-
Saison 2001 Episode 13
Au sommaire cette semaine :
Feast II : Sloppy seconds (2008) de John Goulager 04/10
Le premier feast sorti en 2005 était une joyeuse série B totalement bordélique mais finalement assez sympathique par son mélange d'humour, de gore et d'idées de mise en scène amusante comme la présentation des personnages avec le temps qu'il leur restait à vivre. La suite toujours réalisé par John Goulager déplace l'action du petit bar paumé à une ville entière pour un film qui flirte cette fois ci bien bien vers le gros Z qui tâche à la Troma que vers la série B respectable. Le problème de Feast II c'est que le film est finalement tout aussi exaspérant qu'attachant. Étant particulièrement amateurs de gros Z foutraques bien gore et délirant à l'image de ce que savent faire les japonnais ce Feast II s'annonçait pour moi sous les meilleurs auspices avec se personnages hors normes, ses monstres en caoutchouc, sa folie ambiante et son goût pour le gore multicolore à la Street trash ou Body melt. Le résultat est forcément bien plus mitigé la faute surtout à une recherche systématique de l'effet pour l'effet et une envie en dépit de tout et du bon sens de vouloir choquer par des effets les plus vomitifs possibles. Difficile donc de totalement adhérer à la gratuité la plus crasse de certaines scènes comme l'autopsie du monstre qui éjacule en gros plan dans la bouche des lesbiennes, la mort du bébé qui tient du gag pas drôle et totalement artificiel ou encore le rêve avec le couple qui s'embrasse la bouche pleine de vomi. John Goulager a choisit de jouer la carte de la surenchère mais on sent bizarrement que le procédé est plus manipulateur et cynique que vraiment sincère comme si les effets dictaient le récit bien plus que l'histoire ne justifiait les débordements. La courte featurette présente sur le DVD montre un John Goulager entre prétention et suffisance affirmant que les Feast redéfinissent carrément le genre avant de conclure que ceux à qui cela ne plait pas peuvent toujours aller se faire foutre. Le genre de déclaration de sale gosse qui donne vraiment envie de détester le film. Dommage donc car paradoxalement on aimerait que John Goulager prenne cette histoire totalement déjanté au premier degré et livre un film vraiment fou en exploitant à fond ce charismatique et très grindhouse gang de lesbiennes bikeuses tatouèes, ses nains mexicains catcheurs et surtout ces putains de monstres en plastique sortant d'on ne sais ou. Mais voilà, Goulager sous couvert de politiquement incorrect se vautre finalement dans la facilité de gags stupides (Le monstre qui pète) de personnages exaspérant comme ce vendeur de voiture black aussi indigent qu'un mélange de Chris Rock et Tracy Morgan réunis et traite au bout du compte le genre avec bien plus de mépris que de référence. Comme quoi faire n'importe quoi avec talent n'est pas à la portée de n'importe qui. Feast II est sans doute une belle bouse, mais tout au fond de moi le bisseux intégrale amateur des pires navets possibles et des films totalement cintrés aura trouver dans Feast II deux trois raisons de se réjouir de ce triste spectacle. Est il pourtant bien raisonnable d'attendre un Feast 3 ?? Si on y trouves encore des lesbiennes bikeuses à poil, des fight de nains catcheurs, des monstres en caoutchoucs poisseux et des corps qui fondent dans des gerbes multicolores je crois que je dirais oui.
La meute (2010) de Franck Richard 03/10
Sur le papier La meute était un projet des plus alléchant avec d'une part un réalisateur aux notes d'intentions et aux influences des plus respectables (Carpenter, Franju, Tourneur) et de l'autre la perspective d'un vrai film de monstres s'inscrivant dans une culture et un décor typiquement local avec les terrils post-industriel du nord de la France. On pouvait encore ajouter aux aspects positifs un casting à la fois étonnant et solide avec Yolande Moreau, Emilie Dequenne, Philippe Nahon et un surprenant Benjamin Biolay. Le résultat n'en ai que plus décevant encore car si le film avait clairement tout pour plaire le résultat est lui bien loin d'être à la hauteur des espoirs légitimement fondés sur le projet. La meute raconte donc l'histoire d'une tenancière d'un petit bar paumé dans le Nord qui accueille les voyageurs égarés avant de les séquestrer afin de pouvoir nourrir des goules qui vivent sous terre. Le premier gros problème du film de Franck Richard est incontestablement le ton avec lequel le jeune réalisateur et scénariste traite son histoire car à top vouloir jouer du décalage, de l'humour et de la dérision il plombe presque immédiatement l'aspect horrifique de son film. Difficile effectivement de croire à des personnages aussi caricaturaux et de plonger dans le premier degré d'un récit fantastique lorsque l'on se retrouve par exemple devant un personnage comme celui interprété par Phillippe Nahon qui parle à son solex comme si c'était un cheval, se fourre des crayons dans le nez et les oreilles et arbore un tee shirt « I fuck on the first date ». Difficile aussi de croire à des bikers aux dialogues systématiquement orduriers quand ils ne se touchent pas mutuellement les cuisses en faisant du tricot. Quand à Emilie Dequenne elle est souvent à la limite d'en faire du trop dans son personnage de d'jeuns rebelle et Benjamin Biolay traverse le film le visage figée sur une unique expression. On pourra sauver la performance de Yolande Moreau car elle est parfaite mais son personnage ne propose objectivement absolument rien de vraiment originale, la comédienne possède juste la gouaille nécessaire pour faire passer des dialogues parfois amusant comme « Même du bon cotè du canon t'as toujours autant une tête de con ». L'autre grosse déception est de ne jamais vraiment exploité les aspects les plus « français » de cette histoire et de ce décor pour finalement singer les productions américaines dans leurs aspects survival et torture porn, un peu comme si Franck Richard ne croyait pas lui même que l'on puisse faire un film d'horreur typiquement et 100% français. On pourrait encore regretter des flashbacks inutiles, des explications trop didactiques, des ellipses curieuses et un scénario sans surprise; car la liste des défauts rédhibitoires est malheureusement bien longue. On gardera pourtant parmi les choses positives des goules plutôt réussis graphiquement, quelques belles ambiances nocturnes et deux ou trois images faisant enfin illusion d'être dans un véritable film d'horreur. Avec La meute le cinéma de genre made in France semble revenir dix ans en arrière à l'époque peu glorieuse de Bee movies.
