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Saison 2010 Episode 07
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A l'affiche cette semaine :
___________ Micmacs à tire-larigot de Jean Pierre Jeunet - 2009 ___________________________________
Micmacs à tire-larigot marquait la rencontre au sommet de deux champions du box office français avec d'un coté Jeunet le réalisateur d'Amélie Poulain et de l'autre Dany Boon réalisateur et acteur de Bienvenu chez les ch'tis. Pourtant le film ne rencontrera pas vraiment un succès énorme en salle prouvant que deux pôles positifs ne s'additionnent pas fatalement. Pourtant le nouveau film de Jean Pierre Jeunet est une jolie fable poétique et amusante sur les petits poucets contre les grands, même si le film traite avec une extrême naïveté d'un sujet très lourd puisqu'il s'agît des marchands d'armes.
Micmacs à tir-larigot raconte donc l'histoire de Bazil un jeune homme qui reçoit une balle perdue en pleine tête et qui depuis vit avec le projectile planté dans le crâne. Devenu SDF le jeune homme est alors recueilli par une bande de doux dingues chiffonniers et bricoleurs avec laquelle il va entreprendre de se venger des fabricants d'armes responsables de son état actuel. Jean Pierre Jeunet est un réalisateur qui possède un univers graphique et poétique qui lui est propre et ceci pour le meilleur comme pour le pire. Certains trouveront alors sans doute que le réalisateur ne fait que balbutier son cinéma tant on retrouve dans ce nouveau film des images sortants directement de l'esprit d' Amelie Poulain et des personnages décalés qui sont proches des univers de Delicatessen ou La cité des enfants perdus. On retrouve dans Micmacs à tire-larigot ce goût de l'esthétisme et des mots, des images chaudes aux teintes jaunâtres, les univers de bric et de broc, les digressions poétiques ,ses costumes, ses accessoires vieillots et ses décors rétro. Un univers renforcé par la famille artistique de Jeunet puisque l'on retrouve sur Micmacs à tire-larigot une grande partie de l'équipe technique des précédents films du réalisateur. Jean Pierre Jeunet s'entoure comme toujours d'une formidable troupe d'acteurs avec Yolande Moreau, Jean Pierre Marielle, Michel Cremades, Andre Dussolier, Nicolas Marie et une Marie-Julie Baup dans un personnage très « Amelie Poulain ». Il faut ajouter à cette jolie liste Dominique Pinon qui est absolument génial dans le film, Julie Ferrier formidablement touchante en femme élastique et bien évidemment Dany Boon qui se fond avec perfection et émotion dans l'univers de Jeunet.
Micmacs à tire-larigot est une fable, une sorte de conte de fée pour adultes dans lequel des petits laisser pour compte bricolent avec les moyens du bord un combat contre des ogres capitalistes de l'armement. Fatalement la profonde naïveté poétique du message pourra énerver plus d'un spectateur qui jugera trop gentille et objectivement caricaturale cette farce pourtant bien humaine, mais Jean Pierre Jeunet possède le mérite et l'intégrité d'aller jusqu'au bout de son histoire et de son univers. Avec Micmacs à tire-larigot Jean Pierre Jeunet rend du coup un formidable hommage à l'imaginaire en citant Prévert, Chaplin, Bourvil ou Macel Carne sans oublier de réussir un magnifique clin d'œil à Marc Caro en citant Delicatessen.
Et même si le film reste une relative déception par son manque de surprise et d'originalité, par le fait de certaines scènes moins réussis, par l'absence cruelle d'une vraie dimension dramatique et surtout par ce sujet sans doute trop énorme pour un film aussi gentil, il n'empêche que Micmacs à tire-larigot demeure une nouvelle belle réussite à mettre au crédit de Jean Pierre Jeunet. Et puis il est toujours aussi agréable de voir des films français avec de tels univers graphiques et poétiques et une mise en scène bourré d'une telle générosité et d'une multitude d'idées esthétiques. Il ne fait aucun doute que la bande à Bazil mérite qu'on s'y attarde le temps d'un film.
__________________________________________________________________________________ Ma note 07/10 _________
__________ Bancs publics (Versailles rive droite) de Bruno Podalydes - 2009 ____________________
Bruno Podalydes pourra vraiment se vanter d'avoir rassembler autour de son film un des casting les plus impressionnant du cinéma français de ses dernières années. L'un des plus grand plaisir du film, malheureusement peut être même le seul, reste de voir défiler sur l'écran des acteurs et actrices venant de différents horizons, de multiples univers et de divers générations. Des comédiens et comédiennes qui jouent le petit jeu du film et qui ne sont là parfois que le temps d'une simple apparition, presque d'une simple figuration. Il est presque dommage que le générique et l'affiche du film annonce aussi fièrement son imposant casting ce qui gâche beaucoup le plaisir ludique de découvrir au hasard d'une scène les participations d'acteurs aussi divers que Poelvoorde, Chantal Lauby, Julie Depardieu, Olivier Gourmet, Pierre Arditi, Vincent Elbaz, Bruno Solo, Eric Elmosnino et beaucoup, beaucoup d'autres.
