• Be kind remind : Souvenirs magnétiques Part 2, le retour

     

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    Un petit coup d'avance rapide et nous voilà vers 1984, j'avais alors droit à dix francs d'argent de poche par semaine (Et oui 1,50 euro !) plus quelques extras en cas de bons et loyaux services dans l'aide ménagère (Saloperie de vaisselle). En gros toutes les deux semaines j'avais les vingt cinq francs nécessaire pour louer un film et donc bénéficier des deux autres titres gratuit. Les trois premiers films que j'ai loués avec mon propre argent étaient Rencontres du troisième type de Spielberg comme film payant, Accroche toi j'arrive (une comédie policière avec Elliott Gould) et Bruce contre attaque avec un clone assez mal dégrossi de Bruce Lee. Comme mes frères continuaient de louer eux aussi des films de leur coté il n'était par rare de se retrouver avec six cassettes à regarder dans le week-end à la maison. Du coup on rendait bien trop souvent des films sans même les avoir vus. Mes choix ne se portaient pas particulièrement encore vers le fantastique et l'horreur mais plutôt vers les comédies, les films policiers, les films d'action et d'aventures et surtout j'apprenais doucement à aller vers des films un peu plus complexes que La toubib du régiment ou Comment se faire réformer. Je commençais à lire un peu les magazines de mes frangins comme vidéo7, ciné revue et première et peu à peu j'avais envie de voir des films plus dramatiques et plus adultes. Je découvrais alors des films comme La fureur du danger, Le convoi, Le ruffian, L'équipée du Cannonball, les films avec Belmondo mais aussi les comédies du Splendid, les films avec Jerry Lewis et quelques gros chocs dont je ne cernais pourtant peut être pas encore toute la portè comme Vol au dessus d'un nid de coucou, Coup de tête, Rocky ou Voyage au bout de l'enfer. En novembre 1984 arrivait Canal+ , une nouvelle chaine de télévision payante qui se singularisait par la diffusion de films que l'on pensait alors totalement réservés aux vidéos clubs y compris pornographiques. Le cout de l'abonnement, la nécessite d'utiliser un canal spécifique, le besoin d'une prise péritélévision cantonnait toutefois la chaîne à péage à quelques privilégiés sans entamer d'un pouce la suprématie écrasante de la location. Je me souviens juste que dans mon collège il y-avait un type qui a certainement du finir banquier, escroc ou trader qui proposait d'acheter à des prix exorbitant les films enregistrés sur Canal +. Il faut dire qu'avec un magnétoscope et Canal + tu pouvais assez vite devenir le roi du pétrole....

     

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    Victime de son succès grandissant et d'un nombre de films de plus en plus important Nata vidéo déménage alors pour s'installer dans un appartement bien plus grand et spacieux, toujours sans vitrines ni publicité. La formule un film loué et deux gratuits disparaît laissant la place à un système de locations à différents tarifs allant de 25 francs pour les nouveautés à cinq pour les films les plus anciens. Mine de rien avec 25 francs on pouvait donc repartir avec cinq films plutôt que trois et là ce fut l'orgie totale de locations pendant plusieurs mois. Je n'avais plus de restriction parentale sauf sur les boulards et comme les films à cinq francs étaient souvent des films d'horreurs je louais simplement tout et absolument n'importe quoi. Il fallait juste négocier la disponibilité de la télé avec mes frères et sœurs pour avoir le temps de regarder les films que je louais. Par chance même si Nata vidéo ouvrait maintenant les samedis on pouvait garder les films à cinq francs plusieurs jours sans la moindre pénalité de retard. Tout en continuant à regarder plein d'autres films, à forger ma curiosité et mon sens critique j'ai commencer à louer et regarder quasiment l'intégralité du rayon fantastique et horreur du vidéo club. Impossible de citer ou même me souvenir de l'intégralité des films que j'ai dévoré à cette époque et même mon petit guide bleu ne réveille que de vagues souvenirs de films tels que Une si gentille petite fille, Les cloches du diable, Pyromaniac, La tour du diable, Panic, Murder clinic, Le pouvoir des plantes, Les cartes ne mentent jamais ou Cannibal man. C'était l'époque des belle jaquettes aux visuelles clinquants signé Melki et des nombreux éditeurs tels que Hollywood vidéo, Scherzo vidéo, Proserpine, Sunset vidéo, Super vidéo production, Embassy, South pacific vidéo, Delta vidéo, Thorn Emi, Polygram, RCV, Vista vidéo, Coktail vidéo et des dizaines d'autres distributeurs qui disparaitront presque tous au fil du temps. Je découvrais alors en regardant Vendradi 13, Carnage, Carrie, La nuit des masques, La colline a des yeux ou Le monstre est vivant, que j'adorais me faire peur et que j'aimais le coté fascination répulsion que procurait la violence et l'horreur.

