• Saison 2011 Episode 14

     

    Au sommaire cette semaine:

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       Le nom des gens (2010) de Michel Leclerc 06,5/10

    nom des gens

     

    Le nom des gens est rien de moins qu'une comédie romantique, sociale et politique avec Sara Forestier. Oui, je sais de prime abord ça fout la trouille et pourtant le film de Michel Leclerc est une vraie belle petite surprise à la fois drôle et intelligente. Le nom des gens raconte l'histoire de Bahia Benmamhoud, une jeune fille extravertie aux idées politiques de gauche très manichéennes qui a décidée de combattre les idées de droite en couchant avec ses représentants afin de tenter de les convertir. Une sorte de militante par le sexe pour qui les ébats sont plus productifs que les débats. Un jour elle jette son grappin sur un homme qu'elle pense être l'archétype du mec de droite alors qu'il est en fait un fan de Lionel Jospin, comme quoi les apparences peuvent être trompeuses. Entre Bahia et ce quadragénaire tranquille et très posé répondant au nom d'Arthur Martin va naître une idylle aussi explosive que celle du feu et de la glace. Objectivement Le nom des gens est un film qui brille bien plus par la qualité de son écriture que par sa mise en scène manquant trop souvent de folie et d'audace. Pourtant inutile de faire la fine bouche car le second film de Michel Leclerc touche juste et couvre à travers le prisme de la comédie romantique un très large éventail de questions sociales et politiques souvent avec légèreté, humour et pertinence. Le clivage caricaturale entre gauche et droite, la culture multiple et le replis communautaire, le poids du passé et la victimisation, les problèmes identitaires, la hargne caricaturale du militantisme..... Le nom des gens se permet d'aborder de nombreux sujet qui sont le reflet de notre société en gardant toujours un regard décalé sur les choses évitant ainsi le piège du didactisme et de la leçon de morale. Les comédiens sont dans l'ensemble tous très bon avec un Jacques Gamblin trop sage et une Sara Forestier totalement exubérante et énergique, la jeune comédienne est un poil en roue libre durant tout le film mais finalement sa performance colle exactement à son personnage imprévisible, excessif, parfois tête à claques et finalement très attachant. Les bonnes comédies romantiques sont souvent celle qui donnent envie d'être amoureux, Le nom des gens est vraiment réussi puisque le film m'aurait presque donner envie de devenir facho pour que Sara Forestier vienne me convertir durant des jours entiers sous la couette. Il faut aussi noter la très jolie présence dans un second rôle de Zinedine Soualem particulièrement touchant en père algérien totalement dévoué aux autres et réfractaire à la simple idée de penser à lui même. Si tout n'est pas parfait , la scène de nudité dans le métro est un poil artificielle, Le nom des gens permet de passer un très bon moment. Le film est bourrè de situations et de dialogues très drôle, le regard sur notre société est incisif et amusant et le film offre en plus quelques jolis moments d'émotion. Le nom des gens permet également d'aborder une richesse thématique assez rare dans le cinéma français qui se contente trop souvent de tracer un film sur une seule idée directrice. Hymne à l'amour de soit et des autres Le nom des gens est une belle surprise et une comédie tout à fait fréquentable.

     

    Sucker punch (2011) de Zack Snyder 03/10

    sucker punch

     

