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Pas mal de films intéressants à se mettre sous la paupière pour ce mois de juin que ce soit au cinéma ou dans son salon.
Dans les salles obscures:
L'incontournable de ce mois de juin est pour moi Balada triste de Alex De La Iglesia dans lequel deux clowns s'affrontent jusqu'à la mort pour l'amour d'une acrobate. Jusqu'à présent Alex De La Iglesia ne m'a jamais déçu et je ne vois pas de raison majeure pour que cela commence avec Balada Triste d'autant plus que j'ai comme beaucoup de monde une sorte de terreur et de fascination pour les clowns.
Autre grosse attente avec Insidious de James Wan dont la bande annonce est foutrement efficace. Il reste à confirmer en salle parce que le cotè « le film le plus terrifiant de l'année » on nous a déjà fait le coup pour Paranormal activity et Le denier exorcisme c'est dire si c'est une appellation souvent très usurpé et souvent mensongère. Je fais toutefois confiance au talent de James Wan, un réalisateur au parcours sans faute de Saw à Dead Silence en passant par Death Sentence.
Pas un mois sans son lot de super héros et la franchise X-men bien mise à mal par Brett Ratner et Gavin Hood devrait retrouver une belle cure de jouvence avec X-men le commencement de Matthew « Kick ass » Vaughn.
On pourra aussi se laisser tenter par le très intriguant The prodigies, adaptation de La nuit des enfants rois de Bernard Lenteric, un film d'animation aux graphismes volontairement assez primaires entre cinématique de jeu vidéo ancienne génération et manga. Visuellement on a un peu la sensation de revenir 15 ans en arrière, mais sur le fond colle à la forme le film emportera peut être le morceau.
On pourra également se laisser tenter par Le chat du Rabbin de Joan Sfar, Low Coast la nouvelle comédie de Maurice Barthélémy, Omar m'a tuer de Roschdy Zem et Territoires de Olivier Abbou.
Dans les bacs DVD:Là encore de nombreuses sorties potentiellement fort attirantes, mais avant toute chose je voudrais revenir sur un oubli absolument IMPARDONABLE du mois précédent avec la sortie du formidable Haxän, la sorcellerie à travers les ages de Benjamen Christensen chez Potemkine. Ce film est juste un véritable chef d'œuvre et un film indispensable à toutes DVDthèque qui se respecte.
Retour au mois de juin, avec trois achats qui me semblent indispensables avec d'un coté True grit le formidable et émouvant western des frères Coen avec l'immense Jeff Bridges qui déboule en Dvd et Blu-ray le 23 juin, Black Swan de Daren Aronofski qui sortira fin juin dans pas moins de six éditions différentes dont une ultimate comportant blu-ray, 2 Dvd dont un de bonus exclusif à la France, Bande originale du film, cartes postales, dossiers de presses et ongles de pieds de Natalie Portman.. Pour ma part je pense opter pour l'édition Blu-ray collector même si je ne comprendrais jamais cette idée saugrenue de donner le film en DVD en bonus. Et puis troisième achat indispensable avec (enfin disponible) le superbement nostalgique et touchant Panique sur Florida Beach de Joe Dante.
Coté DTV on trouvera également des choses très interressante comme Triangle de Christopher Smith, Stuck de Stuart Gordon que l'on attends juste depuis quatre ans, Cold prey 3 de Mikkel Braenne Sandemose et le très réussi Grace de Paul Stolet.
A noter aussi pour les nostalgiques de spirales temporelles comme moi la sortie d'un coffret de la première saison de Au cœur du temps et dans un autre registre et san le moindre rapport de Afro Samouraï resurrection en Blu-ray pour la fin du mois.
Par la case location passeront Halal police d'état, Propriété interdite, Sanctum 3D, The reef, Même la pluie et Tron l'héritage.
Voilà finit de tirer sur le juin, rendez vous en Juillet
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Avec Black death, le réalisateur anglais Christopher Smith nous transporte vers le moyen age, mais attention il ne s'agît par ici d'un moyen age de carte postale avec ses seigneurs, ses gentes damoiselles et ses gentil ménestrels. L'épopée médiévale que propose le réalisateur de Creep et Severance est faites de poussière, de sang, de maladie, de crasse et de violence; une âpreté bien sèche qui rapproche immédiatement Black death du formidable Flesh and blood de Paul Veroheven.
