• Dark shadows de Tim Burton

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    Dark Shadows

    de Tim Burton

    2012 – USA – Comédie/ Fantastique

     

    Dark shadows de Tim Burton

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    Pour son nouveau film le réalisateur Tim Burton plonge dans ses souvenirs d'enfance en adaptant une série totalement inédite chez nous mais qui pendant cinq ans et plus de 1200 épisodes permettait de voir à la télévision dans une sorte de soap fantastique une étrange famille avec des vampires, des sorcières et des fantômes. Un soupçon d'enfance, des freaks, un univers décalé et une ambiance gothique autant d'éléments fort pouvant permettre à Tim Burton de retrouver l'amour de ses nombreux fans déçus et qui attendent désormais ses films avec un couteau entre les dents. Je ne sais pas si Dark shadows va réconcilier Tim Burton avec ses nouveaux détracteurs (et anciens admirateurs), il est même bien plus probable que le film divise encore avec force. Pour ma part, même si le film n'est pas exempt de défauts, j'ai passé un très très bon moment...

    Après presque 200 ans passé dans un cercueil à la suite d'une malédiction, le vampire Barnabas Collins (Johnny Depp) retrouve ce qu'il reste de son ancien empire. Un manoir poussiéreux, une famille en désordre, une entreprise en ruine voici à peu de chose tout ce qu'il reste de la fortune et du prestige des Collins qui 200 ans auparavant avaient pourtant construit la ville. La faute à une sorcière folle d'amour et de jalousie qui a jetée une terrible malédiction sur les Collins. Barnabas déboule donc dans un monde moderne qu'il ne connait plus, mais fermement décidé à redonner richesse, honneur et fierté à sa famille.

    Dark shadows de Tim Burton

    La première réussite de Dark shadows est purement graphique et visuelle puisque l'on retrouve souvent l'univers gothique et macabre du meilleur de Tim Burton. Loin des délires bariolés et souvent moches de quelques unes de ses dernières œuvres comme Alice ou Charlie et la chocolaterie, Burton revient ici à un univers plus sombre proche de Sleepy hollow et Sweeney Todd tout en retrouvant la folie d'un univers décalé. La très jolie photographie du français Bruno Delbonnel (Amelie Poulain) et la musique à la fois romantique et sombre de Danny Elfman finissent d'assurer à Dark shadows une belle densité. Les amateurs de fantastique et d'horreur gothique devraient connaître de nombreux frissons de plaisir devant les images de falaises abrupts fouettées par les vagues, de cimetière embrumé et de fantôme glissant le long des couloirs d'un immense manoir richement décoré. A travers l'adaptation de la série Dark Shadows, Tim Burton livre aussi un hommage évident et sincère au Roger Corman des adaptations de Edgar allan Poe. On retrouve aussi dans Dark Shadows de nombreuses thématiques et obsessions de Burton à tel point que le film ressemblerait presque à un film somme de son univers dans lequel s'entrechoque le meilleur et malheureusement parfois le moins bon de sa filmographie. Dark shadows est une fable sur la famille et la place du père (Big fish), un film qui s'interroge sur la place des freaks dans nos sociétés (Edward aux mains d'argents), un délire kitsch et référentiel (Mars attaks), une histoire d'amour sombre entre des êtres différents ( L'etrange Noël de Mr Jack), un film à l'humour décalé (Beetlejuice) et une sorte de déclaration d'amour à l'univers gothique d'un certain cinéma (Sleepy hollow, Vincent). Le film est d'ailleurs bourré de références et de clin d'œil aux premières œuvres de Burton avec chanson de Tom Jones, réplique parodiant le célèbre « Je suis Catwoman écoutez moi rugir Miaouuuuu », rampe d'escalier se transformant en serpent comme dans Beetlejuice et bien d'autres encore.

