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Saison 2010 Episode 33
Vive la vie de Yves Fanjberg 01/10
Il faut parfois un courage et une abnégation qui frôle le masochisme pour aller au bout de certain films dont on n'aurait objectivement jamais du regarder le début. Vive la vie est une petite comédie française romantico-dramatico-philosophiquo-chiante mettant en scène les errements sentimentaux de quelques personnages bien caricaturaux. On trouve donc un richissime directeur de société qui se croit idiot après avoir passé un test de QI, une jeune mannequin qui se croit laide après avoir échouée à un casting, une jeune fille en attente d'une transplantation cardiaque et un jeune comédien au grand cœur. Vive la vie ressemble à un téléfilm neurasthénique pour France 3 et traîne sur 90 minutes semblant durer une éternité des personnages vides aux états d'âme pour le moins inintéressant. Visiblement pas trop concerné les acteurs débitent comme à la lecture des dialogues sur-écrit qui sonnent faux du début à la fin du film. Didier Bourdon et Alexandra Lamy ne parviennent jamais à rendre attachants leurs personnages, Zinedine Soualem en fait un peu beaucoup et finalement seule Armelle Deutsch parvient à donner un peu d'épaisseur à son personnage. Et puis surtout on se fout totalement des états d'âmes de ce riche PDG queutard, hypocondriaque mais tellement triste, de cette mannequin trop belle mais pas assez au regard de sa jeunesse qui s'envole, de ce comédien philosophe par le rire et de cette jeune femme chaude de la cuisse en attente d'un nouveau cœur. Vive la vie est une comédie qui n'est jamais drôle, un film sentimentale et dramatique qui ne parvient pas à toucher et un conte philosophique de comptoir sur la vie qui est dur pour tout le monde mais tellement belle dès que l'on trouves l'amour. Le film se termine sur la chanson de Alain Souchon « La vie ne vaut rien » et on se dit que 3 minutes 35 d'une écriture ciselée pleine de charme et d'indolence valent définitivement bien mieux que 90 minutes de vide.
Trailer park of terror de Steven Goldmann 05/10
Dès les premières minutes Steven Goldmann montre ouvertement au détour d'une scène les influences majeures de son film en citant à la fois Herschell Gordon Lewis et Tobe Hooper. Deux inspiration directes auxquelles on pourra ajouter celle de Rob Zombie et de sa maison des milles morts pour parfaire le tableau des univers vers lequel tend Trailer park of terror. Pourtant si le film de Steven Goldmann s'inscrit directement dans la tradition du film de rednecks dégénérés on est ici beaucoup plus du coté rigolard de 2000 maniacs que de l'horreur viscérale et poisseuse de Massacre à la tronçonneuse. Trailer park of terror raconte l'histoire d'une bande d'adolescents en difficultés accompagné d'un pasteur qui échouent un soir d'orage dans un camp de mobil home abandonné et totalement paumé. Ils sont alors accueilli par Norma , une jeune sudiste chaude comme la braise qui leur offre l'hospitalité. La jeune femme veille en fait sur une petite bande de bouseux zombifiés qu'elle avait tués des années auparavant dans un accès de rage. Trailer park of terror est un petit film sympathique qui propose une belle galerie de zombies sudistes et dégénérés adeptes de fumette, de rock bien gras, de snuff movie, de sexe, de stock car et de viande humaine. Une belle galerie de zombies possédant chacun leurs propres caractéristiques et personnalité avec une grosse femme bien vorace, une rocker à banane qui braille son rock dans des hauts parleurs, une femme au visage de poupée adepte de massages érotiques mortels ou encore un gros un peu crétin amateur de charcuterie fine à base de chair humaine. Trailer park of terror se situe clairement dans un univers de comédie horrifique à l'image de cette scène durant laquelle un des zombies qui a sauté sur une mine se fait recomposer et rapiécer à coup de ruban adhésif et d'agrafeuse.. Pourtant le film semble souvent hésiter entre le ton rigolard à la Gordon Lewis et l'horreur plus abrupt d'un Tobe Hooper donnant parfois la sensation d'un film ne sachant parfois plus trop sur quel pied danser. Les scènes gore sont assez nombreuses et parfois éprouvante lorsque le film verse du coté du torture porn crado avec d'un seul coup un certain manque de recul et d'humour. Trailer park of terror alterne donc le meilleur comme le pire avec par exemple sa bande d'adolescent super caricaturaux et son récit parfois un peu chaotique. Le meilleur du film reste pour moi toute la partie construite en flashback et expliquant le passé de Norma et son cheminement jusqu'à se retrouver à la tête de cette bande de zombies. Trailer park of terror, sans verser dans le fantastique, tire alors le meilleur de son décor un peu minable, de ses personnages crasseux , de sa lumière crue et des comportements déviants de ses protagonistes livrant finalement un univers bien plus effrayant que lors de la partie plus horrifique du film. Trailer park of terror reste un bon petit film d'horreur bourré d'énergie parfois mal maîtrisé, souvent drôle et finalement assez attachant.
