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REC 2 de Jaume BALAGUERO et Paco PLAZA
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[Rec] 2
de Jaume Balaguero et Paco Plaza
Espagne - 2009 - Horreur / Fantastique
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La mise en chantier d'une suite à Rec, la petite bombe horrifique de Paco Plaza et Jaume Balaguero, était un projet aussi excitant que furieusement casse gueule. En effet si d'un coté on ne pouvait que se réjouir de retrouver l'univers mis en place lors du premier opus et connaître ainsi la suite des événements, on pouvait aussi fort légitimement se demander comment les deux réalisateurs allaient pouvoir exploiter à nouveau un concept déjà magistralement utiliser lors du premier film sans tomber dans une sorte de recyclage d'effets. Car objectivement Rec semblait presque faire le tour définitif du concept de la mise en images subjective des évènements avec l'argument imparable du documentaire et d'une journaliste tellement avide de scoop et de sensationnalisme que l'on ne pouvait alors que croire au fait que la caméra tourne continuellement y compris dans le fracas le plus total.
Rec2 commence donc presque à l'instant précis ou se terminait le premier film. On suit cette fois ci un groupe de flics accompagné d'un médecin qui sont chargés de venir récupérer un échantillon de sang afin de pouvoir mettre au point un hypothétique vaccin afin de mettre fin à la mystérieuse épidémie. Le groupe s'introduit donc dans l'immeuble toujours mis en quarantaine et sera bientôt rejoint par trois adolescents en manque de sensations fortes....
Autant le dire tout de suite, cette fois ci le principe de narration subjective est un poil plus bancal et artificiel que dans le premier film. Si l'on pouvait facilement comprendre pourquoi dans Rec il existait cette frénésie à vouloir tout filmer on est cette fois ci franchement plus dubitatif. On nous explique bien que les flics doivent tout filmer pour recueillir des preuves mais en même temps on nous dit que tout doit rester parfaitement secret, du coup on se demande pourquoi faire des images à tout prix (??). Concernant les trois adolescents présents dans le film on comprends bien que les deux réalisateurs en font des personnages emblématiques d'une génération recherchant sa minute de gloire en postant des vidéos chocs sur le net , mais jamais cette idée ne sera vraiment exploitée dans le film à tel point qu'on finit presque par trouver illogique de les voir continuer à filmer alors qu'ils sont totalement dévorés par la trouille. On pourra toujours saluer la volonté de Balaguero et Plaza de multiplier les points de vues et de proposer ainsi une nouvelle approche mais force est de constater que cette fois ci la forme est bien moins en adéquation parfaite avec la crédibilité du récit.
Rec2 souffre aussi incontestablement d'être un film bien trop bavard et lourdement explicatif. Je pense que cette aspect assez négatif de ma critique sera partiellement remis à plat en revoyant le film en version originale mais les dialogues médiocres et les comédiens limites ne sont pas franchement au top pour nous faire gober le coté cinéma vérité. Et cela ne s'arrange pas vraiment lorsque les deux réalisateurs ont la bien mauvaise idée de faire parler les infectés qui sont en fait des possédés. Sans avoir l'esprit moqueur et totalement rongé de cynisme je dois avouer que l'interrogatoire du jeune garçon possédé m'a fait bien plus sourire que vraiment flipper. Lorsque le prêtre demande par exemple « ou se trouve le démon » et qu'il lui répond « dans la chatte à ta mère »,on comprends bien l'allusion direct à L'exorciste de Friedkin mais la réplique tombe un petit peu à plat à tel point que si le gamin avait répondu « dans ton cul » ça m'aurait fait sensiblement le même effet.... L'occasion de se demander aussi à quoi servent vraiment les trois personnages d'adolescent à part faire retomber l'intensité du récit comme un vieux soufflet lorsque Balaguero et Plaza les filme en train de tenter en vain de faire voler une poupée gonflable.
Fort heureusement Rec2 n'est pas totalement plombé par ses défauts et réussit l'exploit de faire partiellement revivre aux spectateurs l'expérience immersive et viscérale du premier opus. Le film comporte toujours de formidables moments de flippe et de montée d'adrénaline dans un monstrueux fracas horrifique. Impossible d'oublier le gamin courant sur le plafond, le flic poursuivit dans un conduit par une créature possédée et surtout l'image toujours aussi monstrueusement éprouvante du corps décharné et dégingandé de la jeune fille possédée devenue adulte. Il faut aussi saluer la bande son et le sound design du film toujours aussi efficace et éprouvant, Car incontestablement Balaguero et Plaza n'ont rien perdus de leur efficacité et ils retrouvent même enfin le temps d'une dernière séquence un argument absolument génial à l'utilisation de la vue subjective d'une caméra avec vision nocturne comme lors du final du premier opus. Cette scène absolument formidable d'un univers parallèle se révélant sous l'objectif de la camera sauverait presque tout le film , on pense alors fatalement au jeu vidéo Silent hill qui utilisait déjà cette idée de portes et de passages présents dans un univers double comme un effet de miroir. Balaguero et Plaza s'amusent aussi beaucoup à jouer des attentes des spectateurs comme lors de cette séquence durant laquelle un flic explore le grenier exactement comme dans le moment culte du premier film pour cette fois ci n'aboutir à rien. C'est aussi avec plaisir que l'on retrouve Manuela Velasco un peu miraculeusement rescapée du premier opus mais qui va redevenir sur la fin du film un personnage absolument capital du récit.
Rec2 reste donc un bon divertissement horrifique, toujours aussi efficace et immersif mais qui a bien du mal faire oublier les sensations monstrueuses du premier film. Plus bancal dans sa forme, fatalement moins original, beaucoup moins captivant Rec2 semble démontrer que Paco Plaza et Jaume Balaguero ont pour l'instant totalement exploiter leur concept. Si la fin ouverte de ce second opus laisse présager d'un troisième film monstrueux, on en viendrait presque à espérer que les deux réalisateurs reviennent pour l'ultime volet de la trilogie à une forme plus classique de mise en scène quitte à trahir le concept même de la série.
Ma note : 07/10
Tags : Jeu vidéo, Suite
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