• La Proie de Eric VALETTE

     

     

    la proie Le polar à la française se porte plutôt bien et parmi ses dignes représentants que sont Fred Cavayé, Olivier Marchal ou Nicolas Boukhrief on pourra maintenant ajouter le nom de Eric Valette que l'on pensait plus orienté vers le fantastique et l'horreur. Après une escapade américaine peu concluante le réalisateur de Maléfique est revenu en France pour y tourner des thriller comme Une affaire d'état et maintenant La proie, un film entre thriller et action qui se place dans la lignée des très bons films de Fred Cavayé.

     La proie raconte l'histoire de Franck Adrien (Albert Dupontel) un braqueur de banques contraint de s'échapper pour traquer son ancien codétenu qui s'avère être un dangereux prédateur sexuel pouvant mettre en péril sa famille. Une traque difficile pour Franck d'autant plus qu'il se retrouve très vite accusé des crimes de sa proie et pourchassé comme étant l'ennemi public numéro un. Le compte à rebours commence alors pour Franck qui doit sauver ce qu'il reste de sa famille, prouver son innocence avant d'être abattu par la police.

    la proie

     

    La proie est un bon petit thriller qui se place toutefois quelques coudées en dessous de l'excellent A bout portent de Fred Cavayé, les deux films s'articulant sur une même dynamique de course poursuite et de tentative pour le héros de retrouver ses proches en danger. Si La proie ne convainc pas totalement c'est essentiellement la faute à quelques facilités d'écriture dans son scénario qui font que le film est souvent trop prévisible pour totalement captiver l'attention. La proie accumule de trop nombreux clichés du genre comme la jeune flic mise à l'écart de l'affaire par ses supérieurs et qui poursuit en solo, l'ancien flic mis sur la touche qui poursuit ses enquêtes comme des obsessions et une traque qui dans sa grande majorité se déroule sans la moindre surprise. On regrettera aussi une propension à un poil trop charger le trait des personnages surtout concernant le méchant qui devient du coup un peu caricaturale dans le registre du salaud ordinaire, poli et bien propre sur lui. Toutes les petites faiblesses du film sont là, dans cette sensation d'un thriller trop classique et prévisible carburant avec une évidente connivence avec de nombreux clichés du genre. Des défauts pas suffisamment rédhibitoires pour se priver du plaisir et de l'efficacité évidente de Eric Valette à offrir un très bon moment de cinéma.

    la proie

     

    La proie tire une grande partie de sa force de l'interprétation et de la présence très physique de son acteur principal, à savoir l'excellent Albert Dupontel. Le comédien offre une belle performance en étant tout aussi crédible dans les nombreuses scènes d'action que dans les moments plus intimistes et émouvants. Albert Dupontel possède incontestablement une présence et un charisme peu commun dans le cinéma français ce qui lui permet d'être tout aussi crédible quand il râpe la gueule d'un détenu contre un mur en crépi, quand il saute sur le toit d'un train ou quand il serre sa fille dans ses bras. Il est toutefois difficile de ne pas parfois penser au Dupontel comique comme lorsque son personnage s'évade de prison en endossant la tenue d'un gardien, j'avoue que pour le coup la dégaine et la démarche particulière de l'acteur m'ont fait penser à Enfermés dehors, mais c'est sans doute du au fait que j'ai un petit peu trop regarder le film. Dans l'ensemble Albert Dupontel est formidable tout comme le reste du casting avec Alice Taglioni et Serge Hazanavicius tout deux parfaits en flics ordinaires, Stéphane Debac et Natacha Régnier qui incarnent un couple de salauds bien ordinaire et en vrac Sergi Lopez, Zinedine Soualem et Lucien Jean-Baptiste. La marque d'un très bon casting étant que tous les personnages parviennent à exister à l'écran en dépit de leurs traits de caractères parfois un peu forcé.

    proie

     

    Niveau action Eric Valette offre avec une régularité de métronome de très bon moments de cinéma entre une grosse bagarre bien sauvage dans une prison, plusieurs courses poursuites à pieds et quelques cascades automobiles. La proie est un film qui fonce tête baissée et devant lequel il est bien difficile de s'ennuyer, Eric Valette réhabilite d'une certaine manière le bon divertissement policier comme il en existait dans les années 80 avec les polars mettant en scène Belmondo ou Delon. La proie n'a sans doute aucunes autres ambitions que d'offrir un divertissement pour adultes, une bonne série B policière au premier degré et un thriller musclè enchainant sans le moindre temps morts les morceaux de bravoures tout en conservant un vrai suspens. On fera donc abstraction des quelques ficelles trop voyantes et de quelques facilités d'écriture pour se laisser porter par le simple plaisir d'un bon polar made in France.

     

    Ma note : 06,5/10

     

     

     

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