-
Saison 2013 Episode 13
___________________________________________________________
Au sommaire cette semaine, un clown lubrique, des anglais en vacances, une carte postale franchouillarde et du catch tout pourri.
__________________________________________________________________
_____ Monster brawl de Jesse T. Cook – 2012 _________________________________________________________
Dans la tête un peu malade de tous geeks qui se respecte traîne parfois des questions existentielles comme savoir qui est vraiment le plus fort entre Jason et Freddy, Batman et Captain america ou entre Frankenstein et Dracula ?? C'est un peu sur cette idée farfelue mais hautement sympathique que Jesse T. Cook a imaginé un super tournoi de catch réunissant dans un cimetière abandonné huit monstres mythiques du bestiaire horrifique populaire.
Monster brawl est donc un petit film canadien qui nous propose de savoir enfin qui est le plus fort entre le cyclope, la sorcière, la momie, la créature de Frankenstein, le zombie, la créature du marais, le loup-garou et lady Dracula. Avec un tel concept, difficile d'imaginer un film un minimum sérieux, mais la question reste de savoir si c'est une excuse suffisante pour proposer au bout du compte un film aussi con ?
Dès la présentation des différents personnages grimés comme une bande de potes partis en vrille pour une soirée d'Halloween on sent tout de suite que l'on va passer un moment qui pourrait vite se transformer en calvaire et en perte de temps pur et simple. Monster Brawl est donc une (très) longue succession de combats dans une mécanique horriblement répétitive avec pour commencer une petite présentation des deux combattants, puis leurs interviews avant le combat, la présentation de leurs forces et faiblesses comme dans un menu de jeu vidéo suivit par un fight de catch un peu pourri dans lequel les attributs particuliers des différents monstres ne sont finalement jamais vraiment mis en valeurs. A moins d'être un fan fétichiste des catcheurs engoncés dans des costumes ridicules, difficile de trouver la moindre raison de se réjouir de ce triste et rébarbatif spectacle qui traîne la patte un concept de court métrage sur 90 minutes.
La plupart des tentatives humoristiques tombent totalement à plat, le coté référentiel est souvent à coté de la plaque et le film se paye le luxe de ne même pas avoir de fin proprement dites comme un aveu du réalisateur que cette connerie qui pourrait encore continuer pendant trois heures avait finalement déjà bien assez duré.
_________________________________________________________________________________ Ma note 02/10 ________
______ Touristes (Sightseers) de Ben Whatley – 2012 ________________________________________________
Touristes est le troisième long métrage de Ben Wheatley mais simplement le second à sortir en France après le fascinant mais assez abscons Kill List. Cette fois ci le réalisateur britannique nous propose une œuvre plus rectiligne et donc abordable en suivant sur un ton de comédie noire et amère la ballade sanglante en camping car d'un jeune couple s'improvisant serial killer.
Touristes est certes plus abordable mais tout aussi singulier que Kill list, Ben Wheatley démontrant une nouvelle fois qu'il est un réalisateur à suivre tout particulièrement. Dans Sightseers on suit donc Tina et Chris un couple de jeunes tourtereaux dont le rêve idyllique de voyage romantique va se retrouver confronter aux réalités bien plus mesquines du monde.
Ben Wheatley entre mise en scène brut type strip-tease (l'émission belge culte) et envolée plus lyrique (un sens remarquable du cadrage) colle aux basques de ses deux antihéros nous plongeant au cœur de leur angoissante vision du bonheur. Car la férocité de Touristes tient sans doute dans cette haine ordinaire de tous ceux qui nous pourrissent notre petite part de bonheur et que nos deux touristes dans des excès de jalousie, de mesquinerie, de folie et de rage vont décider de tout bonnement supprimer dans l'espoir illusoire de se retrouver au paradis. Touriste trop négligeant sur la propreté des sites qu'il visite, couple trop heureux et trop propre dans leur trop grand camping-car, adolescents trop bruyants, jeune fille trop charmante provocant la jalousie, nouvel ami trop accaparant, écologiste trop procédurier... Les différents personnages qui vont croiser la route de Chris et Tina ne devront surtout pas remettre en perspective la réalité de leur petit voyage de couple banal qu'ils vivent pourtant comme une grande odyssée romantique sous peine de se voir radicalement exclus du paysage.
Les deux acteurs principaux qui forment le couple criminel sont absolument parfait, Steve Oram et Alice Low qui sont également scénaristes du film se sont en effet offert des rôles taillés sur mesure. A la fois féroce et tendre, burlesque et réaliste Touristes nous offre un voyage touristique au cœur de la bêtise, de la jalousie, de l'aigreur et de la médiocrité tout en réussissant à ne jamais rendre ses personnages totalement antipathiques. Ce road movie carburant à l'humour noir et dopé par une bande son alignant meilleurs hits de la pop anglaise laisse sur sa route un sentiment à la fois euphorisant et angoissant d'une monstruosité bien ordinaire, Ben Weathley réussit incontestablement avec Sightseers une petite merveille d'humour décalé.
_____________________________________________________________________________ Ma note 07,5/10 ____________
_______Stitches de Conor McMahon – 2012 _____________________________________________________________
Cette petite production irlandaise ressuscite la figure emblématique du clown tueur avec l'histoire de Stitches un clown lubrique, crasseux, fornicateur et pas vraiment drôle qui va revenir d'entre les morts pour punir les gamins responsable de sa mort accidentelle des années auparavant.