Black death se situe en 1348 en Angleterre, époque à laquelle une terrible épidémie de peste bubonique ravage tout le pays. Un petit groupe de chevaliers guidé par un jeune moine doit alors se rendre dans un village reculé qui semble être miraculeusement épargnée par la maladie. Ce lieu est alors désigné comme la source du mal et serait le refuge d'un dangereux nécromancien capable de faire revenir les morts à la vie.
La première force du film est incontestablement son ambiance terriblement froide et sèche qui montre l'époque dans sa rudesse et sa dureté la plus crue. De l'austérité des lieux de prières aux rues jonchées de cadavres en passant par la dureté de la nature Black Death dresse un portrait clinique et sombre d'un monde qui invite les cœurs et les esprits à la plus grande froideur. La direction artistique du film est assez irréprochable et tout concours à créer une ambiance magnifique des décors aux costumes en passant par le sound design, la photographie ou la formidable musique de Christian Hanson. Christopher Smith parvient à faire ressentir par l'image le froid, la peur, la crasse, la maladie et la sauvagerie latente d'un monde toujours prompt à exploser dans la violence.
Mais plus encore que par la forme Black Death est un film absolument admirable sur le fond et l'intelligence de son propos. A l'image de cette époque trouble et contradictoire, rien ni personne n'est jamais tout à fait comme on pouvait l'imaginer. Black Death joue avec merveille sur la subtilité, la nuance et les surprises, retournant souvent les aprioris du spectateurs en bousculant ses préjuges. On pourrait citer par exemple la scène durant laquelle le redoutable Ulric (formidable Sean Bean) sauve une femme accusée de sorcellerie du bûcher avant de l'égorger violemment pour lui éviter la moindre souffrance. Les personnages de Black Death sont tous plus ou moins comme cela, ils peuvent sembler des brutes sans âmes puis la séquence d'après retrouver un semblant d'humanité avant de se comporter de nouveau comme des monstres. Christopher Smith construit d'ailleurs une bonne partie de son film sur des ruptures de ton, des faux semblants qui piègent souvent le spectateurs à ses propres attentes. Le fameux village censé être le lieu de toutes les perditions et le repère du diable est sans doute le point d'orgue de ce mécanisme.
Car Black Death avance comme une lente descente aux enfers dans laquelle de preux chevaliers s'apprêtent à en découdre avec les forces du mal. Alors que l'on attends presque un final apocalyptique proche du film Le treizième guerrier on sera finalement tout autant surpris que les personnages du film en découvrant que le fameux village ressemble au bout du compte à un paradis perdu et une sorte de communauté new-age. La chef charismatique de ce village pacifique utilise les plantes et la médecine douce et semble de ce fait une victime idéale pour l'obscurantisme d'une chasse aux sorcières. Mais la puissance de Black Death est incontestablement de surprendre encore et toujours car Christopher Smith et son scénariste Dario Poloni réservent de nouveau quelques brillants retournements de situation au point de finir par tellement brouiller les pistes que personne ne pourra plus savoir qui représente réellement le bien et le mal. Les chevaliers sont ils des fanatiques aveuglés par la foie et cherchant désespérément un bouc émissaire au point de massacrer des innocents ? La très charismatique chef de ce village interprété par la magnétique Carice Van Houten est elle vraiment une dangereuse sorcière ? Une chose est certaine c'est que Christopher Smith renvoie dos à dos la violence aveugle du fanatisme religieux et la barbarie d'un endoctrinement dictatorial tout aussi aveugle aux préceptes d'un chef tout puissant. Dans les deux camps, comme un reflet trouble de son époque, on ne connait que la sauvagerie, la barbarie et le torture pour préserver et imposer ses idéaux. Des idées et des doctrines qui servent alors de prétexte aux pires sauvageries comme le prouve la terrible séquence de l'écartèlement.
Comme si ce n'était pas encore assez Black Death nous achève sur un final absolument magnifique dans lequel Christopher Smith montre avec une cruauté et une noirceur hallucinante non seulement comment une foie exacerbée peut rendre aveugle mais aussi à quel point les inquisiteurs sont avant tout des êtres maladivement frustrés de ne pas pouvoir aimer. Alors au nom d'une religion et de l'amour d'un dieu, à défaut de pouvoir aimer comme des hommes, ils torturent et mutilent comme des animaux. Black death est un film formidable qui laisse un arrière goût d'âpreté étrange et durable dans la bouche. On se demande vraiment ce que foutent les distributeurs français en expédiant Black death comme un vulgaire DTV alors que tant de merdes immondes fleurissent sur les devantures des multiplexes. Voilà un truc qui mériteraient vraiment un écartèlement entre quatre poneys.
