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    Crazy, stupid, love

    de John Requa et Glenn Ficarra

    USA (2011) - Comédie romantique  / Une de plus

    Crazy, stupid, love de Jonh Requa et Glenn Ficarra

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    Ce qui est bien avec les comédies romantiques, et un peu énervant aussi, c'est que c'est toujours différent mais toujours un peu la même chose également. Aussi la simple annonce d'un nouvel esprit et d'un souffle nouveau dans ce genre des plus balisé auront suffit à me pousser à aller voir Crazy, stupid, love en salles. Malheureusement si le film emploie des chemins de traverses il termine sa course sans la moindre surprise dans une célébration bien mielleuse de l'amour triomphant.

     Crazy, stupid , love c'est l'histoire de Cal (Steve Carell) d'un type bien ordinaire qui apprends subitement que sa femme souhaite divorcer. Un soir alors qu'il traine lamentablement son cafard dans un bar il va faire la rencontre d'un jeune séducteur qui décide de le prendre sous son aile pour en faire un serial tombeur et lui redonner le goût de l'amour et de la séduction. Autour de ses deux personnages gravitent d'autres protagonistes en quête d'amour comme un adolescent amoureux fou de sa baby-sitter ou une jeune avocate bourrée d'ambition.

    Crazy, stupid, love de Jonh Requa et Glenn Ficarra

     Crazy, stupid, love propose donc d'explorer l'amour et la séduction au travers de nombreux personnages et divers générations. Un parti pris assez ambitieux qui propose de mélanger le film chorale et la comédie romantique afin d'explorer différentes formes d'amour et de passion de la plus innocente et juvénile à la plus primaire et sexuel. On suit donc les histoires d'une bonne dizaine de personnages gravitant autour d'un Steve Carell qui sert d'axe et de fil rouge narratif à divers romances qui parviennent toute à exister à l'écran sans se marcher les unes sur les autres. De ce point de vue Crazy, stupid, love est une vraie réussite car les différentes composantes de son récit cohabitent, se répondent pour finir par se retrouver dans une scène assez savoureuse regroupant les différents personnages. A l'exception du personnage un peu falot d'Émilie interprétée par Julianne Moore le reste des protagoniste et du casting est un pur bonheur avec en tête un Steve Carell toujours aussi parfait. On retrouves aussi la délicieuse Emma Stone (ZombielandSupergrave) touchante en femme ambitieuse découvrant que l'amour doit se nourrir de passion et de complicité, Ryan Gosling le nouveau beau gosse découvert dans Danny Ballint en séducteur succombant à la passion amoureuse, le jeune Jonah Bobo en adolescent amoureux trop précoce et la pétillante Analeigh Tipton dans un très jolie rôle d'adolescente babysitter coincée dans sa quête d'amour entre des passions trop infantiles et des désirs trop adultes.

    Crazy, stupid, love de Jonh Requa et Glenn Ficarra

     Comme toute bonne comédie romantique qui se respecte Crazy, stupid, love navigue entre rires et émotions. Sur le registre de la romance on retiendra surtout deux très belles idées avec d'un coté le personnage de Steve Carell venant la nuit en cachette pour entretenir le jardin de son ancienne maison comme pour retrouver les sensations de sa vie rangée passée et entretenir l'espoir de reconstruire son couple et surtout la scène entre Ryan Gosling et Emma Stone transformant un désir d'étreinte purement sexuelle en un joli jeu de séduction et de tendresse. Pour le rire on retiendra surtout la séquence de coaching et relooking de Steve Carell limite Pretty woman dans l'esprit. Si Steve Carell est incontestablement le personnage centrale du film et l'attraction comique majeure de Crazy, stupid, love il se fait pourtant voler la vedette par une explosive et hilarante Marisa Tomei qui dans un rôle très secondaire s'offre rien de moins que les meilleurs moments du film. La séquence de séduction un peu foireuse dans le bar et sa partie de jambes en l'air avec Cal (Steve Carell) sont très drôle et la scène de réunion parents professeurs durant laquelle elle se retrouve face au couple Carell/Moore est absolument géniale. Comble de l'élégance et du bon goût c'est encore Marisa Tomei qui osera faire un joli doigt d'honneur lors du final dégoulinant et bien mielleux de bons sentiments.