Stitches est plutôt une bonne surprise sur le registre de la comédie gore, fun et décalée dans un esprit de série B joyeusement revendiqué. Sans tomber dans un registre parodique ou complaisamment référentiel le film de Conor McMahon assume son statut de petit slasher remplissant scrupuleusement son sanglant cahier des charges avec tueur bien sadique, vengeance post-mortem, adolescents crétins, gentille romance en toile de fond et grosse fête d'anniversaire comme terrain de jeu. Stitches est objectivement bourré de défauts avec des acteurs souvent limites, une structure totalement balisée, une grosse baisse de régime de 45 minutes au milieu du film, des gags qui tombent parfois à plat,des idées souvent mal exploitées comme cette secte de clowns, une mise en scène sans grande personnalité, des gros raccourcis dans son scénario et un bêtisier en guise de générique de fin qui est une idée que je déteste de plus en plus dans les films d'horreur même si ici il passe plutôt bien avec le coté farce clownesque de l'ensemble.
Mais en dépit de tout cela le film de Conor McMahon garde un coté bis et amusant qui force constamment la sympathie en grande partie grâce à son tueur qui pratique les pires horreurs avec détachement, cynisme et une bonne dose d'humour noir transformant ses mises à mort en de grotesque numéro de clown. Boite crânienne ouverte à l'ouvre boîte, intestins utilisés pour faire une figure en ballon, parapluie à confettis enfoncé dans l'œil d'une victime, tête gonflé jusqu'à l'explosion comme une ballon de baudruche, nez rouge utilisé comme un chien renifleur... les réjouissances bien gores sont nombreuses et toujours servies avec humour. Stitches interprété par Ross Noble n'est sans doute qu'une version bouffonne de Freddy Kruger mais la générosité et l'abattage du comédien parvienne à faire exister le personnage au delà de la simple référence.
Stitches est donc une bonne grosse série B; c'est drôle, c'est gore, c'est maladroit, c'est ni emmerdant ni prétentieux, c'est du divertissement bas du front pour adultes consentants, ça ne changera pas l'histoire du cinéma mais ça permet de s'offrir 86 minutes bien agréables.
________________________________________________________________________________ Ma note 05,5/10 _________
______ Vive la France de Michael Youn – 2013 _________________________________________________________
Sans être vraiment client de Michael Youn et de son humour, je dois avouer que son précédent film de pur déconne Fatal m'avait plutôt bien amusé en tout cas suffisamment pour me laisser tenter par cette seconde réalisation intitulé Vive la France.
Le film raconte l'histoire de deux frères bergers d'un pays totalement inconnu et imaginaire appelé le Taboulistan qui vont partir en mission terroriste pour faire sauter la tour Eiffel afin de donner enfin un peu de publicité à leur pays. Détournés sur la Corse suite à une grève des contrôleurs aériens les deux apprentis terroristes vont devoir traverser toute la France avant de gagner la capitale.
Tout en niant une inspiration trop prononcée vis à vis de Borat, Michal Youn nous propose tout de même un film qui rappelle pour beaucoup le travail de Sacha Baron Coen, le comédien et réalisateur du film allant jusqu'à faire plusieurs fois la promotion de son film sous les traits de son personnage de berger taboulistan comme son modèle américain. On pourra aussi rapprocher par ses thématiques ce Vive la France du film britannique We are four lions pour ses apprentis terroristes et de Bienvenu chez les chtis pour son avalanche de clichés régionalistes montrant que Michael Youn possède sans doute bien plus le sens de la formule que celui de l'originalité. En plus de son manque de nouveauté Vive la France souffre d'être bien moins féroce, dérangeant, drôle ou attachant que les films dont il tire pourtant son inspiration pour finalement laisser la sensation d'une comédie assez pataude qui enfile les clichés comme des perles. Car niveaux clichetons régionalistes enchaînés comme autant de sketchs on croisera au détour de cette visite en France, des corses terroristes, des habitants du sud ouest qui mangent du cassoulet et jouent au rugby, des marseillais qui boivent du pastis en étant des supporter anti-parisiens bas du front, des chasseurs totalement abrutis et analphabètes, des employés d'administration procéduriers et fainéants, des chauffeurs de taxi parisien incorrects ou des policiers aux mœurs douteuses et tout ceci sans vraiment poser un regard critique, acerbe ou même simplement distancié sur les choses.
Quand à Michael Youn et son compère José Garcia ils incarnent sous leurs moustaches imposantes et leur tignasses frisées des personnages très classiques de quidams plongés dans un monde nouveau aux traditions et habitudes exotiques. Muzafar et Feruz ne sont que les héritiers d'une longue tradition de personnages allant de Borat à Jacquouille en passant par Austin Powers et beaucoup d'autres, et en voyant le personnage interprété par Michael Youn mangé des croquettes pour chiens ou des escargots avec la coquille on comprends que le réalisateur et acteur ne s'est pas trop foulé le cortex pour renouveler la palette de gags inhérentes à ce genre d'histoire. C'est en revanche sur le registre assez inattendu de l'émotion que Michael Youn parvient à surprendre en montrant quelques jolis moments et élans de fraternité entre les deux frangins. Sans grande personnalité et finalement assez avare en franche rigolade,Vive la France reste une comédie des plus dispensable.
___________________________________________________________________________________ Ma note 04/10 ________
Voilà une semaine se termine, une autre a déjà recommencer. To be continued ....
-
Commentaires