• Mama de Andres Muschietti

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    Mama

    de Andres Muschietti

    Espagne - Canada - 2013 - Fantastique / Horreur

    Mama de Andres Muschietti

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     Un nom de producteur prestigieux en la personne de Guillermo Del Toro, une affiche magnifique et une bande annonce redoutable il n'en fallait pas plus pour faire de Mama l'une des production fantastique les plus attendue du moment. Mais comme très souvent lorsque l'attente est grande, la déception l'est également ...

    Mama c'est l'histoire de deux petites filles qui après avoir disparues pendant cinq ans à la suite du pétage de plomb de leur père sont retrouvées à l'état sauvage dans une cabane perdue en pleine forêt. Les deux fillettes après un cours séjour dans un hôpital sont alors recueillies par leur oncle et sa compagne qui ne tardent pas à s'interroger sur les comportements étranges des deux jeunes filles. Les deux petites filles prétendent être toujours en contact avec une entité mystérieuse qui leur a permis de survivre dans les bois et qu'elles appellent Mama.

    Mama commence magnifiquement bien avec un pré-générique vraiment très réussi. Très joliment photographié, chaotique et intense, les premières minutes du film nous plonge dans une ambiance à la fois anxiogène et dramatique laissant vraiment présager du meilleur mais malheureusement la suite sera bien moins puissantes que ces dix premières minutes. Il va déjà falloir passer outre les nombreux raccourcis et incohérences du scénario comme les cinq ans qui séparent les premiers événements et les retrouvailles des deux jeunes filles. On se demande vraiment comment et pourquoi en cinq ans personne n'a retrouvé une voiture qui a fait une sortie de route, à croire même que la disparition des deux jeunes filles n'avait donné lieu à aucune recherche particulière. On aimerait également savoir comment cet esprit qui hante la forêt et cette cabane perdue se retrouve dans la maison de ce jeune couple, car l'explication fournie par le film tient un peu de la mythologie bâclée avec le docteur qui nous raconte qu'il doit exister un passage entre le mur de la cabane et celui de la maison parce que c'est comme ça et qu'il y-a des choses que la science ne peux pas expliquer. D'ailleurs et de manière plus globale l'histoire, le background et la mythologie du fantôme manque cruellement d'épaisseur et de densité.

    Même si les largesses d'écritures sont assez flagrantes on parvient tout de même à suivre le film sans déplaisir et ceci en grande partie grâce à ses personnages. Car ce qui démarque Mama du tout venant horrifique actuel ce sont bel et bien ses personnages forts et leurs relations intimes touchantes. On passera assez vite sur les rôles masculins assez fades entre un docteur terriblement cliché sans grand intérêt et un oncle ( Nikolaj Coster-Waldau) tellement inutile que le script le balance très vite dans le coma sur un lit d'hôpital pour se concentrer sur les personnages féminins avec en premier lieu celui de Annabel. C'est la fragile Jessica Chastain qui incarne Annabel, une jeune femme rebelle dans l'âme et individualiste mais qui va doucement se découvrir mère et protectrice au contact de ses deux petites filles pas comme les autres. Brune, les cheveux courts, tatouée et physiquement plus rude que ses rôles habituels, Jessica Chastain surprend avec un personnage assez loin de ses rôles passés de beauté diaphane et fragile (The tree of lifeTake Shelter). Concernant les deux petites filles, elles sont interprétées avec beaucoup de justesse et d'émotion par Megan Charpentier pour l'ainée Victoria et Isabelle Nelisse dans le rôle plus inquiétant et mystérieux de la jeune Lilly. Trois personnages qui a des degrés plus ou moins prononcés vont pouvoir s'humaniser et se socialiser en se côtoyant et en essayant de tendre vers l'autre.

    Mama est donc un film de fantôme dans la plus pur tradition ibérique avec une entité maléfique reflétant la profonde tristesse et les tourments mélancolique de cette victime devenue esprit. Malheureusement le film de Andres Muschietti peine vraiment à installer une ambiance horrifique prenante et au final les deux petites filles encore sauvages se révèlent bien plus inquiétante que le fantôme en question. Il faut dire que si cette Mama est inquiétante dès l'instant qu'elle se tapie dans l'ombre ou apparaît furtivement au second plan (comme dans le très bon prologue du film) elle est bien moins crédible une fois exposée à l'écran. Car Andres Muschietti a beau avoir fait appel à l'impressionnant acteur Javier Botet et son physique squelettique inquiétant pour incarner Mama, à l'image le fantôme reste désespérément synthétique, numérique et transpire l'image de synthèse désincarné. Un comble pour un spectre censé porté une vraie dimension organique et dramatique et qui se retrouve réduit ici à une simple image virtuel. Quand on voit à quel point l'acteur Javier Botet peut être effrayant avec un maquillage soigné comme dans la trilogie Rec on se dit que Andres Muschietti n'a sans doute pas fait le choix le plus heureux en surchargeant d'effets spéciaux numériques la prestation de son acteur. Du coup même le final du film qui combine avec audace noirceur, mélancolie, tristesse, poésie et horreur n'est pas totalement convaincant car encore une fois les émotions ont bien du mal à transparaître derrière les effets spéciaux. Le climax émotionnel qui devait se jouer à quatre autour du sentiment de maternité avec Annabel, les deux petites filles et le spectre doit se contenter de trois protagoniste tant l'émotion peine vraiment à pointer de ce spectre trop numérique et pas assez humain.

    Mama est donc une vraie déception que l'on pourra toujours relativiser au regard d'une production horrifique actuelle un peu perdu entre found footage, torture porn et remakes. Le film de Andres Muchietti possède un certain charme et une vraie forme d'élégance mais il peine à s'imposer là ou il devrait frapper le plus fort à savoir sur l'angoisse et sur l'émotion.

     

    Ma note 06/10

     

     

     

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