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The prodigies de Antoine CHARREYRON
Depuis toujours je suis un fervent partisan de la défense de tous les films français qui tentent de sortir la production hexagonale de son carcan afin de bousculer un peu les choses et permettre à des films différents de pouvoir simplement exister. Un film imparfait comme Frontières sera toujours à mes yeux bien plus respectable qu'un film de Catherine Breillat, l'audace toujours plus défendable que le conformisme. Ce petit préambule étant fait je vais pouvoir commencer ma critique de The prodigies, un film certes bourré de défauts mais également rempli de qualités et qui doit ,ne serait ce que pour son originalité, être vu et défendu.
The prodigies est l'adaptation du roman de Bernard Lentéric (La nuit des enfants) rois et raconte l'histoire de cinq gamins à peine adolescents dotés d'une intelligence hors du commun et de pouvoirs psychiques leur permettant de manipuler les esprits. Ces cinq jeunes sont réunis à New York par un homme possédant les mêmes pouvoirs qu'eux sous couvert d'un jeu de télévision visant à trouver les génies de demain. Mais un soir les cinq jeunes sont agressés avec une violence inouï dans central Park, ils décident alors d'utiliser leurs pouvoirs afin d'assouvir leur vengeance. Rongès par la haine, par le sentiment d'être incompris et rejetés les cinq jeunes adolescents décident alors de se venger de l'humanité toute entière...
The prodigies est un film d'animation avec un parti pris graphique très fort mais c'est avant toutes choses un très bon film de science fiction combinant un scénario assez sombre et une mise en scène très inspirée de Antoine Charreyron. The prodigies nous plonge dans les méandres un récit plutôt violent impliquant des gamins qui se découvre (pour une fois) le pouvoir de rendre coup pour coups à ceux qui les démolissent physiquement et mentalement. Le film, interdit au moins de douze ans, n'hésite pas à montrer un gosse battu à coups de ceinture, un autre quasiment passé à tabac et le viol sordide d'une gamine de treize ans filmé par un complice avec son portable. Des faits pas plus gratuit que totalement anodins puisqu'ils vont conditionner la haine viscérale envers les adultes et des hommes pour les cinq personnages du film. La violence est ici décuplée par une très belle idée de mise en scène transformant alors les agresseur en des monstres bestiaux dans des scènes graphiquement très épurées et soudainement presque en noir et blanc. Paradoxalement la violence est à la fois atténué par l'aspect synthétique de l'animation et décuplée par la puissance de la mise en scène de Antoine Charreyron. A ce titre la scène du viol est particulièrement éprouvante car sans rien montrer Antoine Charreyron parvient à faire passer toute la violence de l'acte notamment lorsque les autres gamins sont secouer par mimétisme des mêmes soubresauts que la victime.
The prodigies est assurément un bon film de science fiction mais c'est surtout un film qui imprime assez durablement l'esprit de formidables séquences et d'images tantôt spectaculaires et parfois inquiétante (Le gosse caressant un fusil à pompe). Antoine Charreyron s'offre des plans séquences improbables, des plongées et contre plongées vertigineuse et surtout offre aux spectateurs de formidables séquences comme ces cinq gamins en haut d'un building imaginant le monde en train de s'écrouler ou l'évasion de prison de Jimbo. Le meilleur moment restant sans aucun doute l'impressionant combat final durant lequel les prodigies utilisent des cadavres qu'ils manipulent comme de vulgaires pantins pour se foutre sur la gueule. On est donc très vite happé dans cette univers, par le caractère ambivalent des différents personnages, par qualité et le fluidité de la mise en scène en motion capture et par les enjeux dramatiques de cette histoire, le tout étant renforcée par une 3D qui une fois n'est pas coutume est assez immersive. Il faut aussi noter la très bonne bande originale de Klaus Badlet (A bout portant, Chasseurs de dragon) qui colle à la perfection à l'ambiance du film et porte à l'emphase toutes les scènes d'action du film.
Malheureusement The prodigies n'est pas dénués de défauts, la plupart étant purement technique et liés à l'aspect graphique du film. On peut comprendre et totalement adhérer aux partis pris graphiques radicaux du film qui l'oriente vers la bande dessiné avec parfois un rendu 2d, vers le jeu vidéo avec un aspect de cinématique et de cel shading et même comprendre une envie d'inscrire le film vers l'animation pur et dur sans chercher à avoir un rendu photo réaliste. Toutefois le film n'est pas dans une radicalité aussi prononcé qu'un film comme Renaissance pour totalement faire oublier que The prodigies semble parfois avoir techniquement dix ans de retard. Le parti-pris graphique, les problèmes de post production, le manque de confort du budget n'excuse pas tout comme la pixelisation assez honteuse de nombreux éléments du décor, le manque de nuance des textures, l'absence de détails et de naturel de certains visages et l'aspect graphique foireux de certains éléments comme les mains. Même si dans l'ensemble rien n'est totalement rédhibitoire ses aspects pour le moins gênant empêche souvent une plus grande implication émotionnelle surtout pour les expressions faciales des personnages. Si The prodigies offre de magnifiques images il ressemble également parfois à une cinématique de consoles ancienne génération et franchement à l'heure de Pixar et des films en performance captures de Zemeckis ça la fout un peu mal. Sur un aspect plus concret concernant le film on pourra juste regretter le manque de développement de certains personnages parmi les cinq gamins comme le gros rouquin au regard de tueur et la jeune fille asiatique. Ce qui reste objectivement et indépendamment de l'aspect visuel le seul gros défaut du film.
The prodigies est au bout du compte un très bon film qui mérite largement que l'on passe outre ses défauts visuels et ses aspects techniques semblant parfois d'un autre temps. En attendant le blu-ray qui semble t'il corrigera quelques défauts techniques le film de Antoine Charreyron mérite amplement d'être vu et surtout défendu.
Ma note: 07/10
Tags : film, prodigies, aspect, cinq, scene
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