    Crazy, stupid, love de Jonh Requa et Glenn Ficarra

     Car sans être révolutionnaire Crazy, stupid, love était une très belle comédie romantique cassant un peu les structures et les clichés du genre jusqu'à son final absolument déprimant de morale et de bons sentiments. On assiste donc au grand discours du personnage repenti sur la passion et l'amour devant une salle béate écoutant le sourire aux lèvres et la larme à l'œil avant que tout le monde ne se range bien gentiment dans les cases et les conventions du genre et de la société. Cal retourne vers sa femme car les couples ne sont pas fait pour divorcer, le séducteur alignant les conquêtes se range pour devenir un bon fiancé fidèle et dévoué, le jeune adolescent comprend qu'il est un peu trop jeune pour aimer autrement que de manière platonique et la jeune babysitter s'en va pour se consacrer à des amours de son age. Les liens du mariage sont sacrés, les amours d'adolescents ne sont pas très sérieux, il faut trouver l'amour plutôt que de séduire à tout va et l'union de deux êtres doit se faire sans trop de différence d'age , amen ! Tout va donc bien dans le meilleur et le plus morale des mondes, les deux quadragénaire sont ensembles, les deux trentenaires aussi et les deux trop jeunes se séparent gentiment. C'est vraiment ce qui s'appelle gâcher un joli film par un final bien foireux, encore une fois merci à Marisa Tomei pour ce petit doigt tendu aux conventions et à toute cette guimauve.

    Crazy, stupid, love de Jonh Requa et Glenn Ficarra

     On ne va pas non plus trop bouder son plaisir et démolir le film uniquement sur son final car Crazy , stupid, love permet de passer un très joli moment en alternant avec jubilation pendant l'immense majorité du temps les rires et les moments plus romantiques. On attendras juste encore pour trouver la comédie romantique qui comprendras que l'amour n'est pas une célébration de doctrines morales, religieuses et sociologiques mais au contraire la célébration d'une passion capable de briser l'intégralité des limites et des carcans sociaux, politiques et moraux.

     

    Ma note: 06,5/10

      


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    The hills run red

    de Dave Parker

    USA (2009) Horreur / Slasher / Film oublié

    The hills run red de Dave Parker

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    Deux ans après sa sortie US, The hills run red de Dave Parker n'a pas encore trouvé le moyen d'arriver jusqu'en France, pas même en DTV. Pourtant sans être un film extraordinaire, ce petit exercice de style sur la fascination pour le cinéma d'horreur mériterait assurément et enfin une petite sortie en DVD, surtout au regard du nombre incalculable de films bien plus mal foutus qui ne cessent de garnir les rayonnages des grandes surfaces.

    The hills run red raconte l'histoire de trois jeunes étudiants partis à la recherche d'un mystérieux film d'horreur qui aurait totalement disparu de la circulation depuis plus de vingt ans et dont il ne resterait que la bande annonce et quelques images. Après avoir localisé la fille du réalisateur les trois jeunes gens décident d'aller explorer les lieux du tournage de ce film maudit et tenter de dénicher les bobines perdus dans la maison même du réalisateur disparu.

    The hills run red de Dave Parker

    En débutant The hills run red je m'attendais vraiment à vivre un énième slasher ultra basique avec son lot de jeunes gens victimes d'un tueur masqué bien bourrin. Pourtant, même si il ne va pas toujours au bout de ses nombreuses très bonnes idées, le film de Dave Parker se révèle bien plus malin et passionnant que la moyenne. Tout d'abord j'ai trouvé le pitch de départ vraiment formidable, je ne sais pas si c'est parce que je suis encore en pleine nostalgie VHS mais l'idée d'une vielle bande annonce d'un film maudit et totalement invisible titille franchement autant ma curiosité que les protagonistes du film. La bande annonce très seventies qui sert de point de départ au film est typiquement dans la veine des films d'horreur de la fin des années soixante dix et du début des années 80 et elle évoque à elle seule une bonne partie de ce que représente l'horreur comme le désir de l'interdit et la curiosité d'une confrontation à une violence imprévisible. Dès le départ le film fonctionne à plein régime faisant d'une simple bande annonce ,très Vendredi 13 dans l'esprit, un objet de pur fascination et d'extrapolation. The hills run red date bel et bien de 2009 et Dave Parker signe pour moi bien avant le Scream 4 de Wes Craven un film dressant en filigrane de son histoire le portrait de la production horrifique actuel tout en célébrant un retour vers l'age d'or du genre.

