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The secret de Pascal Laugier
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The secret (The tall man)
De Pascal Laugier
USA/Canada – 2012 – Thriller mélancolique
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Quatre ans après le choc Martyrs le réalisateur Pascal Laugier s'expatrie donc pour tourner son troisième long métrage en langue anglaise. Après avoir refusé plusieurs remakes et choisit de garder une parfaite intégrité artistique, Pascal Laugier décide donc de mettre en scène un thriller aux lisières du fantastique écrit par ses soins depuis 2005. The secret est un film qui porte bien son titre puisque ce dernier s'avère difficile à analyser sans en spoiler une partie des secrets (justement). Je vais m'efforcer au fil de cette critique de ne révéler aucun des éléments clefs de The secret afin de laisser aux spectateurs le plaisir de se laisser embarquer et manipuler par le script du film. Toutefois les plus perspicaces ou tordus de ceux qui liront cette critique pourront y trouver des éléments propres à comprendre les méandres et surprises du film. Il suffit parfois simplement de parler d'un twist ending pour donner aux spectateurs l'envie de le deviner et donc le trouver... Il est donc recommandable mais pas obligatoire d'avoir vu The secret avant d'aller plus loin dans la lecture de cette critique.
The secret raconte donc la tragique histoire de Cold rock une petite ville sinistrée par le chômage depuis la fermeture de la mine et qui doit faire face à une sorte de malédiction qui voit disparaître un à un les enfants de la ville. Les habitants craignent The tall man, une sorte de mythe et de légende urbaine qui enlèverait les enfants pour les conduire au fond des bois. Julia la pragmatique médecin du village ne croit pas à ses histoires aux frontières du fantastique jusqu'au jour ou son fils de six ans est lui aussi enlevé sous ses yeux....
Avec The secret Pascal Laugier signe un très bon thriller à l'ambiance étouffante et profondément mélancolique. Il suffit de regarder le formidable pré-générique pour se retrouver totalement happer dans l'ambiance lourde de cette petite ville rongée par la crise , les superstitions et la violence. Photographie, musique, direction artistique, montage et mise en scène; ce prologue n'est pas loin de la perfection absolue et il plonge illico le spectateur dans l'atmosphère du film à l'image de cette manière très simple mais au combien efficace de montrer les disparitions d'enfants. La suite sera tout aussi réussi et Pascal Laugier trimballe avec une redoutable efficacité le spectateur dans les méandres de son scénario. Car l'une des grande force du film est incontestablement de surprendre et déstabiliser les spectateurs dans les coups de théâtre et les rebondissements d'un script qui ne cesse de remettre en perspective et en parallèle les événements précédents. Bien loin du simple film à twist ending foireux The secret tient tout entier sur sa construction qui bouleverse les certitudes du spectateur et le pousse à des interrogations délicates sur les notions du bien et du mal comme du juste et de l'injuste. Nul doute que les interrogations inconfortables lancées face caméra par Jodelle Ferland lors du très émouvant final du film devraient longtemps tarauder les esprits et les mémoires. The secret laisse alors l'emprunte et la sensation, non seulement, d'un très bon thriller mais aussi et comme pouvait le faire Martyrs d'un film profond portant un regard mélancolique et désabusé sur le monde actuel.
Entre le thriller, le fantastique, le drame et la chronique ordinaire d'un monde en perte de repères Pascal Laugier signe avec The secret un troisième film, certes bien moins radicale que Martyrs, mais tout aussi réussi. Les personnages son touchants, l'ambiance du film tout aussi prenante que pesante et l'histoire pousse le spectateurs à des interrogations parfois bien gênante. Si certaines critique se sont empressées de faire de The secret une apologie douteuse de certaines pratiques il ne faut pas oublier que le film de Laugier pose finalement bien plus de questions qu'il ne donne de réponses (Tout comme Martyrs d'ailleurs). The secret s'offre aussi un joli casting et permet de retrouver une Jessica Biel émouvante et impliquée dans ce qui reste sans doute son plus joli rôle ou Jodelle Ferland (Tideland – Silent hill) à la présence toujours aussi magnétique. Dans des rôles plus secondaires et peut être même pas assez développés on retrouve avec un immense plaisir Willimam B Davies ( l'homme à la cigarette des X-files) et Stephen McHattie (Pontypool). On pourra aussi noter la très jolie musique du film de Todd Byranton, Joel Douek et surtout Christopher Young et saluer une nouvelle fois l'élégance de la mise en scène de Pascal Laugier.
Quatre ans après Martyrs Pascal Laugier frappe donc de nouveau les esprits. Si il le fait avec beaucoup moins de violence et d'audace, il signe toutefois avec The secret un très bon thriller à la fois ludique pour le plaisir que l'on prend à le suivre et profond pour les interrogations et la mélancolie qu'il laisse longtemps après l'avoir vu.
Ma note: 08/10
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