée à la nature dans ce qu'elle possède de plus pur et de plus dangereux. Entre des conditions climatiques extrêmes, un espace vierge de toute civilisation et un retour à l'état de simple proie sur l'échelle animale, les hommes vont revenir à un état quasiment primitif. Joe Carnahan filme alors avec ampleur des personnages perdus dans un cadre désespérément blanc et montre une nature à la fois magnifique et hostile. Une simple marche devient alors une expédition et le film réserve son lot de magnifiques moments de tension comme lors de la traversée au dessus de la rivière. Mais les instants durant lesquelles la tension touche à son paroxysme concernent bien évidemment les loups, pas spécialement lorsqu'ils sont à l'écran mais surtout lorsque leur présence menaçante hante l'espace. Impossible d'oublier la lueur de leur yeux dans la nuit, leurs apparitions furtives et surtout leurs souffles et leurs hurlements dans la nuit. Si leurs attaques sont particulièrement furieuse, brutales et soudaines (sursaut quasiment garanti), je reste bien moins convaincu par les confrontations direct que par la peur de les voir arriver. Un sentiment d'autant plus fort que je ne suis pas particulièrement fan de la façon frénétique et illisible avec laquelle Joe Carnahan filme les confrontations direct entre les hommes et les loups. En revanche j'adore ce sentiment d'insécurité, cette tension de la mort qui rôde, ce hurlement de douleur qui crève le silence, ce souffle de la bête qui annonce le dernier pour l'homme et ce danger pouvant débouler de partout.
Mais l'aspect qui me touche le plus dans Le territoire des loups est incontestablement sa dimension humaine et cette confrontation de sept types à l'idée et l'acceptation de la mort. Le film de Joe Carnahan sonde à travers les destins de ses sept personnages des questions existentielles qui vont bien plus loin que « putain comment je vais péter la gueule au loup ?». Les sept personnages qui peuvent dans un premier temps être perçus comme des caricatures sont aussi l'expression de différents choix de vie. On a un peu le gros dur, le rigolo, les responsable, le réservé, le père de famille, le protecteur et finalement peut être que tous réunis ne sont que l'expression brouillonne de ce qu'est un homme globalement. Et cet homme va tout simplement se retrouver confronter jusqu'à l'absurde à sa triste condition se limitant à comment je dois vivre en attendant la fin, quelles sont les choses qui méritent que je me battent encore, dois je accepter de souffrir encore alors que la fin est joué d'avance ? Les hommes du Territoire des loups ne se retrouvent pas face à des loups mais tout simplement face à eux mêmes et toute l'apparente absurdité de la vie capable d'en faire à la fois des survivants miraculés et des morts en attente . John Ottway ( Liam Neeson) aura beau demander le secours de dieu, l'homme reste un animal désespérément seul face à son destin capricieux, face à ses choix, perdu dans l'immensité d'un univers qu'il ne pourra apprivoiser et inéluctablement victime au bout du compte. Dès lors comment apprivoiser cette idée de la mort, comment la rendre plus douce, comment simplement l'accepter ? Le territoire des loups est une marche funèbre dans laquelle l'humain se retrouve tout simplement contraint par la nature à l'acceptation de son triste sort. Le film de Joe Carnahan possède une scène que je trouve absolument magnifique et qui est le moment ou Diaz coupe la tête du loup et la jette par terre comme un affront aux loups (un détournement d'une des scènes les plus cliché du survival). Les survivants viennent alors de triompher du sort, ils célèbrent cet instant en mangeant et s'amusant, l'espoir semble renaître un peu. Et là après un court silence arrive un hurlement qui glace le sang, le souffle des loups fait naître une buée à l'orée du bois et le visage fermé les hommes comprennent que la mort est toujours là et qu'elle s'amuse de leurs vains espoirs. Personnellement j'en avais la chair de poule.... Le final du film m'achèvera totalement lorsque John Ottway étalera soigneusement devant lui ce qu'il reste de toutes ses vies disparues et regardera les yeux embués les images des bonheurs perdus avant de se battre une dernière fois contre la mort. On a tellement bouffé du survival dans lesquelles les hommes devaient systématiquement redevenir des bêtes sauvages pour survivre que c'est magnifique de voir des personnages devenir de plus en plus humain à mesure que le récit avance.
Le territoire des loups est un grand film qui renoue avec cette traditions des grandes œuvres des années soixante dix dans lesquels les éléments les plus spectaculaires d'une histoire n'étaient que des révélateurs des tourments de l'âme des hommes. Après avoir vu tellement de films vide de sens pour lesquels le spectacle était une fin en soit, ça fait vraiment plaisir de voir un film dans lequel les personnages sont à ce point au centre de tout.
