• Saison 2010 Episode 41

     

     

    Weirdsville (2006) de Allan Moyle 05/10

    Weirdsville

     

    Weirdsville marque le retour de Allan Moyle dont la courte et éparse filmographie fut surtout marqué par l'une des meilleurs comédies adolescente de ses 20 dernières années à savoir Pump up the volume sorti en 1990 avec Christian Slater et Samantha Mathis. Vingt ans après ce coup d'éclat c'est donc directement en DVD que nous arrive le dernier film en date du réalisateur. Weirdsville raconte l'histoire de deux junkies un peu paumés qui vont se retrouver embarqués le temps d'une nuit dans une série de galère à répétitions. On s'amuse donc devant ce défilé d'emmerdes impliquant un dealer revanchard, un coffre fort récalcitrant, une secte satanique débutante, une petite amie revenue d'entre les morts et des nains déguisés en chevaliers médiévaux. Si Weirdsville reste une comédie assez sympathique et agréable à regarder on a aussi le sentiment que le film ne décolle jamais vraiment la faute à des personnages peu attachants et surtout à un sentiment constant et très désagréable de déjà vu. Car Weirdsville lorgne franchement du cotè des comédies de frères Coen (The big Lebowski en tête) avec un soupçon de mise en image à la Guy Ritchie pour finalement aboutir à un film semblant plus souvent copier les idées des autres plutôt que d'en proposer de nouvelles. C'est certes amusant, plutôt cool dans l'esprit et agréable à suivre mais dans l'ensemble le film ne propose rien de vraiment formidable à se mettre sous la paupière. On pourras aussi regretter que l'esprit frondeur du Allan Moyle de Pump up the volume qui demandait à la jeunesse endormie d'ouvrir sa gueule laisse ici la place à un message plus conformiste, même si tout à fait respectable, sur les dangers et les méfaits de la drogue. Il reste toutefois le plaisir de retrouver Taryn Manning (Nola dans Hustle and flow), une séquence assez drôle de castagne entre un nain et deux satanistes et les choix de Allan Moyle pour une bande son parfaitement calibrée. Weirdsville marque donc un retour en demi teinte pour Allan Moyle mais reste un petit DTV tout à fait fréquentable.

     

    Amer (2010) de Hélène Cattet et Bruno Forzani 07,5/10

    Amer

     

    Sans vouloir reprendre encore une fois l'éternel débat sur le cinéma de genre français on pourra juste regretter de voir de quelle manière Amer fut distribué en salles, car avec trois malheureuses copies il ne faut pas vraiment s'étonner que le film n'est pas réussi à trouver son public surtout que c'était dans le cas présent au public que revenait la tâche presque impossible de trouver le film. Même si Amer est un film exigeant qui ne pouvait prétendre à une monstrueuse exposition, la qualité du film et son intégrité méritait sans doute un peu plus de soutien. C'est donc presque comme un DTV que Amer débarque enfin et s'offre à un public un peu peu plus large. Le film de Hélène Cattet et Bruno Forzani est un poème visuelle à la gloire du cinéma italien de genre et plus précisément du giallo. Le film ne raconte pas vraiment d'histoire et suit sur différentes périodes une femme de ses traumatismes d'enfances jusqu'à ses pulsions sexuelles et morbides en passant par la découverte du désir. Amer est un film qui lorgne du coté de Gaspar Noe et de Lucille Hadzihalilovic de par la radicalité de ses partis pris, par sa froide perfection graphique, par la rigueur de son cadre, par le travail constant sur le son et par son univers difficilement accessible. Le film de Hélène Cattet et Bruno Forzani est un long poème quasiment muet saturé de sons et de bruitages et graphiquement travaillé jusqu'au moindre détail. Un film difficile qui devrait diviser les avis critique avec sans doute une grande radicalité entre ceux qui se laisseront porté par l'univers fascinant du film et les autres qui resteront en plan devant 90 minutes qui leur paraitront alors bien longue et creuse. Pour ma part j'ai trouvé l'expérience formidable même si j'ai du m'y reprendre deux fois pour m'immerger vraiment dans le film. Amer est un film qui alterne de formidable moment de cinéma et des séquences un peu moins denses dans lesquels l'ambition flirte légèrement avec la prétention auteurisante. Le début du film mettant en scène Anna enfant est absolument magnifique rendant un hommage flamboyant à Suspiria de Dario Argento et Les trois visages de la peur de Mario Bava. La suite est peut être un peu plus décevante et la naissance du désir est parfois surligné d'une symbolique sexuelle un peu lourde, mais la perfection graphique reste toujours de mise renforcée par les musiques obsédante de Ennio Moricone, Bruno Nicolai (La queue du scorpion) et Stelvio Cipriani ( La baie sanglante, Baron Vampire). Le final du film convoque alors toutes les obsessions du giallo du fétichisme à l'érotisme en passant par les lames de rasoirs pour orchestré un dernier acte formidable qui culmine lors d'un meurtre extrêmement graphique durant lequel le tueur recueille avec le fil de son rasoir la larme qui coule sur la joue de sa victime pour ensuite venir le mêler au sang de ses plaies. Quand à la dernière scène elle est tout simplement splendide renvoyant en une seule séquence toute la dimension sexuelle, morbide, sensuelle et graphique du giallo. Amer est une formidable expérience mais reste de par sa forme à réserver à un public plutôt cinéphile que occasionnel, car le film de Cattet et Forzani est assurément l'ovni de 2010.

