• Saison 2010 Episode 38

     

     

    Dog pound ( 2010) de Kim Chapiron 07/10

    dog pound

     

    Après Sheitan, une bordélique mais amusante relecture du grand méchant loup version banlieue, Kim Shapiron signe avec Dog Pound son second long métrage. Comme pas mal de jeunes réalisateurs issus de la vague de films de genre made in France c'est aux USA que Kim Chapiron trouve l'opportunité d'un second projet sous l'impulsion de Georges Berman producteur avisé des films de Michel Gondry. Le jeune réalisateur issus du collectif Kourtrajmé abandonne cette fois ci l'univers fantastique et horrifique pour planter sa caméra dans l'univers réaliste et dramatique d'une maison de redressement pour délinquants juvéniles. Dog pound suit donc le quotidien de trois ados incarcérés dans la prison d'Enola Vale, une micro société censée remettre les gamins dans le droit chemin mais qui va vite se révéler être une cocotte minute de tensions et de violence toujours à la limite de l'implosion. Avec Dog Pound, Kim Chapiron livre un second diamétralement opposé à l'univers limite hystérique de son premier long métrage. Dog Pound est un film froid et réaliste à la mise en scène radicalement sèche et sans fioritures. Une sorte de plongée en apnée dans l'univers carcérale d'autant plus crédible à l'écran que le film est porté par un très bon casting composé de jeunes comédiens peu connus mais tous formidables de justesse et de nombreux figurants issus directement de gangs ou ayant connus réellement la prison. Un regard froid et distancé, presque documentaire qui permet à Kim Chapiron de s'éloigner de pas mal des clichés du genre en montrant notamment des matons attentifs et presque paternalistes et une population carcérale essentiellement constitué de blancs sans gangs de chicanos et lutte raciale. Dog pound n'est pas un film à thèses, pas un manifeste moralisateur mais un instantané réaliste ( Chapiron a enquêter plus d'un an dans l'univers carcérale américain) du quotidien d'un univers par définition totalement hermétique. Le film montre alors comment de jeunes adolescents qui sont dans une phase de construction de leur personnalité et une approche de valeurs morales se retrouvent confrontés à un univers dans lequel règne désespoir, violence, lutte de pouvoir, humiliation et privation de liberté. Un univers fonctionnant en vase clos sur des valeurs souvent négatives ne pouvant fatalement qu'exploser à la moindre étincelle pour finir par ne proposer qu'un bien illusoire espoir de rédemption et de liberté. Dog pound est une belle réussite, un film qui capte l'attention pour ne plus la relâcher jusqu'au générique de fin, un film qui confirme en tout cas que Kim Chapiron , un peu vite catalogué réalisateur branchouille exaspérant, est au contraire un vrai cinéaste à suivre.

     

    Thr3E (2007) de Robby Henson. 04/10

    thr3e

     

    Thr3e est un petit thriller dans lequel un mystérieux tueur met au défit un jeune étudiant à coup de devinettes sur le registre « soit tu réponds, soit toi ou un de tes proches va exploser ». Ce jeune étudiant va trouver de l'aide auprès d'une profileuse dont le frère à été victime du tueur et d'une amie d'enfance. Afin d'échapper aux pièges machiavéliques du tueur le jeune homme devra avant toute chose replonger vers son passé et les traumatisme de son enfance. Thr3e ressemble à une grosse compilation d'influences pas toujours bien digérées pour finalement ressembler à un énième thriller découlant des vagues successives de films à la Seven et à la Saw(ce) psychopathe joueur. Sans être totalement honteux le film sombre tout de même assez vite dans l'ennuie et la routine d'une mécanique super répétitive avec une bombe, une question et un sauvetage de dernière minute. L'enquête est finalement bien peu passionnante et l'intensité dramatique reste au point mort surtout lorsque le film verse dans le comique involontaire avec le magnifique « Confesses tes péchés ou je tue le chien ». Plutôt correctement emballé par Robby Henson et servi par trois comédiens convaincant, Marc Blucas, Justine Wadell et Laura Jordan, le film peine juste à décoller au dessus du format d'un honnête téléfilm policier du dimanche soir. Le film se termine par un gros twist ending aussi prévisible que mal venu et il est bien difficile alors de penser qu'une seconde vision du film en connaissance des faits ne laisserait pas apparaître de nombreuses et flagrantes incohérences. Une chose est certaine ce n'est pas moi poussera le vice au point de revoir le film pour vérifier. Pas vraiment bon ni totalement mauvais Thr3E est un petit film qui s'oublie presque aussi vite qu'il se regarde.

