• Saison 2011 Episode 17

     

    Au sommaire cette semaine : 

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       Venus noire (2010) de Abdellatif Kechiche 08/10

    venus noire

     

    Le troisième long métrage d'Abdellatif Kechiche après L'esquive et La graine et le mulet est un film âpre, froid presque clinique et dérangeant jusqu'au vertige. Venus noire raconte l'histoire vraie (Et c'est bien ça le plus terrifiant) de Saartjie Baartman une jeune femme issus d'une tribu d'Afrique du sud qui au début des années 1800 fût ramenée en Europe par un hollandais afin d'être exhibée comme un vulgaire monstre de foire. Le destin hors du commun de la jeune femme passera ensuite par la France ou elle sera le jouet des salons libertins et des bordels avant de finir dépecée comme un animal par le muséum national d'histoire naturel de Paris afin de démontrer une prétendue infériorité des races. Une histoire sans doute tellement hallucinante de violence et monstrueusement représentative de la connerie humaine que Abdellatif Kechiche semble d'emblée prendre parti de raconter les faits de la manière la plus neutre possible. Une orientation froide et radicale qui agacera sans doute de nombreux spectateurs amateurs de réalisation plus flamboyante car Kechiche n'use d'aucun artifice pour rendre cette histoire plus belle, plus dramatique et plus incroyablement tragique qu'elle ne l'est déjà. Le film ne comporte pas de musique et jamais le réalisateur ne cherche à sur-dramatiser les événements par des effets de mise en images laissant souvent les spectateurs dans une position très inconfortable de voyeurs d'une époque et d'une conception immonde de l'humanité. Venus noire est un film exigeant, finalement très désagréable à regarder qui étire souvent sur 160 minutes ses scènes caméra à l'épaule sans recherche esthétique comme si nous devions les subir en temps réel et en témoin impassible. Et pourtant il est bien difficile de rester de marbre devant ce calvaire sans nom, devants ses exhibitions grotesque durant lesquelles Saartjie est montrée en laisse comme une bête sauvage, devant ses libertins bourgeois la touchant de manière intime comme un objet dans des séquences flirtant avec la pornographie ou devant ses pseudos scientifiques la mesurant pour rapprocher sa morphologie à celle des singes. Abdellatif Kechiche choisit de tout montrer dans une spirale vertigineuse vers l'immonde pour aboutir à la destruction morale et physique de cette jeune femme. Le film va très loin, trop loin même diront sans doute ceux qui préfère se voiler la face plutôt que de regarder la vérité dans sa crudité la plus extrême. Vénus noire est un film qui met mal à l'aise, qui bouscule, qui choque, qui interroge et qui vous laisse des le générique de fin terminé avec une étrange sensation de malaise au fond du ventre. A en croire les avis glanés ici et là sur le net le film semble laisser pas mal de monde de marbre du fait de son refus de toute dramatisation et la passivité de son héroïne dans la soumission (??) mais pour moi c'était clairement chair de poule et larmes au yeux durant les trois quart du temps. Il faut évidemment saluer le casting formidable du film avec Yahima Torres absolument immense dans le rôle au combien difficile et impudique de Saartjie, mais aussi Olivier Gourmet en salaud pathétique, André Jacobs formidable et ambigüe et Elina Löwenshon terriblement émouvante dans le rôle de l'amie trouble de Saartjie. Vénus noire n'est à priori pas vraiment dans le registres des films dont je raffole le plus, c'est même le tout premier film de Kechiche que je regarde, mais c'est pour moi un électrochoc radicale, sincère et intelligent sur un devoir de mémoire indispensable. Venus noire est un film qui vit bien au delà de l'instant durant lequel on le regarde et c'est pour moi la marque des très, très grands films.