Ma note 09/10
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Au sommaire cette semaine :
Holiday (2010) de Guillaume Nicloux 04/10
Plus habitué à des univers sombres et dépressifs (Une affaire privée, cette femme là) le réalisateur Guillaume Nicloux semble s'être offert une petite parenthèse récréative avec le bien nommé Holiday. Le film est donc une comédie policière entre vaudeville, absurde et intrigue à la Agatha Christie le tout baignant dans une ambiance des plus théâtrale. Holiday raconte donc l'histoire de Michel (Jean Pierre Darroussin) venu passé quelques jours de vacances dans un château hôtel en province avec sa femme et sa belle mère. Un séjour qui ne sera pas de tout repos entre les autres résidents de l'hôtel et surtout la découverte d'une femme pendue dans sa chambre. Holiday est donc un film léger qui ressemble souvent à du théâtre filmé avec un décor quasi unique et surtout un coté troupe de comédiens dans lesquels on retrouve quelques habitués de l'univers de Guillaume Nicloux dont Balasko et Darroussin. Un aspect encore renforcée par l'aspect vaudeville des histoires sentimentales et sexuelles qui motivent la grande majorité des personnages de cette histoire qui sont tous à la recherche de plaisirs et d'amour. Holiday n'a visiblement aucune autre prétention que de divertir mais le film est pourtant au bout du compte une vraie déception. Si on s'amuse dans un premier temps de cette galerie de personnages étranges, décalés et obsédés on se lasse aussi très vite d'un humour qui ne fonctionne que trop rarement et de dialogues parfois affligeants comme « Tiens si on retire le D de Nadine ça fait naine, tiens si on rajoute un D à mère ça fait merde ».... On ne retrouve donc que trop rarement l'humour noir et vachard du Guillaume Nicloux qui faisait des merveilles dans le film Le poulpe et on s'ennuie donc assez vite de ses histoires de cul aussi triste qu'une fesse molle. Si le casting tient plutôt bien la distance on reste toutefois dubitatif devant une Judith Godrèche totalement anémique en jeune femme frigide. L'aspect policier n'est pas vraiment plus réussi et contrairement aux intrigues d'Agatha Christie jamais le spectateur ne se retrouve impliqué dans un rôle d'enquêteur tentant de démêler le faux du vrai afin de trouver les coupables, le meurtre arrive bien trop tard et sa résolution est visiblement bien moins importante pour Nicloux que les réactions des personnages face à cet événement. Holiday est donc une nouvelle déception de la part d'un réalisateur possédant pourtant un univers et une forte personnalité mais qui ici semble s'être un peu laisser à la facilité d'un film moyen sans grandes perspectives ni saveurs.
The horseman (2008) de Steven Kastrissios 03/10
The horseman est un thriller australien qui raconte la vengeance d'un père de famille après la mort de sa fille abandonnée après une overdose faites sur le tournage d'un porno clandestin. Un sujet particulièrement sombre qui évoque fatalement Hardcore de Paul Schrader ou encore le trop méconnu Princesse de Anders Morgenthaler, la différence fondamentale étant que de toute évidence Steven Kastissios montre bien plus d'intérêt aux actes de tortures et à la vengeance de son personnage principal qu'à son intrigue et la psychologie de ses personnages. Le film est donc dans un premier temps des plus linéaire et mécanique, le père de famille trouvant un responsable de la mort de sa file avant de le torturer pour lui faire avouer le nom d'un complice et d'aller voir ce même complice pour le torturer et obtenir un nouveau nom.. La violence est sèche et froide et même si Kastrissios joue volontiers du hors champ on sent une légère complaisance à filmer des tortures dans lesquels les différents coupables doivent périr par là ou ils ont péché et donc leur sexe. Fort heureusement vers le milieu du film Steven Kastrissios introduit un peu plus de nuance et une nouvelle dimension à son récit lorsque ce père de famille rencontre une jeune fille paumée sur le bord de la route avec laquelle il va se remettre en question et retrouver un rôle de père. Une respiration de bien trop courte durèe le film replongeant assez vite vers le torture porn pour son climax. The horseman est donc une grosse déception qui ne laisse jamais à ses personnages le temps d'exister ou d'être un minimum attachant et qui surtout n'utilise son sujet de la pornographie clandestine et de son industrie souvent malsaine que comme une prétexte justifiant la violence des protagonistes. The horseman passe pour moi totalement à coté de son sujet et laisse le sentiment d'un film de vengeance tendance torture porn pas totalement gratuit mais assez opportuniste de désincarné.
