• Cloud Atlas de Lana et Andy Wachowski et Tom Tykwer

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    Cloud Atlas

    de Lana & Andy Wachowski et Tom Tykwer

    USA - 2013 - Sc Fiction / Drame / Aventures / Thriller

    Cloud Atlas de Lana et Andy Wachowski et Tom Tykwer

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    Cinq ans après l'ovni Speed racer, les frères Wachowski (désormais frère et sœur) sont donc de retour épaulés pour l'occasion par le réalisateur allemand Tom Tykwer (Cours Lola cours, Le parfum). Cloud atlas, adaptation du best seller de David Mitchell, est une œuvre multiple et complexe qui prouve une nouvelle fois la faculté des Wachowski à prendre des risques et redéfinir à nouveau après la trilogie Matrix et Speed racer les limites du cinéma.

    Cloud Atlas raconte à travers différentes époques, les destins de nombreux personnages mais dont les actions vont finir par se télescoper et se répondre dressant en filigrane les aspirations de toute l'humanité et l'idée que nous sommes tous liés par le moindre de nos actes.

    Cloud Atalas de Lana et Andy Wachowski et Tom Tykwer

    Cloud atlas ne manque donc pas d'ambitions en proposant pas moins de six histoires totalement différentes, abordant six thématique cinématographiques assez distinctes tout en ambitionnant d'en faire un film de trois heures cohérent et entier. Pour corser encore le concept ,les trois réalisateurs ne vont pas prendre l'option trop facile de livrer un film à sketches narrant successivement les six histoires mais de les entremêler en passant constamment de l'une à l'autre sans pour autant perdre les spectateurs. Cloud atlas est donc tout à la fois un thriller politique et industriel sortant tout droit des seventies, une comédie contemporaine sur un vieil éditeur, un récit historique sur un jeune homme découvrant les horreurs de l'esclavagisme, le récit d'une servante en rébellion dans un Neo Seoul futuriste, une aventure post-apocalyptique et tribale et un drame intimiste sur les affres de la création entre un vieux compositeur et un jeune maestro. Si il y-a bien un point sur lequel Cloud atlas tient du miracle et ne saurait souffrir d'aucune réserves c'est bien dans son écriture et cette faculté de faire de cette somme de moments éparses un ensemble à l'indiscutable cohérence. Ce n'est pas tellement la capacité à offrir six récits d'égales importances sans que jamais l'un ne vienne empiéter sur l'autre qui frappe les esprits mais cette faculté à lentement tisser des liens et des correspondances pour une cohésion globale. On passe donc au fil des histoires de la légèreté à des tons plus dramatiques, du suspens à l'action et du sourire aux larmes avec une fluidité absolument déconcertante. A travers des ponts visuels, thématiques, sonores ou philosophiques ses histoires se répondent de manière harmonieuse créant ,comme des notes successives posées sur une portée, une symphonie aussi complète que complexe. Même si de nombreuses séquences se terminent comme autant de chliffanger dignes des meilleures séries télés on est jamais frustré pour autant de devoir quitter un univers pour en retrouver un autre. Magnifiquement construit avec une maestria qui laisse vraiment bouche bée, Cloud atlas n'est pas loin de tout simplement réinventer l'écriture cinématographique. Il convient donc d'associer à Lana et Andy Wachowski et Tom Tykwer le boulot absolument monumental et magnifique du chef monteur Alexander Berner.