     

    I feel good - Young at heart (2008) de Stephen Walker 08/10

    venus noire

     

    I feel good est un film documentaire qui suit la préparation du nouveau spectacle d'une chorale franchement plus rock'n roll et touchante que celle du film Les choristes. Stephen Walker a effectivement suivit durant plusieurs semaines les Young at heart une chorale composé de personnes agés de plus de 75 ans et qui chantent avec une bonne humeur communicative des standards du rock et de la punk allant des Clash à Bob Dylan en passant par les Talking heads, Sonic Youth, les Rolling Stones ou James Brown. I feel good est un film qui porte magnifiquement bien son titre car il fait partie de ses feel good movie qui vous donnent la pêche et vous laissent un sourire béat à la bouche. A la fois pudique, touchant et amusant le regard de Stephen Walker sur ses papis et mamies rockers déborde juste d'une tendresse infinie. On est donc amusé de voir ces extraordinaires personnages apprendre avec une loupe les paroles des chansons sur des feuilles pourtant déjà immenses et écrites en très gros, on est touché de leur maladresse et de leur énergie, on sourit de les voir s'endormir aux répétitions, demander sur quelle face on écoute un CD ou s'éclater comme des gosses. Les membres de cette chorale sont juste monstrueusement attachants et l'on ressent immédiatement une formidable empathie et sympathie pour ses gens bigger than life. J'ai une tendresse particulière pour Fred Knitlle un vieux monsieur sous aide respiratoire à l'imposante stature dont l'humour fait des ravages comme lorsque il raconte que « De continents en continents je suis devenu incontinent » ou qu'il assure que sa voix grave dépends de comment son slip le serre. J'ai aussi un faible pour Eileen Hall une ancienne stripteaseuse qui passe une bonne partie du film a aguicher l'équipe de tournage. Mais I feel good réserve aussi de formidables moments d'émotions lorsque la vieillesse, le temps, la maladie et la mort viennent perturber la vie du groupe. Impossible par exemple d'oublier le Nothing compares to you chanté la voix gorgée d'émotions après l'annonce de la mort de l'un de leur compagnon. Le film vous colle même carrément la chair de poule et les larmes au yeux lorsque toujours en hommage à des amis disparus les Young at heart chantent Forever Young de Bob Dylan devant des taulards médusés ou que Fred Knitlle se lance les yeux embués dans un bouleversant Fix me de Coldplay en hommage à son ami qui devait chanter en duo avec lui. I feel good est un formidable hommage à la jeunesse du cœur, un film bouleversant d'humanité qui donne une patate d'enfer tout en vous laissant les larmes aux yeux. On a juste envie de remercier Paul Walkers, Bob Cilman le créateur du groupe young at heart et ses membres qu'on aimerait franchement tous avoir comme grands parents.

     

    Grace (2010) de Paul Stolet 07/10

    venus noire

     

    Finalement il faut bien peu de choses et de moyens pour faire un très bon film d'horreur à la fois anxiogène et dérangeant. Paul Stolet qui est à la fois scénariste et réalisateur a tout compris et offre aux spectateurs avec Grace un formidable petit film d'horreur tout aussi psychologique que particulièrement efficace dans ses débordements. Grace s'appuie déjà sur une histoire très forte et glauque avec le récit de cette femme enceinte qui après un accident de voiture décide d'aller au bout de sa grossesse malgré la mort de l'enfant qu'elle porte dans son ventre. Après un accouchement aussi douloureux physiquement que psychologiquement le bébé revient miraculeusement à la vie. Très vite la petite fille prénommée Grace va pourtant s'avérer un bébé bien différent des autres. Sur cette idée particulièrement forte Paul Stolet construit un film sur des angoisses universelles et des désirs primitifs, dans Grace les personnages sont hantés par le désir de maternité et l'impossibilité du deuil symbolisé par la mise au monde d'un enfant mort né. Grace est un film plutôt lent, posé qui installe doucement mais surement un climat froid et angoissant à mesure que l'anormalité de ce bébé devient de plus en plus palpable tandis que sa mère tente en dépit de tout de faire comme si sa petit fille était comme tous les autres nouveaux nés. Sans jamais vouloir rien expliquer ou expliciter Paul Stolet imprime à son film un sentiment de malaise profond par la simple perfection de sa mise en scène et la lourdeur psychologique du drame étrange qu'il est en train de nous montrer. La grande force du film étant cet étrange et très glauque sentiment que cette femme s'occupe d'un cadavre comme si c'était un bébé. Le film offre également une galerie de personnage fort dans leur détermination et légèrement désaxés dans leurs agissement comme cette belle mère aux pulsions maternelles bien troubles qui allaite son mari au sein et souhaite par tous les moyens récupérer le bébé de sa belle fille. On trouve aussi dans Grace un médecin sans le moindre scrupule, trouble et libidineux aux diagnostics pour le moins étrange. Mais le personnage le plus fort est évidement Madeline (Jordan Ladd parfaite) cette mère de famille prête a tous les sacrifices pour garder et nourrir son enfant qu'elle considère comme un miracle et un don de dieu. Tout en préférant jouer du hors champs, d'une ambiance lourde et d'une horreur psychologique Grace s'offre quelques débordements gore bien douloureux et très réaliste. On pourra juste regretter deux trois scène durant lesquelles le bébé fait trop poupon en plastique et un final un peu maladroit qui oriente le film vers le bis. Bien peu de choses par rapport à la qualité d'ensemble de ce très bon et très surprenant petit film.

