• Saison 2010 Episode 34

     

     

    L'amour c'est mieux à deux de Dominique Farrugia et Arnaud Lemort 04,5/10

    infectés

     

    Comme beaucoup de gens de ma génération j'ai grandit avec l'avènement de Canal + et des Nuls et je garde un amour sincère de ses quatre énergumènes qui ont totalement bousculer et exploser le cadre du petit écran par leur humour. Depuis par fidélité et nostalgie je regarde assez régulièrement les films des uns et des autres en attendant de les revoir ensemble sur un hypothétique projet commun. L'amour c'est mieux à deux est donc le troisième film de Dominique Farrugia, ici assisté par Arnaud Lemort, après le très sympathique Delphine 1 Yvan 0 et le très moyen Trafic d'influence. Dominique Farrugia revient donc à la comédie romantique avec L'amour c'est mieux à deux qui raconte l'histoire de deux amis d'enfance ayant des conceptions très différentes et opposées de l'amour. Si Michel (Clovis Cornillac) rêve d'un grand amour basé sur la magie du hasard et d'une rencontre parfaite, Vincent (Manu Payet) lui est plus dans un jeu de désir physique sans autres engagements. Fatalement les deux hommes vont rencontrer ce qui pourrait bien être respectivement les femmes de leurs vies alors qu'elles ne correspondent en rien à leurs attentes et leurs schémas amoureux préférentiels. L'amour c'est mieux à deux est un film bancal qui parvient parfois à être touchant et dont certaines situations et répliques sont objectivement amusantes, mais le film souffre aussi très souvent d'un cruel manque de charme et de magie et surtout de nombreux gags qui tombent un petit peu à plat. Après c'est l'éternel histoire du verre à moitié vide ou bien à moitié plein ou l'on peut tout simplement considérer que le film n'est finalement qu'un petit divertissement tout juste moyen. On ne retrouve jamais la verve et le sens du dialogue comique de Dominique Farrugia et pour cause le film étant écrit par Frank Dubosc et Arnaud Lemort. Le casting est plutôt homogène et convaincant avec Clovis Cornillac qui assure le minimum syndical, Manu Payet, la plutôt surprenante Virginie Efira et de nombreux seconds rôles sympathique comme Annelise Hesme, Shirley Bousquet, Laurent Lafitte et Laurence Arne très drôle en bonne copine en panne de mecs. Le gros soucis c'est que cette comédie manque souvent de charme et de spontanéité pour totalement décoller, l'histoire bateau avance sans grandes surprises et la mise en scène assez passe partout de Farrugia et Lemort cantonne le film dans un registre de gentil téléfilm certes agréable mais hautement périssable. On reconnaît souvent les bonnes comédies romantiques au simple fait que ce sont des films qui donnent souvent envie de (re)tomber amoureux, L'amour c'est mieux à deux donne surtout envie de retrouver un Dominique Farrugia plus en verve sur un projet un peu moins lisse. En attendant le film permet au moins de passez un bon moment pour peu que l'on ne soit pas dans un état d'esprit critique trop sévère.

     

    Babylon AD de Matthieu Kassovitz 03,5/10

    babylon ad

     

