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DAYBREAKERS des frères Spierig
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Daybreakers
de Peter et Michael Spierig
USA - 2010 - ScFiction - Fantastique - Horreur
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Enfin un petit peu de sang neuf du coté des vampires! Car avec Daybreakers les frères Spierig proposent un univers aussi original que totalement novateur en proposant enfin une nouvelle manière d'aborder et de raconter une histoire traitant des créatures de la nuit sans pour autant en dénaturer la mythologie.
Daybreakers prend donc pour cadre l'année 2019, une époque à laquelle les vampires ont pris le contrôle total et absolu de la planète. Les humains minoritaires ne sont plus désormais qu'un vague bétail traqué et cultivé uniquement afin de pouvoir nourrir la population de sang frais. Pourtant les réserves de sang commencent à baisser entrainant des mutations inqiètantes chez les vampires dès lors qu'ils ne peuvent plus se nourrir correctement. Ils deviennent alors des dégénérés extrêmement dangereux ressemblant à d'immenses chauve souris en laissant alors derrière eux toute trace même minime d'humanité. Du coup le gouvernement travaille sans relâche à un substitut qui pourrait bien assurer aux vampires comme aux humains un semblant d'avenir sur terre. C'est Edward Dolton (Ethan Hawke) qui travaille à ce sang de synthèse lorsque soudain il va se retrouver confronter à l'espoir d'une guérison et d'un vaccin.
Pour commencer il faut saluer la formidable cohérence de l'univers mis en place par Michael et Peter Spierig qui malgré le budget réduit de leur film multiplie les petits détails qui donnent à la fois épaisseur et crédibilité à leur vision du futur. Car Daybreakers est autant un véritable film de vampires qu'une œuvre de science fiction et d'anticipation proposant un univers des plus tangibles. Entre les couloirs souterrains permettant de circuler en ville, les voitures conduite de jour à l'aide de caméra, le couvre feu annonçant l'arrivée du jour, les bouteilles de sang que l'on déguste comme des grands crus de vin et les forêts ravagés par les flammes à cause de la vampirisation des animaux diurnes ont sent que les Frères ont posé les bases d'un univers particulièrement riche et surtout foutrement crédible. Le film pose aussi de façon ludique mais toujours pertinente des questions très actuelles sur notre propre monde notamment sur la fin des ressources énergétiques, sur les émeutes de la faim, sur des intérêts financiers dominant tout aspect social et humain ou encore sur le traitement des indésirables dans une société qui sont ici enchaînés et brulés vifs. Daybreakers montre aussi comment des laissez pour compte d'une société peuvent devenir violent et perdre des notions même d'humanité lorsqu'ils sont poussés par simplement des instincts de survie. Incontestablement Daybrealkers possède la puissance et l'intelligence des meilleurs films séries B, de ceux qui sous leurs oripeaux de petite histoire traitent symboliquement des grands enjeux du monde, on est donc pas très loin du meilleur de Romero ou de John Carpenter.
En plus de tout ceci Daybreakers est aussi une formidable série B ultra jouissive bourré de très bons petits moments de cinéma de genre comme l'attaque du dégénéré dans le salon de Ethan Hawke, une poursuite en voiture presque à l'aveugle et un final aux allures d'apocalypse nihiliste et sanguinolent montrant une solution pour le moins expéditive de la propagation de l'antidote. Car le film des frères Spierig est aussi joyeusement gore avec des corps qui explosent dans des grosses gerbes de sang et des vampires qui se comportent souvent comme des hordes de zombies affamés dévorants et déchiquetant totalement leurs victimes.
On pourra toujours reprocher au film des deux frangins son manque d'originalité et sa tendance à venir bouffer un peu à tous les râteliers entre l'élevage des humains sortant de Matrix, l'arsenal des humains provenant directement de Blade, l'univers froid et bleuté qui fait penser à Bienvenu à Gattaca ou Minority report. On pourra trouver de nombreuses autres références intentionnelles ou non comme le personnage d'Elvis qui évoque fortement James Woods dans Vampires de Carpenter, les rayons de lumière après les impacts de balles dans la voiture ont un sentiment de déjà vu depuis Near dark de Bigelow et l'aspect fable sociale ressemble beaucoup à du Romero. Mais le plus important reste que Daybreakers possède aussi une vraie cohérence interne qui fait que jamais le film des frères Spierig ne ressemble à une pâle série de photocopies de films déjà existants.
Même si le film s'ouvre sur une hallucinante scène de suicide d'une gamine il faut noter que ce qui manque sans doute le plus à Daybreakers est une vraie dimension dramatique pour vraiment s'imposer comme un chef d'œuvre du genre car il faut reconnaître que aucune des relations décrites dans le film ne possède une vraie épaisseur que ce soit entre Edward (Ethan Hawke) et son frère et encore moins la love story poussive entre Edward et Audrey (transparente Claudia Karvan) . Seule la relation trouble entre Charles Bromley (Sam Neill) et sa fille possède une certaine consistance à l'écran mais il faut reconnaître que dans l'ensemble ce sont les différents personnages du film dans sa globalité qui souffrent d'un manque cruel de densité et mis à part Willem Dafoe en Elvis l'ensemble du casting de Daybreakers n'a pas finalement grand chose à défendre avec ses personnages.
Daybreakers reste néanmoins une très très bonne surprise et une série B aussi intelligente que jouissive. Après un Undead plutôt sympatoche mais assez vite périssable les frères Spierig semblent être vraiment passés à la vitesse supérieure avec cet excellent petit film de vampires, vivement le prochain !
Ma note : 08/10
Tags : daybreakers, film, vampires, spierig, freres
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