Ma note 07,5/10
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Paranormal activity 3
de Henry Joost et Ariel Schulman
USA (2011) – Fantastique / Found foutage de gueule part 3
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Les Paranormal activity se suivent et bien malheureusement se ressemblent. Après un premier film au buzz phénoménal et sa suite voici donc en tout logique que débarque maintenant la prequel. Le principe est toujours le même et il ne changera certainement pas pour un quatrième volet déjà en préparation. Une question se pose pourtant pour savoir si quatre films étaient vraiment nécessaire pour capter à ce point l'essence du vide ?
Dans Paranormal activity 3 on explore donc les bandes VHS relatant l'enfance des deux frangines Katie et Kristie pour tenter de remonter aux sources du mal...
Première déception avec la forme du film les deux réalisateurs (car il fallait bien être deux sur le coup) ne prennent même pas la peine d'utiliser vraiment un support VHS pour être raccord avec les images censées sortir d'un caméscope de 1988. Paranormal activity 3 reprend donc à peu de choses prêt l'esthétisme (oui le mot est fort) des deux premiers films et se contente d'en singer les principes. Mais franchement comment pourrait on sérieusement en vouloir aux producteurs qui parviennent à chaque fois à empocher le pactole avec des budgets ridicules et des films essentiellement basés sur des plans fixes pourris. On nous ressort donc une nouvelle fois les plans interminables de chambres à coucher la nuit et un plan panoramique d'une camera posée sur un ventilateur pour balayer la cuisine et la salle à manger de la maison. Pour le reste on se retrouve encore avec un type qui semble avoir une caméra greffé à l'épaule tant il l'utilise tout le temps et parfois même en dépit du bon sens. Effectivement tout le monde sait très bien que dès l'instant que l'on entend un bruit dans sa maison on part illico l'explorer avec son caméscope.
Autant dire que l'on s'emmerde assez fermement dans ce troisième opus qui tente toutefois de gonfler artificiellement le vide par quelques jump scare bien foireux comme lorsque la femme de notre homme à la caméra se planque dans un placard avec un masque de monstre (mais quelle farceuse celle là !). Sinon on aura droit à une apparition assez drôle de Casper, des séquences de Bloody Mary devant un miroir, des meubles qui tombent et au sommet de la terreur à quelques portes qui bougent sans raison. Car finalement je me demande si la mécanique d'un Paranormal activity n'est pas là, dans cette façon de filmer le vide pendant des plombes de manière quasiment hypnotique jusqu'à endormir le spectateur et le réveiller en sursaut avec un bruit lui faisant croire qu'il vient d'assister à un monstrueux moment de terreur. Paranormal activity est une sorte de somnifère filmique qui est constitué de 90% de vide, de 3% de rien, de 3% de pas grand chose et de 4% d'un semblant d'histoire. Il faudra donc une nouvelle fois le dernier quart d'heure pour que enfin il se passe un truc à l'écran et que l'on finisse presque par trouver ça bien tellement on se faisait chier à cent sous de l'heure jusque là. Une mécanique totalement et clairement recopier sur l'excellent Blair witch project qui avait lui le mérite d'être en parfait adéquation entre le fond et la forme et surtout de ne pas nous avoir casser les couilles avec trois suites à filmer des branches mortes.
Paranormal activity 3 est donc une bonne purge dans la droite lignée des deux précédents. Après tant que la bascule budget/recettes sera favorable aux producteurs on risque de voir de nombreuses suites débarquer sur les écrans. Vivement l'intégrale avec 12 heures non stop de chambre à coucher en plan fixe....
Ma note 02/10
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Super
de James Gunn
USA (2011) Comédie / Super film
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A première vue ce Super semble arriver un peu après la bataille puisque d'autres films traitant du même sujet du type ordinaire devenant un super héros sont déjà sortis avec notamment Defendor et surtout Kick Ass. Pourtant le scénario de Super dort dans les tiroirs de James Gunn depuis 2002, le réalisateur attendant que la mythologie des super héros soit suffisamment installer dans les esprits du grand public grâce à des succès cinématographique pour pouvoir en faire la déconstruction. Et puis finalement peu importe de savoir qui était là le premier car le film de James Gunn à défaut d'être original par son sujet l'est assurément par son traitement.
Super c'est l'histoire de Frank D'Abro, un type bien ordinaire et presque en dessous, dont la plus grande fierté est d'avoir épousé une femme magnifique. Malheureusement pour lui son épouse succombe aux charmes vénéneux d'un truand et dealer de drogue laissant Frank seul et au fond du gouffre. Frank décide alors de devenir un super héros pas tellement pour défendre le crime et pour le bien de tous mais juste pour récupérer sa femme....
