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Saison 2011 Episode 21
Au sommaire cette semaine :
Dream home – Wai dor lei ah yut ho (2010) de Ho-cheung Pang 07,5/10
La crise immobilière ne touche pas que Paris et ses beaux quartiers et à Hong Kong également le prix du moindre petit mètre carré exige d'énormes sacrifices financiers. En partant de ce constat le réalisateur Ho-cheung Pang raconte l'histoire d'une jeune femme ambitieuse et prête à tout pour obtenir l'appartement dont elle rêve depuis qu'elle est toute gamine. Dream home sous ses aspects de film d'horreur versant allègrement dans un gore parfois outrancier mais toujours teinté d'humour noir propose une charge furieusement jouissive sur une société ultra-capitaliste, individualiste et matérialiste. Objectivement le concept de la jeune femme qui bute à tour de bras tout l'étage d'un immeuble pour faire baisser le prix du mètre carré n'est pas des plus réaliste mais symboliquement ce fait s'inscrit à merveille dans toute une mécanique suivant le cheminement intellectuelle de cette jeune femme depuis son enfance. Ho-cheung Pang livre d'ailleurs de très jolies flashbacks à la fois poétique et émouvant montrant comment un simple projet, un simple rêve d'enfance peut devenir une obsession dangereuse. Le désir de posséder, le besoin de reconnaissance par le matérialisme va pousser cette jeune femme à liquider sans le moindre remord celles et ceux qui peuvent représenter un obstacle à son objectif d'avoir. La grande force de Dream home est donc de dépeindre un monde en perdition dans lequel le désir d'avoir est plus grand que le besoin d'être, une déshumanisation dans laquelle l'objet de convoitise justifie la mise à mort symbolique ou réelle de l'autre. Intelligent dans le fond Dream home est également brillant dans sa forme Ho-cheung Pang livrant un très joli film magnifiquement servi par une photographie chaleureuse lors des flashbacks montrant les aspects les plus humains de cette jeune femme et plus froide et sèche lorsque la violence du personnage se déchaîne mettant en avant le monstre qu'elle est devenue. Dream home est aussi un film d'horreur généreux dans les nombreuses mise à mort qu'il propose et dans ses débordements tout en hémoglobine, le film offre de beaux moment de gore inspirés du giallo sans avoir trop recours aux effets numériques et de violence parfois froide et dérangeante. On notera toutefois avec satisfaction que Ho-cheung Pang garde constamment un léger recul humoristique sur les choses faisant de son film une fable noire bien plus jouissive que vraiment étouffante même si le film comporte des moments éprouvant comme le meurtre d'une femme enceinte. Dream home est donc une excellente surprise, Ho-cheung Pang signe un film jusque boutiste dans son optique de montrer comment notre société fabrique des monstres et totalement jouissif pour les amateurs de cinéma horrifique.
Ni pour ni contre (Bien au contraire) (2003) de Cedric Klapish 04/10
De son propre aveu Cedric Klapish souhaitait avec Ni pour ni contre casser son image de réalisateur sympa pour livre un film de gangsters dans la tradition des films noirs de Melville ou Corneau. Le résultat sans être catastrophique ne brisera pas l'image Klapish et ironie du sort finira par conforter le cliché puisque Ni pour ni contre est un petit film sympa et sans doute bien trop gentil. Le film raconte l'histoire de 4 amis et braqueurs qui décident d'un dernier gros coup afin de se mettre définitivement à l'abri du besoin. Pour ce dernier braquage les 4 décident d'utiliser comme complice une jeune femme qui les avait déjà suivi et filmé lors d'un coup précédent et qui depuis a pris goût à l'argent facile. Le concept des petits braqueurs qui tentent un dernier coup un poil trop grand pour eux n'est pas de toute première fraicheur et Cedric Klapish n'y apporte rien de vraiment nouveau et le seul concept un peu novateur avec cette fille filmant en direct les casses est abandonné en cours de route et ne sert finalement que de prétexte à la première rencontre entre ses quatre braqueurs et la jeune fille. Mais le plus gros soucis de Ni pour ni contre (Bien au contraire) est de proposer des personnages auxquels il est bien difficile de croire et donc d'adhérer totalement. Même si le personnage de Caty est très justement interprétée par Marie Gillain on a du mal à totalement comprendre les motivations de la jeune femme à devenir du jour au lendemain une braqueuse de bijouterie et une adepte du grand banditisme. Klapish caractérise le personnage en trois minutes chrono montrant simplement une jeune femme sans courrier, sans messages sur son téléphone, mal considérée à son boulot et qui gratte en désespoir de cause des tickets de loterie.... Ce qui reste un peu faible pour justifier son désir soudain de devenir Mesrine. Concernant les quatre amis et braqueurs le constat est un peu le même et l'on sent que Klapish aimerait jouer sur le registre des Affranchis tout en montrant des personnages finalement sympathiques et plutôt positifs. Du coup le film reste le cul entre deux chaises et ses personnages ne sont pas assez charismatiques pour être fascinants, pas assez violent pour être inquiétants et pas assez loosers pour être touchants. A force de ne pas vouloir prendre un parti pris plus radicale concernant ses personnages le film finit par empiler les scènes improbables et parfois à la limite du ridicule comme lorsque un mec qui demande l'heure dans la rue se fait tabasser par les 4 amis pour ben montrer leur violence, que le personnage interprété par Zinedine Soualem commence à danser genre Kamel Ouali pour montrer sa sensibilité artistique ou que la petite bande s'offre une virée pour s'amuser sur la côte afin de montrer combien dans le fond ils sont sympathiques. Dommage donc que l'histoire et les personnages soient tellement entre deux eaux (un peu à l'image du titre) car le film est plutôt d'une belle tenue graphique, le casting est très bon de Marie Gillain en passant par Zinedine Soualem, Vincent Elbaz et Simon Abkarian et le casse final est dans l'ensemble assez réussi. Dans un genre assez similaire il est préférable de redécouvrir le très touchant A la petite semaine de Sam Karman.
