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Saison 2014 Episode 07
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Au sommaire cette semaine :
Un drôle de conte de noël, de la SF maligne, une fin du monde un peu chiante et un found footage pourri.
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______ Very bad santa (Santa's Slay) de David Steiman – 2005 _______________________________________
Premier film de David Steiman qui a fait ses armes comme assistant réalisateur de Brett Ratner sur Dragon rouge et Rush hour 2 ( Pas la meilleur école de cinéma donc!), Very bad santa est un curieux petit film d'horreur plutôt soft qui mélange comédie un peu niaise, conte de noël et slasher.
Le film raconte l'histoire d'un père noël qui est en fait un ange déchu et qui après avoir purgé 100 ans de malédiction à distribuer des cadeaux va enfin pouvoir refaire du 25 décembre le jour du massacre à moins qu'un ange ne vienne une nouvelle fois l'en empêcher.
En y regardant vite fait Very bad santa ressemble à un téléfilm pour les fêtes de noël avec ses personnages bien calibrés comme le gentil grand père, les deux jeunes adolescents amoureux, son humour très bon enfant et sa petite ville américaine s'apprêtant à célébrer noël … Et c'est à l'intérieur de ce contexte que David Steiman introduit son tueur psychopathe rigolard à la Freddy Krueger pour un choc des genres dans un premier temps assez amusant avant de devenir lassant sur la durée. Le contraste entre l'horreur et le gentil conte de noël humoristique n'est pas assez franc pour que le film prenne dans sa globalité une dimension vraiment jouissive. L'humour noir, bien que présent, n'est pas assez féroce ni corrosif pour transformer cette fête en un réjouissant jeu de massacre comme le voudrait le méchant père noël du film. L'horreur reste globalement assez soft et le personnage de Santa interprété par le catcheur Bill Goldberg peine à rester charismatique au delà de ses deux ou trois premières apparitions.
L'aspect horrifique du film se dégonfle alors peu à peu laissant la place à une comédie fantastique bien trop gentille pour vraiment satisfaire les amateurs de films décalés. Il est d'ailleurs bien difficile de savoir à qui s'adresse vraiment Bad Santa, le film est trop violent pour un jeune public, trop sage et bon enfant pour les amateurs de bandes horrifiques et trop second degrés pour être pris au sérieux. Il reste donc le sentiment d'une série B bancal qui lorgne souvent du coté de Gremlins et qui n'ose jamais aller au bout de son sujet pour vraiment transformer la sacralisée fête de noël en un spectacle d'horreur premier degré. On retiendra donc quelques détournement d'objets symboliques de noël en armes et instrument de mort, un flashback en stop motion assez sympathique, une ambiance décalée étrange et les caméos de Rebecca Gayheart et James Caan … Car pour le reste Very bad Santa (Santa's slays) et loin de marquer durablement les esprits.
_________________________________________________________________________________ Ma note 04,5/10 ________
_________ Time out (In time) de Andrew Niccol – 2011 __________________________________________________
A la fois brillant scénariste (The truman show) et réalisateur (Bienvenu à Gattaca – Lord of war), Andrew Niccol revient à la science fiction avec Time out (Brillante traduction française de In time) qui possède une nouvelle fois une idée originale et novatrice comme axe scénaristique.
Time out décrit en effet un monde futuriste dans lequel le temps est devenu la seule et unique monnaie d'échange. Tous les humains sont génétiquement programmés pour vivre jusqu'à 25 ans et ne plus vieillir ensuite à condition toutefois de gagner régulièrement du temps afin de prolonger son existence. C'est dans ce contexte qu'un jeune homme accusé à tort du meurtre d'un éternel afin de lui voler son temps va se retrouver au cœur d'une révolution sociale..
Si l'idée de départ est une nouvelle fois intelligente et originale, le traitement que va en faire Andrew Niccol est globalement assez décevante. Le temps devient très vite dans Time out l'image et le symbole métaphorique de l'argent permettant à Niccol de livrer un message certes pertinent mais un poil caricaturale sur les inégalités et la lutte des classes. Les riches accumulent toute la richesse au delà du raisonnable au point de pouvoir vivre des siècles entiers alors que les pauvres doivent survivre au jour le jour en gagnant par le travail la moindre petite seconde. Dans ce contexte le héros du film interprété par un Justin Timberlake peu impliqué va devenir une sorte de Robin des bois d'extrême gauche volant le temps des riches pour le redistribuer aux pauvres sans grandes justifications. On a donc assez vite la sensation que Andrew Niccol cache son discours social caricatural derrière cette idée du temps remplaçant l'argent pour masquer la simplicité d'un constat qui n'offre malheureusement que très peu d'explications.
Le temps devient aussi un moteur de suspens un peu facile et redondant les personnages étant toujours contraint de jouer contre la montre en se retrouvant à la limite de leur compte à rebours personnel. Pour la première fois Andrew Niccol ressemble donc plus à un petit malin qu'un brillant scénariste et l'on regrette que le film n'exploita pas plus en profondeur les formidables idées de son univers comme le désir de jeunesse éternelle, l'uniformisation, l'exploitation cynique et le maintien des classes ouvrières dans des conditions précaires ou les questions philosophique autour des notions d'une vie sans fin.