Super est incontestablement moins spectaculaire que le Kick Ass de Matthew Vaughn et moins sombre que le Defendor de Peter Stebbings mais James Gunn propose sans doute le film le plus drôle, le plus fou, le plus tordu et peut être même le plus profond des trois. Car sous ses dehors de comédie d'action Super aborde de nombreuses thématiques aussi passionnantes que pertinentes sur les justiciers en cagoules. La frontière entre le justicier héroïque et le psychopathe masqué n'a jamais semblé aussi minime que dans Super avec son héros totalement complexé agissant de manière égoïste tout en étant guidé par des visions mystico-médiatique. Frank d'Abo se libère sous son masque de toutes ses frustrations d'homme et trouve dans toutes choses des signes et des prétextes à poursuivre sa quête vengeresse. Plus inquiétante encore est la personnalité de sa jeune assistante interprétée par une Ellen Page absolument géniale qui devient vraiment une dangereuse psychopathe dès l'instant qu'elle enfile son costume et décide de combattre le crime sans la moindre échelle de valeur entre les actes et les punitions qu'ils méritent. Par un pur besoin d'action, par une pseudo légitimité à faire la loi, par une absence flagrante de code moral, par une simple envie d'exister en tant que justicier nos deux super héros sont capable de fracasser les tronches à coup de clef à molette des types qui grugent dans les files d'attente de cinéma ou qui pourraient avoir rayé une peinture de bagnole avec la même rage que lorsque ils s'attaquent à des dealers ou des pédophiles. Une manière assez culottée pour James Gunn de rapprocher les super héros de certaines milices d'auto défense qui sous couvert d'un uniforme et d'une légitimité à se placer du coté des bons contre les méchants sont capables des pires actions sans trop de distinction. Super montre alors la puissance du costume et par extension de l'uniforme qui transforme souvent les hommes en de simple fonction dans lesquelles ils abandonnent une partie de leur humanité. Super comporte une autre très jolie scène montrant à quel point sous un masque et un costume nous ne sommes plus tout à fait les mêmes. Cette scène c'est le moment ou le personnage de Frank cède finalement aux avances très pressantes de Libye mais après avoir enfilé son masque comme un préservatif sentimental pour ne pas avoir la sensation de tromper sa femme en tant que Frank.
Super traite aussi de la frustration des gens ordinaire et de leur soif de reconnaissance. Assez bizarrement le film pourrait reprendre à son compte la tagline de Taxi Driver qui disait On evrey street there's a nobody who dream of being somebody. Frank d'Abo est une sorte de looser du quotidien dont deux trois rapides flashback suffisent à faire comprendre la détresse psychologique et le personnage de Libye est lui aussi en quête de reconnaissance comme on témoignera son immense joie lorsque son visage masquée fera la une d'un journal télévisé. Mais Super est aussi une très bonne comédie d'action dans laquelle rôde l'esprit encore chaud des productions Troma dans lesquelles James Gunn a fait ses premières armes. Par exemple la sitcom ridicule que regarde Frank à la télévision mettant en scène le vengeur saint semble sortir directement des studios de Llokd Kaufman. On retrouve aussi dans Super la folie des productions Troma avec ses personnages hors normes, ses débordements gore et ses scènes bien barrés comme lorsque Frank semble recevoir la semence divine directement dans le cerveau après avoir été trépané par des tentacules sortant directement d'un Hentaï ou qu'il s'imagine en prison subissant les derniers outrages. Prostituées, macros, handicapés, dealers, pédophiles; la faune de Super n'est pas loin de rappeler celle de Hobo with a shotgun et notre super héros aura donc fort à faire pour faire taire le crime. James Gunn montre aussi avec Super la facilité déconcertante pour quiconque de se procurer des armes aux USA avec la très amusante séquence durant laquelle Lybie et Frank vont faire leurs courses dans un supermarché d'armes avant de s'attaquer au super vilain de l'histoire. A noter aussi le formidable généique du film, sorte de comédie musicale animée digne de South park.
Super peut aussi se vanter de réunir un casting cinq étoiles avec en tête de liste un formidable Rainn Wilson et sa bondissante et hilarante partenaire interprétée par une Ellen Page toujours aussi charmante et formidable. A leur coté on retrouve aussi une Liv Tyler qui vient s'encanailler dans l'univers foutraque à la Troma et Kevin Bacon qui visiblement s'amuse comme un petit fou dans le rôle du bad guy. On retrouve aussi avec plaisir des habitués de l'univers de James Gunn avec Michael Rooker et le trop rare Gregg Henry qui faisaient déjà parti du casting de Horribilis. De manière plus anecdotique on notera les apparitions de Lloyd Kaufman en passant, de Nathan Fillion en vengeur saint, de James Gunn himself en démon et la participation de Rob Zombie qui incarne la voix du seigneur (Et ça c'est la classe!).
