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Saison 2011 Episode 07
Au sommaire cette semaine :
Notre jour viendra (2010) de Romain Gavras 06,5/10
Après Kim Chapiron c'est au tour de Romain Gavras lui aussi issus du collectif Kourtrajmé de passer à la réalisation de son premier long métrage. Pour son premier film le fils de Costa Gavras retrouve deux acteurs fidèles eux aussi au collectif à savoir Vincent Cassel et le moins médiatique Olivier Barthelemy. Tout comme Chapiron en son temps avec Sheitan, Romain Gavras choisit de faire ses débuts sur grand écran avec un film rentre dedans, libertaire et polémique. Notre jour viendra raconte la fuite en avant vers l'Irlande et la liberté de deux paumés qui ont pour point commun d'être roux et de ne plus supporter la médiocrité du monde qui les entoure. Se sentant apatrides, rejetés, victimes de manque de respect les deux hommes décident de renter dans le lard du conformisme et de la morale en se confrontant avec violence au monde. Notre jour viendra n'est sans doute pas un film parfait mais en dépit de quelques provocations gratuites le premier film de Romain Gavras s'impose comme une parabole assez maligne et juste de l'exclusion forgeant lentement des esprits prompt à la révolte et la violence. Les deux personnages du film représentent deux générations et si l'une s'est conformée au modèle de la société tout en nourrissant intérieurement des besoins de révolte l'autre désire bouffer la vie et faire totalement exploser les barrières symboliques de son exclusion. Patrick et Remy se sentent simplement invisibles aux yeux d'une société dans laquelle réussite et apparence sont devenus les clefs du respect et ils ont donc décider de taper du point sur la table afin de se faire remarquer. Entre humour cynique et violence larvée les deux hommes traversent les paysages froids et monotone du nord de la France recherchant assez systématiquement la confrontation avec celles et ceux qui croiseront leur route. La critique presse qui a toujours vite fait de faire des comparaisons hâtive et des rapprochements parle souvent à propos du film d'un mélange entre Les valseuses, Taxi driver et Orange mécanique, des références fatalement écrasante pour un film moins libertaire que celui de Bertrand Blier, moins sombre que celui de Sorcese et moins violent que celui de Kubrick. Notre jour viendra ne ressemble peut être finalement qu'à lui même et c'est déjà une bonne chose en soit. Le premier film prometteur de Romain Gavras bouscule le confort du spectateur et donne à réfléchir sur notre société à travers la cavale désespérée de deux paumés finalement plutôt attachants. La puissance du cadre, la qualité des interprètes, la singularité du sujet et de l'univers, les intermèdes poétiques suffisent amplement à faire de Notre jour viendra un film à voir et à apprécier.
Next door – Naboer (2005) de Pal Sletaune 07/10
Parfois on se demande à quoi bon se coltiner des tonnes de DTV et de DVD garnissant les bac à bonnes affaires des plus obscurs solderies. Que de temps perdus à poser son regard sur des films miteux et sans intérêts alors que dorment encore sur les étagères de ma DVDthèque des films infiniment plus respectables et pourtant pas encore regardés... C'est peut être tout simplement le plaisir de la découverte et de l'inédit, cette satisfaction de charrier parfois des tonnes de boue pour enfin trouver une petite pépite et avoir envie de la faire partager. La pépite du jour est donc un petit film Norvégien intitulé Naboer qui raconte l'histoire d'un jeune homme qui peu de temps après avoir été largué par sa gonzesse croisent la route de ses deux mystérieuse et allumeuses voisines. Entre fascination et crainte le jeune homme va tomber sous l'emprise incendiaires des deux jeunes femmes et lentement se perdre mentalement dans le labyrinthe de sensations de cette étrange relation de chair et de sang. Next door est à la fois un thriller psychologique, un film fantastique angoissant et un drame particulièrement rude, Pal Sletaune symbolisant à l'images les dérives mentales de son personnage en filmant avec brio un appartement ressemblant de plus en plus au fil du temps à un immense labyrinthe fait de pièces secrètes, d'une structure changeante et de long couloirs exigus aux couleurs maladives. Next door est un film qui doucement installe une ambiance anxiogène faites de mystère et d'érotisme trouble comme lors de cette glaçante séquence durant laquelle la plus jeune des deux voisine provoque sans retenue l'excitation de cet homme paumé jusqu'à l'obliger à un rapport sexuel particulièrement sauvage et monstrueusement violent. Tout le film de Pal Sletaune baigne ainsi dans une ambiance maladive et malsaine dans laquelle il devient de plus en plus difficile de faire la part du vrai et du faux , de la réalité et du fantasme et des pulsions sexuelles et morbides. Hormis une digression totalement inutile du héros à son bureau cassant l'aspect huis clos du film Next door est parfaitement maitrisé tant dans sa narration, sa construction que dans sa mise en scène glaciale. Les acteurs sont tous très convaincant de Kristoffer Joner en voisin timide et bien ordinaire en passant par la sulfureuse Cecilie Mosli devant laquelle il est impossible de rester de marbre et Michael Nyqvist surtout connu chez nous pour son rôle dans Millenium. Next door est donc une très bonne surprise qui donne du cœur à l'ouvrage pour se replonger dans l'exploration de la face la plus cachée du septième art et la jungle des DTV.
