• Killer Joe de William Friedkin

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    Killer Joe

    de William Friedkin

    2012 – USA – Thriller / Drame / Family portrait

    Killer Joe de William Friedkin

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     Cinq ans après Bug, le réalisateur William Friedkin adapte à nouveau une pièce de Tracy Letts datant de 1991 et intitulé tout simplement killer Joe. Une histoire qui flirte avec l'esprit des films noirs des frères Coen ou de John Dahl pour aboutir à une peinture au vitriol de l'effritement des valeurs familiales. Le film est aussi la confirmation qu'à presque 80 balais Friedkin possède encore plus d'audace et de hargne que l'immense majorité des réalisateurs actuels.

    Killer Joe c'est donc l'histoire d'une jeune mec de 22 ans criblé de dettes et paumé qui décide avec la complicité de son père et sa sœur de faire assassiner sa mère afin de toucher la police d'assurance de cette dernière. Ils engagent alors un tueur qui n'est autre qu'un flic véreux et font alors sombrer leur famille dans une escalade menant jusqu'au point de non retour.

    Killer Joe de William Friedkin

    Le pitch de départ de Killer Joe n'est donc pas d'une très grand originalité puisque de nombreux films ont déjà racontés des histoires d'arnaque aux assurances, de tueur à gages et de plans qui tournent au vinaigre. La force du film de William Friedkin tient toute entière dans sa violence, physique, psychologique et moral, l'âpreté de sa mise en scène et surtout sa galerie de personnages à la fois attachants et effrayants. Car Killer Joe dresse un portrait saisissant d'une petite famille américaine dans le besoin à travers des pesonnages qui semblent tous plus pourris les uns que les autres tout en conservant une part d'humanité capable de les rendre aussi émouvants que pathétiques. Le père de famille (Thomas Haden Church) semble toujours subir les événements avec une lâcheté confondante tout en gardant un regard bienveillant envers les siens. Le fiston interprété par Emile Hirsch est capable de faire tuer sa mère, refiler de la drogue à son père, négocier la virginité de sa jeune sœur, perdre le peu qu'il possède aux jeux mais au final il sera aussi le seul à oser tenir tête à Joe pour tenter de sauver sa jeune soeur son emprise. La belle mère interprété par la toujours troublante Gina Gershown est une belle garce manipulatrice dans la grande tradition des films noirs américains pour laquelle il sera bien difficile de ne pas ressentir de l'empathie lorsque Joe Copper va entreprendre de totalement la briser physiquement et psychologiquement. La plus pure dans cette drôle de famille semble encore être Dottie Smith (La révélation Juno Temple), la benjamine à la fois innocente, ingénu, tordue, lucide, irresponsable et forte. Quand au pourri de service il est interprété par un Matthew McConaughey absolument extraordinaire et charismatique en tueur sadique, froid et pervers. L'acteur un peu lisse souvent cantonné aux comédies romantiques trouve ici un rôle formidable à contre emploi dans lequel il bouffe littéralement l'écran.

    Killer Joe de William Friedkin

    Kille Joe est donc bien plus qu'un film noir, c'est aussi une sorte de conte de fées tordus pour adultes dans lequel l'innocente jeune fille vierge attend un prince charmant pour l'enlever de son univers, sauf que cette fois ci le prince fera aussi office de grand méchant loup. La relation entre Joe et Dottie est d'ailleurs assez troublante, faites de domination, de tendresse et de pulsions sexuelles comme le prouve la scène à l'érotisme torride et sensuel de l'essayage de la robe. Si Joe est un charismatique salaud , il n'est pas une personnaget irrécupérable et on a aussi la sensation que l'amour visiblement sincère qu'il éprouve envers Dottie pourrait faire office de rédemption. En tout cas, le moins que l'on puisse dire c'est que William Friedkin joue avec nos nerfs et nous offre des moments d'une tension et d'une intensité de plus en plus rare au cinéma. On n'es pas près d'oublier la scène du pilon de poulet à l'imagerie pornographique des plus suggestive, plongeant soudainement le spectateur dans un sentiment d'inconfort malsain (perso je ne regarderais plus jamais un pilon de poulet de la même manière). Et si la scène finale du repas de cette famille recomposé et décomposée est d'une ironie mordante, elle génère aussi une incroyable tension tant on a le sentiment que tout et surtout le pire peut arriver à n'importe quel moment.

    Killer Joe de William Friedkin

    Avec Killer Joe , William Friedkin signe un très grand film noir à l'ironie mordante et acide et aux accents de conte cruel sur le pourrissement des valeurs familiales face à l'avidité et l'argent. Audacieux, sensuel, ironique et violent, Killer Joe est assurément l'un des diamant noir de cette année.

     

    Ma note 08,5/10

      

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