Après je dois avouer que l'univers et le prétexte du film ont bien plus de mal à me séduire sur la durée et qu'au bout d' une petite heure on se lasse assez vite de cette succession de saynètes décrivant le microcosme de Versailles sur une journée. Car Bancs publics ne raconte finalement pas grand chose et utilise son concept de film chorale pour montrer une multitude de petits destins qui se croisent et s'entrecroisent sur quelques heures. Bruno Podalydes joue sur différents registre d'humour allant du comique de situation, d'une comédie très théâtrale basée sur les dialogues jusqu'à l'absurde le plus totale mais le film manque souvent de folie pour être vraiment hilarant et on reste le plus souvent dans un registre humour bien poli et trop sage . La mise en scène de Podalydes souffre aussi d'une sorte d'une fadeur et d'une neutralité absolu pour un film qui comme trop souvent dans le cinéma français se base uniquement sur son script, ses acteurs et ses dialogues. Divisé en trois parties tournantes chacune autour d'un lieu unique; entreprise, square public et un magasin de bricolage, Bancs publics se contente donc d'enchainer sur près de deux heures des séquences assez inégales totalement recentrées sur cet amour évident des acteurs.
Avec un peu plus de folie, une mise en image moins anonyme et une plus grosse trame scénaristique Bancs publics aurait pu devenir un film formidable, en l'état et même si c'est devenu une formule un poil cliché le film de Podalydes est un formidable exemple d'un cinéma français pour bobos qui se regarde avec une grande satisfaction le nombril.
_________________________________________________________________________________ Ma note 03/10 __________
__________ Lake Mungo de Joel Anderson - 2009 _____________________________________________________
Lake Mungo est un vrai faux documentaire qui traite de phénomènes paranormaux frappant une famille après la mort tragique de leur fille. Fatalement le concept fait immédiatement référence à d'autres documenteurs fantastique comme Le projet Blair Witch et la coquille vide Paranormal Activity. Mais Lake Mungo se démarque assez vite des films précités et n'adopte aucunement un point de vu strictement subjectif des choses, Jeff Anderson joue même avec différents supports et de nombreux style d'images allant de l'image d'actualité en passant par le film documentaire classique avec de nombreux entretiens et des points de vues plus subjectifs de caméra de surveillance, photos ou encore petits films captés à l'aide d'un téléphone portable.
Le réalisateur réussit alors à combiner parfaitement les différents éléments pour livrer un récit sous forme d'enquête dont le premier mérite est de rester captivant durant tout le temps du film. Les acteurs sont parfaitement crédibles dans le registre pourtant délicat du cinéma vérité et Jeff Anderson maintient une attention constante sur son récit en orchestrant à l'intérieur même de son enquête de nombreux et parfois surprenant coup de théâtre. Lake Mungo est juste un film captivant et étonnant qui distille à mesure qu'il avance un véritable sentiment d'angoisse et de tension. Pourtant le film de Jeff Anderson ne joue aucunement sur le registre d'un fantôme agressif et encore moins sur des jump scares bidons. Lake Mungo joue d'une angoisse diffuse, discrète mais profonde à travers une simple présence inhabituelle dans un cadre extrêmement réaliste et quotidien. Parfaitement maitrisé dans son déroulement comme dans sa technique Lake Mungo est une sorte de machine implacable à angoisse dont l'intérêt se poursuit jusque dans son formidable générique de fin. En plus Jeff Anderson ne se contente pas de filmer une histoire d'esprit mais donne à son récit différents niveaux de lectures car Lake Mungo parle aussi du deuil et de la mémoire, des supercheries de l'imagerie paranormal et d'une famille dans l'apparence peut s'effondrer sous le poids d'un drame. Le film prend même parfois des allures de Twin Peaks lorsque la famiille découvre la face cachée de la vie bien trop sage de leur fille décédée, ce n'est sans doute pas un hasard si cette jeune fille se nomme dans le film Alice Palmer.
Lake Mungo sans être révolutionnaire reste un film intelligent et efficace qui joue sur une ambiance suffisamment angoissante pour être soulignée, la fameuse scène au lake Mungo filmée avec un simple téléphone portable est à ce titre particulièrement efficace. Pourtant mille coudée au dessus de Paranormal activity ce Lake Mungo du jeune réalisateur australien Jeff Anderson n'est encore sur aucun planning d'éditeurs de DVD et encore moins à l'ordre du jour d'une sortie en salle, il reste encore heureusement d'autre moyen de découvrir des films.
_____________________________________________________________________________ Ma note 07,5/10 ____________
__________ Scarce de Jesse T. Cook et John Geddes - 2008 _________________________________________
Scarce est un nouveau survival qui vient s'inscrire dans la longue liste des films appartenant au genre à sortit directement en DVD chez nous. Ce petit film est écrit, réalisé et interprété par deux jeunes gens fans de films de genres Jesse T Cook et John Geddes est malheureusement bien loin d'apporter un peu de sang neuf dans un genre déjà ultra codifié et Scarce se contente donc d'enchaîner les pires clichés du genre sans imagination, sans âme et accessoirement sans talent particulier.
