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Saison 2010 Episode 08
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A l'affiche cette semaine :
__________ La rafle de Roselyne Bosch - 2010 _________________________________________________________
Il est toujours très difficile de critiquer de manière totalement objective et purement cinématographique des films comme La rafle, difficile car la réalité dramatique des faits historiques dépasse toujours la futilité d'un jugement critique et que le premier mérite de ce genre de film est toujours de simplement exister. La rafle raconte donc une des pages les plus sombre et lamentable de notre histoire de France lorsque le gouvernement de Vichy offrit aux Allemands 13 000 juifs à la déportation et donc à la mort.
Le film de Roselyne Bosch raconte donc cet événement particulièrement dramatique à travers les destins croisés de divers personnes ayant toutes réellement exister en tant qu'acteurs de cette triste épisode historique. La rafle est sans doute un film bourré de nombreux défauts et maladresses mais il est très difficile de rester de marbre devant la mécanique des faits et devant l'émotion qui se dégage de cette reconstitution historique. Le film de Roselyne Bosch possède aussi d'indéniable qualité comme de montrer les faits sans tomber dans une forme de manichéisme absolu, le film nous interroge même souvent sur ce que nous aurions fait ou non si nous avions été des acteurs directs de cette horreur. La rafle montre autant des fonctionnaires zélés appliquant avec délectation des ordres que des hommes obéissant simplement à une hiérarchie et pris dans la tourmente d'événements dont ils ne mesurent pas la portée. La rafle apporte aussi des vérités parfois oubliées de l'histoire comme cette enquête des renseignements généraux qui informait le gouvernement de Vichy que les français n'étaient pas antisémite au point d'accepter l'idée d'une déportation ou les 10 000 juifs qui furent sauvés et cachés par les parisiens lors de la rafle du 16 juillet 1942. Il faut le reconnaître le plus grand mérite de La rafle reste l'éclairage historique qu'il porte sur ce triste été 42 et le courage de poser enfin un regard artistique, documenté et humain sur cette dramatique histoire.
Après il est vrai la mise en images de Roselyne Bosch manque sans doute de puissance, les passages montrant Hitler ne sont pas des plus indispensable, le refus de montrer l'aboutissement dramatique et final de cette rafle est une option tout à fait discutable, le pseudo happy-end qui vient conclure le film est pour le moins étrange, certains jeunes acteurs manquent souvent de présence dramatique, le Paris décrit par le film ressemble à un décor cliché de film américain.... Encore une fois le film est bourré de mille défauts mais pourtant l'émotion l'emporte très souvent sur les réserves et difficile d'oublier par exemple le personnage de Melanie Laurent en infirmière (Parfaite comme d'hab) découvrant le vélodrome d'hiver rempli à craquer de juifs parqués comme des animaux, impossible d'oublier aussi ce jeune gamin courant vers les camions qui l'emporteront pourtant vers les trains pour Auschwitz sur le seul espoir de retrouver enfin ses parents.
Incontestablement La rafle ne possède jamais la puissance d'un film comme La liste de Schindler mais le film a encore une fois le mérite d'être là, d'exister et de donner à voir ce que beaucoup préféreraient oublier, on appelle ça un devoir de mémoire.
_________________________________________________________________________________ Ma note 06/10 __________
________ Blanc comme neige de Christophe Blanc - 2010 ___________________________________________
Blanc comme neige est un petit thriller franco belge qui raconte l'histoire de Maxime un gérant de concession de voitures de luxe dont l'existence bascule brusquement lorsque son associé est assassiné par une bande de truands finlandais. Cette bande de malfrats reporte alors la dette de cet associé sur Maxime lequel fait appel à ses deux frères magouilleurs pour le sortir de cette mauvaise passe. Fatalement tout va assez vite partir en couille et Simon va se retrouver alors directement menacé lui et sa famille.
