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    Gutterballs

    de Ryan Nicholson

    Canada (2008) Horreur /Slasher / Boule à zéro

    Gutterballs de Ryan Nicholson

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    De toute évidence Ryan Nicholson est un réalisateur qui adore les slashers et les années 80 à moins qu'il aime bien plus simplement les deux réunis. Gutterballs est donc un petit film référentiel qui dés sa campagne publicitaire s'amusait à parodier des affiches mythiques du genre tels que Maniac ou Halloween. Un film à priori pavé des meilleurs intentions mais qui se révèle finalement une grosse déception bien nase et à la limite du regardable.

     Gutterballs c'est l'histoire de deux bandes rivales de jeunes trous du cul qui se défient régulièment au bowling lors de soirée privée après la fermeture de l'établissement. Un soir ils vont devoir faire face à un mystérieux tueur portant un sac de bowling sur la tête en guise de masque et qui semble fermement décidé à éliminer un à un l'intégralité de personnes présentes.

     Ryan Nicholson semble finalement n'avoir retenu des années 80 que ses aspects les plus vulgaires et les plus kitsch. Pour commencer Gutterballs est déjà un film particulièrement laid qui ne prend même pas le temps d'éclairer correctement et mettre un minimum en relief son décor pourtant unique. Certes Ryan Nicholson joue des lumières au néons, des musiques synthétiques et des effets de fumée mais il le fait de manière bien paresseuse et sans le moindre talent. Mais tout ceci n'est rien par rapport à la galerie de têtes de nœuds assez hallucinantes que Nicholson nous balance en guise de personnages. C'est bien simple je crois de toute ma mémoire de cinéphage je n'ai jamais autant voulut voir disparaître le plus vite possible l'intégralité du casting. Au bout de dix minutes on espère presque qu'un missile nucléaire vienne atomiser cette bande de crétins pour que le film se termine comme un court métrage. Il n'en sera malheureusement rien et on devra se coltiner durant 90 minutes des personnages monstrueusement ineptes et interprétés à la louche par des acteurs totalement en roue libre qui vont donner au film un bien triste aspect de parodie. Entre le loubard au rire de hyène hystérique, le black qui passe son temps à peigner sa touffe afro, l'adepte de new age recouvert de badge, la punkette, le gros travestie, le timide à lunettes; je trépignais d'impatience de les voir tous se faire trucider et définitivement éjecter du film.

    Gutterballs de Ryan Nicholson

     Gutterballs est aussi terriblement primaire et crétin dans sa déroulement mécanique et sans surprise qui pourrait se résumer en trois étapes: Je vais chercher une bière, je rencontre une pouf à sauter et je me fais assassiner comme un con. Le tout sans que les autres personnages ne se formalisent plus que cela de se voir de moins en moins nombreux autour des pistes de bowling. Mais le plus insupportable reste la vulgarité sans nom des dialogues qui finissent par donner tout simplement envie de stopper le film. C'est amusant cinq minutes de voir des personnages incapables de dire une phrase sans y placer les mots enculé, connard, cul, putain, merde et chier, mais au bout d'une demi heure ça devient carrément saoulant et même insupportable de puérilité au bout d'une heure de film. 90 de blagues scabreuses sur les « boules » c'est juste un peu au delà de mon seuil de tolérance au comique de répétition. Le pire c'est que cette vulgarité fortement teinté de connerie finit par transparaitre sur l'intégralité du film et transforme une scène pourtant très sombre et violente de viol en un morceau de portnawak lamentablement grotesque. Ryan Nicholson souhaite peut être jouer sur le registre du politiquement incorrect, du cul, de la grossièreté et du gore mais il ressemble juste à un sale gosse pitoyable qui dit des gros mots en montrant son cul et à qui on a immédiatement envie de foutre une magistrale baffe dans la gueule avant de l'envoyer au lit revoir les films auxquels il prétend rendre un si pitoyable hommage.

    Gutterballs de Ryan Nicholson

     On pourra juste sauver deux trois trucs de Gutterballs comme ses clin d'œil à Halloween, Vendredi 13 , Le retour des morts vivants ou Re-Animator, son générique qui pastiche celui de Les griffes de la nuit et quelques effets gores assez réussi comme la tête plongé dans la machine à cirer les boules de bowling. Pour le reste c'est juste 90 minutes de connerie mal branlé d'autant plus énervante que Nicholson semble prétendre à travers son film rendre hommage à tout un pan de cinéma autrement plus bandant et sérieux que le sien (Je crois que je suis possédé par la vulgarité du film).