    The hills run red de Dave Parker

    The hills run red commence donc sur un concept proche de celui de La fin absolue du monde, le segment horrifique de John Carpenter pour l'anthologie Masters of horror. Les trois personnages principaux partent alors avec une caméra enquêter sur cette sorte de légende urbaine comme dans Le projet Blair Witch et déjà Dave Parker avale le concept des films en vue subjectives et autres found footage. Les quatre jeunes gens s'enfoncent alors vers une forêt immense tout en écoutant les remarques cyniques d'un des protagoniste rapprochant leur périple aux pires clichés des films d'horreur et plus particulièrement du slasher et du survival. Un procédé directement hérité du tout premier Scream montrant paradoxalement que si les règles ont changées (plus personne n'est dupe sur la mécanique) elles restent pourtant immuables. De toute évidence Dave Parker s'amuse beaucoup des clichés, prend un malin plaisir à leur tordre le coup et se moquer de quelques nouvelles conventions du genre. Les quatre jeunes peuvent bien prendre un flingue et n'avoir aucun problème de réseau avec leurs foutus portables cela ne les sauvera pas pour autant; le genre symbolisé par le tueur étant bien plus fort et malin que ses quelques artifices. De manière sans doute bien plus subtile et moins didactique que Wes Craven avec Scream 4, Dave Parker va alors nous replonger vers l'horreur du passé pour mieux fustiger les dérives du présent.

    The hills run red de Dave Parker

    A mesure que le film avance, les personnages se rapprochent de leur quête qui est, ne l'oublions pas, de retrouver une bande horrifique sulfureuse du passé. Ce n'est sans doute pas un hasard si le film est de ce fait de plus en plus sombre et de plus en plus violent comme un retour aux sources. Le final convoque les fantômes du survival à la Massacre à la tronçonneuse et permet au film de disserté de manière plutôt maligne et intelligente sur le genre. The hills run red pointe d'un doigt accusateur les facilités d'un torture porn totalement dénué d'émotion et montre un cinéma horrifique tournant comme un cycle héréditaire sur une même et éternelle obsession. On voit comment en voulant poursuivre l'œuvre de leur pères une nouvelle génération ne fait que singer leurs concepts avec un soucis de surenchère froide et désincarnée. Si The hills run red se prend parfois un peu les pieds dans le tapis de ses contradictions à force de brasser mille questions comme la curiosité limite malsaine du spectateur de films d'horreur, sur ses attentes de ce que doit être un film d'horreur, sur le snuff movie, sur la folie obsessionnel de réalisateur consacrant leur vie à l'horreur il montre aussi de manière assez symbolique la différence d'aspiration entre deux générations. D'un coté on trouve un réalisateur vouant sa vie au cinéma et à l'horreur au point d'en devenir fou et de l'autre des spectateurs avides de sensation forte et d'extrême voulant récupérer le fruit de son travail autant par curiosité que pour en exploiter le potentiel financier. (Spoiler) La fille du réalisateur dit clairement qu'elle se contrefout du sous texte pouvant s'inscrire dans un film d'horreur et qu'elle ne souhaite qu'une seule chose, donner toujours plus horribles et plus brutal à des spectateurs devenus cyniques alors que son père place la tension et l'émotion comme moteur de la terreur. Lorsque la fille montre finalement le montage qu'elle a fait du film de son père afin qu'il devienne le sien, on se rend compte qu'il alors ne reste à l'écran qu'une succession de meurtres et d'actes de violence sans la moindre histoire. (End of spoiler)

    Même si j'ai sans doute un peu extrapolé les éléments et le sous texte de The hills run red comme certains critiques l'ont fait avec Sucker punch il n'en demeure pas moins que le film de Dave Parker est loin d'être aussi basique et primitif que l'immense majorité des slashers et plus largement des films d'horreur produit pour le marché de la vidéo. D'une manière consciente ou pas le film pose clairement de nombreuses questions sur le genre et sur la manière dont il est perçu de générations en générations. Mais de façon bien plus basique le film reste aussi un très bon slasher tendu, violent et intelligent introduisant un boogymen foutrement charismatique et bien moins bas du front que la moyenne avec Babyface. Il ne reste plus qu'à espérer que les distributeurs français ne mettent pas vingt ans à comprendre que le film The hills run red existe bel et bien et qu'il mériterait amplement d'être distribué dans l'hexagone.

