• Slice de Kongkiat Khomsiri

     

     ___________________________________________________________

    Slice (Cheun)

    de Kongkiat Khomsiri

    Thaïlande (2010) – Thriller / Horreur / Bangkok's blues

    Slice de Kongkiat Khomsiri

    ____________________________________________________________

    On connaissait les polars introspectifs à la japonaise, les polars explosifs à la sauce Hong-Kong et les thrillers sombre et torturés à la coréenne. On pourra peut être maintenant ajouter à cette liste de films noirs made in Asia les thrillers nostalgiques et humaniste à la thaïlandaises. Slice est un film de Kongkiat Khomsiri (Art of the devil 2 et 3) qui commence en s'inspirant des psycho killer post Seven à l'américaine pour finalement devenir le joli portrait d'une amitié d'enfance.

     Slice c'est l'histoire de Tai un ancien tueur à gages emprisonné, que la police décide de faire sortir afin qu'il puisse les aider à retrouver un serial killer. Effectivement ce tueur qui découpe ses victimes et les enferme dans des grandes valises rouges serait un ami d'enfance de Tai. Le jeune homme a alors quinze jours pour retourner dans le village de son enfance, retrouver les morceaux du puzzle afin d'arrêter le tueur qui terrifie Bangkok.

     Slice débute donc comme un thriller mettant en scène un tueur implacable et méthodique et des flics totalement dépassés par les événements. Rien de bien nouveau le film se posant comme une décalque de tonnes de films américains post Silence des agneaux et Seven. Slice tire toutefois son épingle du jeu en plongeant les spectateurs dans un univers à la fois extrêmement violent et fascinant. Effectivement le tueur de Slice porte une sorte d'immense cape rouge et ses mouvements sont parfois à la limite de la chorégraphie. Même si elle n'est objectivement pas la partie la plus intéressante du film cette première demi heure comporte toutefois une séquence de carnage à l'arme à feu dans une boîte à partouse assez extraordinaire. Une séquence à la fois grotesque puisque les personnages portent des masques d'animaux voir des boules à facette à la place de la tête, froidement violente et surtout furieusement esthétique le tueur agissant une nouvelle fois dans une chorégraphie de mouvements le tout baignant dans une lumière évoquant à la fois Brian De Palma et le Argento de Suspiria.

    Slice de Kongkiat Khomsiri

     Mais le cœur du film se situe un peu plus loin lorsque le jeune Tai retourne dans le village de son enfance et que le film multiplie alors les flashbacks expliquant tout à la fois la psychologie et les traumatismes du tueur et la relation très forte qui unit les deux hommes. Kongkiat Khomsiri dresse alors un joli portrait de deux gamins dont l'un (Le tueur présumé du film) s'avère être un bien triste gosse véritable souffre douleurs des autres enfants et victime de toute la violence du monde. Slice alterne alors les moments humoristiques, les instants de tendresse et de complicité avec des moments de violence psychologique, physique et sexuel terrifiant. Car c'est loin d'être une Thaïlande de Carte postale que Khomsiri nous montre dans Slice mais un pays rongé par une exploitation sexuelle des mineures quasiment institutionnalisée dans laquelle Bangkok ressemble à une immense mégalopole du vice. Difficile alors de ne pas compatir avec force au destin tragique de cette figure d'enfant brisé devenant un tueur pour assouvir une terrible vengeance.

    Slice de Kongkiat Khomsiri

     Slice est un formidable thriller à l'atmosphère parfois trouble et dérangeante, il est donc bien dommage que le film soit partiellement plombé par quelques défauts assez gênant. Tout d'abord la découverte et la localisation du tueur sont finalement assez prévisible mais ce qui est le plus préjudiciable au film est incontestablement l'interprétation de Arak Amornsupasiri dans le rôle de Tai. Si l'acteur s'en sort très bien dans le registre de l'enquêteur ténébreux et impassible en revanche il plombe par son manque de nuances la moindre petite scène d'émotion. Le final pourtant dramatiquement intense est totalement foiré par son jeu d'acteur et la façon assez ridicule qu'il a d'exprimer sa détresse.

     Slice aurait pu devenir une petite référence absolu du genre de par sa dimension humaine assez inattendu, son portrait au vitriol de la Thaïlande et le comportement furieusement iconique et effroyable de son tueur. Ses défauts le cantonne malheureusement au statut déjà enviable d'excellente série B et de thriller exotique.

     Ma note : 07,5/10

      

    « Attack the block de Joe CornishThe hills run red de Dave Parker »

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :