• Saison 2014 Episode 08

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    Au programme cette semaine :

    Premier acte d'un hommage à Jean Rollin. Au programme donc, des vampires, des filles nues, des comédiens qui jouent faux et un univers bien particulier

     

    Saison 2014 Episode 08Saison 2014 Episode 08Saison 2014 Episode 08Saison 2014 Episode 08

     

     

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    J'ai toujours eu une forme de tendresse étrange pour le réalisateur français Jean Rollin disparu en décembre 2010. Fatalement, un type qui aura passé toute sa vie à tourner des films d'horreur et fantastique envers et contre tous dans un paysage cinématographique francophone peu fertile au cinéma de genre ne pouvait que susciter une forme d'admiration sincère de ma part. Au mépris des critiques et souvent du public, Jean Rollin tournera pas moins d'une vingtaine de films de genre tout en menant une carrière parallèle de réalisateur de films de boules sous le pseudonyme de Michel Gentil,souvent pour financer ses projets plus personnels. Une carrière unique dans le paysage cinématographique français et qui fait l'objet d'un véritable culte auprès de fans au Japon et en Angleterre, comme quoi nul n'est prophète en son pays. Alors même si je ne suis pas spécialement fan, ni admirateur des films de Jean Rollin dont l'impressionnante filmographie compte objectivement bien peu de très grands films ; j'ai décidé de me replonger avec un plaisir un peu coupable dans une bonne partie de sa filmographie histoire de lui rendre un petit hommage. Voici donc une première salve de critiques revisitant la filmographie de Jean Rollin ; d'autres critiques suivront dès que je me serais remis de cette première tétralogie...

     

    Saison 2014 Episode 08

     

    ______ Lèvres de sang – 1975 __________________________________________________________________________

     

      Saison 2014 Episode 08    Après un détour vers quelques productions érotiques histoire de renflouer les bourses et en vider d'autres (Tout le monde il en a deux et Jeunes filles impudiques), Jean Rollin revient au milieu des seventies à ses premiers amours et au mythe vampirique (une obsession dans sa filmographie) avec Lèvres de sang. Un film qui pour la petite histoire existe aussi en version pornographique hardcore sous le titre évocateur et poétique de Suce moi vampire.

     Lèvres de sang raconte l'histoire d'un jeune homme qui lors d'une réception mondaine reste fasciné par une affiche sur laquelle se trouve reproduite une photo de ruines. Cet endroit intimement lié à un souvenirs d'enfance lui fait remonter le souvenir d'une jeune femme aux lèvres rouge sang rencontrée une nuit dans ses mêmes ruines alors qu'il n'était qu'un enfant. Le jeune homme se met en quête de retrouver cet endroit alors qu'un mystérieux complot semble se mettre en place pour l'empêcher d'aboutir à sa requête..

     On retrouve dans Lèvres de sang de nombreux éléments caractéristiques de la filmographie de Jean Rollin à commencer bien évidemment par des jeunes filles peu pudiques qui déambulent nue à l'écran et des jeunes filles vampires juste couverte d'un voile translucide et vaporeux qui marchent pendant des plombes. Autres constantes des films de Rollin avec les décors incontournables des ruines et du cimetière et une direction d'acteurs que l'on qualifiera de particulière. Le film souffre globalement des défauts habituels des films du réalisateur à commencer par un rythme que les fans diront hypnotique et poétique, et que je nommerais plus volontiers lent et soporifique. Il y-a certes un coté contemplatif et posé dans les films de Rollin, une sorte de rythme interne proche du rêve vaporeux mais on a quand même souvent la sensation que les plans durent systématiquement deux fois trop longtemps. Lorsque le rythme s'emballe un peu, Rollin s'avère même être incapable d'emballer une scène d'action correct comme le prouve la très nanardesque (et donc très drôle) séquence de baston dans le métro entre le héros du film et un tueur à moustache complètement nul.

      Coté casting on retrouve de nombreuses comédienne issus du milieu érotique et pornographique ( Martine Grimaud Claudie BeccarieSylvia Bourdon) dont les plastiques physiques sont souvent plus avantageuses que leurs talents de comédiennes. Le comédien principal Jean Loup Phillipe qui est pourtant issus du théâtre offre une prestation assez moyenne et certains seconds rôles permettent de vivre quelques moments d'humour involontaire surtout lorsque ils se retrouvent contraint de jouer les mourants dans des grimaces très expressives. Seule Natalie Perrey qui incarne la mère du héros dans le film parvient à nous offrir un moment d'émotion lorsque elle raconte le passé et la nature de la mystérieuse jeune femme qui hante les souvenirs de son fils. Natalie Perrey qui fera d'ailleurs de nombreuses apparitions dans d'autres films de Rollin tout en assurant souvent en véritable fidèle complice des postes de scripte, monteuse et costumière pour le réalisateur.

      Lèvres de sang souffre donc de son rythme languissant, de son scénario peu étoffé et de ses comédiens souvent très limites pourtant Jean Rollin parvient à insuffler à son film un peu d'émotion et nous offre quelques plans à la fois beaux, étranges et poétiques.