     

    Ma note: 07/10

     


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    Slice (Cheun)

    de Kongkiat Khomsiri

    Thaïlande (2010) – Thriller / Horreur / Bangkok's blues

    Slice de Kongkiat Khomsiri

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    On connaissait les polars introspectifs à la japonaise, les polars explosifs à la sauce Hong-Kong et les thrillers sombre et torturés à la coréenne. On pourra peut être maintenant ajouter à cette liste de films noirs made in Asia les thrillers nostalgiques et humaniste à la thaïlandaises. Slice est un film de Kongkiat Khomsiri (Art of the devil 2 et 3) qui commence en s'inspirant des psycho killer post Seven à l'américaine pour finalement devenir le joli portrait d'une amitié d'enfance.

     Slice c'est l'histoire de Tai un ancien tueur à gages emprisonné, que la police décide de faire sortir afin qu'il puisse les aider à retrouver un serial killer. Effectivement ce tueur qui découpe ses victimes et les enferme dans des grandes valises rouges serait un ami d'enfance de Tai. Le jeune homme a alors quinze jours pour retourner dans le village de son enfance, retrouver les morceaux du puzzle afin d'arrêter le tueur qui terrifie Bangkok.

     Slice débute donc comme un thriller mettant en scène un tueur implacable et méthodique et des flics totalement dépassés par les événements. Rien de bien nouveau le film se posant comme une décalque de tonnes de films américains post Silence des agneaux et Seven. Slice tire toutefois son épingle du jeu en plongeant les spectateurs dans un univers à la fois extrêmement violent et fascinant. Effectivement le tueur de Slice porte une sorte d'immense cape rouge et ses mouvements sont parfois à la limite de la chorégraphie. Même si elle n'est objectivement pas la partie la plus intéressante du film cette première demi heure comporte toutefois une séquence de carnage à l'arme à feu dans une boîte à partouse assez extraordinaire. Une séquence à la fois grotesque puisque les personnages portent des masques d'animaux voir des boules à facette à la place de la tête, froidement violente et surtout furieusement esthétique le tueur agissant une nouvelle fois dans une chorégraphie de mouvements le tout baignant dans une lumière évoquant à la fois Brian De Palma et le Argento de Suspiria.

    Slice de Kongkiat Khomsiri

     Mais le cœur du film se situe un peu plus loin lorsque le jeune Tai retourne dans le village de son enfance et que le film multiplie alors les flashbacks expliquant tout à la fois la psychologie et les traumatismes du tueur et la relation très forte qui unit les deux hommes. Kongkiat Khomsiri dresse alors un joli portrait de deux gamins dont l'un (Le tueur présumé du film) s'avère être un bien triste gosse véritable souffre douleurs des autres enfants et victime de toute la violence du monde. Slice alterne alors les moments humoristiques, les instants de tendresse et de complicité avec des moments de violence psychologique, physique et sexuel terrifiant. Car c'est loin d'être une Thaïlande de Carte postale que Khomsiri nous montre dans Slice mais un pays rongé par une exploitation sexuelle des mineures quasiment institutionnalisée dans laquelle Bangkok ressemble à une immense mégalopole du vice. Difficile alors de ne pas compatir avec force au destin tragique de cette figure d'enfant brisé devenant un tueur pour assouvir une terrible vengeance.

    Slice de Kongkiat Khomsiri

     Slice est un formidable thriller à l'atmosphère parfois trouble et dérangeante, il est donc bien dommage que le film soit partiellement plombé par quelques défauts assez gênant. Tout d'abord la découverte et la localisation du tueur sont finalement assez prévisible mais ce qui est le plus préjudiciable au film est incontestablement l'interprétation de Arak Amornsupasiri dans le rôle de Tai. Si l'acteur s'en sort très bien dans le registre de l'enquêteur ténébreux et impassible en revanche il plombe par son manque de nuances la moindre petite scène d'émotion. Le final pourtant dramatiquement intense est totalement foiré par son jeu d'acteur et la façon assez ridicule qu'il a d'exprimer sa détresse.

     Slice aurait pu devenir une petite référence absolu du genre de par sa dimension humaine assez inattendu, son portrait au vitriol de la Thaïlande et le comportement furieusement iconique et effroyable de son tueur. Ses défauts le cantonne malheureusement au statut déjà enviable d'excellente série B et de thriller exotique.