    D'habitude je ne colle jamais une critique ciné dans cette rubrique, préférant souvent étoffer pour le films vus en salles mon argumentaire dans des critiques un petit peu plus longue. L'ami Geouf ayant déjà largement et fort justement démonté le nouveau film de Zack Snyder en explorant la plupart des nombreux défauts du film je me contenterais juste d'en remettre gentiment une légère couche pas totalement inutile vu le nombre d' avis béat d'admiration de certains spectateurs sur les différents site de cinéma. Sucker punch raconte grosso modo l'histoire d'une pauvre jeune fille internée de force dans un asile psychiatrique et qui va tenter de s'échapper en s'évadant au sens propre comme au figuré dans son imaginaire. Sucker punch c'est un petit peu Le labyrinthe de Pan en version beauf, car si Guillermo Del Toro inscrivait l'imaginaire de Ofélia dans son amour pour les contes et brouillait finalement la frontière entre imaginaire et réalité pour interroger le spectateur sur sa propre capacité à rêver, Zack Snyder se contente lui d'exploiter un argument facile pour aligner sans autre justification ses scènes d'action. Rien ne permet de comprendre pourquoi Babydoll s'imagine dans des univers de manga, de guerre ou de science fiction, en même temps il faut préciser que la caractérisation des personnages est loin d'être le soucis premier de Zack Snyder qui ne traitera jamais ses cinq actrices autrement que comme des potiches, très belles certes mais très vides. On ne saura finalement rien du personnage de Babydoll qui s'avère aussi fonctionnel que tout le reste et qui ne suscitera jamais envers les spectateurs la moindre petite empathie. Même lorsque le final nous révèlera partiellement ce que la jeune femme subit lorsqu'elle s'évade ne suscitera pas la moindre compassion. Pourtant dès le pré-générique Zack Snyder met le paquet en voulant jouer la carte de l'émotion, mais on reste dubitatif devant la lourdeur de la mise en image qui nous balance mine de rien au ralenti, presque en noir et blanc et sur du rock bien lourd les images d'une jeune fille qui perd sa mère, tue sa jeune sœur par accident, manque de se faire violer par son beau père avant de se faire arrêter par les flics le tout sous la pluie; à ce niveau de pesanteur même le mot pachydermique semble un peu trop léger. Ensuite le film va enchainer de manière totalement mécanique et désincarné des scènes d'actions comme autant de clips et de niveau d'un bien triste jeu vidéo. On voit babydoll qui fait la moue, qui ondule des épaules, ferme les yeux et Zack Snyder nous balance des séquences d'actions qui ne parviennent même pas à sauver le film de l'ennuie. Car peu importe les univers qu'il aborde, allant du film de sabre à l'héroïc fantasy en passant par le film de guerre et la science fiction Zack Snyder filme tout et toujours de la même façon. Autant dire qu'on se lasse très vite des pauses des cinq bimbos flingues en main, des ralentis systématiques, des galipettes en vol, du montage trop cut et des bullet time à profusion. Car finalement seul le décor et les ennemis changent un peu mais l'action reste toujours sur un seul et unique registre. Souhaitant sans doute faire de plus en plus spectaculaire au fil des séquences, Zack Snyder parvient surtout à faire de plus en plus bordélique et la scène dans le train avec les robots est juste une immonde bouillie numérique illisible, bruyante et totalement frénétique. On remercie juste à cet instant les producteurs de ne pas avoir booster artificiellement le film en relief sinon le sac à vomi deviendrait absolument obligatoire. Le film se termine alors en mode Brazil ce que objectivement on comprends dés le début et Zack Snyder se croit obliger de justifier l'ensemble en nous balançant en voix off un grand message philosophique à deux balles sur notre capacité à briser nos liens et nous évader. A cet instant on hésite encore entre verser une larme et éclater de rire, une chose est certaine c'est que la bombe visuelle tant annoncée n'est qu'un pétard mouillé qui fait beaucoup de bruit mais aucune étincelle.

     

    Ce n'est qu'un début (2010) de Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barrougier 06/10

    ce n'est qu'un début

     