     Quand on a du talent pour rendre hommage aux années 80 on réalise House of the devil comme Ti West et quand on a un QI d'adolescent attardé bloqué au stade anal on fait Gutterballs.

     

    Ma note:  02/10

     


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    Agnosia

    de Eugenio Mira

    Espagne (2010) Thriller / Romance / Pas fantastique !

    Agnosia de Eugenio Mira

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    En dépit de son bel emballage qui prend un malin plaisir à nous faire croire le contraire et de nombreux site internet qui le prétendent aveuglément,  Agnosia n'a rien d'un film fantastique qui s'inscrirait dans la veine de L'orphelinat ou Le labyrinthe de Pan. Une précision des plus importante pour éviter comme moi d'attendre deux heures que commence un film qui n'arrivera finalement jamais.

     Agnosia raconte l'histoire de Joanna, une jeune fille souffrant d'une maladie qui altère ses cinq sens et donc sa perception du monde qui l'entoure. A la mort de son père la jeune fille se retrouve seule détentrice du secret de fabrication d'un produit industriel de grande valeur et fortement convoité. Prêt à tout pour récupérer ce secret et conscient de la fragilité de la jeune femme un puissant groupe industrielle organise un plan pour piéger Joanna et lui soutirer le secret de fabrication de cet objet qui pourrait révolutionner l'industrie de l'armement.

    Agnosia de Eugenio Mira

     Agnosia est un film qui ne manque pas d'ambition mélangeant reconstitution historique, romance et thriller sur un fond assez inédit d'espionnage industrielle. Un récit assez complexe et aux enjeux multiples que Eugenio Mira prend le temps de poser scrupuleusement donnant à son film un rythme de croisière plutôt lent voir pesant. Quand au plan mis en place pour soutirer des informations à cette jeune fille, il consiste simplement à l'isoler et lui envoyer un homme à la place de son futur époux pour jouer avec la confusion de ses sens et recueillir des confidences sur l'oreiller, ce qui est finalement assez banal. Pour moi qui rêvait déjà d'une sorte d'Inception fantastique dans un univers onirique de réalité alternée, la déception est juste énorme car encore une fois Agnosia n'a strictement rien d'un film fantastique.

    Agnosia de Eugenio Mira

     La déception ayant balayé toute mon attention je ne pourrais que juger assez sévèrement Agnosia et la direction romantique que le film va prendre dans sa dernière demi-heure. Eugenio Mira fait doucement glisser son récit vers une confusion des sens amoureux en faisant naître une histoire d'amour bien plus forte entre Joanna et son faux prétendant qu'avec son véritable futur époux. L'histoire s'oriente alors vers un triangle amoureux dans lequel Joanna devra choisir l'homme qu'elle aime le plus entre un imposteur qui lui aura révéler la passion tout en la trahissant et un futur époux plus distant pour lequel elle ressent maintenant une flamme bien moins vivace.

     Difficile donc de juger objectivement Agnosia tant le film est différent de celui que j'espérais voir. Le film de Eugenio Mira est objectivement d'une très belle tenue visuelle, riche et complexe dans son histoire, plutôt original dans son concept d'espionnage industriel et porté par de très bon comédiens. Après pour quelqu'un qui espère un grand spectacle fantastique Agnosia est surtout très long, trop académique et monstrueusement décevant.

     

    Ma note : 05/10

     


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    Grotesque ( Gurotesuku)

    de Kôji Shiraishi

    Japon (2009) Horreur / Torture Porn

    Grotesque de Kôji Shiraishi

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     Autant le dire tout de suite en préambule de cette critique je n'ai aucune affection particulière pour les torture porn, cette forme abrupt, crapoteuse et un peu gratuite de l'horreur me laisse le plus souvent totalement perplexe. Pourtant et comme je suis bourré de paradoxes, j'adore aussi être dérangé, perturbé, mis mal à l'aise et bousculé dans ma position de spectateur de films horrifiques ce qui me pousse à aller toujours regarder les pires productions du genre. Grotesque du japonais Kôji Shiraishi a le mérite d'ouvrir le débat sur ce que doit être un torture porn, sur la légitimité de ce sous genre de l'horreur et sur les attentes prétendues ou bien réelles des amateurs d'horreur.