The ten (2006) de David Wain 04/10
Le réalisateur du sympathique Les grands frères signe avec The ten une comédie à sketchs dont les dix segments s'inspirent des dix commandements. L'avantage de ce type de film qui zappe toutes les dix minutes sur une nouvelle courte histoire c'est qu'en règle générale on a rarement le temps de s'ennuyer sauf peut être lorsque l'ensemble des différents segments finissent par tous se ressembler ce qui malheureusement est un peu le cas dans The ten. C'est Paul Rudd qui joue les maîtres de cérémonie et qui introduit les différentes séquences du film mais on se lasse assez vite de l'aspect mécanique du film et surtout de son unité de ton et de forme qui verse systématiquement dans un humour qui vise sous la ceinture et qui bien trop souvent oublie d'être drôle. The ten est certes amusant mais parvient tout de même à ennuyer alors que le film dure 90 minutes et que par sa forme il rebondit sans cesse d'une histoire à une autre. Je retiendrais surtout le sketch sur la paternité totalement débile et la petite séquence d'animation sous influences Happy three friends et South Park, peut être tout simplement car ce sont les deux moments qui tranchent un peu avec l'uniformité du film. The ten est objectivement agréable et amusant mais on a le sentiment que jamais il ne décolle et se complet finalement dans une certaine facilité de vulgarité assumée. Il reste le plaisir d'un formidable casting et cette ambiance « film de bande » dans lequel on retrouve en vrac Wynona Ryder, Jessica Alba, Famke Janssen, Paul Rudd mais aussi Oliver Platt, Bradley Cooper (Very bad trip), Rob Corddry (Hot tube time machine), Justin Therroux (Tonnerre sous les tropiques), Joe Lo Trugglio (Paul), Kerri Kenney (Reno 911), Ron Silver (Blue Steel), Liev Schreiber, Janeane Garofalo.... Une belle galerie d'acteurs et actrices qui malheureusement sont le plus souvent assez sous employés. The ten permet de passer un bon moment puis s'oublie tout aussi vite, on regrette presque que pour dynamiser et dynamiter le tout le film n'est pas fait appel à dix réalisateurs différents pour que chacun apporte un vrai univers.
Opération Endgame de Fouad Mitaki (2010) 03/10
Opération Endgame est un film étrange à la croisée de différents genres cinématographiques entre action, comédie, espionnage, horreur et fable politique. Le film de Fouad Mitaki s'articule autour d'une histoire qui tient presque du simple prétexte et propose durant 90 minutes de voir deux groupes d'agents gouvernementaux s'entretuer dans une base secrète avant que celle ci n'explose le tout sur fond d'accession au pouvoir de Barack Obama. Opération Endgame est un film pour lequel il est bien difficile de se passionner tant c'est la sensation de vide qui prédomine et ce sentiment que Fouad Mitaki n'a strictement rien à raconter. On s'amuse donc un temps de voir ces deux groupes d'agents répartis en couples s'entretuer mais l'ensemble finit très très vite par lasser faute d'intrigue et de personnages solides. Opération Endgalme propose pourtant un sacré casting avec Ellen Barkin, Ving Rhames, Jeffrey Tambor, Maggie Q, Rob Corddry, Zack Galifianakis ou encore Emilie de Ravin (Lost). Dommage donc que cette jolie galerie de comédiens et actrices se retrouvent à servir des dialogues aussi vulgaires , des personnages aussi minces et des situations aussi peu amusantes. Les combats et les scènes d'actions sont plutôt mollassonnes, l'intrigue trop simpliste et le sous texte politique bien trop opportuniste et gratuit. Opération Endgame est donc une grosse déception vendue encore une fois par une jaquette et un casting alléchant, en même temps c'est rassurant de voir de temps en temps des DTV qui ne mérite effectivement pas mieux que ce type de distribution.
Voilà une semaine se termine, une autre va bientôt recommencer. To be continued ....