Blanc comme neige est donc une belle tentative de film noir et de thriller mais le film souffre malheureusement d'un trop grand manque de cohérence dans l'enchaînement scénaristique de ses événements qui fait que la mécanique du film semble trop souvent poussive et artificielle. On suit donc sans réel déplaisir le fil de cette histoire tout en s'interrogeant très souvent sur les comportements parfois assez improbables des différents protagonistes comme leur refus systématique d'impliquer la police dans une histoire qui pourtant les dépasse de très loin. Du coup le suspens comme le dénouement qui se situe en Finlande deviennent aussi bancal que gratuit tant les incohérences ne sont pas rattrapées par l'engrenage des situations. Pourtant le film reste suffisamment agréable et finalement on suit avec un certain plaisir cette histoire de types ordinaires pris dans une spirale dangereuse. L'intérêt pour le film tient pour beaucoup à ses comédiens François Cluzet, Olivier Gourmet et Jonathan Zaccaï qui donnent au film de Christophe Blanc une belle intensité notamment sur les rapports conflictuels et fraternels entre les trois frangins. On pourra être en revanche beaucoup plus sceptique sur la performance de Louise Bourgoin que j'ai personnellement trouvé très mauvaise dans un registre dramatique.
Blanc comme neige reste un bon petit thriller plutôt bien foutu en matière de réalisation mais trop lourdement plombé par ses nombreuses incohérences et la mécanique grippé de ses rouages scénaristiques.
________________________________________________________________________________ Ma note 04/10 ___________
_________ Shutter island de Martin Scorsese - 2010 __________________________________________________
Il est presque impossible de critiquer le nouveau film de Scorsese sans en évoquer le twist final qui apporte au film une vraie cohérence et une nouvelle grille de lecture qui pourrait bien transformer de nombreux défauts du film en qualités. Du coup Shutter island fait parti de ses films que l'on a très envie de revoir au plus vite afin d'en sonder la complexité des différents éléments.
Je dois reconnaître pourtant que Shutter island reste une relative déception tant le film est assez loin de correspondre à ce que j'espérais au départ en tant que spectateur (enfin une déception à 08/10 quand même). Shutter island raconte donc l'enquête du marshal Teddy Daniels qui se rend avec son nouveau coéquipier sur une île rocailleuse qui abrite un immense hôpital psychiatrique aux allures de prison regroupant les plus dangereux criminels des Etats Unis. C'est dans cet hôpital qu'une patiente à mystérieusement disparue de sa cellule pourtant fermée de l'intérieur. Avec Shutter island je m'attendais vraiment à un pur thriller tendu et nerveux dans un univers perturbant proche de l'horreur gothique et de la folie. Il n'en est rien et cette enquête manque finalement souvent de puissance et de tension ce qui fait que je ne me suis jamais vraiment senti impliquer et happer par le suspens. On comprends pourtant assez vite que Martin Scorsese utile le cadre de cette hôpital psychiatrique pour sonder les mécanismes mentaux et labyrinthiques de son personnage principal lequel est profondément marqué par des événements traumatisants antérieurs dont le découverte alors qu'il était soldat des camps de concentration nazi.
A mesure que le film avance Martin Scorsese joue de plus en plus avec la réalité et la perception mentale que l'on peux s'en faire orchestrant avec brio des séquences de plus en plus étranges et parfois même incohérentes. Shutter island ne prendra vraiment sa dimension qu'à la lecture de son twist final qui pourtant divisera les spectateurs qui lui donneront selon leurs visions du film divers niveaux de lecture. Il suffisait de tendre l'oreille à la sortie de la salle pour entendre divers explications sur le film sur le registre du « Non mais c'est toi qui n'a rien compris.. » . Shutter island est un brillant exercice de style servi par une mise en scène formidable et des acteurs parfaits entre DiCaprio, Mark Ruffalo, Ben Kingley et l'imposant Max Von Sydow mais il lui manque pourtant un petit je ne sais quoi qui ressemble à une tension dramatique et surtout plus clairement horrifique.
Shutter island reste au bout du compte un très bon film qui pourrait bien devenir un pur chef d'œuvre après une seconde voir une troisième vision.