On assiste donc au schéma classique de trois jeunes gens qui se paument en rentrant chez eux après des vacances au ski, du coup il font une halte dans un restaurant dégueulasse et rempli de bouseux aussi sales que moches et s'empressent de suivre les conseils de l'un d'entre eux pour rejoindre l'autoroute. Manque de bol les trois jeunes finissent par avoir un accident et se précipitent alors sur la première maison qu'ils vont trouver, ils sont alors recueilli par un brave redneck du coin qui leur explique que les temps sont durs et que le gibier se fait rare avec la tempête de neige. La suite inutile de la raconter 99% des amateurs de genre l'auront de toute façon immédiatement deviné.. On assiste à la mécanique classique 45 minutes de mise en place et 45 minutes d'horreur. A défaut d'être originale cette histoire pourrait être simplement efficace, viscérale ou dramatiquement intense mais là encore il n'en est rien et Scarce ne propose finalement rien de bien appétissant à se mettre sous la dent entre ses effets gores déjà vus et revus, ses personnages caricaturaux et stupides, son ambiance cliché, sa figure de méchant ridicule et une mise en scène poussive utilisant des effets n'importe comment comme ce magnifique ralenti pesant montrant un des deux personnages principaux allant aux chiottes en se tenant le bide. La tempête de neige tout en numérique est elle aussi assez laide et aucunement crédible vu que les personnages qui sont en dessous n'ont jamais un seul flocon sur eux. Niveau gore le film la joue post-Saw avec deux ou trois tortures style dent arrachée à la pince et un ongle arraché à la tenaille avant que cruauté extrême et âmes sensibles s'abstenir devant tant de cruauté le méchant ne vienne marcher sur le pied du malheureux. Le dernier acte se voudrait particulièrement malsain en ajoutant une grosse dose de perversion sexuelle aux actes de cannibalisme mais encore une fois c'est le ridicule l'emporte de très loin sur le malaise.
Scarce souffre de son manque de moyen autant que de son flagrant manque d'imagination et de talent car il en faut pour venir transcender une base aussi pauvre afin de livrer un film regardable. Dernier petit détail aussi amusant qu'édifiant l'éditeur du DVD n'hésite pas à annoncer fièrement sur la jaquette du film « Par le réalisateur de Saw 2,3,4 » alors que ce pauvre Darren Lynn Bousman n'a vraiment pas grand chose à voir avec le film à part d'avoir servi de caution à Scarce qui mettait en avant sur sa jaquette américaine une déclaration de Bousman qui disait « Brutal, raw and full of all the red neck cannibalism one can handle ». Lorsque le produit est particulièrement mauvais les méthodes pour le vendre deviennent elles aussi très douteuses.
_____________________________________________________________________________ Ma note 02/10 ____________
Voilà une semaine se termine, une autre va bientôt commencer avec le printemps du cinéma dedans. To be continued .....
Tags : film, mungo, jeunet, lake, univers
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Commentaires
2FreddykMardi 23 Mars 2010 à 06:32Pas la peine de revenir pour être aussi désagréable .
Bon de mon coté je suis assez client de l'univers de Jeunet même si je comprends totalement qu'il puisse agacer ou énerver certains spectateurs. J'aime la radicalité de son univers qui effectivement ne laisse pas indifférent ce qui est pour moi déjà une formidable qualité dans le cinéma actuel.
Je suis au moins d'accord avec toi sur Omar Sy qui est un personnage particulièrement gonflant, pour le reste je maintiens mon avis des plus positif ayant passé pour ma part un bon moment devant le film.
Sinon continue de te permettre de ne pas être d'accord aussi longtemps que tu le désire, c'est la diversité d'opinions qui fait la richesse du débat.
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J'ai decouvert le dernier Jeunet il y a quelques semaines au cinema (oui, il a mis tout ce temps pour arriver jusqu'en Ecosse) et je l'ai trouve tout bonnement insupportable. DEja que je n'apprecie pas trop le cinema de Jeunet (mis a part Amelie Poulain et dans une mesure relative Alien 4), mais la j'ai vraiment eu l'impression que le bonhomme se met a tourner en rond et qu'il est incapable de sortir de son schema ecule. Mais le pire, c'est que le film n'est jamais drole, et que tous les personnages sont insupportables. Danny Boon est transparent comme jamais, Yolande Moreau se caricature (et ne sert strictement a rien), Dominique Pinon fait son Dominique Pinon, etc. Les plus desagreables restent tout de meme Omar Sy qui fait rire deux minutes avec sa manie des proverbes puis agace tres vite, et la femme elastique, tout bonnement a claquer.
Bref, je me suis fait chier du debut a la fin, et j'ai vraiment eu l'impression de perdre mon temps comme rarement...