    Difficile de défendre un film dont le réalisateur lui même refuse la paternité en déclarant de manière assez définitive combien la Fox l'aura empêcher de tourner le film dont il rêvait. Babylon AD semble donc bien loin du film que souhaitait faire Kassovitz au départ, tout d'abord le film fut amputé au montage de plus d'une heure et surtout jamais durant le tournage le réalisateur ne semble avoir eu l'opportunité de tourner le film dont il en avait envie. Un Matthieu Kassovitz pour le moins amère qui du coup reniera assez vite Babylon AD et sera fatalement absent des bonus DVD d'un film dont il ne revendique que très partiellement la vision finale. On peut objectivement accorder à Matthieu Kassovitz le bénéfice du doute d'autant plus que le film semble effectivement manquer de profondeur et de temps pour exposer à la fois ses personnages et ses différents enjeux. Les nombreuses scènes restées sur le banc de montage pouvaient incontestablement donner au film une plus grande cohérence, combler les vides du récit et approfondir les thématiques qui en l'état ne sont que vaguement survolées et donner de l'épaisseur aux personnages les plus caricaturaux du film. Pourtant on a également bien du mal à comprendre comment Babylon AD. Pourrait comme par magie se transformer fondamentalement en un chef d'œuvre de science fiction alors que dans l'état il ressemble à une série B pas toujours bien maîtrisé et totalement bancal. La Fox et ses exécutifs peuvent ils vraiment être les seuls responsable de ce qui n'est pas loin de ressembler à un naufrage? Babylon AD cumule sans doute trop de défaut pour ne pas y inclure aussi certains choix douteux de la part de Kassovitz lui même. Comment expliquer cette bande son jouant sur le registre d'un rap lourd totalement à coté de la plaque ? Comment excuser la manière dont le personnage de Michelle Yeoh est totalement sous exploitée et sacrifiée ? Comment comprendre le maquillage et cet accent plus que prononcé qui font du personnage interprété par Depardieu une belle grosse caricature de chef de la maffia russe ? Comment excuser la présence d'une bande de personnages bondissant comme des Yamakazis avec une implication des plus obscures dans l'histoire ? A quoi servent les personnages interprétés par Charlotte Rampling, Jêrome Le Banner et Lambert Wilson ? C'est quoi ces bikers à têtes de morts ?..... On pourrait continuer longtemps la liste des choses qui laissent plus que circonspects sur les orientations d'un film qui lorgne malheureusement bien plus vers la science fiction cartoon à la Besson que vers le Blade runner de Riddley Scott. Même les séquences les plus spectaculaires manque de lisibilité et d'impact pour donner le change au niveau de l'action. Babylon AD ne parvient donc jamais à convaincre et se termine d'une manière des plus abrupt à tel point que l'on se demande vraiment si il ne manque pas deux trois scènes supplémentaires. Même si il reste incontestable que Kassovitz sait filmer, comme les prouve les magnifiques plans d'un New-York futuriste, le film laisse au bout du compte un goût amer d'inachevé et de grosse boursouflure qui fait pshittttttttt !!! Dommage que Kassovitz soit sans doute le premier et le plus cruellement déçu par le triste résultat.

     

    Infectés de Alex et David Pastor 07/10

    infectés

     

    Infectés (Carriers) est donc un énième film d'infection et de virus comme il en pullulent sur les écrans et les rayonnages DVD depuis bientôt huit ans et 28 jours plus tard, le film plus ou moins fondateur du genre. Le film de Alex et David Pastor ne fait donc pas vraiment dans la nouveauté en matière de thématique mais parvient toutefois à tirer son épingle du jeu par le traitement assez original de son histoire. Infectés raconte donc l'histoire de deux frères qui traversent en voiture les USA ravagés par une terrible épidémie. Ils font route avec leurs amies respectives vers la côte Ouest espérant retrouver sur la plage de leur enfance une forme de dernier paradis sur terre. Infectés est tout d'abord un film qui a la très bonne idée de faire de l'infection elle même un danger et non pas des malades, ici pas de créatures assoiffées de sang, pas d'anthropophages hystériques, pas de fous furieux, juste une maladie infectieuse et hautement contagieuse. Du coup Alex et David Pastor vont prendre un malin plaisir à montrer comment l'instinct de conservation transforme les hommes en de potentiel et constant individus dangereux, le virus agissant ici comme un catalyseur de pertes de valeurs humaines comme l'entraide, la solidarité, la compassion pour un instinct plus primitif de survie. Pour un peu d'essence, pour aller un peu plus loin, pour ne être contaminer les humains et survivants peuvent vite devenir des monstres d'égoïsme y compris les héros du film qui échappent du coup à la caricature des bons sentiments. Les personnages principaux du film servis par un quatuor de très bons comédiens avec Chris Pine, Piper Perabo, Lou taylor Pucci et Emily VanCamp sont donc tour à tour attachant et détestable laissant parfois à l'abandon sur le bord de la route une grande part de leur humanité lors d'une séquence assez bouleversante. Loin des décors apocalyptiques de villes fantômes Infectés propose aussi des paysages solaires et lumineux et de grands espaces déserts le tout servi par la magnifique photo de l'excellentissime Benoit Debie. Alex et David Pastor évite donc de faire sombrer Infectés dans la redites et le sentiment de déjà vu proposant un film à l'horreur froide et réaliste et aux enjeux dramatiques et psychologiques assez singulier. Si le film manque parfois de souffle, d'intensité et d'audace dans sa narration il avance pourtant sans le moindre sentiment d'ennuie jusqu'à un final assez émouvant. Infectés est au final une bonne petite surprise dans un sous genre qui commençait à tourner un peu en rond.