_________________________________________________________________________________ Ma note 08/10 __________
_________ Lucky Luke de James Huth - 2009 _________________________________________________________
Lucky Luke est l'archétype du film que l'on regarde par simple curiosité et dont on attends strictement mais alors strictement rien. Il faut dire que l'association James Huth et Jean Dujardin était loin d'être un gage de qualité vu le précédent film ayant associé au générique les deux hommes (Brice de Nice). Lucky Luke possédait d'autres facteurs rédibitoires comme le naufrage du film Les daltons en 2003 et la présence de Michael Youn dans sa distribution. Et pourtant les film est loin d'être cette purge tant décrié et ce Lucky Luke signé James Huth possède finalement de solides atouts dans sa manche pour en faire un sympathique divertissement à défaut d'en faire un grand film.
Je ne sais pas si j'étais d'une humeur légère et généreuse ou si c'est le fait que je n'attendais strictement rien du film mais je dois avouer avoir passé un moment plutôt agréable dans cet univers entre comédie, cartoon et mythologie du western. Le premier atout du film reste incontestablement la mise en scène de James Huth qui s'amuse à la fois des codes du western à la Sergio Leone, de la mythologie de l'ouest américain et du décalage cartoonesque de l'esprit BD. On retrouve donc avec plaisir le James Huth de Sérial lover qui multiplie les trouvailles visuelles pour venir dynamiser son récit afin de lui donner un rythme d'enfer tout en prenant le temps de donner par l'image une vraie puissance iconique à son héros. Peu importe que l'on y adhère ou non ce Lucky Luke possède une vraie cohérence visuelle dignement hérité de l'esprit de la BD avec ses couleurs vives et son univers de western décalé et un soin de mise en scène, de cadrage et d'images qui font plaisir à voir. Un travail visuel souvent pertinent qui joue ouvertement avec les codes du genre et qui se permet de belles idées graphiques comme le repère de Pat Poker à Las Vegas qui semble sortir directement de l'univers onirique et fantastique d'un épisode de Wild wild west. Ce mélange d'influences visuelles fait directement écho aux choix d'écriture du film qui encore une fois brasse des éléments de pur western (vengeance, duel, rédemption) avec des éléments provenant de l'univers de Morris et Goscinny et d'autres issus d'un humour plus absurde et ouvertement crétin qui viennent pour beaucoup de la présence de Dujardin à l'écriture. Les puristes de la bande dessiné crieront sans doute au scandale mais le film propose de montrer la jeunesse de Luke à travers le meurtre de ses parents, un choix casse gueule mais qui donne au personnage un léger plus mythologique.
Jean Dujardin incarne un Lucky Luke des plus convaincant l'acteur usant à merveille comme dans OSS 117 de son charme,sa présence et son charisme. Luky Luke existe donc bel et bien à l'écran James Huth ayant réussis l'exploit de montrer un Luke semblable à celui de la BD tout en lui donnant une dimension assez réaliste à l'image de son mythique costume retranscrit à l'écran de manière référente mais réaliste. Le reste du casting est plutôt bon avec un Daniel Prevost en Pat Poker, une Sylvie Testud excellente en Calimity James recherchant sa féminité tout en jurant comme un charretier et même Michael Youn s'en sort plutôt bien en incarnant comme un sale gosse capricieux Billy The kid. Melvil Poupaud qui en fait des caisses et Alexandra Lamy transparente reste des choix bien plus plus discutables. Le gros soucis de Lucky Luke reste son humour qui ne fait mouche qu'une fois sur cinq, pourtant James Huth utilise une multitude de registre entre humour parodique, jeux de mots, comique de situation, humour burlesque et absurde, gags visuelles mais il faut reconnaître que souvent la farce tombe un peu à plat. Pourtant l'ensemble sans être hilarant prête souvent à sourire et surtout James Huth réhabilite le gag de second plan cher aux Zucker, Abrahams, Zucker ce qui moi me ravit vraiment au plus haut point.
Voilà, des amis fans de la BD qui ont regardés le film avec moi ont trouvés ce Lucky Luke lamentable et consternant de nullité, mais chacun pourra à loisir se faire sa propre opinion puisque le film sort maintenant en DVD. Une chose est certaine c'est toujours mieux que Les daltons et le Lucky Luke avec Terence Hill.
_____________________________________________________________________________ Ma note 06,5/10 __________
Voilà une semaine se termine, une autre va recommencer. To be continued .....
Tags : film, pourtant, luke, rafle, reste
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