    __________________________________________________________________________________ Ma note 05/10 _________

     

     

    _______ Les raisins de la mort – 1978 __________________________________________________________________

     

    Saison 2014 Episode 08   Pas mal miné par le bide de Lèvres de sang, Jean Rollin s'est tourné entre 1975 et 1978 presque définitivement et exclusivement vers la pornographie sous le pseudo de Michel Gentil. Pourtant il accepte en 1978 sous l'impulsion du producteur Claude Guedj de revenir à la mise en scène d'un film d'horreur avec Les raisins de la mort. Le producteur opportuniste souhaite surfer sur la vague des films de Romero et Fulci pour mettre en chantier rien de moins que le tout premier film de morts vivants français. Bien que peu enthousiaste à l'idée de réaliser un film de zombies (Rollin préfère largement les vampires) à forte orientation gore (Rollin préfère la suggestion et la poèsie) le réalisateur accepte trop content de revenir à la mise en scène d'un film classique.

       Jean Rollin détourne donc légèrement l'image du mort vivant pour mettre en scène des paysans malades, contaminés et rendus fous par un pesticide répandu sur des vignes ( a ce titre il est presque précurseurs des films d'infectés) .

      Film à part dans l’œuvre de Jean Rollin de par son aspect film de commande, Les raisins de la mort s'inscrit pourtant aisément dans la filmographie du réalisateur. On retrouve une nouvelle fois un rythme particulièrement lent, mais cette fois ci plutôt en décalage avec l'ambiance globale du film. Car si la lenteur un peu hypnotique convient aux univers oniriques et fantastiques des femmes vampires si chères au réalisateur elle devient bien plus rébarbative pour une histoire de survie au milieu d'infectés. Moins présent qu'à l'habitude, Jean Rollin parvient tout de même à glisser une petite touche d'érotisme lorsque Brigitte Lahaie se met totalement nue histoire de monter qu'elle ne porte aucun marque d'infection. Pour le reste on retrouve des ruines comme décor et une direction d'acteurs des plus approximative renforcée par des dialogues souvent tellement idiots qu'ils deviennent surréalistes.

       J'accorderais sans hésiter une mention spéciale à Paul et Pierre , deux paysans inénarrables qui découvrent la nature de l'infection en rêvant d'une bière fraîche (Mais bon dieu on est pas infectés parce que l'on boit pas de vin), dissertent sur la résistance, les camps militaires et le nucléaire histoire de donner un peu de profondeur au récit ( Le film a été tourné près du Larzac) avant de se faire des grandes déclarations d'amitié ridicule en chantonnant autour d'une coupe de champagne. Encore une fois, et hormis le plaisir coupable qu'il procure, Les raisins de la colère ne brille pas vraiment par ses dialogues ni ses interprètes. Coté gore le film oscille entre le ridicule complet avec des maquillages façon tartine de latex purulent sur comédiens apathiques qui prêtent objectivement plus à sourire qu'à s'effrayer, le bis et le très réussi. On retiendra donc surtout une fourche enfoncée dans le poitrail dénudé d'une jeune fille, un mort avec un œil qui se fait la belle, une décapitation bien gore et la complaisance un peu crapoteuse à voir un infecté avec le front couvert de pustules dégueulasses donner des coups de tronche contre une voiture en laissant des traces verdâtres bien cradingues sur la vitre. Pour la petite histoire, Rollin va échapper de très peu à une classification X par la censure de l'époque ce qui aurait été un comble pour un réalisateur ayant accepté ce projet justement pour ressortir un peu la tête du ghetto du cinéma X. 

       Les raisins de la mort est donc très bis, voir carrément Z et proche du navet par de nombreux aspects mais il demeure à la fois le premier films de zombies et le premier film gore français. Le succès relatif du film permettra surtout à Jean Rollin de revenir dès l'année suivante à la mise en scène de films plus personnels.

    ________________________________________________________________________________   Ma note 06/10 __________

     

     

    ______ Fascination – 1979  ______________________________________________________________________________

     

    Saison 2014 Episode 08   Fort du succès du film Les raisins de la mort, Jean Rollin retrouve poésie, érotisme et vampirisme avec Fascination, un film très personnel qui sort en 1979. Fascination est donc la seconde collaboration de Jean Rollin avec Brigitte Lahaie après Les raisins de la mort (hors films X bien sûr), c'est aussi la toute première fois que l'actrice tient le rôle principale d'un film dit classique.

      Elle incarne ici une jeune bourgeoise qui attire avec l'aide d'une amie des hommes dans un immense château vide afin d'y célébrer le soir venu une étrange cérémonie occulte. Cette fois ci c'est un brigand tentant de fuir ses complices qui trouve refuge dans le château auprès des deux jeunes femmes peu farouches.