Bus Palladium (2009) de Christopher Thomson 04/10
Pour son premier film en tant que réalisateur Christopher Thomson choisit la chronique douce amère d'une bande de potes rêvant de connaître le succès avec leur groupe de rock. Un esprit forcément très rock'n roll et ancré dans une époque fantasmé entre seventies et eighties pour un film finalement assez sympathique mais bien trop gentillet. Car clairement le rock de Bus palladium se situe bien plus du coté des BB Brunes que de Noir désir ou No one is innocent et les jeunes membres du groupe semblent bien trop lisses pour un esprit vraiment rock. Le drame c'est que Bus Palladium ressemble parfois dans l'esprit à un sitcom d'AB en à peine plus grunge dans l'esprit. Le film pourtant servi par un très bon casting de jeunes comédiens tous très convaincant peine à vraiment passionner du fait de son histoire bien trop sage, bien trop propre, bien trop policée et bien trop prévisible. On connait dès le départ le cheminement du film et la trajectoire qui sera celle de ce groupe passant de l'anonymat au succès pour finalement splitter pour des histoires d'ego et de gonzesses. Un récit sans trop de surprise et surtout sans la moindre aspérité puisque toutes les dérives un poil trop destroy comme les déboires du chanteur avec la drogue sont systématiquement traités hors champs. Du coup Bus Palladium ressemble bien plus à une petite chanson pop nostalgique pas forcément désagréable mais totalement périssable qu'à un morceau rock lourd et entêtant. La caution rock avec la présence de Philippe Manoeuvre dans son propre rôle ne suffit pas vraiment à hisser Bus Palladium au niveau des films de Cameron Crowe (Singles, Almost famous) vers lesquels Christopher Thomson louche de toute évidence. Le film reste malgré tout très fréquentable et permet de passer un moment finalement assez sympathique.
Gardiens de l'ordre (2010) de Nicolas Boukhrief 06/10
Nicolas Boukhrief aime les polars, les univers urbains et la nuit et c'est fort logiquement que l'on retrouve ces trois éléments dans Gardiens de l'ordre son cinquième film en tant que réalisateur. Après l'excellent Le convoyeur et le plus décevant Cortex Boukhrief continue donc de creuser son sillon comme un « spécialiste » du thriller made in France. Gardiens de l'ordre c'est l'histoire de deux gardiens de la paix des plus ordinaires qui une nuit, lors d'une banale intervention pour tapage nocturne, se retrouvent contraint en état de légitime défense de tirer sur un jeune homme sous l'emprise d'une drogue particulièrement puissante et dangereuse. Le jeune homme en question étant fils de député, les deux flics sont gentiment priés par leur hiérarchie de se taire, d'accepter les sanctions disciplinaires pour bavure et de ne surtout pas parler de cette drogue. Seuls contre tous et en marge du système les deux flics décident alors de remonter la filière du trafic de ces pilules d'amphétamines afin de retrouver leur dignité. Gardien de l'ordre est un bon polar qui a le mérite de proposer des personnages finalement assez atypiques avec ses deux héros bien ordinaires et simples flics contraint de plonger sans filet dans l'univers des dealers à cols blancs évoluant dans les plus haute sphère de la société. Nicolas Boukhrief colle au plus près de ses personnages et orchestre un film dans lequel la tension et la pression psychologique prennent très vite le pas sur l'action pour livrer au bout du compte un polar froid, sec et réaliste. Cécile de France est très convaincante en jeune flic s'improvisant femme d'affaires troubles et Julien Boisellier joue parfaitement sur le registre du fournisseur de drogues sans scrupules et charmeur. Sans jamais sombrer dans la caricature de la figure du chef du grand banditisme Julien Boisellier donne à son personnage la dangereuse et tranquille arrogance des marchands de mort pour qui tout n'est que commerce et business. Dans un rôle totalement à contre emploi Fred Testot s'en sort plutôt bien et l'acteur catalogué guignol de canal + donne à son personnage une belle intensité dramatique et un certain charisme. On pourra juste regretter un petit manque de conviction lorsque l'acteur passe à l'action et quelques effets de jeu un poil too much lorsqu'il se retrouve sous l'emprise de la drogue qu'il est obligé de tester. Gardiens de l'ordre est donc une bonne surprise, un polar sans génie mais carré et efficace qui parvient à tenir en haleine le spectateur jusqu'à son dénouement. Le seul petit bémol étant une petit approximation dans l'histoire dans la mesure ou les deux flics commencent à l'origine une enquête pour prouver que le fils du député était bel et bien sous l'emprise de la drogue pour finalement s'orienter vers le démantèlement du réseau ce qui à priori tout en leur offrant une respectabilité ne les innocente pas pour autant. Cela reste une broutille et inutile qui n'entame en rien le plaisir de ce très bon polar.
Voilà une semaine se termine, une autre va bientôt recommencer. To be continued....
-
Commentaires