• WOLFMAN de Joe JOHNSTON

     

    wolfman On pouvait légitimement craindre le pire de cette nouvelle adaptation/remake du film Le loup garou de George Waggner avec Lon Chaney sorti en 1941. Tout d'abord le film aura connu son lot de galères avec trois ans de gestation et l'abandon du projet par Mark Romanek, le réalisateur initialement attaché au projet, pour différent artistique. Ensuite le dernier souvenir de dépoussiérage des monstres mythique de Universal au cinéma reste quand même le bien pitoyable Van Helsing de Stephen Sommers, ce qui honnêtement laissait le droit de rester bien dubitatif. C'est donc finalement Joe Johnston qui reprendras la réalisation du film, un choix pas vraiment pertinent au regard de la filmographie du bonhomme comportant plus de films familiaux passe partout ( Rocketeer, Cheri j'ai rétrécit les gosses, Jumanji, Jurassic Park 3) que de chefs d'œuvres de l'horreur gothique. Et pourtant toutes les réserves légitimes s'envolent des les premières images du film qui parvient à éclipser ses nombreux défauts sous la perfection graphique de son univers et le plaisir de retrouver l'ambiance d'un grand film d'horreur gothique.

     

    wolfman

     

    Wolfman conte l'histoire de Lawrence Talbot (Benicio Del Toro) un acteur et aristocrate qui revient au domaine familiale pour enquêter sur la mystérieuse disparition de son frère. Lawrence se retrouve alors confronté à son père qu'il n'avait pas revu depuis des décennies et à une créature mythologique semblant hantée les environs de Blackmoor. C'est en traquent la bête que Lawrence se fait mordre par cette dernière, une morsure qui va lentement le transformer en loup garou et éclairé son destin d'une sombre et ancestrale malédiction.

     

    wolfman

     

    Inutile de tourner autour du pot la plus grande réussite du film est incontestablement formelle, car bien plus que sur son scénario c'est sur son ambiance et ses images que Wolfman fait chavirer mon cœur nostalgique de l'horreur gothique et des films de la Hammer. Le film de Joe Johnston est superbement éclairé et magnifié par la photographie de Shelly Johnson dont la filmographie ne plaide pourtant pas en sa faveur (Super Blonde, Hidalgo, L'école des champions). On retrouve ici avec un plaisir immense les plaines embrumées, les sombres forêts, les imposantes bâtisse en pierres, les villages inquiétants et un magnifique Londres baignant dans des brumes éternelles. Rien à redire les images sont tout simplement superbes et Joe Johnston les valorisent encore par un soin constant et méticuleux du cadre orchestrant des plans d'une puissance graphique assez peu commune. Pour avoir revu certaines séquences du Blu-ray en passant la télé en noir et blanc avec un fort contraste on peux même dire que le film atteint parfois une forme de perfection visuelle. L'ambiance est encore renforcée par le très beau score de Danny Elfman aux puissantes envolées symphoniques qui place définitivement Wolfman comme le meilleur film d'horreur gothique depuis Sleepy hollow. Les effets spéciaux ne sont pas en reste et l'on retrouve au générique le spécialiste du genre (Wolf, Hurlements), le créateur des hallucinants FX du Loup garou de Londres à savoir l'immense Rick Baker. Le film nous offre donc de magnifiques scènes de transformations dont on retiendras surtout celle de se déroulant dans l'amphithéâtre d'un asile de fous qui est à la fois terrifiante et tragiquement douloureuse. Pourtant Joe Johnston ne cède pas à la facilité du tout numérique et de l'esbroufe en proposant à l'écran des loups garous très proches visuellement du film de 1941, un choix couillu qui fera sans doute se bidonner de rire les adeptes de Underworld et Van Helsing mais qui a le mérite de démontrer la radicalité des choix du metteur en scène. C'est finalement du coté d'un gore parfois outrancier et de certains jump scare redondant que le film sombre parfois dans l'effet pour l'effet mais c'est bien peu face à l'intégrité et l'intransigeance d'un film classique dans le sens le plus noble du mot ne cédant jamais un pouce au cynisme, au second degré, au spectaculaire ou au sur-découpage.