     

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     Les plus grands chocs de cette époque je les doit déjà à René château Vidéo et sa célèbre et mythique collection « des films que vous ne verrez jamais à la télévision ». Les cinq titres phares de cette collection étaient tout de même Maniac de William Lustig, Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper, Zombies de Romero, Chair pour Frankenstein de Morrisey et Le fameux Crocodile de la mort de Hooper. Pourtant je crois qui si je ne devais retenir qu'un seul et unique monstrueux souvenir de cette époque de la VHS ce serait ma toute première vision de Massacre à la tronçonneuse. J'avais déjà vu de nombreux films d'horreur et du coup sur le registre « Même pô peur.. » j'ai commencer à regarder le film de Tobe Hopper seul un soir après 22heures et là il m'est presque impossible de décrire le choc tétanisant du film. La VHS était usé jusqu'à la corde renforçant l'aspect crasseux et maladif de l'image, les couleurs bavaient de manières bien dégueulasse, l'image était piqué, la bande vidéo sautait, le son avait parfois le hoquet mais putain je n'ai jamais vu le film de Tobe Hooper dans des conditions aussi immersives, intenses et absolument inoubliables. J'étais scotché dans mon fauteuil, presque incapable de bouger, j'en aurai presque fait dans mon froc, mais au fond de moi je savais que j'avais devant les yeux le cinéma qui me ferait pour toujours le plus triper. J'adorais cette magnifique sensation d'un film si fort qu'il avait un impact sur notre corps et notre physique. Avoir ce nœud dans le ventre, cette peur dans le bide, cette sensation d'inconfort, ce léger tremblement, cette fascination qui vous absorbe corps et âme vers l'écran c'était juste aussi terrifiant que jouissif. J'adorais alors reprendre cette phrase de Renaud un poil détournée pour en faire une sorte de profession de foi qui me convient encore totalement aujourd'hui  "Je veux que les films soient des caresses ou des coup de poing dans la gueule, peu importe a qui ils s'adressent faut que ça me remue dans mon fauteuil 

     

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    D'autres soirées d'inconfort et de terreur viendront ensuite avec L'exorciste, Montclare rendez vous de l'horreur (qui me ferait peut être bien rire si je le revoyais aujourd'hui), Maniac ou La nuit des morts vivants, mais rien de vraiment comparable avec l'autre choc horrifique de l'époque qui était le Suspiria de Dario Argento. J'avais loué le film une première fois mais la bande était vraiment trop pourri et le film ne cessait de passer de la couleur au noir et blanc. Contrairement à Massacre à la tronçonneuse les défauts techniques, cette fois ci, plombaient vraiment le film, du coup j'ai du rendre la VHS sans l'avoir vu. Plus tard je l'ai finalement reloué dans un autre vidéo club et là ce fut un nouveau choc monstrueux, bien moins viscéral que pour le film de Tobe Hooper mais j'ai tout de même commencer le film dans le noir pour terminer toutes lumières allumées. Le plus horrible c'était sans doute la musique des Goblins qui ne cessait de trotter dans ma tête des jours et des jours après avoir vu le film. Je me souviens aussi du distributeur Hollywood vidéo, pas spécialement pour les films mais surtout pour la ribambelle de bandes annonces de films d'horreur que l'on pouvait voir après dont celles de Sœurs de sang, La colline a des yeux, Rayon Laser, Contamination, Les tueurs de l'éclipse, Le couloir de la mort, Le venin de la peur, Terreur extra terrestre, Frissons et surtout celle totalement culte de La dernière maison sur la gauche avec cette voix caverneuse calée dans les burnes qui répète sans cesse que « Ce n'est que du cinéma...du cinéma.... du cinéma ». Je ne sais plus exactement c'était après quelle film, mais une bande annonce m'avait totalement alors totalement bluffé et effrayé, c'était un petit film à l'image étrange qui s'appelait Evil dead . Ce n'est finalement pas un film que j'ai découvert avec Evil dead mais un virus qu'il me fallait absolument transmettre à tout le monde, du coup le film de Sam Raimi  reste incontestablement le film que j'ai le plus louer durant cette période car il fallait que tous mes amis le voit. A cette magnifique époque je découvrais aussi les Mad Max, Soldat bleu, Les valseuses, Série noire, Midnight express, les monty python avec Sacré graal, Blade runner et Pink Floyd The wall qui est encore et toujours l'un de mes films culte.