    Dark shadows de Tim Burton

    Coté casting on est pas loin du sans fautes absolu avec une belle galerie de personnages servis par des comédiens et comédiennes en pleine forme. Johnny Depp est parfait dans le rôle délibérément théâtral, excessif et ampoulé de Barnabas Collins et donne à son personnage de vampire anachronique une joli dimension à la fois humoristique et dramatique. A ses cotés Michele Pfeiffer est impeccablement classe en mère de famille assurant tant bien que mal l'équilibre familiale, Jackie Earle Haley est très drôle en homme à tout et rien faire (Ah la scène du « Il faudra me passer sur le corps) et dans le rôle malheureusement mineur de Roger Collins on retrouve un toujours très bon Jonny Lee Miller. On notera aussi la belle confirmation du talent et du charisme de Chloe Moretz absolument génial en adolescente rebelle et désabusée et les apparitions toujours agréables et savoureuses de Alice Cooper et Christopher Lee. Les fans purs et durs et les adeptes de la série originale retrouveront même une partie du casting du show télévisé lors du happening organisé dans le manoir des Collins. La grosse révélation du film reste néanmoins la comédienne française Eva Green qui est tout bonnement formidable dans le rôle de la sorcière Angelique Bouchard. A la fois sensuelle, dangereuse, garce et manipulatrice mais aussi figure tragique du film la jeune comédienne explose sur tous les registres et récolte fort logiquement tous les suffrages. A noter aussi la présence de Helena Bonham Carter dans un rôle un peu en demi-teinte et pas totalement indispensable à mon avis. Et puis franchement, quel plaisir de trouver une telle galerie de personnages qui ne soient pas clairement définit comme des bons et des méchants possédant chacun une part d'ombre et de lumière.

    Dark shadows de Tim Burton

    Avec Dark shadows on retrouve donc du bon, voir du très bon Tim Burton. Même si sur le registre de l'humour le film ne fait pas toujours mouche en se laissant parfois aller à des gags trop facile aux forts accents de déjà vu, il offre des moments bien savoureux comme les discutions entre Barnabas et les hippies, les apparitions de la vieille dame du manoir, les vannes sur Alice Cooper, l'affrontement final ou encore les échanges entre Barnabas et la jeune Carolyn (Chloe Moretz). Mais les instants durant lesquelles on retrouve le plus le génie de Burton restent ses formidables envolées gothique comme le réveil de Barnabas, le suicide de Josette, l'étrange poésie morbide du corps de porcelaine de Angelique Bouchard ou encore le très beau final malheureusement plombé par un plan bien inutile préparant la suite des aventures. Tim Burton prouve aussi qu'il n'a rien perdu de son amour pour les êtres différents et les freaks en montrant avec une certaine cruauté le comportements de parents prêt à abandonner leurs enfants hors normes pour de l'argent ou à s'en débarrasser en les livrant à des hôpitaux psychiatriques. On retrouve également une thématique récurrente à l'œuvre de Tim Burton et qui personnellement me touche beaucoup qui est celle de l'individu anachronique. Tout comme Edward paumé dans un quartier banlieusard américain, Ed Wood ovni dans un système de production cinématographique, Jack contraint de jouer les père noël ou encore Pee Wee dans un monde trop adulte on retrouve ici un vampire perdu dans un monde nouveau dont il n'a plus les codes. C'est également avec un immense bonheur que j'ai pu constater que Tim Burton réservait finalement la plus belle scène du film au personnage du méchant en lui donnant le temps d'un moment une magnifique humanité comme c'était déjà le cas pour le pingouin dans Batman le défi.

    Dark shadows de Tim Burton

     Dark shadows est donc un très bon Burton et tant pis pour celles et ceux qui continuent de cracher sur le génie de Burbanks comme si il était définitivement mort et enterré. Son cinéma est toujours aussi vivant et vibrant (bien plus que dans l'immense majorité des blockbusters) et il ne lui manque plus que cette petit étincelle de poésie et ce petit supplément d'âmes pour embraser à nouveau totalement le cœur des spectateurs.

     

    Ma note: 07/10


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