Unthinkable de Gregor Jordan 02 ou 07 /10
Unthinkable est un film casse tête, de ceux dont on sait pas trop si l'on doit les haïr en bloc ou bien les défendre avec passion sur le simple fait que précisément il offre une possibilité de débat intime. Il faut dire que le film de Gregor Jordan s'attaque de front à un sujet au combien ambigu et épineux qui est la torture et le terrorisme. Le film raconte donc l'histoire d'un terroriste musulman qui revendique la présence de trois bombes nucléaires sur le sol américain et qui après son arrestation se retrouve confronté aux méthodes d'interrogatoire musclé d'un mystérieux agent et tortionnaire au service de l'état. Unthinkable est un film qui place souvent le spectateur en face de ses propres doutes et limites morales vis à vis de la torture, de sa justification et de son efficacité. Pour se faire Gregor Jordan utilise avec malice différents personnages incarnant divers niveaux de morale et de conscience qui ne cessent eux même de s'interroger sur les faits. Samuel L Jackson incarne H, le tortionnaire du film, à la fois cool, froid , méthodique et sur de lui le personnage ne cesse de jeter avec ironie et arrogance un regard froid sur l'hypocrisie de ceux qui l'encourage à obtenir des résultats tout en fustigeant sa méthode. On retrouve également Carrie-Ann Moss incarnant une sorte de rigueur morale s'abritant derrière les règles et la loi mais dont les certitudes s'effondrent à mesure que le danger se fait de plus en plus menaçant. Michael Sheen incarne quand à lui un terroriste à la fois froid et déterminé et parfois terriblement humain dans sa souffrance rendant son calvaire pour le moins éprouvant. Construit sur un suspens assez diabolique, des personnages forts et de nombreux points de vues contradictoires Unthinkable est incontestablement un film qui a le mérite de faire réfléchir sur un monde dans lequel le fanatisme ne trouve de réponse que dans la violence et une déshumanisation complète des comportements. Pourtant je ne suis pas certain que le film renvoie tout à fait terroriste et tortionnaire sur une même échelle d'ignominie et si le film reste ambigu de bout en bout sa morale me semble au bout du compte assez douteuse voire franchement puante. Unthinkable sans en faire aucunement l'apologie est une justification par le mal de la torture et de son efficacité, le film montrant que le tortionnaire et sa méthode reste le meilleur moyen d'obtenir des résultats positifs en fustigeant au passage nos valeurs morales et nos faiblesses qui ne cessent de faire des victimes faisant des esprits les plus pacifiques des complices du terrorisme. 24 heures chrono avait déjà posé le débat sensible de la justification de la torture et finalement Unthinkable ne fait que reprendre le concept sur 100 minutes. Le film a le mérite de ne pas laisser indifférent et de ne jamais chercher une vérité toute faites dans les méandres du politiquement correct du coup les avis glanés sur le net qualifie le film avec une même rigidité de « merde pro-américaine et anti musulman » que de brulot contre les méthodes et l'impérialisme arrogant et inhumain des USA. Pour en revenir à des considération plus cinématographique le film se termine sur un générique et des effets de montages à l'efficacité absolument monstrueuse scotchant le spectateur à l'écran avec fascination, comme quoi en dehors de toute considérations morales le film mérite d'être vu.
Jackass deux - Le film de Jeff Tremaire 03/10
Alors qu'un troisième volet des délires de Johnny Knoxville et sa joyeuse bande de tarés s'apprête à débarquer dans les salles en 3D, on est en droit de se demander au regard de ce second volet bien poussif si tout ceci est vraiment bien raisonnable. Jackass est un concept que l'on aime ou que l'on déteste mais pour le meilleur comme pour le pire Johnny Knoxville a inventer une forme d'humour basé sur des défis physiques tous plus spectaculaires et stupides les uns que les autres. Jackass n'est le plus souvent qu'une version réaliste,live et trash de délires cartoonesques et masochistes à la trois Stooges. Le succès du programme télé va fatalement engendrer de nombreux ersatz, et des tonnes de show jouant sur le même registre d'humour avec toujours un soucis de surenchère pour se démarquer du précédent allant jusqu'à l'aberration de souffrances physiques et de défis scatologiques de plus en plus gerbant. Jackass deux – Le film s'inscrit malheureusement un peu dans cette veine de surenchère un peu gratuite et surtout bien plus mécanique que totalement sincère. Si le premier film ne faisait pas vraiment dans la dentelle on y retrouvait encore cet esprit de fraternité et de bonne humeur d'une bande de potes s'amusant entre eux avant même de faire marrer les spectateurs. Cette fois ci le spectacle devient assez vite inconfortable tant on a la sensation que la bande de Knoxville rempile plus par besoin que par envie et que la douleur physique prend souvent le pas sur le plaisir premier de l'exploit stupide. On découvre des protagoniste fatigués, forçant souvent le rire et encaissant de plus en plus mal l'extraordinaire souffrance qu'ils s'infligent au nom du rire. Knoxville semble parfois épuisé de la surenchère de défi physique, Bab Margera en larmes laisse plusieurs fois durant le film transparaitre une vraie lassitude et les défis scatologiques et autres gags dégueulasses ont du mal à masquer le manque d'enthousiasme général. On se marrait souvent à Jackass en voyant les autres membres du groupe se gondoler devant les défis casse-coups exécutés par les autres mais cette fois ci à part lors de quelques séquences la mécanique a bien du mal à fonctionner. J'ai beaucoup de respect pour Knoxville et sa bande qui quoi que l'on puisse dire auront créer quelque chose à la télévision en bousculant le formatage et en faisant rentrer avec une vraie légitimité la culture skate dans le petit écran. Mais voilà, manger du crottin,gouter du sperme de cheval,respirer des pets, mettre son bras dans un piège à loups, se faire marquer le cul au fer rouge; on a la sensation que Jackass a fait déjà le tour du concept et que la surenchère ne fera que maintenant desservir la très bonne humeur communicative des débuts. On a toujours envie de se marrer en voyant un abruti se prendre un poteau, mais le rire s'étouffe lorsque le type s'écroule en hurlant le nez explosé; Jackass deux c'est un peu comme ça le rire a du mal à prendre le dessus sur l'évidente lassitude de la bande à se faire mal.
Voilà une semaine se termine, une autre va recommencer. To be continued....
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