     Faire le résumé de Grotesque est une chose facile puisque le film de Shiraishi ne raconte volontairement pas grand chose. On regarde donc pendant 75 minutes un type qui séquestre un couple de jeunes tourtereaux afin de leur faire subir les pires tortures et humiliations possible juste parce que cela lui donne du plaisir.

    Grotesque de Kôji Shiraishi

     Comme on peut le constater Kôji Shiraishi ne s'embarrasse pas de fioritures d'écriture et concentre son récit de la manière la plus primaire possible. Ici pas de contexte, pas d'explications psychologiques aux motivations du bourreau, pas de mise en place de l'intrigue; Grotesque est un film qui rectiligne et droit au but. On es pas très loin du minimalisme malsain des Guinea Pig et surtout d'une écriture proche de la pornographie dans laquelle l'histoire n'est qu'un prétexte à introduire un maximum de séquences de cul ici remplacè par des séquences gore. Kôji Shiraishi semble presque nous dire que tout l'emballage contextuel n'est que pur hypocrisie et qu'il convient de servir de la manière la plus brutal qui soit ce que les spectateurs viennent rechercher. Reste à savoir si Shiraishi a raison ou si il se plante dans les grandes largeurs en dépouillant à ce point le cinéma d'horreur ? Le débat est ouvert et les avis que j'ai pu glaner sur le net montre que certains trouvent encore la démarche de Kôji Shiraishi bien trop soft préférant des œuvres plus underground et dégueulasses comme Snuff 102, A serbian film ou August underground mordun. Une surenchère presque inquiétante pour obtenir non plus le titre de meilleur film d'horreur mais celui de l'œuvre la plus extrême et insupportable. Même si je pense que le cinéma d'horreur doit bousculer les esprits et rester un spectacle dérangeant par certains aspects, on peut aussi se demander si la limite n'est pas de rester dans le cadre purement cinématographique. Dans un soucis de toujours faire plus glauque, plus violent, plus malsain, plus gratuit, plus extrême on risque de vite se retrouver avec des petits malins tournant comme des amateurs et sans le moindre recul des viols de petites filles éventrées par des nains qui se font sodomiser par une tronçonneuse tout en se faisant aspirer les yeux à la paille par des obèses en train de déféquer dans la bouche de femmes dépecées.... Il faut pourtant ne pas oublier qu'un bon film d'horreur se doit avant tout d'être un bon film tout court.

    Grotesque de Kôji Shiraishi

     Alors finalement que pensez de Grotesque ? Et d'ailleurs peut on tout à fait prendre au sérieux un film dont le titre évoque d'emblée la caricature, l'excès et la farce ? De toute évidence Shiraishi voulait remettre les pendules à l'heure et rendre aux asiatiques la légitimité du torture porn radical et rentre dedans comme un pied de nez ou plutôt un violent coup dans la gueule à la vague post Saw et Hostel. Grotesque est effectivement malsain, parfois dérangeant comme lors de la longue scène de masturbation, provocant, douloureux dans son plaisir sadique à martyriser les parties les plus sensibles du corps mais peut être même pas totalement gratuit. Le film de Kôji Shiraishi n'est pas totalement à vivre au premier degré et comporte quelques touches d'humour grotesque forcément et absurde comme lorsque le bourreau met un doigt coupé dans le nez de sa victime ou lorsque lors du final le trauma du psychopathe est caractérisé par le fait qu'il sente comme un vieux dessous de bras. On peut alors franchement se demander si le réalisateur ne se moque pas ouvertement des productions américaines, de leurs justifications psychologiques à deux balles et de leurs scènes de torture qui n'osent jamais aller trop loin ? Et puis Grotesque possède quelques qualités purement cinématographiques comme une très belle direction d'acteurs (l'acteur qui incarne le bourreau est assez fascinant) et une rupture de ton dans l'écriture assez inattendue et particulièrement cruel. Pour le reste on notera aussi un final aussi romantique que excessif dans lequel il faudra sortir ses tripes pour prouver son amour alors qu'une tête tranchée versera une petite larme presque émouvante sur une joue couverte de sang.