Pas désagréable à suivre Time out n'est au bout du compte qu'un petit film d'action au concept plus intelligent que la moyenne, dommage donc que Andrew Niccol n'est pas exploité plus en profondeur son sujet pour ne livrer qu'un robin des bois post-modern alors qu'il possédait la matière pour une vraie fable sociale de science fiction.
_________________________________________________________________________________ Ma note 05,5/10 ________
__________ The baby ( Devil's due) de Matt Bettinelli-Oplin et Tyler Gillett – 2014 _____________________
Déjà responsable, pour ne pas dire coupable, d'un des segments de l'anthologie foireuse V/H/S le duo Bettinelli-Oplin & Gillett poursuit dans la mouvance du found footage avec The baby. Un film qui concentre tout simplement le pire de ce sous genre et dont on se demande vraiment comment il a pu se retrouver en salles alors que sa place légitime serait au fin fond d'un rayonnage de DTV moisis. C'est peut être l'amusant buzz viral du film et sa promotion internet façon caméra cachée mettant aux prises des passants avec un horrible bébé mécanique dans un landau qui aura convaincu les distributeurs, en tout cas The baby est une nouvelle démonstration de la vacuité exaspérante de ce sous genre horrifique qu'il serait temps d'enterrer six pieds sous terre.
Le film raconte l'histoire d'un jeune couple qui après une lune de miel bien arrosée doit faire face à une grossesse non programmée, le père choisit alors de tout immortaliser sur vidéo alors que sa compagne se comporte de manière de plus en plus étrange...
Parler de Rosemary's baby version Paranormal activity serait faire une bien grande offense au film de Roman Polanski. The baby n'est qu'un produit mercantile de deux glandeurs ayant trouvé dans le found footage une parfaite excuse à faire n'importe quoi sous couvert de véracité. L'argument d'être pris sur le vif par un amateur est tellement pratique pour filmer de travers comme un parkinsonien hystérique et recopier ad-vitam des séquences maintes fois utilisé (ah la vision nocturne!) que Matt Bettinelli-Oplin et Tyler Gillet ne tentent même pas d'apporter la moindre nouveauté au genre se contentant de singer la formule en remplissant comme d'habitude leur film de vide à 95%. A défaut de demander aux personnages censés tenir la caméra d'être des apprentis Kubrick en puissance on pourrait au moins leur demander de ne pas être des abrutis finis qui allument leurs caméras à tout bout de champs, surtout que c'est souvent pour ne jamais rien filmer de cohérent ni de visible.
Car il ne se passe strictement rien dans The baby et toute les scènes censées provoquer la terreur ne suscitent qu'un vague embarras ridicule. Le procédé même du found footage se retrouve ici totalement vidé de sens et même de sa cohérence interne ne devenant qu'un simple prétexte à torcher un film calamiteux avec les pieds pour le balancer à grand renfort de buzz internet à la tronche de spectateurs visiblement bien peu regardant. L'une des tendances les plus calamiteuses du cinéma horrifiques actuels attirent définitivement plus les petits malins j'en foutiste que les réalisateurs avec une vraie vison artistique cohérente et novatrice. The baby se place d'emblée et fièrement sur le podium de mon flop de 2014.
_________________________________________________________________________________ Ma note 01/10 _________
________ The end de Jorge Torregrossa – 2013 _________________________________________________________
Prix du jury du vingtième festival du film fantastique de Gerardmer, The end n'a pourtant pas trouver de distributeur pour une exploitation en salles et se retrouve donc directement distribué en DVD dans notre cher pays.
Le film de Jorge Torregrossa raconte sur un ton doux et amer les retrouvailles dans un chalet isolé d'une bande d'amis trentenaires après une longue séparation.. Un soir un événement va bouleverser à jamais leurs vies respectives puisque une étrange lumière qui traverse le ciel va mettre en panne tous les moyens de communications et les appareils électriques et électroniques. Partis chercher de l'aide au village voisin les amis vont devoir vite se rendre à l'évidence ; les humains semblent mystérieusement disparaître les uns après les autres dans ce qui semble être la fin du monde....
L'apocalypse version Jorge Terregrossa est très loin de la fin du monde version Roland Emmerich et The end est même un film totalement anti-spectaculaire qui se repose entièrement sur ses personnages et cette idée même d'une fin du monde aussi paisible qu'inéluctablement terrifiante. Si la tonalité globale du film est assez originale et accrocheuse dans un premier temps ( le film se met en place comme un slasher) on se lasse pourtant assez vite du destin de ce petit groupe d'amis qui manquent globalement d'épaisseur et de consistance jusqu'à devenir pour certains personnages assez agaçants. On a même parfois la sensation d'être devant un film français sur une bande de potes en pleine crise existentielle.
C'est donc un sentiment d'ennui qui s'installe assez vite devant la mécanique répétitive des disparitions successives des différents personnages d'autant plus que le film se garde bien de donner la moindre explication aux phénomènes laissant au mieux le spectateur dans la réflexion et au pire dans l'expectative la plus totale. Pas foncièrement désagréable quoi que assez soporifique, servi par de jolis paysages et une belle photographie lumineuse contrastant avec les événements, The end n'est pas un mauvais film mais il demeure durant 90 minutes assez désespérément plat et dénué d'enjeux dramatiques.
_________________________________________________________________________________ Ma note 04/10 __________
Voilà une semaine se termine, une autre a déjà recommencer ... To be continued !
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