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The ABCs of death
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The ABCs of death
de Xavier Gens, Ti West, Angela Bettis etc ...
USA / Nll Zelande - 2013 - Horreur / Film à sketches
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Parmi les nombreuses anthologie horrifique du moment ( The Theatre bizarre, Chillerama, VHS) The ABCs of death était sans doute la plus excitante et la plus originale de part son concept et son casting hétéroclite et internationale de réalisateurs. L'idée de proposer à 26 réalisateurs sur des formats très courts d'illustrer 26 façon de mourir à travers les 26 lettres de l'alphabet est objectivement une très bonne idée. Voici donc une revue de détails des 26 films présentés, mais je préfère préciser en préambule qu'il est sans doute préférable d'avoir vu le film avant d'entamer la lecture de cette critique. Sans contenir de spoilers significatifs, cette critique peut nuire au plaisir de se laisser trimballer et surprendre par les différents univers proposés au fil des lettres, un plaisir d'autant plus ludique que les noms des réalisateurs n'apparaissent qu'à la fin des courts métrages laissant aux spectateurs la possibilité de jouer à reconnaître des univers bien particuliers ainsi que les mots illustrés par cette abécédaire.
A pour Apocalypse : C'est à l'espagnol Nacho Vigalondo (Timecrimes) que revient l'honneur d'ouvrir les hostilités avec le récit d'une femme tentant désespérément de tuer son mari alité. Assez gore et bourré d'humour noir ce court segment révélera toute sa noirceur de par son titre et les bruits d'ambiance parvenant de l'extérieur de la chambre qui est le cadre unique du récit. Nacho Vigalondo signe donc une très bonne entrée en matière. 07/10
B pour Bigfoot : Dans ce second segment le réalisateur argentin Adrian Garcia Bogliano ( Penumbra, Heres commes the devil et les très bof rape and revenge No morire sola) raconte comment un jeune couple souhaitant batifoler tranquille colle une petite fille au lit en lui racontant une terrifiante légende urbaine afin qu'elle ne quitte pas sa chambre. Classique et carré ce petit conte cruel peine tout de même à installer une véritable atmosphère et faire exister en quelques minutes sa légende urbaine de croquemitaine. 05/10
C pour Cycle : Raconter une histoire de boucle temporelle en quelques minutes c'est la pari audacieux et plutôt réussi du réalisateur chilien Enesto Diaz Espinoza. Un esprit assez twilight zone pour une histoire qui gagnerait sans doute à être développé sur un format plus long, le segment laissant de nombreuses interrogations en tête ( ou est Alicia – que devient le corps jeté dans la boucle temporelle Etc...). Pas inoubliable mais sympathique. 06/10
D pour Dogfight : Véritable exercice de style pour Michel Sarmiento (Deadgirl) qui nous plonge au cœur d'un combat clandestin sauvage entre un boxeur et un chien. Dogfight parvient à raconter une véritable histoire en quelques minutes avec rebondissement, twist ending et même une petite dose d'émotion le tout sans le moindre dialogue. Un segment entièrement tourné au ralenti (procédé toujours un poil artificiel) donnant la sensation d'être dans un curieux cauchemar. En tout cas le petit film de Michel Sarmiento est le premier grand moment de The ABC's of death. 07,5/10
E pour Exterminate : C'est l'excellente Angela Bettis (Inoubliable May) qui poursuit cette anthologie avec l'histoire d'un homme affrontant une araignée qui se ballade dans son appartement. Exterminate est un petit segment sans grande valeur du fait de sa mise en scène bien peu inspiré, de ses bruitages agressifs, de son histoire trop prévisible et de ses effets spéciaux un peu limite. Angela Bettis fait donc retomber pour quelques minutes le niveau de The ABCs of death. 04/10
F pour Fart : Le segment du japonais Noboru Iguchi ( Machine girl, RoboGeisha, Karate Robo Zaborgar) confirme que les réalisateurs du pays du matin calme sont peut être les plus barrés de la planète. Cette histoire de jeunes filles bien propres sur elle se laissant aller à des flatulences intimes comme preuve d'amour pourra sembler potache et gras du slip mais Noboru Iguchi parvient à insuffler une certaine poésie à un concept particulièrement casse gueule. Cette fusion intime et amoureuse de deux jeunes femmes dans des effluves colorées alors que le ciel envoie un mystérieux gaz toxique n'est certes pas bien fine mais mille fois plus poétique qu'un vulgaire prout. 05/10