     Grotesque est donc un film qui a le mérite de poser des questions à défauts d'apporter des réponses. En ce qui me concerne je serais bien incapable de dire si j'ai apprécié ou non cet étrange spectacle de souffrances et d'humiliations. J'ai juste la sensation que Grotesque se situe à la frontière ou le cinéma d'horreur commence à se vautrer dans la facilité et à basculer dans un autre genre de spectacles plus destiné aux amateurs tordus de violence qu'aux amateurs de cinéma.

     

                                                            Ma note : 05/10 

     


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    The human centipede (Fist sequence)

    de Tom Six

    Pays Bas (2009) Horreur / Fantastique / Tête à cul

    The human centipede de Tom Six

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    The human centipede est un film qui a réussi à créer le buzz et susciter l'attente et la curiosité des fans de films déviants sur son simple concept à la fois grotesque et dégueulasse. Car il est finalement assez rare de voir un film d'horreur proposer un sujet et une orientation nouvelle tout en provocant une envie presque malsaine chez les spectateurs. Même si finalement The human centipede n'est qu'une variation du thème du savant fou mainte fois exploité au cinéma depuis Frankenstein le film de Tom Six a le mérite de proposer une horreur psychologique jouant sur le dégout du corps.

     The human centipede de Tom Six

    The human centipede raconte donc l'histoire de deux jeunes touristes américaines en vacances en Allemagne. Un soir après une crevaison les deux jeunes femmes vont trouver refuge dans la maison d'un chirurgien bien azimuté qui rêve après avoir séparé des siamois de souder plusieurs personnes ensemble afin de créer un homme mille pattes et accessoirement le plus long tube digestif du monde.

     Si The human centipede propose une approche assez originale du concept du savant fou en revanche il se contente d'aligner les pires clichés possible lors de sa mise en place. Deux jeunes filles, une crevaison, un refuge dans une maison perdue au fond des bois chez un habitant inquiétant; on fait difficilement plus bateau comme exposition. On notera juste avec un certain amusement le portrait peu reluisant que Tom Six dresse de l'Allemagne puisque les deux jeunes filles croiseront un vieux pervers libidineux à lunette avant d'atterrir chez un chirurgien qui ressemble à un cousin dégénéré de Mengele. Plus tard on aura même droit à deux flics bien lourds et peu perspicaces sortant tout droit d'une série policière bien germanique.

     The human centipede est un film froid et clinique comme une salle d'opération, Tom Six installe un climat assez pesant dans une ambiance à la fois posée et glaciale. L'antre de ce chirurgien est à la fois dépouillé et étrange, un univers presque cosy et banal juste perturbé par d'immense toiles et images représentants des fœtus de siamois. Cet univers est à l'image du film, peu démonstratif, refusant l'effet facile pour créer un univers autrement plus perturbant. Car The human centipède ne sombre jamais dans le gore extrême façon torture porn ni dans l'exposition gratuite des détails les plus ragoutants de son concept. Il suffit par exemple à Tom Six de montrer son chirurgien exposer de façon très scolaire les détails de son opération à ses victimes à l'aide de petits dessins pour installer un malaise sans doute bien plus profond que si on nous avait montré crument les faits à l'image. La plus grande force du film de Tom Six est pour moi de provoquer une horreur et un malaise purement psychologique chez le spectateur.

    The human centipede de Tom Six

     The human centipede est un vrai film d'horreur, un de ceux qui installe un malaise en proposant un univers à la fois attractif et profondément répulsif. Tom six ne montre finalement que très peu de choses à l'écran mais il appuie très souvent souvent là ou ça fait mal et surtout à l'endroit ou l'horreur commence à tourner au dégout. Il suffit à Tom Six de quelques plans sur des bandages tachés aux couleurs immondes pour que l'on imagine avec des haut le cœur se qui se passe en dessous, de quelques gouttes de sang sur le sol lors de la tentative de fuite pour que l'on imagine les coutures reliant les trois personnages se tendre aux limites de la rupture, de montrer la tête de cet improbable mille pattes manger pour comprendre les aspects les plus scatologiques et vomitifs de cette histoire. The human centipede parvient à imposer un certain malaise, un profond dégout et il est bien difficile de ne pas ressentir une sombre et profonde douleur lorsque l'on pense au sort final réservé au second maillon de cette délirante créature.