      Pour une fois pas de ruines donc, mais un décor quasiment unique de château, théâtre des turpitudes de la bourgeoise du début des années 1900. Dans sa première partie Fascination est un film plutôt agréable à suivre même si (problème récurent chez Rollin) les comédiens sont tous assez limités dans leur jeu comme le comédien principal Jean-Marie Lemaire qui en fait des tonnes dans le rôle de la petite frappe. Quand à Brigitte Lahaie et Franca Maï qui incarnent les deux jeunes bourgeoises séductrices et dangereuses elles offrent des prestations en dents de scie allant du passable aux limites du ridicule.

      Pourtant, le petit univers de Rollin fonctionne bien et ,servi par une photographie assez soigné, le film s'avère être un poil plus rythmé (bon tout est relatif) et agréable à suivre que bon nombres des précédents films du réalisateur. La première scène dans un abattoir dans lequel des bourgeois viennent s'abreuver de sang de bœufs pour soigner leur anémie est même assez réussi. Dommage donc que le soufflet retombe assez vite et que le film semble péniblement tirer à la ligne une fois passé sa première moitié pour retomber dans un tempo contemplatif et plus soporifique. Jean Rollin nous ressort alors son groupe de jeunes filles nues portant des voiles translucides et ses obsessions vampiriques. On s'ennuie donc un peu devant les longs dialogues ampoulés et mal joués et une partie de Colin-maillard qui semble vraiment s'éterniser à l'écran. Le film nous offre tout de même un joli moment très iconique avec l'apparition de Brigitte Lahaie nue sous un manteau noir ouvert portant une faux et traversant un pont de pierre sous la brume, une image forte qui servira d'ailleurs de visuel et d'affiche au film.

      Fascination est toutefois globalement loin de vraiment convaincre, le plus grand défaut du film étant de s'appuyer beaucoup sur ses comédiens et ses dialogues, deux éléments qui sont loin d'être le point fort de l’œuvre de Jean Rollin à moins bien sûr d'être fan de cet aspect récité littéraire et inexpressif .

    __________________________________________________________________________________ Ma note 05/10 _________

     

     

    ______ La nuit des traquées – 1980 ____________________________________________________________________

     

     Saison 2014 Episode 08  En 1981 , Jean Rollin s'essaye au thriller avec La nuit des traquées dans lequel il retrouve une nouvelle fois Brigitte Lahaie qui devient du coup son actrice fétiche.

      Le film raconte comment une organisation médicale secrète retient captive un groupe de malades souffrant de troubles de la mémoire et de crises d'angoisses. Elisabeth (Brigitte Lahaie) qui est parvenue à s'enfuir une première fois avant d'être reprise, tente de s'échapper à nouveau afin de prévenir un homme rencontré lors de sa première tentative d'évasion.

      Pas de ruines, de cimetière ni de châteaux dans La nuit des traquées mais un milieu urbain fait de grandes tours froides, monolithiques et anonymes que Jean Rollin filme d'ailleurs de manière assez angoissante et dans lesquelles semblent se perdre en permanence les personnages. L'homme qui a si souvent filmé des ruines avec amour et poésie porte ici un regard froid et clinique sur une urbanisation qui semble dans un premier temps être le moteur même de la maladie mentale des personnages. Malheureusement La nuit des traquées est une nouvelle fois un film assez mou et le moins que l'on puisse dire c'est que l'enquête n'est pas vraiment trépidante, pas plus que la nouvelle tentative d'évasion mise au point par les deux personnages principaux. On a souvent la sensation que le film est parsemé de scènes érotiques totalement gratuites à la fois par pur remplissage et par nécessité commerciale (Rollin compte sans doute plus de fans érotomanes que d'adeptes du cinéma de genre) et que le film s'étire assez péniblement sur 90 minutes.

      Le casting est dans la droite lignée des précédents film de Rollin avec des actrices venant du X (Brigitte Lahaie- Marilyn Jess) et des comédiens de secondes zones débitant leur texte comme lors d'une première lecture. Une nouvelle fois c'est la comédienne Natalie Perrey qui nous offre le seul petit moment d'émotion en incarnant une vieille femme recherchant sa fille dont elle a tout oublié. Le film nous offre également une séquence gore marquante que Rollin montre d'ailleurs longuement avec une certaine complaisance et fierté avec un suicide à coup de paire de ciseau plantée dans les yeux. Avant de révéler la véritable nature du mal qui ronge les malades du film, Rollin glisse vers une sorte de métaphore un peu bancal et maladroite des camps de la mort lorsque les patients condamnés sont conduit en train dans une usine pour être euthanasier et brûler.

      La nuit des traquées est un film intéressant par certains aspect, notamment la façon dont Rollin filme l'urbanisation comme moteur d'angoisse, en revanche dans l'ensemble le film souffre d'une scénario bien trop mince et de personnages passez consistant pour vraiment impliquer le spectateur dans son intrigue.

    __________________________________________________________________________________ Ma note 05/10 _________

     

    Voilà une semaine sang pour sang french touch se termine, une autre va bientôt recommencer. to be continued ...

     

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