     

    A l'origine (2009) de Xavier Giannoli 07/10

    a l'origine

     

    A l'origine du film du film de Giannoli on trouves un fait divers assez extraordinaire qui a lui seul tient lieu d'improbable scénario à la fois romanesque et dramatique. Le film s'inspire effectivement de la vie de Philippe Berre, un escroc qui en 1997 se fait passer pour un chef de chantier afin de construire un morceau d'autoroute en plein milieu d'un champ. Le film de Xavier Giannoli exploite à merveille cette incroyable histoire en plongeant un petit escroc opportuniste dans une région sinistré par la crise et dans laquelle l'homme voit une miraculeuse possibilité faire fortune en relançant la construction d'une autoroute abandonnée. A l'origine est un film dense aux multiples niveaux de lecture et surtout le portrait fascinant d'un homme complexe dont les intérêts privés finissent par laisser la place à un besoin viscérale d'exister aux yeux des autres quitte à se perdre en tentant de faire exister un rêve auquel plus personne ne croit. C'est François Cluzet qui incarne ce personnage d'escroc et il livre une magnifique performance d'acteur faisant de cet homme une figure inoubliable de la tragédie humaine. Loin de l'image caricaturale de l'escroc sur de lui, charmeur et volubile l'acteur incarne un homme fragile , hésitant qui ne prendra finalement de l'assurance qu'à mesure que l'improbabilité de son entreprise se fera de plus en plus tangible. La simple envie de croire et d'espérer, le simple besoin de travail va permettre à cet escroc de fédérer sur son projet des dizaines d'entrepreneurs, des banques, des hommes et des femmes plongés dans le marasme d'une région sinistrée par les délocalisations. Une entreprise complètement folle qui va doucement et lentement dépassée cet homme qui d'escroc va très vite devenir un héros illusoire trouvant sa place dans la société par la respectabilité de son travail. Philippe Miller (François Cluzet) va alors se perdre dans l'obsession magnifique de faire exister un rêve jusqu'au bout comme un combat perdu d'avance contre une vérité inéluctable. Un mensonge tellement porteur d'espoir, de reconnaissance, d'amour pour lui même et pour les autres que l'homme finira par y dilapider son argent afin de retarder le plus longtemps possible le moment de la chute. A l'origine est un film vraiment touchant par cette trajectoire humaine allant de l'individualisme au besoin d'exister pour finir par le retour vers une irrémédiable solitude. Xavier Giannoli livre avec A l'origine son meilleur film, une histoire d'une belle densité dramatique avec des acteurs superbement dirigés comme François Cluzet absolument énorme, Emmanuelle Devos touchante, Gerard Depardieu sobre comme on ne l'avait pas vu depuis longtemps et la jeune et très juste Stéphanie Sokolinski. Xavier Giannoli parvient à insuffler un souffle romanesque à cette histoire en proposant une mise en images ample et poétique comme dans la manière dont il traite symboliquement l'image du chantier. Tout d'abord abandonné et vide ce morceau de route va vite devenir le symbole de reconstruction de ce personnage, sa reconnaissance passera par une fête communautaire sur le chantier éclairé de lumières fantastique pour finir par un bourbier sans fin dans lequel le personnage s'enlise avant de finir totalement seul sur cette autoroute construite comme un rêve achevé sur laquelle ironie du sort les policiers viendront l'arrêter. Même si objectivement le rythme assez lent du film fait que l'on voit passé les deux heures, A l'origine reste un très beau film traitant de la banalité d'un personnage hors normes à la recherche de reconnaissance par le rêve.