     

    Glory to the filmmaker de Takeshi Kitano 08/10

    glory to the filmmaker

     

    Pour son treizième film en tant que réalisateur, Takeshi Kitano nous offre un véritable ovni cinématographique à la fois introspectif et mélancolique mais surtout totalement barré. Le réalisateur de Violent cop, Hana-Bi, L'été de Kikujiro, Zatoïchi se met en scène en incarnant son propre rôle durant presque tout le film. Le réalisateur laissera pourtant souvent pendant l'histoire, au détour de plusieurs scènes plus physique, sa place à un mannequin en carton à son effigie qui le plus souvent encaissera lâchement les coups à sa place. On découvre donc un Kitano fatigué, mélancolique, en perte d'inspiration cherchant désespérément quel pourrait être le sujet de son prochain long métrage. La première partie du film est donc articulée sur une mécanique finalement assez simple mais très ludique dans laquelle Kitano imagine des brides de films comme autant de petits sketchs parodiques avant de se raviser pour aller explorer d'autres pistes. Le réalisateur revisite alors avec jubilation sa filmographie tout en s'interrogeant sur le cinéma d'une manière plus général, sur ses modes, sur ses codes et sur les attentes des spectateurs. Takeshi Kitano par un joli procédé de mise en abîme imagine donc ce que pourrait être son prochain film tout en construisant celui qu'il est précisément en train de faire. Du film de gangster au drame intimiste à la Ozu en passant par le film d'horreur à la mode, le drame social historique, le chambrabra, la comédie romantique et la science fiction Kitano explore mentalement les méandres brumeuses de la création. Mais au delà de l'exercice de styles se dessine le portrait d'un réalisateur intègre toujours soucieux de nouveauté, en accord avec ses déclarations, refusant de s'enfermer dans un genre faisant pourtant sa renommé, refusant les suites et la redites, réfractaire à l'idée d'un projet strictement opportuniste et commercial tout en conservant l'envie de séduire le public. Ce sont ces nombreuses idées parfois contradictoire, ces nombreux projets refoulés, ces petite brides de films éparses qui vont finir par exploser et se mélanger dans la tête de Kitano pour livrer une seconde partie totalement hybride et délirante dans lequel le réalisateur semble s'affranchir des limites et des contradictions pour livrer un film puzzle, un collage surréaliste d'idées en forme de manifeste à la plus totale liberté de création. Après avoir explorer la piste d'une seule idée pour construire un film Takeshi Kitano, comme si son cerveau venait d'exploser, nous offre l'option de milles idées pour une seule histoire. Le réalisateur n'oublie pas non plus qu'il est avant toutes choses un clown et livre donc une farce parfois stupide, burlesque et crétine dans laquelle viennent se rencontrer un savant fou au ricanement perpétuel, un robot géant, une mère et sa fille, des restaurateurs catcheurs, une soucoupe volante et une parodie de Matrix durant laquelle intervient une guest star en carton des plus inattendue (Le gag est juste enorme!). Un joyeux bordel à l'humour parfois un peu abscons et totalement décalé mais qui montre le désir profond de Takeshi Kitano de livrer des films n'obéissant plus qu'à la logique intime de ses propres délires. Kitano regrette que le cinéma n'est pas encore fait à l'image de la peinture sa révolution cubiste et Glory to the filmmaker ressemble franchement à un manifeste pour un cinéma différent et libre de toutes contraintes. A la fois nostalgique, intimiste, introspectif, délirant, stupide et jouissif ce treizième film de Kitano donne juste envie de crier Glory to mister Takeshi Kitano.

     

    Voilà une semaine se termine, une autre va bientôt recommencer. To be continued ...

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 8 Octobre 2010 à 17:38

    Tiens, justement je viens aussi de voir Infectes pas plus tard qu'hier, et j'ai a peu pres le meme avis que toi. Le seul truc qui m'a un peu derange ce sont les influences un peu trop evidentes du film (du genre le coup des mecs surarmes qui veulent garder les filles, comme dans 28 jours plus tard). Mais il faut avouer que pour un 1er long, c'est du tres bon travail.

    2
    FreddyK
    Vendredi 8 Octobre 2010 à 20:33

    je suis d'accord avec toi pour le passage dans l'hôtel qui est très inspiré (pour ne pas dire plus) par 28 jours plus tard, mais dans l'ensemble j'ai trouvé le traitement assez original.

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