G pour Gravity : Gravity raconte en vue subjective l'histoire d'un type qui va faire du surf et qui se noie... Une histoire sans intérêt qui ne méritait en rien d'en faire un court métrage sauf visiblement pour Andrew Traucki (The reef) qui illustre bien platement la lettre G avec un segment qui tiendrait presque du foutage de gueule pur et simple. 02/10
H pour Hydro-electric Diffusion : Le réalisateur norvégien Thomas Cappelen Malling nous offre le premier véritable ovni de cette sélection avec une sorte de cartoon live avec des acteurs costumés dans lequel s'affronte un bouledogue de la RAF et une renarde SS. On pense aux cartoon de propagande guerrière, aux films d'espionnage des années cinquante et aux cartoons de Tex Avery auxquels le réalisateur emprunte quelques gags. Assez rafraichissant, original, étrange et ludique Hydro-electric diffusion marque toutefois plus par sa patte graphique que par son histoire. 06/10
I pour Ingrown : On part maintenant pour le Mexique avec Jorge Michel Grau qui nous plonge dans les derniers instants d'une femme retenue captive et mise à mort dans une baignoire. Le seul petit intérêt du film est de savoir qui est le tueur par rapport à cette femme, manque de bol c'est assez évident dès le départ ne laissant plus grand chose aux spectateurs pour vraiment s'accrocher à cette histoire. 04/10
J pour Jidai-geki: Retour à un univers typiquement asiatique avec le segment réalisé par Yûdai Yamagushi (Meatball machine – Yakuza weapon) qui ressemble fortement à un pied de nez aux sérieux des traditions ancestrales du Japon avec un homme en train de se faire hara kiri tout en grimaçant comme un malade afin de déconcentrer l'homme qui devra lui trancher la tête. Totalement barré, absurde et excessif comme seuls les asiatiques sont capables de l'être Jidai-geki est assez amusant comme une tentative de déstabiliser le sérieux de toute une institution. 06/10
K pour Klutz: C'est au danois Anders Morgenthaler réalisateur du surprenant Princess d'illustrer le cas K. Klutz est le premier film d'animation de The ABCs of death et raconte comment une blonde aux toilettes se retrouve confrontée à un étron refusant de finir happé par la chasse d'eau. Assez amusant, plutôt bien pensé dans sa mise en scène ce segment peine toutefois à se hisser au dessus du simple gag anecdotique. 05,5/10
L pour Libido : Le premier vraie choc de cette anthologie arrive avec ce segment réalisé par l'indonésien Timo Tjahjanto (Macabre) dans lequel deux hommes attachés s'affrontent dans d'improbables joutes masturbatoires. Face à des hommes et femmes masqués se délectant du spectacle les deux concurrents doivent donc se masturber devant des exhibitions de plus en plus déviantes, le premier qui éjacule ayant la vie sauve alors que l'autre se retrouve empalé par un mécanisme placé sous sa chaise. On est d'abord interloqué puis limite amusé par ce grotesque concours de branleurs jusqu'au moment ou les exhibitions proposées deviennent carrément abjectes laissant soudainement le spectateur dans un profond inconfort. Dénonciation d'une pornographie dont la surenchère pousse vers l'abominable le tout étant cautionné par le voyeurisme de nos société ou simple exercice de provocation ? En tout cas Libido frappe très fort et marque durablement les esprits. 08/10
M pour Miscarriage : Bien moins marquant en revanche est ce segment réalisé par Ti West qui tient du simple pitch basé sur un twist gratuit et assez provocateur. Le réalisateur si doué pour poser des ambiances anxiogène (The house of the devil) semble totalement dépassé dès l'instant qu'il faut faire court comme le montrait déjà son sketch dans V/H/S. 03/10
N pour Nuptials : Le réalisateur thaïlandais Banjong Pisanthanakun (Alone) nous offre une jolie parenthèse comique avec son sketch racontant la déclaration d'amour d'un homme à sa femme visiblement peu aimable par l'intermédiaire d'un oiseau parleur mais qui va s'avérer être bien trop bavard. Classique mais très drôle il ne manque à ce petit film qu'un dénouement bien gore pour s'inscrire dans le haut du panier. 06/10