     

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     Rien, pas même l'offre actuel en matière de DVD ne remplacera jamais ces premières années des vidéo clubs avec cette masse impressionnantes de titres disponibles d'un seul bloc, avec en plus une telle diversité de genre et de qualité soudainement mise sur un même plan. On imagine assez difficilement aujourd'hui ce que pouvait représenter cette véritable révolution magnétique qui fait que je pense encore aujourd'hui que les vidéos clubs restent les derniers temples officielles de la contre culture en France. D'un seul coup et quasiment du jour au lendemain on passait de la programmation pépère de trois chaînes de télévision pas vraiment adepte de l'audace à des milliers de films qui allaient des grands classiques de Chaplin aux western spaghettis en passant par les films de Kung fu, les films de monstres japonais, les films d'horreur, les comédies trash de John Waters, les giallo, les films de cannibales italiens.... Tout était disponible comme ça d'un seul coup et d'un seul bloc comme trois tonnes de cassettes et de sensation qui nous tombait soudainement sur le coin de la gueule. Et même si les les qualités techniques étaient souvent limites, que les films étaient souvent recadrés à la tronçonneuse, que les doublages des versions françaises étaient absolument honteux (C'était l'horreur sur les films asiatiques), on pouvait enfin découvrir tout un pan de cinéma dont bien peu de monde parlait à cette époque à part deux nouvelles revues qui sortaient en librairie et qui s'appelaient Starfix et Mad movies . Toute une génération de futurs geeks passaient alors souvent leurs nuits les yeux rivés sur un écran de télévision dans lequel il se passait enfin quelque chose. Des milliers de gens pour qui le simple « clop » de l'ouverture d'un boitier vidéo était une porte ouverte vers un autre monde.

     A suivre (...)

     

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  • Commentaires

    1
    Soundwave
    Lundi 21 Novembre 2011 à 13:25

    Un truc que je remarque, c'est que tu as quasiment tout regardé en VHS. Visiblement, en France, vous n'aviez pas trop de bol, c'était Canal Plus ou rien. En Belgique, on avait quelques chaînes qui passaient pas mal de choses intéressantes. Mad Max 2 (que j'avais vu sans voir le premier), Hurlements, Razorback, etc...

    Maintenant pour les Zombies et autres Massacre à la Tronçonneuse, c'est clair que c'était la vidéothèque ou rien du tout. Pour ce dernier, j'ai eu instantanément envie de faire un film similaire avec des potes. On avait mis en boîte le début, mais faire un film est très exigeant au niveau planning, on en a commencé beaucoup, mais on n'en a terminé qu'un seul. Le montage a été un calvaire, c'était pas encore l'époque des supers programmes de montage comme maintenant... 

    2
    FreddyK
    Lundi 21 Novembre 2011 à 18:23

    Oui je confirme c'est très difficle de mobiliser beaucoup de monde sur la longueur pour faire un tournage. On commencait nous aussi nombreux et plein d'enthousiasme pour terminer très peu et un poil résigné... Même de manière très amateur ça reste tout de même une sacrèe école pour comprendre la mécanique de la construction d'un film. C'est clair qui son avait eu des caméras numériques, des ordinateurs et des logiciels de montage cela nous aurait grandement faciliter la vie .

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