    The human centipede de Tom Six

     Malheureusement The human centipede n'est pas dénué de défauts parfois assez agaçant. Alors qu'il tient plutôt bien son film sur le fil du rasoir, Tom Six se vautre parfois dans la facilité du détail bien crade et du dialogue démonstratif inutile. Il n'était pas vraiment indispensable de montrer la plaie purulente que le chirurgien perce avec les doigts ni de faire dire au premier maillon de cet homme mille patte qu'il a « envie de chier » alors que dès le départ tout le monde avait compris que c'est là que se situait l'aspect le plus extrême et immonde du film. Dieter Lasser qui incarne le chirurgien Heiter finit également par lasser dans un registre parfois proche de la caricature qui fait que la figure inquiétante de son personnage devient de plus en plus grotesque à mesure que le film avance . Difficile également de ne pas tiquer devant certains comportements moyennement crédible comme la jeune fille qui plutôt que de s'enfuir au plus vite afin de prévenir des secours s'attache un énorme boulet au pied en trainant sa copine inconsciente à bout de bras. On notera aussi quelques incohérence comme ce flic qui se retrouve un scalpel planté dans le cou alors que son agresseur semble incapable de se tenir debout. Mais le plus emmerdant c'est qu'au bout du compte on a la drôle de sensation que le film de Tom Six ne va nulle part et qu'il ne marquera pas les esprit outre mesure.

     Deux suites sont déjà en préparation et on a du mal à savoir comment Tom Six va pouvoir nous surprendre sans tomber dans la surenchère et la redite. Le sens qui manque assez cruellement à ce premier volet se dévoilera peut être lors de cette trilogie. The human centipede de part son caractère singulier et son horreur perturbante s'avère une bonne mise en bouche et Tom Six réussit son coup car il parvient encore à maintenir envie et curiosité.

     

    Ma note: 06 / 10

      

      


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    The artist

    de Michel Hazanavicius

    France (2011) Comédie dramatique / Romance / Intemporel

    The artist de Michel Hazanavicius

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    Je pensais qu'il était presque devenu impossible de coller ensemble dans une critique cinq mots comme: Comédie, française, intelligente, originale et ambitieuse. Fort heureusement est arrivé Michel Hazanavicius qui après avoir signé avec les deux OSS 117, les meilleurs comédies françaises de ses dix dernières années, nous revient avec The artist. Le réalisateur aurait pu se reposer sur ses lauriers et enchainer tranquille avec un troisième volet des aventures de l'espion qu'on aime tant. Mais Hazanavicius choisit de s'attaquer à un projet plus ambitieux et autrement casse gueule, The artist n'est pas une comédie pure, pas une parodie mais un film qui mélange comédie, romance, mélodrame le tout en noir et blanc et à la manière d'un film muet des années 20. L'occasion pour Hazanavicius de rendre un très bel hommage à ce cinéma magnifique, à ses artistes et à ses artisans.

     The artist raconte l'histoire de George Valentin (Jean Dujardin) une immense star du cinéma muet à Hollywwod qui voit arriver avec méfiance et mépris les premiers films parlant. George Valentin sombre alors doucement dans l'oubli alors que dans le même temps Peppy Miller, une jeune starlette repérée par Valentin lui même, devient une star du cinéma parlant. Un destin croisé pour une histoire d'amour presque impossible...

    The artist de Michel Hazanavicius

     La première chose qui frappe l'esprit au bout d'à peine dix minutes de film c'est à quel point The artist est un film techniquement assez irréprochable. Alors que trop souvent les productions hexagonales se foutent royalement de tout ce qu'ils considèrent injustement comme secondaire, le film de Michel Hazanavicius est esthétiquement et techniquement une petite merveille. Ce n'est même pas une surprise puisque l'on retrouvait déjà ses qualités là et ce soucis presque maniaque de création d'un univers totale dans les deux OSS 117. C'est bien simple on a immédiatement la sensation de se retrouver devant une production datant des années 20 et de retrouver ce piqué d'images si particulier. Les costumes, les décors, les effets spéciaux, la lumière, le rythme, le découpage, les maquillages, la photographie, absolument tout participe à plonger les spectateurs dans cet univers et à rendre palpable ce pari un peu fou. Il faut également citer la formidable musique de Dominique Bource, fidèle complice de Hazanavicius, qui accompagne presque 90% du film entre punch jazzy et mélodie au piano bouleversante. On connait l'importance de la musique dans les films muets comme ceux de Chaplin et le score de Dominique Bource s'impose illico comme l'une des plus belle musique de film de cette année.

