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Saison 2013 Episode 04
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A l'affiche cette semaine :
Une adaptation décevante, des potes qui se touchent, un fait divers sordide et de l'horreur fadasse sauce Tex-mex .
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_______ Le magasin des suicides de Patrice Leconte – 2012 _______________________________________
Si Le magasin des suicides est le premier film d'animation de Patrice Leconte c'est aussi un retour aux sources pour le réalisateur qui débuta comme dessinateur de BD notamment dans Pilote. Le film est une adaptation du roman éponyme de Jean Teulé et raconte le quotidien d'une petite famille spécialisée dans la vente d'articles destinés à mettre fin à ses jours proprement.
Difficile à priori d'adapter la poésie lunaire, l'humour noir et la fantaisie macabre des mots de Jean Teulé et c'est sans grande surprise que Patrice Leconte se casse les dents sur le projet. Si on peut encore passer sur la partie pris graphique du film et sa 3D agréable et forme de livre pop up en revanche les libertés d'adaptation et les choix artistiques du film laissent souvent songeur. Le choix par exemple de glisser dans le récit de nombreuses petites chansons transformant le film en comédie musicale me laisse perplexe d'autant plus que les chansons sont assez faiblardes dans leurs textes comme dans leurs orchestrations. On pourra aussi regretter la durée bien trop courte du film qui sacrifie de ce fait une vraie mise en place des personnages et de l'univers si particulier du roman, laissant même de coté des sous intrigues pourtant très forte comme les pulsions suicidaires de la fille de la famille Tuvache avec son amoureux romantique. Si la fin du livre de Jean Teulé était assez optimiste, Leconte choisit carrément le bon gros happy-end colorée et moralisateur dénaturant carrément la tonalité globale du bouquin de Jean Teulé.
Le magasin des suicides est donc une grosse déception tant on ne retrouve que trop partiellement la poésie morbide et l'humour délicieusement noir de son auteur.
________________________________________________________________________________ Ma note 04,5/10 _________
_____ Do not disturb de Yvan Attal – 2012 ____________________________________________________________
Pour son troisième film en tant que réalisateur Yvan Attal s'attaque au remake d'un petit film américain indépendant primé à Sundance et intitulé Humpday. Do not disturb raconte l'histoire de deux vieux amis qui décident un soir bien arrosé de réaliser un court métrage pour un festival de porno amateur tendance art et essais, dans ce futur film ils proposeraient l'expérience inédite de voir deux amis hétérosexuels couchés ensemble.
Yvan Attal nous offre donc avec Do not disturb une petite comédie de mœurs au sujet sulfureux explorant le versant érotique refoulé des amitiés viriles. Malheureusement Yvan Attal ne parvient que trop rarement à rendre ses personnages attachants et laisse les spectateurs sur le bord du chemin ne parvenant que trop rarement à les impliquer dans cette histoire. Un peu trop branchouille et arty dans sa mise en scène, bourré de longues scènes de dialogues sans relief, truffé de scènes gratuites pour faire stylé comme lorsque JoeyStarr chante Paroles Paroles de Dalida en prison et gentiment provocateur sans aller au bout de ses idées les plus tordus, Do not disturb déçoit et finit même par ennuyer. Il faudra attendre les vingt dernières minutes du film et la confrontation direct des deux amis à l'audace de leur projet dans une chambre d'hôtel pour que le film trouve enfin son tempo et sa raison d'être.
En dépit de son joli casting dans lequel on retrouve Yvan Attal, le toujours excellent François Cluzet, Asia Argento, Leaticia Casta et Charlotte Gainsbourg, Do not disturb manque d'atouts, de sincérité et de piquant pour vraiment s'imposer.
______________________________________________________________________________________ Ma note 05/10 _____
_______ Compliance de Craig Zobel – 2012 ___________________________________________________________
Tiré d'un fait divers réel, Compliance décortique les mécanisme de la soumission et de l'obéissance à travers l'histoire d'une jeune femme accusée de vol qui se retrouve contrainte par l'intermédiaire de sa patronne en ligne avec un policier à des interrogatoires, fouilles et humiliations.
Particulièrement tendu, réaliste, tordu et efficace dans sa première partie le film de Craig Zobel perd un peu en intensité lorsque la crédibilité des personnages commencent à se fissurer. Le réalisateur a pourtant l'excellente idée de multiplier les gardiens occasionnels de cette jeune femme afin de multiplier les points de vus, mais lorsque l'aveuglement un peu stupide aux ordres de plus en plus délirant du flic commence à arriver on perd d'un coup la crédibilité envers des personnages trop aveuglément crédules et obéissants pour être tout à fait sincère. Difficile effectivement de croire qu'une personne (même fragile et alcoolisée) puisse accepter sans sourciller de donner une fessée à une jeune femme sur ordre d'un policier juste parce que cette dernière n'a pas été assez respectueuse. Dommage, car si cette escalade dans la soumission et les humiliations sert l'intensité dramatique du film elle en dilue également grandement l'impact et la crédibilité même pour un film estampillé « tiré de faits réels ».
Compliance reste toutefois un film fort et parfois perturbant grâce notamment à son très bon casting avec Anne Dowd en gérante dépassée par les événements et la jeune Dreama Walker en jeune femme accablée par le poids des accusations qui lui tombe dessus. Fable cruelle sur la docilité à l'ordre et la peur du pouvoir, Compliance est un récit clinique et froid d'un faits divers incroyable et pourtant réel.
_______________________________________________________________________________ Ma note 06,5/10 ________
_____ Les contes de Barrio (Barrio tales) de Jarret Tarnol – 2012 __________________________________
Petit film horrifique à sketches tendance tex-mex, Les contes de Barrio propose trois petites histoires qu'un brave chicanos buriné se propose de conter à deux jeunes touristes américains pendant que ces derniers attendent leur dealer.
Film américain réalisé par Jarret Tarnol et écrite par son frère Brent, Les contes de Barrio n'explore pas vraiment le folklore mexicain et aligne même joyeusement les clichés en proposant des personnages qui sont soit des femmes de ménage, des vieilles sorcières, des vendeurs de tacos, des dealers et des clandestins passant irrégulièrement la frontière. Platement réalisé comme un banal téléfilm, bien avare en frisson comme en spectacle horrifique le film de Jarret Tarnol se contente de singer maladroitement Robert Rodriguez et l'esthétique Grindhouse pour se donner un semblant d'identité. On s'ennuie donc sensiblement devant ses trois histoires de vengeance magique, de vendeur de tacos utilisant de la chair humaine et de sudistes nationalistes et racistes récupérant les immigrés clandestins pour les éliminer. Le manque de personnalité du film, la violence bien trop light de l'ensemble, les acteurs limites, les situations déjà vu finissent de faire de ce Barrio Tales un film des plus dispensable.
On pourra toujours trouver un peu de plaisir dans les dialogues idiots du film comme le magnifique « Je pourrais te torturer comme un porc pour que tu ne puisse plus jamais marcher ni parler correctement, tu t'imagines comme ça boiteux et aveugle » mais l'infime part de plaisir coupable ne mérite même pas de s'infliger l'ennui de l'ensemble.
____________________________________________________________________________________ Ma note 02/10 _______
Voilà une semaine se termine une autre recommence déjà, to be continued !
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