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La rédaction d'une critique est parfois un exercice difficile et une sorte de casse tête intellectuel surtout lorsque le film échappe justement à l'analyse classique pour ne laisser que des sentiments profonds, parfois indescriptibles et quasiment intimes. Je ne sais pas vraiment en commençant cette critique de The tree of life si je vais pouvoir expliquer, analyser, rationaliser toutes les raisons pour lesquelles je considère le nouveau film de Terence Malick comme une merveille absolue. Depuis maintenant quelques jours le film et les sensations tournent en boucle dans ma tête, les tentatives d'explication me glissent parfois entre les doigts, la richesse thématique du film m'obsède, la beauté de ses images me hante, le besoin de comprendre occupe mon esprit et la puissance du film me bouleverse. Si The tree of life est objectivement un film difficile à critiquer c'est certainement car il propose une expérience cinématographique, poétique et sensorielle tellement novatrice qu'elle échappe à notre façon habituelle et « mécanique » de regarder le cinéma.
The tree of life est donc le cinquième film de Terence Mallick en quarante ans, un réalisateur rare dans tous les sens du terme qui aura une nouvelle fois fait attendre presque deux ans avant de sortir son nouveau et dernier film en date. The tree of life a connu les honneurs d'une sélection officiel à Cannes et les remous d'une projection polémique saluée par des huées, des sifflets et des applaudissements. Le film de Terence Malick divise souvent de manière catègorique, une preuve que le réalisateur ne laisse personne indifférent et propose un cinéma radicale et artistiquement intègre. Et puis une polémique à Cannes c'est presque l'assurance de voir au bout du compte un bon film comme l'atteste Irreversible, Antichrist ou La lune dans le caniveau.
The tree of life raconte l'histoire d'un deuil qui vient frapper de plein fouet une famille américaine. La mort d'un jeune homme de dix neuf ans qui va pousser ses proches à s'interroger sur le sens de la vie, remettre en cause jusqu'au vertige l'équilibre de l'existence. Jack l'un des frères du défunt souffrira à postériori d'une grosse crise existentielle qui lui fera reprendre le fil de ses souvenirs à la recherche de ce frère perdu et du sens de sa propre vie.
The tree of life n'est pas un film linéaire et Terence Malick ne nous raconte une histoire en nous emmenant tranquillement d'un début vers une fin, le récit brouille les époques, multiplie les points de vues livrant sans une continuité apparente les souvenirs et points de vues métaphysiques de différents personnages. On passe donc des questionnements d'une mère interrogeant sa foi devant la violence de la perte d'un enfant, aux souvenirs d'un frère recherchant une chaleur passé et oublié et aux interrogations d'un père questionnant ses valeurs éducatives. Dans cette profusion de sentiments Terence Malick ose aller jusqu'à la genèse du monde comme si la mort ne pouvait de fait qu'entrainer un questionnement profond sur le sens et les origines de la vie. Cette longue séquence visuellement fascinante devrait pourtant laisser plus d'un spectateur de marbre et totalement déboussolé de voir arriver sur l'écran des molécules, des planètes et des dinosaures. Le film reprend ensuite une structure plus classique en nous plongeant dans les souvenirs d'enfance de Jack pour plus d'une heure de pur bonheur cinématographique.
Le cœur du film est sans doute ici, dans cette façon magnifique que Terence Malick a de filmer la vie et les frémissements intimes du bonheur. La puissance évocatrice et sensorielle des images de The tree of life est tout simplement sublime à tel point que l'on se surprend à sourire et pleurer en retrouvant parfois des moments intimes notre propre enfance. Il est presque impossible de décrire à quel point les images de Malick sont puissantes, charnelles, mélancoliques, sublimes, vivantes, bouleversantes et avec quel tact il parvient à saisir des sensations indescriptibles. The tree of life est une expérience intime et sensorielle intense qui emporte le spectateur dans une sorte de symphonie glorifiant d'une manière magistrale l'enchantement des moments les plus simples et les plus purs de la vie. Terence Malick est un épicurien et un amoureux de la nature pour qui il faut se délecter de tout ce qui vit, de tout ce qui est beau sur terre comme du vent dans nos cheveux, de la pluie sur notre peau et des jeux d'ombres et de lumières du soleil.