    The artist de Michel Hazanavicius

     Le casting de The artist est encore une fois une petite merveille et un plaisir de tous les instants. On passerait presque sur la formidable performance de Jean Dujardin déjà mille fois encensé et récompensé d'un prix d'interprétation à Cannes remis par mister De Niro. Une distinction mérité tant Dujardin livre une très jolie performance réussissant tour à tour à être charmant, drôle, pathétique et bouleversant tout en restant imperturbablement classe. Mais il faut aussi saluer la performance de Berenice Bejo qui incarne avec autant de force, de talent et d'émotion que son homologue masculin la délicieuse Peppy Miller. Berenice Bejo trouve incontestablement ici son plus joli rôle avec cette délicieuse et charmante actrice entre Betty Boop et Paulette Godard élevée soudainement au rang de star. Des performances souvent dignes des grandes stars du muet, Michel Hazanavicius s'amusant souvent des excès expressif de la pantomime et des blessures profondes de ses personnages. La petite séquence montrant George Valentin (Jean Dujardin) en plein tournage perdre doucement son jeu d'acteur à mesure qu'il tombe amoureux de sa jeune partenaire est un immense moment de comédie et de direction d'acteurs. Impossible de ne pas citer les prestigieux seconds rôles du film avec l'immense John Goodman ( The big Lebowski, Barton Fink), James Cromwell ( Babe, La ligne verte, L.A Confidential), Malcom McDowell (Orange mécanique, If), Missi Pyle (Dodgeball).

    The artist de Michel Hazanavicius

     The artist confronte donc deux trajectoires de carrière autour d'une simple révolution technique. Par certains aspects le film de Hazanavicius fait penser à L'illusionniste de Sylvain Chomet dans lequel un vieux magicien se retrouvait totalement dépassé par son époque et devait se résoudre à ne plus faire rêver personne ou encore le Limelight de Chaplin et ses vieux clowns bouleversants. Pourtant The artist n'est jamais un film passéiste et la descente vers l'oubli de son personnage principale est autant due aux mutations de l'art qu'il pratique qu'à sa propre vanité et son orgueil. The artist est certes un formidable hommage à la magie du cinéma muet mais il n'oppose jamais deux types de cinéma différent préférant plaider pour la mémoire de ceux qui nous font rêver plutôt que l'oublie dès qu'une nouvelle star ou une nouvelle technique fait son apparition. Mais Michel Hazanavicius ne manque pas de pointer également du doigt un cinéma devenu souvent trop bruyant à travers la formidable scène du cauchemar de Valentin (une des seule séquence sonore du film) dans lequel les bruitages deviennent de plus en plus assourdissant au point de devenir surréaliste à l'image d'une plume s'écrasant sur le sol dans un fracas de bombardement. The artist est de toute évidence l'hommage un peu fou d'un formidable fan de cinéma qui parvient le temps d'une séquence magnifique à imposer un silence jusque dans la salle ( Bon en même temps on était à peine douze dans la plus grande salle du multiplex). On pourrait citer et énumérer encore longtemps les beaux moments que nous offre The artist, de la séquence de l'escalier au formidable numéro de claquettes en passant par l'intelligence des dialogues et l'esprit de tous les grands artistes du muet qui plane sur le film de Chaplin à Keaton en passant par Lionel Barrymore ou Douglas Fairbanks.

    The artist de Michel Hazanavicius

     The artist est vraiment une petite merveille qui revient à une forme épurée et universel du cinéma. Alors que tellement de film masque derrière le bruit assourdissant de leur bande son et la fureur de leurs effets spéciaux qu'ils n'ont plus rien à dire, c'est juste un plaisir sans nom de voir que ce cinéma là peut et devrait encore et toujours exister en dépit des modes. On ressort de The artist à la fois heureux et ému avec l'envie d'aimer le cinéma tout entier. Malheureusement le film réalise un démarrage en demi-teinte, sans doute pas assez moderne pour la majorité du public; pourtant une chose est certaine dans cinquante ans The artist semblera moins vieux que 90% des films qui sortent actuellement.

     

    Ma note : 08,5/10

     

     


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