     Ma note : 07,5/10

      


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    Attack the block

    de Joe Cornish

    Angleterre (2011) Comédie – Science fiction – Wesh ta gueule

    Attack the block de Joe Cornish

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    Scénariste de talent puisque il a bossé sur Hot Fuzz et Tintin, Joe Cornish passe à la mise en scène avec Attack the block un premier film qui mélange action, science fiction et comédie sur un léger fond social de crise banlieusarde.

     Attack the block c'est donc l'histoire d'un gang d'adolescents d'une cité de Londres qui se retrouvent confrontés à une invasion d'extraterrestres qui semblent ne pas avoir trouver le meilleur endroit pour atterrir. Cette poignée de jeunes banlieusards aidée par une jeune femme qu'ils venaient pourtant d'agresser vont devoir se serrer les coudes et faire preuve d'ingéniosité pour sauver leur block.

    Attack the block de Joe Cornish

     Attack the block est un film dont on ne pourra pas nier le fort capitale sympathie. On s'amuse beaucoup de l'énergie déployée et des répliques amusantes et assassines que ses jeunes débitent avec naturel et justesse. Joe Cornish conduit son film sur un tempo d'enfer en enchainant séquences d'actions, scènes de comédie et séquences horrifiques (assez soft) tout en ménageant quelques plages de respirations et de réflexions, du coup Attack the block ne laisse jamais la place à l'ennuie ou la lassitude. Le casting est vraiment très bon et les jeunes comédiens parviennent à rendre attachants des personnages pourtant assez caricaturaux du chef mono-expressif au trouillard en passant par le plus intello à lunettes forcément et le rigolo de service à la tchatche discontinue (Alex Esmail véritable révélation du film). A noter aussi la présence forcément amicale de Nick Frost et la jolie prestation de Jodie Wittaker en infirmière contrainte de suivre ce gang qu'elle aurait certainement préférer éviter.

     Attack the block de Joe Cornish

    Mais Attack the block n'est pas dénué de défauts à commencer par le look très cartoon mal dégrossi des aliens qui ressemblent à des grosses tâches noirs informes avec des chicots fluorescents. Un choix graphique qui à l'écran n'est pas vraiment esthétique et encore moins effrayant, c'est d'autant plus dommage que le tout premier extraterrestre tombé dans cette cité possédait un look bien plus intéressant. Sans vouloir chercher la petite bête on a aussi un peu de mal à comprendre comment cette invasion ne focalise finalement l'attention que d'une dizaine de personnages dans l'ensemble de la cité. Joe Cornish n'évite pas non plus le discours sociologique sur la banlieue, le problème c'est qu'il le fait en ne cessant de dire tout et son contraire. Une façon peut être de dire que les problèmes sont multiples et difficiles à cerner ou de tirer dans tous les sens en prenant soin de ne blesser personne. On a donc droit à un discours moralisateur et limite sécuritaire sur le devoir de responsabilité de ses actes avant de nous montrer la victime de l'agression demander aux policiers la clémence pour ses agresseurs. De la même manière Joe Cornish semble se moquer de la victimisation des djeuns de cité lorsque Moïse pense que les aliens sont en fait envoyés par le gouvernement comme la drogue et les armes afin de détruire les noirs pour finalement nous montrer à travers l'exploration de son appartement qu'il est un pauvre garçon victime de sa situation familiale et sociale. Pendant pas mal de temps les jeunes protagonistes ne sont pas montré sur un jour très glorieux pour finalement en faire des héros applaudit et acclamés par toute la foule. Attack the block évite pourtant quelques gros clichés comme lorsque les jeunes vont s'armer pour l'affrontement; on imagine alors qu'avec Besson à la baguette on aurait sorti les fusils à pompes et les magnum pour montrer toute la dangerosité des banlieues alors que pour Joe Cornish ce ne seront que quelques gadgets assez inoffensifs. Le film foire aussi malheureusement ses quelques aspirations plus dramatiques, Joe Cornish se foutant visiblement de la mort de quelques adolescents en tout cas tout autant que leurs potes plus apte à chercher une feuille pour un joint qu'à s'émouvoir.

     A defaut d'être effrayant Attack the block reste un sympathique divertissement qui se regarde avec la banane. Un petit peu trop Wesh ma couille il est tro chant-mé le film pour moi mais en imaginant un tel projet dans les pattes de Besson on se dit que Joe Cornish tout en livrant un film bancal nous évite quand même le pire.