Mais Terence Malick ne nous montre pas seulement la félicité de l'enfance et aborde à travers les souvenirs de Jack une multitude assez hallucinantes de thématiques propres à l'enfance et l'adolescence comme la perte de l'innocence, la naissance du désir, le besoin de transgression des interdits, la conscience de la mort, le complexe œdipien, la difficulté à devenir un individu au sein d'un groupe.... The tree of life est un film d'une richesse rare, à tel point qu'il faudrait sans doute le voir et revoir des dizaines de fois pour commencer à simplement en saisir les contours thématiques. Car durant tout le film Terence Malick oppose également des éléments comme la grâce et la nature, le père et la mère, l'autorité et l'insouciance, le bien et le mal..... Des pôles et des idées parfois diamétralement opposés mais avec lesquels il faut trouver une forme d'équilibre pour se construire en tant que homme et individu. Terence Malick pointe également du doigt que nous sommes le fruit de notre éducation et que nous nous construisons dans les premières années de notre vie par l'amour, par les interdits, par l'expérience, par l'apprentissage et par la solidarité.
The tree of life est donc une poème philosophique et humaniste d'une puissance fulgurante et il convient de saluer la magnifique mise en scène de Malick et sa capacité à créer des images qui vont bien au delà de la simple beauté graphique. Le film est une pur merveille de mise en scène et l'on se délecte à chaque seconde de la maitrise hallucinante de Terence Malick à filmer la vie, la nature, l'amour, l'innocence à coup de travelling merveilleux , de plongées vertigineuses et de contre plongées nous mettant face à la grandeur des éléments. On peut associer à la puissance de ses images le chef opérateur Emmanuel Lubezki (Les fils de l'homme – Le nouveau monde – Sleepy hollow) et la musique superbe de Alexandre Desplat. Et puis il faut bien évidemment saluer les performances des comédiens et comédiennes en commençant par Jessica Chastain bouleversante mère à la beauté diaphane, Brad Pitt superbe en père autoritaire et enfermé dans ses propres contraintes, Sean Penn même si son rôle est finalement bien sommaire et surtout les gamins du film tous extrêmement justes et émouvants.
The tree of life divise également sur sa soit disante bondieuserie, sur son imagerie new-age d'une forme de paradis et ses interrogations permanentes sur Dieu. Tout d'abord il convient de rappeler que le film adopte les points de vues de différents personnages ayant vécus dans une époque et une éducation religieuse stricte, ensuite Terence Malick interroge plus notre besoin de croire qu'il n'impose une vision ou une doctrine idéologique ou religieuse. Une grande partie du film est basé sur une dualité entre la grâce et la nature, le divin et l'organique le film commence d'ailleurs par cette phrase « Il y a deux voix dans la vie, celle de la grâce et celle de la nature. Il faut choisir la sienne ». La force de The tree of life est peut être justement de montrer que ce choix est impossible, qu'il faudra composer avec les deux et que c'est précisément ses interrogations qui font de nous des hommes aimants et capables de sentiments. La figure de la mère représente la grâce, la beauté, la nature et celle du père le pragmatisme, le terre, la rigueur et l'ordre mais comment choisir entre son père et sa mère ? Nous sommes des êtres à le fois biologiques et spirituels, notre corps est nature et notre esprit bien mystérieux. Sans être religieux ou catholique n'avons nous pas tous des simples interrogations sur la vie qui dépasse le cadre de la nature et de la science, n'aspirons nous pas tous à l'hypothèse folle de retrouver un jour des êtres perdus que nous aimions ? The tree of life n'a pas de réponses, il ne pose que des questions et ne livre finalement qu'une seule morale celle de l'amour de ses proches, de la nature et d'une recherche permanente du bonheur dans le moindre frémissement de vie.
The tree of life est un poème sublime, une symphonie majeure de sensations intimes et profondes, un film qui va sans doute bouleverser autant de monde qu'il en laissera totalement indifférent. L'art est comme cela il ne se donne qu'à celles et ceux qui sont capables d'ouvrir leur cœur et leur esprit pour se laisser transporter dans l'univers d'un autre. L'art ne s'explique pas il se ressent, il ne se mesure pas il se vit, il ne s'analyse pas mais il s'impose à nous..... The tree of life est juste à tous mes sens et mon esprit un chef d'œuvre absolu.
Ma note : 10/10 .... Et juste pour le plaisir quelques images en plus.