O pour Orgasm: Le duo Bruno Forzani et Hélène Cattet poursuit dans la veine de leur très beau Amer en proposant une nouvelle fois un poème visuel et morbide tout entier dédiè à la gloire du giallo. On retrouve donc le fétichisme, l'érotisme, les pulsions de mort et de désirs dans un fascinant exercice de style, visuellement splendide mais forcément un poil abscons. On pourra rester sur la touche ou se laisser porté par l'univers et l'ambiance très marqué du film, pour moi le choix est parfaitement clair. 08/10
P pour Pressure: Un peu comme le court film réalisé par Douglas Buck pour l'anthologie The theatre bizarre, Pressure de Simon Rumley est à la fois limite hors sujet tout en étant l'un des meilleurs segment de The ABCs of death. La grande force du film de Rumley est incontestablement de parvenir à nous raconter une véritable histoire en quelques minutes, sans dialogues et surtout d'impliquer le spectateur d'un point de vu émotionnelle. Cette histoire de mère de famille courageuse permet de faire un constat accablant d'une misère sociale poussant les plus démunis aux sacrifices et certains à exploiter sans vergogne leurs faiblesses. C'est fort, c'est carré, c'est diablement efficace et ça montre que l'horreur est humaine. 09/10
Q pour Quack : La très bonne idée de ce segment c'est que le réalisateur Adam Wingard et son producteur Simon Barrett se mettent directement en scène en se demandant pourquoi on leur a refilé une lettre aussi pourri que le Q. Un début en forme de mise en abîme plutôt originale et assez drôle avant que le soufflet ne retombe un peu une fois que les deux compères ont trouvés le moyen d'illustrer cette foutue lettre. 06/10
R pour Removed : Le réalisateur serbe Srdjan Spasojevic coupable de A serbian film nous propose ici un segment pour le moins étrange et opaque. Cette histoire d'homme hospitalisé à qui l'on retire de lambeau de peau pour en faire des morceaux de pellicule, qui signe des autographes sur des CD et s'offre des bains de foules hystérique protégé par une cage doit forcément avoir un sens mais lequel ?? Trop opaque, pas assez fun, gratuitement trash Removed finit donc par ennuyé bien plus qu'il ne fascine. 05/10
S pour Speed: Un segment qui commence de manière très bis et limite Grindhouse avec deux bimbos en talons, décolleté et rouge à lèvres couleur rouge feu qui luttent dans le désert contre un mystérieux agresseur. Le réalisateur britannique de Doghouse signe un petit film bien énervé jusqu'à un twist final bien senti qui révèle le coté bien moins glamour et fun de cette histoire finalement bien glauque. 06/10
T pour Toilet. Un peu comme Jason Eisener vainqueur du concours de fausse bandes annonces Grindhouse, Lee Hardcastle est l'invité surprise de The ABCs of death en tant que lauréat du concours permettant à un réalisateur débutant de figurer dans cette anthologie. Une juste récompense puisque Toilet n'est rien de moins que l'un des tout meilleur court métrage du film. Ce petit film d'animation en pâte à modeler qui raconte les angoisses d'un petit garçon au moment de passer du pot aux toilettes est une petite merveille d'humour noir, d'inventivité et de débordements gores comme seul l'animation en permet. Cette petite fable sur les peurs enfantines est d'une drôlerie mais aussi d'une cruauté assez jubilatoire. 09/10
U pour Unheart : Le britannique Ben Wheatley ( Touristes – Kill list) nous plonge dans la traque d'un vampire en vue subjective du point de vue du suceur de sang. Unheart est un poil plus réussi que le Gravity de Andrew Traucki qui adopte ce même principe de vue subjective mais finalement pas tellement plus captivant. 05/10
V pour Vagitus: Alors que d'autres réalisateur se sont contenté d'illustrer une idée directrice, le réalisateur Kaare Andrews tente carrément de construire un univers de science fiction et d'anticipation en quelques minutes. Vagitus ne manque certainement pas d'ambition mais bien plus de moyen car même si il faut relativiser le résultat en adéquation avec le concept ce segment n'échappe pas à un coté science fiction fauché tourné dans un entrepôt. Vagitus reste agréable à regarder d'autant plus qu'il faut louer l'originalité et l'ambition du projet. 06/10
W pour WTF: Premier couac pour le film de Jon Schnepp puisque WTF reprend exactement le même concept que Quack de Adam Wingard. On imagine que les réalisateurs ne se sont pas concertés et par manque de chance W arrivera toujours après le Q, mais on a d'emblée la sensation d'un cruel manque d'originalité. Jon Schnepp choisit toutefois une orientation totalement différente pour illustrer son manque d'inspiration en balançant un gros bordel hystérique à la face du spectateur. C'est un peu du n'importe quoi pour faire du n'importe quoi et contrairement à Adam Wingard, Jon Schnepp ne semble jamais dépasser l'idée de je n'ai rien à dire donc je vais faire n'importe quoi. Forcément fatiguant et décevant. 03/10