    Ce n'est qu'un début est un film documentaire qui suit une expérience pédagogique mise en place dans une maternelle d'une ZEP (Zone d'éducation prioritaire) de Seine et Marne. Dans ce projet on propose ni plus ni moins qu'à des enfants de trois à quatre ans de faire de la philosophie, pas une analyse en règle de Freud mais simplement de prendre le temps de réfléchir, parler, écouter sur des sujets comme l'amour, la mort, la liberté, la pauvreté, c'est quoi un chef ou un ami... Par sa forme Ce n'est qu'un début est certainement bien plus proche d'un format de télévision que d'un film taillé pour le grand écran, Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barrougier ont choisit de suivre cet atelier singulier de la manière la plus neutre possible se contentant le plus souvent de filmer ces drôles de moments au fil du temps qui passe et du rythme de la vie qui s'écoule. Les deux réalisateurs confrontent toutefois cette bulle dans laquelle des gamins prennent le temps de réfléchir et s'exprimer à un flot discontinu de mots et d'informations déversé régulièrement par les médias. Ce n'est qu'un début est un film à le fois touchant et drôle car les paroles des enfants donnent à la philosophie des tournures souvent très poétiques et pleine du bon sens dont savent faire preuve les plus innocents. On s'amuse beaucoup des mots d'enfants comme cette petite fille qui définit l'intelligence en citant sa mère qui ne met jamais le Nutella au frigo ou ce petit garçon qui pense que plus tard il sera chef et qu'il aura une Twingo, de leurs petites hésitations, de leurs fautes de langage comme « Quand mon père ne travaille pas, il est en congelé », de leurs expressions et de leur capacité à exprimer avec leurs mots des idées souvent pleine d'à propos. Mais au delà du simple plaisir des mots d'enfants Ce n'est qu'un début montre le lien qui se tisse entre l'école et la vie de tous les jours, les parents reprenant et poursuivant souvent les thèmes abordés chez eux avec un socle pour pouvoir évoquer des sujets parfois difficile. On es également parfois très ému par un silence, un mot qui semble difficile ou impossible à sortir, par la force de ce que disent les enfants sur la mort ou la différence comme cette petite fille pleine de bon sens citoyen qui dit « On es tous pareils comme on es tous différents ». Ce n'est qu'un début est certes un peu mécanique dans son cheminement et pas vraiment palpitant au niveau de l'action mais la générosité, la poésie, l'innocence, la pertinence, la drôlerie, la sensibilité et la force des mots de ses gosses permet de passer un très bon petit moment.

     

    Crazy night – Date night (2010) de Shawn Levy 05/10

    crazy night

     

    Après les deux épisodes de La nuit au musée, Shawn Levy abandonne la comédie familiale à effets spéciaux pour une comédie sur fond de thriller et de romance. Crazy night ne propose finalement rien de bien nouveau en plongeant le temps d'une nuit sur un quiproquo un couple bien ordinaire dans une histoire de chantage impliquant maffieux, politiciens et flics corrompus pour une folle course poursuite. Si Crazy night est une petite comédie sympathique elle ne décolle toutefois jamais vraiment et se regarde entre amusement et ennuie. Le film manque singulièrement de rythme, les scènes ressemblent parfois à un collage de sketchs très inégaux, l'intrigue policière est totalement artificielle et les bons gags sont finalement plutôt rare. Le duo formé par Steve Carell et Tina Fey fonctionne plutôt bien même si l'actrice en fait souvent des tonnes pour se mettre au niveau d'un Steve Carell qui lui parvient paradoxalement à être drôle en restant impassible. Les seconds rôles n'ont jamais beaucoup de place pour exister et semblent encore une fois venir faire leur sketch au cœur du récit comme James Franco et la délicieuse Mina Kunis. Au bout du compte cette version romanticomique de After hours manque franchement de folie et donne bien peu souvent d'occasion de se marrer. On retiendra surtout une scène de poursuite en bagnole assez originale et bien torché et la scène du club de striptease assez amusante quoique bien trop longue à mon goût. Si cette folle nuit restera gravée dans la mémoire des personnages du film elle sera bien plus vite oubliée par les spectateurs.

     

    Voilà une semaine se termine, une autre va bientôt recommencer. To be continued ...

     

     

    « Saison 2011 Episode 13J'ai tout compris Sucker Punch !! »

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  • Commentaires

    1
    Vendredi 8 Avril 2011 à 10:29

    Ah ben tu vois qu'il etait utile que tu ecrives une critique de Sucker Punch ! Tu as reussi a trouver des axes que je n'avais pas developpe (je n'avais pas pense au Labyrinthe de Pan, mais le rapprochement est tres judicieux, et enfonce encore plus le film de Snyder).

    Concernant Crazy Night (et un titre francais pourri de plus !), je serais moins severe que toi. Je suis alle voir le film au cine l'an dernier sans en attendre grand-chose (meme si j'avais beaucoup aime le premier Nuit au Musee), et finalement j'ai passe un tres bon moment. Tina Fey et Steve Carrell forme un duo excellent, et j'ai ete surpris parce que je m'attendais a ce que Carrell joue sur le registre du benet gentil, alors que pas du tout. Et puis surtout, le film m'a fait rire aux eclats plus d'une fois, ce qui pour moi est un gros gage de qualite. C'est vrai qu'il n'est pas forcement tres memorable, mais rien que pour l'hilarante scene avec le taxi, il vaut le detour !

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