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Au sommaire cette semaine :
Terreur sur la ligne – When a strangers call (2006) de Simon West 02/10
Remake parmi tant d'autres Terreur sur la ligne tente de remettre au goût du jour le sympathique thriller éponyme de Fred Walton sorti en 1979. Comme souvent l'intérêt et la pertinence du remake sont assez obscures tant le film de Walton entièrement basé sur son récit ne méritait pas forcément de lifting technique. Terreur sur la ligne raconte donc l'histoire d'une jeune baby-sitter harcelée au téléphone par un inconnu aux motivations pour le moins étranges et inconnus. Un téléphone, une grande maison, une jeune fille et une menace voilà en gros les 4 ingrédients dont dispose Simon West (Les ailes de l'enfer – Tomb raider) pour construire son thriller et faire monter la tension. Au final c'est surtout l'ennuie qui finit par s'installer doucement au rythme des sonneries de téléphone, des longues explorations de la maison et des bruits suspects. Si Camilla Belle porte très bien son nom en revanche sa performance d'actrice est bien faiblarde dans les scènes de tension comme lorsque elle pleurniche au téléphone avec un policier pour tenter de faire croire qu'elle est à bout de nerfs. Comme quoi être actrice dans un film d'horreur ou dans un thriller n'est pas si facile que celà et demande déjà d'être une bonne actrice tout court, la jeune comédienne est en tout cas bien loin de la performance de Carol Kane dans le film de 1979. Terreur sur la ligne est donc un film sans surprise qui pense en vain qu'augmenter la superficie de la maison par rapport au film d'origine permet d'augmenter l'efficacité du suspens. Terreur sur la ligne est donc un énième remake des plus inutile et niveau baby-sitter et grande maison autant se refaire le bien plus réussi House of the devil de Ti West.
Casablanca Driver (2004) de Maurice Barthélémy 06,5/10
Passé assez inaperçu lors de sa sortie en 2004 le premier film en tant que réalisateur de Maurice Barthélémy (ex membre des Robins des Bois) est une sorte d'ovni des plus amusant qu'il convient grandement de réhabiliter. Casablanca Driver est une comédie qui raconte sous la forme d'une fiction réalité l'histoire d'un jeune boxeur totalement nase, un homme inadapté que personne ne comprends vraiment et qui rêve de gloire en combattant le plus grand champion du moment. Maurice Barthélémy réussit une jolie comédie assez ambitieuse dans sa forme le film brassant sous ses airs de faux documentaires et son petit budget trois décennies et de nombreux pesonnages. Très inspiré par When we were king, Casablanca Driver dépeint avec beaucoup d'humour et surtout d'humanité et de poésie comment les plus petits peuvent venir se fracasser sur le rêve américain. On suit donc avec beaucoup de plaisir le destin singulier de ce type hors normes qui finit par devenir le symbole d'un monde dans lequel tout est possible pour qui décide d'y croire. Le film est techniquement une jolie réussite Maurice Barthélémy parvenant souvent à rendre crédible l'univers dans lequel se déroule cette histoire à savoir une sorte d'Amérique fantasmé des années cinquante, soixante et soixante-dix. L'aspect documenteur offre également au réalisateur et scénariste la possibilité de faire intervenir de nombreux personnages à travers des séquences d'interviews et de témoignages ce qui permet à Maurice Barthélémy de faire participer de nombreux acteurs et actrices propre à son univers. Le casting de Casablanca Driver est donc riche et jubilatoire et on s'amuse beaucoup des interventions des autres membres des Robins des Bois avec PEF, Jean Paul Rouves, Marina Foïs, Elise Larnicol et Pascal Vincent ou encore de retrouver Les nuls au complet avec Chabat très drôle en psychanalyste, Dominique Faruggia et Chantal Lauby. On pourrait continuer encore à énumérer le casting avec le plaisir de retrouver un Dieudonné enfin plus drôle que provocateur, Patrick Chesnay, Tom Novembre, Isabelle Nanty, Sam Karman, Lionel Abelanski ou Jim Carter. Casablanca Driver joue avec bonheur sur de nombreux registres d'humour allant de la simple vanne jusqu'à l'absurdité complète de situations versant alors dans la poésie du slapstick. Parfois un peu lourde et bancale la farce finit pourtant par trouver son rythme de croisière et bizarrement le film se termine sur une véritable et sincère note d'émotion. Casablanca Driver est donc une très joli petite comédie qui montre que Maurice Barthélémy est un jeune réalisateur à suivre comme le prouvera par la suite Papa, son second et très beau film. Todo Match donc pour ce délicieux ovni qui s'impose comme l'une des lus originale comédie française de ses dernières années.