     

    Terreur au 13ème étage – Botched (2008) de Kit Ryan 04/10

    Terreur au 13éme étage

     

    La jaquette annonce fièrement et de manière un poil présomptueuse que ce Terreur au 13ème étage se situe dans la droite lignée de Shaun of the dead ou Severance. Une affirmation qui ne résistera pas très longtemps à la vision du film, car même si l'on se retrouve bel et bien en face d'une comédie à tendance horrifique on est bien loin de Christopher Smith ou Edgar Wright. Le film raconte donc l'histoire d'un voleur interprété par Stephen Dorff qui doit aller dérober une croix hors de prix dans une immense immeuble de luxe afin d'honorer une vieille dette envers un homme d'affaires pas très légal. Tout se passe plutôt bien jusqu'au moment ou le voleur se retrouve coincé avec ses complices et quelques personnes au mystérieux 13ème étage de l'immeuble dans lequel semble sévir un descendent bien teigneux de Ivan le terrible. Terreur au 13ème étage est un petit film sympathiquement déjanté mais qui ne parvient jamais à imposer son rythme ou son humour se contentant assez vite d'enfiler des gags faciles dans un décor unique et pas vraiment exploité. Car clairement le film tourne assez vite en rond dans les couloirs de ce fameux treizième étage en alignant des gags débiles à base de courses accélérée et un humour qui pour le coup reste désespérément au ras du sol à base de pets et de rat qui fait pipi. Si certains gags surnagent et permettent tout de même de sourire de bon cœur on reste dans l'ensemble dans un registre de comédie assez lourd. Le film offre un minimum de débordements gore assez réjouissant, mais on reste pourtant sur sa faim y compris dans le registre de l'horreur. On comprends surtout assez vite que le scénario n'est qu'un vague prétexte pour plonger une poignée de personnages aux prises avec un psychopathe et enchaîner ainsi les gags et les scènes d'horreur sans autres véritables justifications. Si dans l'ensemble le casting est plutôt bon, on retiendras surtout le personnage de Boris interprété par Geoff Bell qui vole carrément la vedette à la star Stephen Dorff dans son rôle très amusant d'agent de sécurité à la fois sûr de sa force et complètement trouillard et maladroit. Terreur au 13ème étage reste un film totalement anecdotique mais qui permet au moins de passer un bon petit moment.

     

    Les mains en l'air (2010) de Romain Goupil 05,5/10

    Les mains en l'air

     

    Cinéaste engagé et ex soixante-huitard Romain Goupil s'attaque pour son nouveau film au sujet sensible du sort des sans papiers dans notre jolie France. Un sujet brûlant pour un réalisateur tellement militant que cela ne pouvait pas vraiment laisser présager d'un film tout en nuances et en subtilité. Les mains en l'air n'est pourtant pas loin d'être une franche réussite même si il laisse finalement un sentiment en demi teinte. Le film raconte l'histoire d'une petite bande de gamins de CM2 symbole d'une diversité d'origines et de cultures unis à la fois par l'amitié et le sens de la débrouille. Après l'expulsion d'un de leur camarade sans papiers, les enfants décident de s'unir dans une fugue afin de protéger Milana, une jeune fille tchétchène elle même menacée de reconduites à la frontière. Le film de Romain Goupil fonctionne par intermittence car si tout ce qui touche directement les gamins et franchement réussi, en revanche le film retombe totalement dès l'instant que les adultes entre en scène. La force du film tient beaucoup sur cette formidable idée d'avoir replacée des décisions sociales et politiques dans une perspective plus primaire et basique de relation humaine, d'entraide et de solidarité dictée par l'innocence de l'enfance. Autant dire que les discours des adultes, l'image caricaturale des flics, les leçons de morales assénées face caméra ne font qu'alourdir la légèreté d'un message qui n'avait besoin de rien d'autre pour exister avec force que la présence de cette bande de gamins. Les mains en l'air est juste formidable à chaque fois que les gamins sont à l'écran tout d'abord parce que les jeunes acteurs et actrices bouffent l'écran de leur charisme naturel et qu'ensuite le film n'est jamais aussi léger, drôle et émouvant que quand il laisse la place au regard lucide de ses gosses sur le sort des sans papiers. La jeune Linda Doudaeva qui interprète Milana est juste bouleversante d'émotion contenue et Alice la benjamine du groupe interprétée par Louna Klanit est un personnage très drôle et surtout terriblement attachant. Si comme dans une grosse majorité de productions hexagonales le film ne brille pas par sa mise en images et sa recherche graphique en revanche Romain Goupil réussit quelques moments assez poétiques comme lorsque deux enfants amoureux l'un de l'autre regardent des gouttes de pluies couler sur une vitre et imaginent qu'elles symbolisent leur parcours en espérant les voir se rejoindre. Dommage donc que Romain Goupil se sentent obliger de nous infliger des séquences de dialogues entre adultes ne servant qu'à plomber le film dans un manichéisme de discours qui finirait presque par en desservir la cause. Si dans l'ensemble Valeria Bruni Tedeschi parvient à rivaliser avec le naturel des gosses, son personnage finira pourtant par sombrer sous le poids encombrant des traits bien trop caricaturaux que Romain Goupil lui colle sur le dos. Les mains en l'air reste au bout du compte un très joli film même si il lui manque la candeur et l'innocence de ses jeunes héros, des valeurs auxquelles Goupil préfère souvent le marteau piqueur d'une opinion assénée sans la moindre nuance. Il reste cette images des gamins sortant les mains en l'air comme si leur simple solidarité faisait d'eux des criminels, une image qui renvoie directement à une célèbre image de la seconde guerre mondiale et même si le rapprochement est totalement excessif et même polémique il prouve qu'en une seule image on peux faire passer plus de colère qu'avec de longs discours.

     

    Voilà une semaine se termine, une autre va bientôt recommencer. To be continued .....

     

     

     

     

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