    Cloud Atalas de Lana et Andy Wachowski et Tom Tykwer

    Bien loin des considérations philosophiques, mystiques et mathématiques parfois opaques de la trilogie Matrix, Cloud atlas livre un message sans doute plus simple mais aucunement simpliste. Car pour toucher à l'universalité, les frères Wachowski et Tom Tykwer ont visiblement décidés avec Cloud Atlas de passer par le cœur afin d'atteindre l'intellect. A travers les histoires proposées et les personnages qui les animent se tissent les liens et les constantes d'une condition humaine régie par des lois à la fois immuables mais à transgresser en permanence. Cloud atlas possède de véritables envolés lyriques sur l'amour et la liberté , sur ce besoin de conscience et de révolte pouvant transformer le moindre petit acte de non conformisme en un cataclysme capable de changer la face entière du monde. Cloud atlas pourra parfois sembler naïf dans son message alors qu'il n'a que la candeur de placer l'amour comme un des leviers de ce monde et de l'humanité. La prédation entre puissants et plus faibles, la conscience pour s'affranchir d'un système, la solidarité et la confiance, la quête de sens et de vérité, le refus du conformisme extrême des êtres humains traités comme de vulgaires produits manufacturés, le besoin de trouver sa place dans le monde; les thématiques de Cloud atlas sont aussi multiples que parfaitement commune à tous les hommes. A cette égard le film me fait penser à Avatar de James Cameron dont certains stigmatisaient la naïveté du propos oubliant d'en célébrer la puissante universalité. Il n'est pourtant pas si facile de saisir par le prisme de la fiction toute la complexité de la condition humaine. Tout comme chaque humain de par ses actes contribue à l'équilibre précaire du monde, chaque histoire va contribuer à l'harmonie globale du film.

    Cloud Atalas de Lana et Andy Wachowski et Tom Tykwer

    Malheureusement tout n'est pas parfait dans la symphonie humaniste de Cloud atlas et quelques petits couacs et fausses notes viennent un peu entacher la fabuleuse partition jouée par les Wachowski et Tom Tykwer. Le parti pris de faire jouer aux mêmes acteurs différents rôles dans les différentes histoires n'est pas une mauvaise idée en soit puisque elle renforce l'idée de vies qui se répètent sans cesse et d'actes qui se nourrissent de vies et d'expériences antérieurs et futures. Ce n'est donc pas dans l'aspect thématique que le bas blesse, mais dans l'aspect visuel des maquillages qui sont parfois nécessaires pour faire renter les acteurs dans les différents univers. On pourra s'amuser lors du générique final en constatant que certains acteurs pour des petits rôles sont carrément impossible à reconnaître sous leurs maquillages, mais l'aspect ludique ne dure pas très longtemps et ne colle pas toujours avec la tonalité du film. Sous les tonnes de latex, de postiches et de dentiers, certains personnages finissent par ressembler a des caricatures un peu maladroites avec un cote kitsch plutôt mal venu. Passe encore pour Hugo Weaving en infirmière sadique vu la tonalité humoristique de l'histoire dans laquelle il apparaît mais c'est bien plus embêtant de sourire en le voyant en asiatique ridicule lors du climax émotionnelle de l'histoire prenant place dans le Neo Seoul. Malheureusement ses exemples sont assez nombreux à tel point que l'on se dit que pour des rôles secondaires (La femme mexicaine et son chien, le personnage qui retire le collier de Doona Bae) et pour avoir des comédiens tellement surchargés de maquillages qu'ils deviennent invisibles il aurait peut être été plus judicieux de carrément prendre d'autres acteurs.

    Cloud Atalas de Lana et Andy Wachowski et Tom Tykwer

    L'autre bémol qui s'estompera peut être en revoyant le film en VOST concerne le curieux dialecte des habitants de ce monde tribal post-apocalyptique qui en français ressemble à un patois de paysan pas très loin du ch'timi. Je déteste me laisser aller au cynisme et prendre le parti de me moquer d'un élément d'un film en le dénaturant mais j'ai eu vraiment beaucoup de mal à ne pas sourire avec les « Kes ke tu eu vien d'faire avec ton bateu ki vol' » , cet aspect pouvant très largement être corrigé avec la version originale je ne m'étendrais toutefois pas plus longtemps dessus. Je suis également relativement déçu par les scènes d'actions du film qui sont loin d'être mémorables en matière d'impact comme de mise en scène. De la part des Wachowski qui ont redéfinis le cinéma d'action de ses quinze dernières années avec Matrix et Speed racer on était en droit d'espérer bien plus que ses quelques séquences assez plates et sans éclats. Il reste heureusement des moments visuellement très forts comme la découverte de l'usine de retraitement des clones humains, la pièce remplie de porcelaine dévastée pour rompre le silence ou les larmes de Doona Bae.

    Cloud Atalas de Lana et Andy Wachowski et Tom Tykwer

    Cloud atlas n'est donc pas très loin du chef d'œuvre instantané et absolu, il ne lui manque que d'appliquer la même perfection visuelle de tous les instants à celle de sa fragile, magnifique et si miraculeuse construction.

     

    Ma note 08,5/10

     

     

     

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