Les émotifs anonymes (2010) de Jean Pierre Améris 05/10
Sans la présence de Benoît Poelvoorde je n'aurai sans doute pas prêter la moindre intention au film de Jean Pierre Améris. Les émotifs anonymes se base pourtant sur un concept assez amusant en faisant une comédie sentimentale avec des personnages hypersensibles et donc empêtrer justement dans l'expression de leurs propres sentiments. Le film raconte donc l'histoire d'une jeune femme trop sensible qui tombe amoureuse de son nouveau patron, lui même timide et maladroit le tout dans une petite chocolaterie parisienne. Les émotifs anonymes est donc une petite comédie romantique sucrée au charme un peu kitsch et suranné mais qui par bien des aspects évoque le charme incomparable des films romantiques hollywoodien avec Stewart ou Hepburn. Sans doute trop gentille, trop guimauve, trop pastel et trop asexué Les émotifs anonymes permet pourtant de passer un joli petit moment dans une sorte de conte léger à la gloire des handicapés sentimentaux amoureux sans même pouvoir l'exprimer. Isabelle Carré et Benoît Poelvoorde incarnent des personnages justes et forcément touchants par leur douces maladresses et émouvants par leur incapacité au bonheur. Jean Pierre Améris évite le piège de la grosse comédie en refusant de faire de la maladresse et la timidité des personnages un prétexte à des gags catastrophiques à répétition comme dans les films avec Pierre Richard et livre un film qui a le mérite d'aller au bout de son sujet et de proposer un joli moment de cinéma. Légère et sucrée Les émotifs anonymes est une comédie qui se déguste comme le plaisir coupable d'une sucrerie entre deux repas. Le film de Jean Pierre Améris ne va pas chercher bien loin mais je préfère de loin un petit plaisir sucré à un gros banquet indigeste.
A bout portant (2010) de Fred Cavayé 07,5/10
Après la joli réussite de Pour elle, son précédent film, Fred Cavayé poursuit dans la même veine de thriller impliquant un type bien ordinaire dans les rouages d'une intrigue policière qui le dépasse. A bout portant c'est l'histoire d'un jeune apprenti infirmier et futur père de famille contraint de faire évader un criminel de l'hôpital dans lequel il travaille afin de retrouver sa femme enceinte prise en otage. Le jeune homme va alors se retrouver au cœur d'une intrigue qui dépasse de loin ce qu'il pouvait imaginer. Si Pour elle était finalement bien plus concentrè sur les les aspects psychologiques et les relations humaines notamment entre le personnage interprété par Vincent Lindon et son père, cette fois ci Cavayé et son scénariste Guillaume Lemans taille à la tronçonneuse dans le gras et les digressions pour livrer un thriller sec, tendu et focalisé sur l'action. Le film n'en oublie pas pour autant d'impliquer de manière émotionnelle le spectateur qui sera forcément touché et ému par la force et la rage de ce type ordinaire prêt à tout pour retrouver sa femme et la fille qu'elle porte dans son ventre et qui finira même par se prendre d'affection pour des personnages à priori moins immédiat. A bout portant est surtout un pur concentrè d'action et de tension qui accumule sur 85 minutes de formidables moments de cinéma dans un récit carré, monstrueusement efficace, intelligent avec une mécanique de scénario implacable. Entre une formidable course poursuite à pieds et un final hyper-tendu dans un commissariat en ébullition, A bout portant laisse bien peu de temps aux spectateurs pour reprendre son souffle entre deux bouffées d'adrénaline. Il faut aussi saluer le très bon casting du film avec un formidable Gilles Lelouche, un Roschdy Zem charismatique en diable, un Gerard Lanvin parfait dans un rôle de flic à la Olivier Marchal et puis noter le plaisir de revoir Mireille Perrier ( Un monde sans pitiè) et surtout Elena Anaya remarquée dans Fragiles de Jaume Balaguero. Fred Cavayé confirme donc l'étendu de son talent et parvient même à monter en puissance de film en film, on espère du coup le voir très vite aux commandes d'un vrai blockbuster à la française. Le réalisateur semblera toutefois s'offrir une petite parenthèse par la comédie puisque son prochain film Les infidèles sera une comédie à sketchs sur les infidélités des hommes dans laquelle il partagera l'affiche en tant que metteur en scène avec une belle galerie de réalisateurs comme Yan Kounen, Riad Sattouf, Michel Hazanavicius ou Eric Lartigau.
Voilà une semaine se termine, une autre va bientôt recommencer. To be continued ....
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