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La cabane dans les bois de Drew Goddard
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La cabane dans les bois ( The cabin in the woods)
de Drew Goddard
USA – 2012 Comédie beaucoup / Horreur trop peu
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Le moins que l'on puisse dire c'est que La cabane dans les bois est un film qui aura su se faire attendre et désirer. Resté dans les placards pendant presque trois ans suite aux problèmes financiers de la MGM, un temps annoncé dans une conversion en 3D le film de Drew Goddard sort donc finalement sur les écrans avec en plus une jolie réputation de petite révolution horrifique. De quoi faire baver d'impatience les fans de films de genre qui il faut bien le dire sont de moins en moins surpris devant la majorité de la production horrifique actuelle. Il reste à savoir si le film de Drew Goddard et Joss Whedon tient finalement toutes ses nombreuses promesses ou si il demeure un pétard mouillé de plus.
La cabane dans les bois raconte l'histoire classique de cinq jeunes amis partis passé un week-end dans une cabane paumée au fond des bois. Après la lecture d'un journal intime trouvé dans la cave ils vont réveiller les esprits d'une famille de zombies dégénérés... Voici en tout cas pour la face visible de l'iceberg.
Avant de commencer cette critique je tiens à signaler aux lecteurs combien il est difficile d'analyser La cabane dans les bois sans en spoiler une partie des secrets. Je voulais tenter de ne pas trop en dire mais il est évident que pour approfondir mon analyse je serais obliger de livrer des pistes et informations que les futurs spectateurs du film préféreront sans doute ignorer. Vous voilà donc clairement avertis, cette critique contient de nombreux gros spoliers.
La toute première chose que l'on doit porter au crédit de La cabane dans les bois est incontestablement son originalité, certes relative, mais Drew Goddard et Joss Wedon proposent un film qui se démarque du tout venant de la production horrifique avec une histoire originale, un concept nouveau, un regard plutôt malin sur le genre en évitant de sombrer dans les facilités de reproduire ce qui marche depuis quelques années. On en viendrait presque déjà à célébrer La cabane dans les bois pour le simple fait de n'être ni un found footage, ni un remake, ni une zombédie, ni un film d'infectés , ni une suite ou prequel pas plus qu'un torture porn; c'est dire à quel point le cinéma horrifique est en manque de renouveau. Pourtant La cabane dans les bois n'est pas non plus un concept totalement neuf puisque restant dans l'esprit d'un film comme Scream ou le moins connu The red hills run red de Dave Parker avec un regard à la fois complice et distanciè sur les clichés inhérent au genre investit. L'originalité vient ici d'un regard extérieur sur les événements avec une mystérieuse entreprise de cols blancs semblant manipuler la réalité et les événements afin de parvenir à ses fins. Une sorte d'organisation secrète jouant avec les éléments d'un théâtre grotesque afin de satisfaire un obscur dessein tout en créant une sorte de film dans le film.
Mais comme tous les films qui s'amusent des clichés La cabane dans les bois cultive le paradoxe de les aligner avec la régularité mécanique d'un métronome. On pouvait espérer que à travers leur scénario Goddard et Whedon surprennent jusque dans la structure du survival forestier servant de base à La cabane dans les bois. Malheureusement il n'en sera rien et à bien des points de vues le film n'est finalement ni pire ni meilleur que bon nombres de productions du même genre. Alors bien évidemment on va me dire que c'est tout à fait normal et même qu'il ne peut pas en être autrement puisque le film joue sur les clichés du genre. Mais voilà, normal ou non, il faut juste savoir que sur l'essentiel La cabane dans les bois est un survival forestier ultra classique et plutôt soft avec son lot de personnages bien têtes à claques, de situations déjà vu milles fois et de jumps scare largement téléphonés. Il est vrai qu'il est bien plus facile de compiler les figures imposés d'un genre avec un sourire de complicité goguenard que d'en réécrire les concepts et d'en renouveler la mythologie. L'originalité , et je ne nie pas qu'elle est de taille, reste ses curieux personnages semblant orienter, manipuler, provoquer les événements afin d'écrire à mesure qu'il se déroule la trame d'un film d'horreur. Un décalage curieux, ludique et amusant dont il est objectivement dans un premier temps assez difficile de définir la finalité. Ce regard parallèle à celui du spectateur sur les événements provoque tout de suite un décalage humoristique et flingue illico tout le potentiel strictement horrifique du film qui déjà n'était pas extraordinaire. Très vite La cabane dans les bois devient une comédie bien plus qu'un pur film de terreur ce qui est déjà pour moi un demi échec pour un film sur-vendu comme le renouveau de l'horreur. Le premier Scream de Wes Craven réussissait à être à la fois par certains aspects une comédie tout en restant et avant toute choses un excellent slasher. Objectivement dans La cabane dans les bois, rien ne fait peur, rien ne met mal à l'aise, rien ne déstabilise les spectateur si ce n'est la curiosité ludique de savoir vers quoi nous conduit le scénario. On s'amuse donc beaucoup devant certaines scènes assez maligne comme lorsque notre mystérieuse entreprise provoque la séquence nichons du film en augmentant la température et diffusant des phéromone et on reste parfois circonspect devant quelques facilités imbéciles comme le gaz qui d'un coup fait changer d'avis comme par magie un personnage entre rester en groupe et se disperser. Les amateurs d'horreur pur et dur et de frissons seront fatalement frustrés tant on a trop souvent la sensation de voir deux vieux digne du muppet show commenter en live un mauvais film d'horreur.