     

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    Wolfman s'offre un casting de haute volée avec tout d'abord Benicio Del Toro impeccable dans le rôle de Lawrence Talbot, l'acteur parvient même à donner une certaine dose d'émotion lorsqu'il se retrouve sous les poils du loup-garou. Anthony Hopkins incarne quand à lui à merveille son père à la fois bourru et aimant portant sous la sobriété de son jeu le poids du lourd fardeau familiale de son personnage. On retrouve également le très bon Hugo Weaving dans le rôle du détective Aberline et Art Malik dans la peau se Singh, un formidable personnage malheureusement pas assez développé à mon goût . Les seconds rôles sont tous très bons et incarnent à merveille les protagonistes récurents de ce genre de film entre les villageois superstitieux, les religieux fanatiques, les serviteurs ricanant et les notables suffisants. Seule le personnage féminin incarnée par Emily Blunt semble un peu plus fade ce qui est d'autant plus dommage qu'elle reste la principale source d'émotion du film. Car le défaut majeur du film est bel et bien son manque d'enjeux dramatiques et surtout son incapacité à toucher ou émouvoir le spectateur. Wolfman reste un somptueux livre d'images pour adultes mais ne parvient quasiment jamais à faire exister ses personnages dans un registre plus intime que la figure mythologique qu'ils incarnent. Si le film de Joe Johnston se permet de formidable envolée gothique, oniriques et morbides, son scénario reste en revanche et à mon plus grand regret d'une platitude et d'un linéarité assez agaçante.

     

    wolfman

     

    Au final si Wolfman possédait tout les ingrédients pour être une cruelle déception, il se révèle être finalement une magnifique surprise. Si le film est objectivement loin d'être parfait il reste l'une des plus belle expérience cinématico-gothique de ses dernières années et rien que pour ça j'ai vraiment envie de dire merci Mister Johnston.

     

    Ma note : 7,5/10

     

     

    « Saison 2010 Episode 40Leslie NIELSEN 1926-2010 »

  • Commentaires

    1
    Lundi 29 Novembre 2010 à 22:45

    Alors, sur celui-là je suis d'accord avec presque tout, sauf la note, que je trouve un peu élevée. Certes le film est superbe visuellement, mais j'ai tout de même eu du mal avec le fait qu'aucune émotion ne vienne poindre à l'horizon. J'ai acheté le blu ray avec la director's cut, qui parait-il rehausse le niveau sur ce point, mais pas encore eu le temps de la regarder.

    En ce qui concerne la carrière le Joe Johnston, je te trouve un peu méchant . Je trouve personnellement que c'est un excellent artisan qui arrive à toujours transcender le matériau de base qui lui est fourni. Il suffit de comparer son excellent Jumanji avec le mollasson Zathura pour le voir. Idem pour Jurassic Park 3, que je trouve bien plus réussi que Le Monde Perdu. Bref, j'ai hâte de voir ce qu'il va faire de Captain America, surtout après son excellent Rocketeer.

    2
    freddyk
    Mardi 30 Novembre 2010 à 05:49

    Les films de Joe Johnston sont le plus souvent d'honnêtes divertissements, je pointais juste du doigt qu'il n'était pas à priori le réalisateur le mieux placé pour une oeuvre gothique comme Wolfman. Perso je trouve Rocketeer et Jumanji très bof, et j'aimes bien Jurassic Park 3.


    Concernant le director's cut de Wolfman c'est la version que j'ai vu en Blu-ray et je ne penses pas que tu y trouves ton compte d'émotion pour autant.

    3
    Mardi 30 Novembre 2010 à 09:24

    Bah, c'est probablement parce que Jumanji et Rocketeer, c'est toute mon enfance !

    4
    freddyk
    Mardi 30 Novembre 2010 à 12:48

    C'est ça le fossée des générations .

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