     

    Spanish movie (2009) de Javier Luis Caldera 03,5/10

    spanish movie

     

    Que peut on encore espérer d'une parodie comme Spanish movie alors que le genre c'est depuis plusieurs années diluer dans la médiocrité la plus crasse d'une formule mécanique remplissant jusqu'à la nausée son cahier décharge de glaviots, de prouts et de gags bien gras du slibard ?? La parodie semble effectivement belle et bien morte et achevé encore agonisante par ses deux têtes de gondoles qui sont Aaron Seltzer et Jason Friedberg. Pourtant l'atout un poil exotique de ce Spanish movie a suffit à éveiller ma curiosité malsaine afin de voir si l'humour ibérique pouvait tirer un peu le genre de la fange dans laquelle il croupit lamentablement. Spanish movie de Javier Luis Caldera reprends plus ou moins la trame de Los Otros de Amenabar et El Orfanato de Juan Antonio Bayona tout en y greffant de nombreux éléments des grands succès espagnol de ses dernières années. Il serait bien présomptueux de parler de scénario ou d'histoire puisque le film de Caldera imbrique sous une vague trame narrative un maximum d'éléments parodiques qui apparaissent parfois de manière totalement gratuite comme la courte parodie de REC. Spanish movie n'est même pas une déception tant je n'espérais pas grand chose du film mais la confirmation que la formule de la parodie Seltzer/Friedberg est un dangereux virus qui se propage bien au delà des frontières. Une sorte de boucle semble se boucler et toute la singularité du cinéma espagnol est ici totalement oublier pour se fondre dans un informe parodie réalisé comme le pire de ce que propose la cinéma US. Spanish movie carbure donc à l'humour bas de plafond, aux gags scatologiques et sexuels et recycle à tour de bras des gags déjà vu et des dialogues qui se pensent drôles uniquement parce qu'ils sont grossiers. Pourtant Javier Luis Caldera parvient à hisser son film un poil au dessus du pire du genre grâce a deux trois idées de mise en scène amusante jouant sur des trucs de cinéma comme le split screen ou les flashbacks ici introduit par des personnages ondulant des épaules pour donner l'illusion d'une image se déformant. Objectivement rien ne sauve totalement le film de Javier Luis Caldera mais Spanish movie propose quelques éléments un poil plus subtil que dans la masse des récentes parodies avec de nombreux caméos amusant et des clin d'œil un poil plus cinéphile que les références énormes aux derniers gros succès. La scène durant laquelle les personnages en voiture traverse une rue en croisant des passants qui évoquent de nombreux film de Pedro Almodovar est par exemple assez réussie. Concernant les nombreuses guest stars et leur apparitions, on peut sans doute trouver consternant de voir tant de talents venir cautionner cette triste entreprise mais aussi se réjouir du plaisir pour le coup très cinéphile de reconnaître les courtes apparitions de Balaguero, Juan Antonio Bayona, Alejandro Amenabar, Paco Plaza, Belen Rueda, Alex De La Iglesia et Leslie Nielsen dans un de ses derniers rôles. Spanish movie n'apporte donc rien de bien nouveau, juste deux trois occasion de se marrer, le plaisir de quelques et furtives apparitions le tout étant tout de même noyé dans la facilité et la médiocrité de l'ensemble.

     

    Voilà une semaine se termine, une autre va bientôt recommencer. To be continued ....

     

     

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