Les petits ruisseaux ( 2010) de Pascal Rabaté 06,5/10
Si l'on passe par dessus son esthétique lambda de téléfilm pour France 3 Pays de la Loire, le premier film de Pasal Rabatè adapté de sa propre BD s'avère une jolie surprise et un touchant petit moment de cinéma. Loin du culte de l'apparence physique, du jeunisme ambiant, du bruit et de la vitesse, Pascal Rabatè nous propose de suivre les aventures bien ordinaires d'un septuagénaire redécouvrant à la mort de son meilleur ami les petits plaisirs de la vie et plus particulièrement ceux de l'amour et du sexe. Les petits ruisseaux ose d'une certaine manière montrer à l'écran les désirs et pulsions sexuels de ceux que la société et souvent le cinéma préfère cacher à savoir les vieux. C'est Daniel Prevost, pour une fois étonnement sobre, qui interprète Emile un homme dont la vie se résume à des petits plaisirs simples et des rituels réconfortant. Après la mort de son meilleur ami interprété par Philippe Nahon qui venait juste de lui révéler sa vie sexuelle, Emile reprend ce qui lui reste de vie en main et se lance dans une dernière quête de liberté et de désirs surtout que le sexe commence à devenir une véritable obsession qui lui fait déshabiller du regard toutes les femmes qu'il croise. Le film de Pascal Rabatè est une comédie débordante de tendresse, toujours pudique et chaleureuse, qui évite avec tact de sombrer dans l'exposition scabreuse des corps et des amours de ses seniors tout en distillant un érotisme constant. On s'amuse beaucoup de la formidable galerie de petites gens qui peuplent le quotidien d'Emile, des personnages que Rabaté croque avec justesse et une réelle empathie à travers des dialogues savoureux semblant parfois sortir des brèves de comptoir de Jean Marie Gourio. Les acteurs et actrices du film sont tous formidablement juste et l'on sourit souvent avec beaucoup de tendresse de leurs comportements et des situations cocasse et parfois surréaliste que Pascal Rabatè nous donne à voir. On est également touché et même parfois ému par ses septuagénaires se comportant avec la même innocence maladroite que de très jeunes amoureux jusque dans le rapprochement hésitant et embarrassé de leurs corps. Les petits ruisseaux est au bout du compte un manifeste à la beauté, pas celle totalement surfaites de corps modelés comme des produits manufacturés, pas celle d'un romantisme à l'eau de rose mais simplement celle des corps dans leur expression la plus naturel et la plus pur, celle des cœurs et des sentiments et donc de la vie.
Lady Blood (2009) de Jean-Marc Vincent 02/10
C'est en travaillant sur les bonus du DVD de Baby Blood que l'actrice Emmanuelle Escourrou a eu l'idée de coucher sur le papier les premières idées d'une possible suite à ce qui reste le premier film français authentiquement gore sorti au cinéma en 1990. Et voilà donc que presque vingt ans après débarque sur les écrans pour une sortie purement technique la suite du film emblématique d'Alain Roback. C'est Jean-Marc Vincent qui concrétise le projet en passant à la mise en scène de son premier long métrage pour donner une suite fatalement très attendu au tournant par les fans de Baby blood dont je fais parti. Inutile de faire durer le suspens déjà bien éventé par la note du film car Lady Blood est juste monstrueusement mauvais y compris dans le cadre du petit film totalement fauché. Lady Blood utilise donc le personnage de Yanka (Emmanuelle Escourrou) devenue flic pour vaguement relier cette histoire avec le premier film et nous offre une intrigue à tiroirs vides avec un maffieux du dimanche, un serial killer cannibale et l'entité mystérieuse qui tente à nouveau de venir engrosser Yanka. Impossible toutefois de savoir vraiment ce que raconte Lady Blood qui ne cesse de se perdre en digressions pour masquer le vide total de son intrigue principale. On s'ennuie donc fermement devant cette pseudo intrigue policière dans laquelle patauge des flics caricaturant les gros traits des personnages de films d'Olivier Marchal puisqu'ils boivent du whisky en blouson de cuir tout en racontant leurs états d'âme. Au niveau des comédiens à part Philippe Nahon et dans une moindre mesure Emmanuelle Escourrou on frise l'erreur de casting pour à peu de choses prêt tout les personnages du film. Serge Riaboukine confirme que le mot sobriété est totalement inconnu de son vocabulaire, Shirley Bousquet joue les potiches avec trois pavres lignes de dialogues et Matthias Van Khache est malgré ses efforts bien peu crédible dans son rôle de flic. On pourra toujours s'amuser des apparitions de Bruno Solo et Xavier Gens mais aucune ne marquera vraiment les esprit comme pouvait le faire Alain Chabat dans Baby Blood. Ce qui n'arrange rien c'est que le film de Jean-Marc Vincent est particulièrement mal foutu entre une image vidéo dégueulasse et une mise en scène tellement à la ramasse que l'on a souvent le sentiment qu'il manque des plans voir des séquences entière dans le film; on est même plus dans l'art de l'ellipse mais dans un film objectivement plein de trous. On trouve par exemple une séquence de poursuite à pied absolument ridicule et mal branlé qui passe d'une rue à un couloir, puis à l'intérieur d'un appartement avant qu'un personnage ne saute par une fenêtre pour courir à nouveau dans la rue et le tout quasiment sans le moindre lien. On pardonnerait presque tout si le film assurait au niveau du gore mais on est encore une fois bien loin des débordements du premier film et la triste sous intrigue avec le maffieux ne semble avoir de raison d'être que l'introduction de quelques scènes de tortures très à la mode. Si quelques maquillages sont assez réussis et sauvent in extremis les meubles dans l'ensemble on reste sur sa fin y compris sur le domaine de l'horreur graphique. Lady Blood se voulait selon son réalisateur un film plus sérieux que Baby blood baignant dans une ambiance à la Seven, pourtant le résultat est juste une purge bien moins respectable que le film d'Alain Roback qui lui n'avait d'autres prétention que d'être un film gore foutraque, crasseux et rigolo.
Voilà une semaine se termine, une autre va bientôt recommencer. To be continued...
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