Je dois dire qu'à mesure que le film avançait je me disais que Drew Goddard et Joss Whedon avaient intérêt à me trouver un climax absolument dantesque pour justifier le travail de cette curieuse entreprise. On comprends toutefois assez vite la stricte finalité des choses, la réponse est d'ailleurs déjà présente dans le générique de début, mais on a vraiment envie que le film apporte des réponses claires et pertinentes à nos trop nombreuses interrogations. Si la simple finalité est de trucider cinq adolescents en sacrifice, pourquoi toute cette mise en scène ?? Pourquoi cette compétition mondiale dans laquelle les règles du sacrifice en lui même semblent changer ? La finalité des films d'horreur, comme le laisse supposer le film, est donc de trucider dans un rituel accepté par les spectateurs sous couvert de divertissement des adolescents afin de satisfaire les puissance maléfiques du monde ? Il faudra juste dire à Joss Wedon et Drew Goddard que personne n'est dupe sur le fait que les personnages des films d'horreurs sont des acteurs qui reviennent régulièrement dans d'autres films. Ou alors, les deux scénaristes suggèrent que les adolescents sont tellement gavés de clichés de films d'horreur qu'ils vont les reproduire dans une situation extrême comme des imbéciles, les films d'horreur rendraient ils cons (??). D'ailleurs est ce un film en train de se tourner comme une télé réalité ou bien une réalité destinée à aucune diffusion ?? Le concept de La cabane dans les bois est certes ludique, original et malin mas il se prend aussi volontiers les pieds dans le tapis dans ses errances et ses contradictions. Pourtant le film effleure aussi du doigt des thématiques passionnantes comme notre regard distanciè sur la mort de personnes sous couvert de convention à un genre et une fiction...
Une fois acceptée l'idée générale du film on pourra alors se délecter d'un dernier acte assez bordélique mais particulièrement jouissif pour les fans de films d'horreur et de série B qui verront débouler à l'écran un bestiaire assez spectaculaire et diversifié. On s'amusera alors des très nombreuses références cinématographiques et littéraires présente à l'écran et on célébrera enfin l'orgie horrifique que nous propose le film tout en se disant qu'elle arrive bien trop tard. On notera toutefois que même en dehors du contexte d'un survival les personnages restent toujours des têtes à claques sans substances et que ce n'est pas le nihilisme de leur décision final qui va les transformer en figures inoubliables du genre contrairement à tant d'autres avant eux. Whedon et Goddard se plantent aussi un peu sur le choix de leur guest star final car outre le fait que Paul de Greg Mottola leur ai déjà piquè l'idée (même si historiquement La cabane dans les bois a été fait avant) on se dit que les deux compères aurait pu trouver une actrice autrement plus iconique et pertinente pour les fans de cinéma horrifique
La cabane dans les bois est donc un petite déception pour la simple raison que tout ce que le film remplit brillamment sur le contrat de la comédie se fait au détriment de l'horreur. Si le spectacle reste à la fois ludique, original, malin et bourré de bonnes intentions il n'est en rien un grand film d'horreur dans le sens ou je l'espérais. La cabane dans les bois est certes l'un des films de genre les plus originaux de ses dernières années mais j'aurai préféré de très qu'il soit l'un des plus intense et des plus effrayant. J'attends donc toujours mon grand film d'horreur mais il viendra un jour et j'espère que contrairement à celui ci il fera très mal, très peur et renouvellera vraiment le genre en l'investissant de manière frontalr et non détournée.
Ma note 07/10
Tags : film, cabane, bois, horreur, genre
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