     

     Ma note : 06,5/10

     


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    Frozen

    De Adam Green

    USA (2010) Thriller / Frissons glacés

    Frozen de Adam Green

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    Après le type coincé dans un cercueil et le type coincé dans une crevasse le réalisateur Adam Green (le très bon Butcher et le très moins bon Butcher II) nous propose cette fois ci trois types dont une fille coincés sur un télésiège. Et là forcément une petite voix dans votre tête doit commencer à chanter :  "Quand tu reverrais jeeeeeeeeeeeeee- Pays merveilleeeeeeux-Ou ceux qui s'aimeuuuuuuuu - Vivent à deux....   Mais Adam Green va assez vite nous passer l'envie de chanter et de rigoler pour nous faire vivre 90 minutes d'un cauchemar glacial dont le premier mérite est de rester le plus souvent parfaitement réaliste.

     Frozen s'articule donc plus sur un concept que sur une histoire et le film raconte comment après avoir pris le dernier télésiège pour une ultime descente trois poissards se retrouvent coincés en altitude dans un froid glacial avec aucune perspective d'aide avant une bonne semaine.

    Frozen de Adam Green

     Comme je le disais un peu plus haut la première force de Frozen est d'être un film d'horreur parfaitement tangible et réaliste. Les trois personnages ne doivent pas lutter contre l'abominable homme des neiges ou des zombies skieurs en moon boots mais contre le froid, la solitude, la peur, le vertige et leurs propres limites. Le froid attaque les corps avec une lente minutie sadique (Ouille la main collé sur la barre gelée), la peur trouble les esprits et pousse à l'acte désespéré alors que la solitude invite les personnages à s'ouvrir humainement. Du coup on regrette presque que Adam Green introduisent des loups pour corser le récit et lui donner une dimension plus horrifique et spectaculaire alors que pour moi les seuls ingrédients mis en place au départ suffisaient amplement au film. Le seul petit défaut du film est sans doute là, dans cette envie de toujours offrir des rebondissements qui finissent par ressembler à une succession de catastrophes transformant les trois personnages en véritables poissards de l'extrême. Mais pour l'essentiel Frozen reste un formidable thriller claustrophobie en pleine nature et on se prend assez vite d'affection et de compassion pour les trois personnages dont les actes imbéciles et désespérés restent toutefois parfaitement logique et crédibles dans le peu de perspective de survie dont ils disposent. Tout reste parfaitement logique et réaliste et on se dit juste qu'avec un poil de réflexion les trois personnages auraient pu s'unir pour lier leurs écharpes et vestes ensemble afin de créer une sorte de corde permettant ,à défaut de descendre, de sauter de moins haut du télésiège sans se péter les deux jambes, mais passons sur ce léger détail.

     L'autre force de Frozen c'est de proposer trois personnages assez attachants qui vont rapidement s'ouvrir et se révéler à mesure que les conditions extrêmes vont les pousser à la confidence. Le film de Adam Green compte de nombreux très jolis moments de tension et d'émotions uniquement recentrés sur le jeu et les visages de ses interprètes comme lorsque deux personnages se disputent avec une grande violence psychologique la responsabilité de la mort du troisième. Le trio Emma Bell (The walking dead), Shawn Ashmore (Les ruines, X-men) et Kevin Zegers (Wrong turn) fonctionne parfaitement, les trois comédiens proposant des personnages pas trop têtes à claques auxquels il est facile de s'identifier.

    Frozen de Adam Green

     Frozen est donc le meilleur film de Adam Green, un thriller en altitude, glaciale et sous tension permanente dans lequel le réalisateur pourtant adepte du gros gore qui tâche reste d'une sobriété et d'une tenue exemplaire. Les effets horrifiques sont rares et distillés avec parcimonie, ils en ressortent donc renforcés dans leur puissance et leur douloureuse efficacité. Adam Green parvient surtout à rendre totalement captivante, humaine et parfois même étouffante cette histoire au concept figé dans le temps et l'espace. Contrairement au gros portnawak que constitue The butcher II, Adam Green nous fait frissonner aussi et surtout par l'empathie envers ses personnages. On s'amusera toutefois de retrouver Kane Hodder en conducteur de chasse neige et de débusquer le petit smiley déjà présent dans les deux Butcher et qui semble être la signature visuelle de Adam Green.

     Frozen est donc un excellent petit film qui va au bout de son concept et permet de vivre 90 minutes glaciales de tension et de vertige tout en conservant une vraie dimension dramatique et humaine.

     

    Ma note : 07/10

     


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