     

    Zack et Miri font un porno - Zack & Miri make a porno – 2008 de Kevin Smith 07,5/10

    zack et miri font un porno

     

    Drôle de choix de la part des distributeurs d'avoir offert le grand écran au plus mauvais film de Kevin Smith avec le lamentable Top cops pour balancer ensuite ce très agréable Zack et Miri font un porno directement en DVD. Car le meilleur de Kevin Smith se trouve incontestablement bien plus dans cette comédie romantique gentiment trash et fort amusante que dans cet ersatz de buddy movie de triste mémoire. Zack et Miri sont deux amis qui s'aiment depuis toujours d'un amour aussi sincère que platonique. Compagnons de galère ils partagent le même appartement et tentent de faire front ensemble aux nombreuses factures et dépenses qu'ils ont de plus en plus de mal à gérer. Alors qu'ils se retrouvent sans eau, ni électricité en plein hiver ils décident de tourner avec quelques amis un porno amateur afin de se faire assez d'argent pour retrouver un minimum de confort. Les deux amis s'engagent alors dans un tournage pornographique dans lequel ils devront coucher ensemble pour la première fois mettant leur relation sur le fil du rasoir entre amitié et amour. On retrouve avec Zack et Miri font un porno le Kevin Smith que l'on aime; celui des dialogues interminables ponctués de grossièretés suffisamment drôles pour ne pas être gratuitement vulgaire, celui des personnages d'éternels adolescents, celui des répliques qui fusent, celui des citations cinématographiques bien senties, celui des gags trash les plus osés et surtout celui qui aiment tout autant ses personnages que ses acteurs. On retrouve donc dans le film Jason Mewes et Jeff Anderson, deux complices habituels de Kevin Smith; mais aussi deux anciennes gloire du porno avec Tracy Lords dans le rôle de Bubble et Katie Morgan dont on se souviendra longtemps de son remède radicale contre la constipation. On pourrais ajouter également la participation de Justin Long absolument hilarant en acteur de films pornos gays et l'apparition de Tom Savini en propriétaire limite escroc. Du coté des personnages principaux on retrouve avec plaisir l'excellent Seth Rogen du team Apatow qui incarne Zack et c'est peu dire que l'acteur se fond sans le moindre soucis dans l'univers de Kevin Smith, quand à Miri elle est interprétée tout en finesse par la délicieuse Elizabeth Banks ( Horribilis, 40 ans toujours puceau) qui donne à son personnage tout le charme nécessaire à une comédie romantique. Car Zack et Miri font un porno est bel et bien une comédie romantique des plus classique avec sa mécanique et ses figures imposées mais Kevin Smith a la très bonne idée de faire naître cet amour dans le cadre lui aussi très codifié mais totalement opposé du cinéma pornographique. La fameuse scène de cul entre Zack et Miri commence d'ailleurs comme une parodie de boulard de seconde zone avec ses aspects les plus artificielles et grotesque comme ses dialogues insipides déclamés ans convictions, ses situations grotesques, ses costumes fonctionnels pour soudain basculer vers la sincérité d'une étreinte plus charnelle, délicate et foutrement émouvante. On s'amuse donc énormément devant l'évidente bonne humeur communicative avec laquelle cette bande de comédiens jouent à faire du porno tout en restant ému par cette prévisible mais touchante histoire sentimentale. Zack et miri font un porno s'inscrit donc directement dans la veine du formidable Clerks II et donc du meilleur de Kevin Smith.

     

    Voilà une semaine se termine, une autre va bientôt recommencer. To be continued....

     

     

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 14 Novembre 2010 à 14:41

    Entièrement d'accord en ce qui concerne Zack et Miri (que j'ai eu la chance de voir au ciné il ya déjà un bon bout de temps), et tout particulièrement la scène d'amour entre les deux personnages principaux, que j'ai trouvée fichtrement émouvante. A vrai dire, c'est une des premières fois que je retrouve sur un écran de ciné l'émotion de cet acte. Habituellement, c'est soit niais et prude, soit sulfureux et cru, mais jamais on ne voit ce côté "découverte de l'autre" que l'on retrouve dans ce film. Rien que pour cette très belle scène, le film est à voir.

    2
    freddyk
    Mardi 16 Novembre 2010 à 06:08

    C'est vrai que la scène est une petite merveille avec cette rupture de ton radicale entre comédie et émotion et puis j'aimes beaucoup cette idéee des deux personnages surjouant le désir dans le schéma d'un film de cul pour parvenir enfin à se toucher et réussir à s'aimer. Effectivement plus je repense à cette scène plus je la trouve magnifique.

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