X pour XXL. Attention chef d'œuvre, le petit frenchie Xavier Gens ( Frontières – The divide) signe tout simplement le meilleur petit film de toute l'anthologie The ABCs of death. XXL synthétise en un seul film toute les bonnes choses disparates que l'on pourra trouver dans d'autres films de cette abécédaire. Xavier Gens nous raconte ici une véritable histoire, le film existe autant pour son fond que pour sa forme, ce court récit cruel possède de nombreuses facettes avec un mélange de comédie noire, de tragédie, de fable sociale et d'une horreur tout aussi graphique que psychologique. L'histoire de cette femme obèse subissant comme autant de coup de rasoir les moqueries des autres et les campagnes publicitaires vantant le conformisme du dictat de la minceur est d'une noirceur et d'une rage salutaire. Et cette dernière image montrant ce corps décharné, abîmé, ensanglanté dans une pose grotesque de mannequin à la con en dit long sur tous les êtres mis à vif par la connerie d'une société de plus en plus dictatoriale dans ses critères de respectabilité. C'est fort, c'est cruel, c'est beau et c'est insupportablement triste. 10/10
Y pour Youngbuck: Loin des délires gorasses et grindhouse de Hobo with a shotgun, le réalisateur Jason Eisener signe une fable colorée par ses images et très noir par son histoire. Une simple histoire de vengeance mais qui baigne ici dans des eaux troubles donnant au film une noirceur et une mélancolie bien étrange. Youngbuck est un incontestablement un bon segment mais bizarrement, malgré la puissance de son sujet, il n'imprime pas durablement les esprits. 06/10
Z pour Zetsumetsu: Le réalisateur japonais bien barré Yoshihiro Nishimurav (Vampire girl VS Frankenstein girl) termine donc l'exercice de style avec un ovni totalement cintré, foutraque et incompréhensible mais tellement fou, que contrairement au WTF de Jon Schnepp il en devient jubilatoire. Qui d'autre qu'un réalisateur japonais pour montrer l'affrontement d'une femme nazi avec un sexe énorme contre une autre femme lui projetant des oignons et des carottes de son vagin le tout terminant dans une soupe mangée par des hommes fusées à poil. 06/10
The ABCs of the death est donc un film multiple plutôt réussi, sa grande force étant justement cette multiplicité donnant la sensation d'assister à un immense zapping mondial du petit monde de l'horreur. A ce compte je signe tout de suite pour que le film connaisse une, voir plusieurs suites donnant à d'autres réalisateurs la possibilité de se frotter à ce petit exercice de style. En attendant un The theatre bizarre 2 dont les rumeurs de casting sont très excitantes (Gaspar Noe, Olivier Abbou, Xavier Gens, Pascal Laugier, Maury et Bustillo, Lucille Hadzihalilovic...) The ABCs of death s'impose comme la meilleure anthologie du moment.
Ma note 07/10
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Commentaires
2FreddyKLundi 1er Avril 2013 à 20:31Je devrais t'engager comme correcteur , mais y-a du boulot .
Bon, je vais corriger tout ça vite fait , j'espère que je n'ai pas cité le titre du film pour tous les courts métrages.
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Bon, et bien comme tu l'as souligné dans ma propre critique, je suis en effet plutôt d'accord avec toi, mis à part sur quelques courts (principalement les japonais).
Pour ce qui est de la lettre W, j'ai quand même l'impression que tu reproches à ce segment d'illustrer le mot choisi au final. Parce que WTF, c'est l'acronyme de "What the Fuck?", utilisé pour signifier une incompréhension totale devant une situation qui dépasse l'entendement. Certes, le segment en question est assez naze, mais on ne peut pas lui reprocher de proposer une parfaite illustration de WTF...
Concernant le XXL de Xavier Gens, c'est marrant, parce que j'ai l'impression que contrairement à Ti West, Gens révèle tout son potentiel sur un format court. Son segment pour l'antologie Sable Noir était excellent, et les deux films que j'ai vus de lui étaient bien pourris (Hitman et Frontière(s), pas vu The Divide).
Enfin, petite remarque en passant, le titre du film est The ABCs of Death, sans "the" devant Death, tu peux le vérifier sur l'affiche ;-)