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BURIED de Rodrigo CORTES
Le plus gros problème des films concept comme Buried c'est qu'ils ont souvent du mal à justement dépasser leur statut de simple concept et la prouesse technique ou narrative qui les accompagne. Si en gros on pourra toujours s'extasier devant un film en un unique plan séquence, totalement en vue subjective, filmé par une webcam, monté à l'envers ou entièrement bruité à la bouche on est surtout en droit d'attendre plus qu'une performance technique de se voir raconter une véritable histoire et de ressentir un minimum d'émotion. Buried de Rodrigo Cortés est un film qui ne m'attirait pas vraiment car la perspective de me retrouver enfermé pendant 90 minutes avec Ryan Reynolds tenait plus pour moi du concept de torture que de celui d'expérience cinématographique ultime. Pourtant je suis finalement aller voir Buried et le film est très bon, Ryan Reynolds l'est aussi et le concept ne tourne pas totalement à vide.
Buried raconte donc l'histoire d'un type qui bossait en Irak comme simple chauffeur et qui se retrouve pris en otage. Enfermé dans un cercueil sous terre avec simplement un briquet, un portable à moitié chargé et quelques accessoires Paul n'a plus que 90 minutes pour comprendre son sort et surtout trouver un moyen de sortir de cet enfer.
Le concept de Buried est donc triple; tout d'abord raconter l'histoire sans jamais quitté l'intérieur étroit du cercueil , utilisé une sorte d'unité de temps à la 24heures chrono et surtout faire de Ryan Reynolds un acteur supportable. Le film réponds donc aux fameuses trois unités; unité de lieu, unité d'action et unité de temps. L'idée de faire tout un film dans un cercueil était quand même assez casse gueule et Rodriguo Cortés s'en sort d'une manière assez bluffante.Le jeune réalisateur espagnol parvient en multipliant les angles de prise de vue et les cadrages à donner à sa mise en scène une dynamique assez étonnante pour un espace aussi réduit. On a parfois la sensation grisante d'assister à un film d'action sans mouvement. Le film nous offre même deux magnifiques travelling arrière laissant symboliquement le personnage seul, perdu et minuscule au milieu de l'écran. Le film se doit d'ailleurs d'être vu en salles puisque Rodriguo Cortés joue également avec l'obscurité de la salle et le cadre du grand écran. Il faut aussi saluer le joli travail graphique du film Rodrigo Cortés utilisant différentes sources lumineuses bien définies pour éclairer son film et encore une fois varier les images et la mise en scène. On pourras citer la lumière froide et bleutée de l'écran du portable, celle jaune et plus chaleureuse du briquet, la lumière blanche de la lampe torche ou celle verte et surréaliste des tubes fluorescents.
Burried parvient également à maintenir le niveau d'attention du spectateur grâce à la qualité de son script distillant au fur et à mesure de l'histoire de nouveaux éléments et des motifs d'espérance pour le personnage. Le film se permet même une critique frontale et radicale du cynisme immonde avec lequel de grands groupes industrielles et financiers sont capables de traiter leurs employés. Incontestablement le script de Chris Sparling tient la route et permet de conduire doucement le spectateur jusqu'à un final assez terrifiant en matière de suspens et de noirceur. On pourras juste regretter quelques épisodes et péripéties plus artificiels avec notamment la scène du serpent qui semble n'exister que pour gonfler un peu la durée du film afin de l'emmener jusqu'au 90 minutes réglementaires.
Je resterais un peu plus dubitatif sur le choix et la performance de Kevin Reynolds qui semble recevoir une pluie d'éloges critiques surtout au regard de sa piètre filmographie passé. Si l'acteur est effectivement très convaincant et trouve ici sans conteste son meilleur rôle il est loin pour moi de livrer une performance d'acteur hallucinante comme j'ai pu le lire à droite et à gauche. On est certes ému, on reste scotché au sort du personnage qu'il incarne mais jamais Ryan Reynolds ne m'emporte vraiment et son jeu me semble encore un poil forcé surtout lors des séquences de colère. Il faudra bien évidemment que je revoie le film en VOST mon jugement se portant ici tout autant sur le doublage français que sur l'acteur lui même.
Buried est donc une belle réussit qui dépasse donc largement son coté film concept pour livrer un suspens véritablement étouffant et peut être le plus terrible et le plus étroit huis clos de toute l'histoire du cinéma.
Ma note : 07/10
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Commentaires
2freddykDimanche 5 Décembre 2010 à 15:16Cher ami, ta critique fait partie des choses qui m'ont donné (et qui me donne assez régulièrement)envie de voir le film.
Je reverrais le film en VOST pour vraiment juger de la performance de Reynolds, même si comme tu le dis (preuve que j'ai bel et bien lu ;-) ), je ne sais pas comment le film résistera à un second visionnage surtout à la télévision.
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Alala ! Si tu avais lu ma critique, tu n'aurais pas hésiter avant d'aller voir cet excellent film ;-)
Je suis d'accord sur la scène du serpent, elle est un peu artificielle, mais par contre, qu'est-ce qu'elle est intense ! Je me souviens qu'à ce moment, toute la salle a retenu sa respiration comme un seul homme. Et les films qui arrivent à produire cet effet sont tellement rares qu'on peut passer sur le fait qu'elle soit posée pour rajouter un rebondissement.
Quant à la prestation de Reynolds, elle m'a personnellement impressionné. Certes, ce n'est pas la performance de l'année, mais je le trouve très bon justement dans les scènes de rage, où on sent toute l'impuissance et le désespoir du personnage.