Légion, L'armée des anges – Legion (2010) de Scott Charles Stewart 06/10
On passe parfois à coté de certains films pour de des aprioris étranges, pour moi Legion ne sentait guère plus frais que la bouillie numérique d'action et d'effets spéciaux sur fond de morale prédigérée pour culs bénis. Finalement Légion, l'armée des anges est une bonne petite série B fantastique offrant suffisamment de bons moments pour passer une bonne soirée. Car faute d'un budget plus conséquent Scott Charles Stewart choisit de traiter de l'apocalypse à travers un petit groupe de résistants malgré eux paumés dans un fast food au milieu de nulle part et dont l'une des jeunes femmes porte l'enfant susceptible de sauver l'humanité. La très bonne nouvelle vient du fait que Légion installe un véritable climat fantastique et horrifique en filmant le siège de ce dernier refuge par des démons empruntant à la fois aux films de zombies et au western. On pense d'ailleurs parfois à Carpenter dans ce croisement entre le fantastique et une sorte d'imagerie héritée du mythique ouest américain. Mais plus encore que lors des attaques massive c'est dans quelques séquences d'attaques individuelles que Scott Charles Stewart offre de très bons moments de cinoche avec par exemple une petite vielle bien vénère qui court au plafond, un gamin blond teigneux et un marchand de glace interprété par l'immense Doug Jones se transformant soudain en araignée humaine. On retrouve aussi avec plaisir un casting solide avec Dennis Quaid, Charles S.Dutton (Alien 3), Paul Bettany (Da Vinci code) et Tyrese Gibson incarnant des personnages certes plutôt caricaturaux mais aussi assez attachants. Carré et agréable le film perd beaucoup pour moi lors dans son dénouement qui se recentre sur l'affrontement plus classique entre les deux anges façon super héros et laisse pour seuls survivants les personnages les plus fadasses du film. On pourra aussi regretter la symbolique très lourde du film entre le nom du rade « Paradise lost », les extraits de La vie est belle de Capra à la télévision, la femme enceinte sans père à ses cotés..... Légion est donc loin d'être parfait mais offre au cœur de son récit une bonne heure de fantastique pur jus tellement réjouissante qu'on pardonne toute les petites imperfections qui l'entoure.
End of the line – Le terminus de l'horreur (2006) de Maurice Devereaux 06/10
Après Slashers un premier film sympathique mais totalement bordélique et beaucoup trop amateur, le réalisateur canadien Maurice Devereaux revient avec un second film bien plus posé en matière de mise en scène et plus professionnel dans son traitement. Après avoir critiquer avec rage et humour la télé réalité Maurice Devereaux s'attaque cette fois ci au fanatisme religieux et à l'endoctrinement de masse avec cette histoire de fin du monde servant de prétexte à quelques illuminés pour trucider à l'arme blanche quelques âmes égarées dans les couloirs du métro. End of the line est un formidable petite film sans le moindre temps mort dans laquelle Maurice Devereaux trouve une belle respectabilité d'honnête et sincère réalisateur de série B. End of the line installe une belle ambiance anxiogène et offre de bons moments de tension et d'angoisse avec quelques jumps scare diaboliquement efficaces. Mais bien plus que dans l'effet choc c'est avec des figures et des images presque rassurantes que Devereaux installe les plus belles angoisses comme cet homme de dos sur un quai de métro, une vielle dame rassurante, des sourires forcés et des enfants perdus, le tout baignant dans une ambiance de fin du monde parfaitement rendu malgré l'économie de moyen. Et comme Maurice Devereaux aime aussi le bon gros gore qui tâche il nous livre quelque moments horrifiques très réussi avec décapitation, coup de hache en pleine tête, gosse assommé à coup de pied de biche et fœtus sanguinolent arraché du ventre de sa mère. Des effets spéciaux très réussi même si le début du film pouvait faire craindre le pire avec des effets numériques parfois bien foireux comme lors du suicide d'une jeune femme se jetant sous le métro. End of the line est une bonne grosse série B et l'on passera outre son esthétique parfois bancale et le jeu souvent approximatif des comédiens pour ne garder que le plaisir. Malin Maurice Devereaux termine son film sur une scène laissant place à de nombreuses interprétations avec l'apparition de démons laissant penser dans un premier temps que l'apocalypse a bel et bien lieue « justifiant » les exactions de la secte d'illuminés religieux. On pourra aussi noter que les démons sortent littéralement des corps sans vie des religieux libérant de ce fait leur véritable nature et démontrant que au nom d'une religion ou d'un endoctrinement quelconque les hommes de bonne foi se muent parfois en ce qu'ils sont censé combattre. Les hommes de bien sont parfois des démons sous des dehors avenant....
Voilà une semaine se termine, une autre va bientôt recommencer. To be continued...
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