Super est donc une excellente surprise car plutôt que de rabattre un sujet déjà exploité brillamment James Gunn parvient à trouver une voix finalement assez unique dans laquelle les gros traits de la farce cache une noirceur assez fascinante. Sous ses dehors de grosse farce carburant au second degré Super est peut être le plus profond des films de super héros. C'est un conclusion facile mais moi j'ai trouvé ça super !
Ma note 08/10
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Visitors
de Richard Franklin
Australie (2003) Fantastique / Thriller /Calme plat
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Étant particulièrement fan du cinéma fantastique australien j'attendais beaucoup de ce Visitors qui associait le réalisateur de Link, Psychose 2 et Patrick avec l'un des meilleurs scénariste du cinéma de genre en Australie en la personne de Everett De Roche (Long Weekend, Razorback, Harlequin, Insane). Malheureusement Visitors est une grosse déception et un thriller fantastique assez prévisible et parfois même risible.
On suit donc dans Visitors la traversée autour du monde en solitaire et à la voile d'une jeune aventurière nommée Georgia Perry. La jeune femme se retrouve alors bloquée sur une mer d'huile alors que son navire dérive lentement. Georgia commence alors à être victime d'hallucinations à mesure qu'elle est persuadée qu'une étrange présence s'est invitée sur son bateau.
La perspective d'un thriller fantastique claustrophobique sur un lieu unique dont on ne peut s'échapper était donc alléchante mais l'illusion ne va pas durer très longtemps. Visitors ne se concentre pas uniquement sur son personnage principale et les dérives mentales liées à sa solitude mais aussi à son histoire passée avec une multitude de flashback avec des personnages secondaires qui gravitent autour d'elle comme son petit ami. Des choses censées étoffer et le récit et l'histoire de cette jeune femme mais qui finalement ne font que diluer le suspens et sur-expliquer assez lourdement les événements. Car on comprends finalement très très vite que cette jeune femme est « simplement » victime d'hallucinations et des tourments de son esprit rongé par la solitude. C'est d'autant plus enervant que Richard Franklin se sent presque obligé d'expliquer le moindre aspect fantastique à travers un flashback arrivant immédiatement après la scène comme pour la première apparition d'une étrange figure quasiment christique qui trouveras tout de suite une explication dans une simple pulsion d'infidélité du personnage principale envers un homme croisé dans un bureau. Une fois que l'on a capté la mécanique du film et la nature de ses étranges apparitions(ce qui objectivement est assez évident) Visitors devient alors assez ennuyeux et prévisible. Les éléments fantastiques deviennent lourdement symboliques ou totalement artificielles comme le pirate bien caricatural servant uniquement de moteur à quelques jump scare.
On commence donc à s'ennuyer fermement à mesure que ce navire devient une sorte d'immense cabinet de psychologue dans lequel s'invite les pulsions, les interrogations, les regrets, les doutes et les obsession de cette jeune femme à travers divers personnages. Des apparitions qui paradoxalement semblent finalement toute assez inoffensives alors qu'elles devraient être un moteur de tension et d'angoisse. Visitors flirte même parfois avec le ridicule lorsque le personnage de Georgia (Rahda Mitchell pourtant impeccable) parle avec son chat tout en faisant du tricot ou qu'elle reçoit la visite de quelques vieilles amies de sa mère qu'elle envoie illico par dessus bord. L'aspect le plus intéressant du film reste la relation trouble entre amour, haine et culpabilité qui unie Georgia avec sa mère morte après s'être suicidée. Une forme de culpabilité et d'obsession qui viendra pour le coup hanté à juste titre le navire comme un fantôme.... Malheureusement l'épilogue de cette relation sera lui aussi totalement ratée et dégoulinant de bons sentiments. Visitors reste toutefois une sorte d'ode féministe à la liberté individuelle et au refus de l'asservissement des femmes qui par certains aspect reste séduisant.
Visitors est donc une vraie déception dans laquelle on ne retrouve que trop rarement cette petite singularité du cinéma de genre Australien. Le plus décevant est certainement de voir des éléments fantastique devenir aussi peu dangereux et d'une triste banalité à mesure que le film avance. Rien de honteux ni déshonorant toutefois pour Richard Franklin qui signe juste avec Visitors un film fantastique bien plat et bien trop prévisible.
Ma note 04,5/10
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