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Silent Hill Revelation de Michael J Bassett
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Silent Hill Revelation 3D
de Michael J Bassett
Canada / USA / France - 2012 - Fantastique / Horreur
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Il aura donc fallut attendre six ans avant que la première adaptation du jeu Silent Hill par Christophe Gans trouve une suite sur grands écrans. C'est cette fois ci le réalisateur britannique Michael J Bassett (Wilderness – Solomon Kane) qui s'y colle en proposant, non pas une nouvelle histoire indépendante comme dans la saga vidéo ludique, mais une suite direct au premier film. Si le premier film imparfait de Gans avait divisé les fans du jeu, ce n'est certainement pas ce second opus qui va les réconcilier avec la notion d'adaptation à l'univers si particulier des jeux cultes de Konami.
Pas facile de résumer le script à la fois simpliste et bordélique du film du coup je me contenterais du synopsis officiel de Allociné. Depuis son plus jeune age Heather Mason à l'habitude de changer d'adresse très souvent avec son père. Sans vraiment savoir pourquoi elle fuit. Pourtant cette fois elle se retrouve piégée. Pour sauver celui qui avait toujours réussi à la protéger et découvrir qui elle est vraiment, Heather va devoir affronter un cauchemar qui devient de plus en plus réel... Silent hill. C'est vrai que même comme ça ce n'est pas très clair !
Le film se déroule donc plusieurs années après les événements du premier film, Harry (Sean Bean) qui avait réussi à s'échapper de Silent hill tente de protéger sa fille Sharon ,désormais prénommé Heather et blonde pour tromper les ténèbres, puisque sa mère est parvenue à la sortir des méandres de Silent hill. Hantée par de terrifiants cauchemars Heather tente de vivre une vie normale, mais voilà que les forces démoniaques de la ville ainsi qu'une mystérieuse secte sont à l'œuvre pour faire revenir Heather à Silent hill en kidnappant son père. A priori, même si elle va à l'encontre de la logique des jeux, l'idée de faire une suite direct au film de Christophe Gans pouvait sembler séduisante surtout qu'une bonne partie du casting du premier opus répondait présent pour cette suite. Malheureusement, on sent surtout que Michael J Bassett rame pour relier de manière cohérente les deux histoires entre elles et à part Sean Bean relativement présent à l'écran les autres personnages du premier film se contentent d'apparitions totalement anecdotiques comme Radha Mitchell et Deborah Hunger. A ce compte là on se dit que finalement repartir sur une toute nouvelle histoire aurait sans doute été une option bien plus payante.
La simple évocation des jeux Silent hill auprès des joueurs provoquent souvent les souvenirs de sensations extrêmement forte de tension, de peur malsaine et de malaise et c'est en toute logique que l'on se doit d'espérer retrouver ses sentiments dans les adaptations cinématographiques. Concernant Silent hill: révélation et bien plus encore que pour le premier film on est une nouvelle fois bien loin du compte et on ne retrouvera quasiment jamais l'ambiance si particulièrement poisseuse des jeux. Michael J Bassett visiblement bien peu inspiré multiplie les fautes de gouts et les incohérences pour livrer un film qui n'est qu'une bien pâle photocopie de l'univers oppressant qui avait fasciné tellement de joueurs. Certaines séquences comme lorsque Heather se retrouve dans les couloirs du lycée font plus penser à Nightmare on elm street qu'à Silent hill et l'univers (même si la filiation n'est pas honteuse ou déplacée) donne parfois la sensation d'être dans un monde à la Clive Barker comme lors de la séquence un peu gratuite du boucher découpant un corps humain suspendu. C'est d'ailleurs un peu étrange de voir l'univers de Silent hill déborder à ce point de la ville maudite pour se retrouver à la fois partout et absolument n'importe ou. Mais le plus embêtant reste l'utilisation bien paresseuse de l'univers graphique des jeux à l'image du décor de fête foraine totalement inexploité et de la photographie assez laide du film. Il ne suffit pas de filmer des escaliers métalliques, des grilles et des couloirs vides avec un filtre jaune et des lumières vertes pour instaurer un semblant de malaise. Le bestiaire est fort heureusement assez séduisant à l'image de cette araignée composée de morceaux disparates de mannequins et l'on retrouve avec plaisir quelques figures emblématiques des jeux comme les étranges infirmières aux poses désarticulées. Aucune créature ne marque toutefois autant les esprits que l'homme scorpion du Silent hill de Christophe Gans et bien plus embêtant encore le film de Michael J Bassett dénature la figure mythique de pyramide head qui devient une sorte d'allié et de sauveur apparaissant pour venir aider et sortir Haether des situations les plus délicates. Un choix des plus discutable surtout pour la plupart des gamers qui redoutaient justement de voir le personnage surgir au détour d'une séquence. Pyramide head finira même par se battre avec la méchante dans une scène finalement plus proche de l'esprit de Soulcalibur que de celui de Silent hill
Ce Silent hill révélation manque de puissance dans son traitement visuel mais aussi de consistance et de profondeur comme si personne sur ce film n'avait compris que la saga des jeux vidéos allait bien plus loin que le simple survival horror en proposant une approche à la fois psychologique et profondément mélancolique de l'horreur. L'émotion est totalement absente et la psychologie des personnages est réduite à la plus simple expression avec une galerie de personnage totalement creux ou caricaturaux. J'aimerais beaucoup connaître la teneur du scénario de Roger Avary (Beowulf, Killing Zoe, Reservoir dogs) finalement rejeté par la production afin de privilégier cette histoire assez désespérément plate. Difficile effectivement de s'accrocher au moindre personnage et à leurs motivations simplistes (retrouver papa) ou totalement obscures comme pour la secte attirant Heather vers Silent hill. On est bien loin des quêtes intimes et déchirantes des personnages des jeux plongeant vers l'horreur absolue par amour pour un poche. Si le casting est alléchant sur la papier il est loin d'être convaincant à l'écran la faute une nouvelle fois à des personnages peu fouillées et une direction d'acteurs visiblement assez limitée. Seule Adelaide Clemens surnage un peu dans le rôle de Heather car pour le reste Sean Bean semble s'ennuyer à reprendre son rôle de père perdu dans le brouillard, le jeune Kit Harrington apporte la caution romantique mais incarne un personnage totalement fade et aussi mono expressif que son rôle dans Game of thrones, Carrie-Anne Moss qui visiblement se renfermait pendant des heures sur elle même pour l'intensité du rôle reste tellement impassible qu'elle semble s'en foutre totalement et Malcom McDowell avec tout le respect que je dois à cette immense acteur incarne un fou avec un cabotinage tellement insupportable qu'il frôle le portnawak de série Z.
Ce Silent Hill révélation n'est pas encore au même niveau de médiocrité et de foutage de gueule que la série des Resident evil mais il est évident que le film de Michal J Bassett ne pousse pas vraiment la saga vers le haut. Tout aussi décevant par la forme que par le fond ce Silent hill révélation ne fait finalement pas plus honneur au film de Gans qu'à l'univers de la saga des jeux de Konami. Le grand film estampillé Silent hill reste donc toujours à faire mais vu la pente savonneuse prise par la saga avec ce second opus il n'est pas certain qu'un troisième volet soit souhaitable immédiatement...
Ma note 03/10
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