-
Par Freddy K le 17 Avril 2011 à 21:23
Au sommaire cette semaine :
Le village des ombres (2010) de Fouad Benhammou 03/10
Décidément 2010 restera comme une année bien paradoxale pour le cinéma de genre français avec d'un coté des œuvres aux intentions plus ambitieuse et portées vers le fantastique plus que vers l'horreur pour des résultats souvent bien décevant voir catastrophique. Pour son premier film Fouad Benhamou tente de flirter avec les univers du cinéma fantastique espagnol en proposant une histoire de village fantôme hanté par la tristesse du trauma qui habite entre ses murs. Pourtant le film commence comme un survival avec une dizaine de jeunes partis passer un super week-end à Ruiflec , un bled totalement perdu, c'est dire à quel point cette jeunesse s'emmerde et sait se distraire dans des endroits exotiques. A peine arriver sur place une bonne moitié du casting disparaît mystérieusement ce qui va permettre à l'autre moitié de les chercher pendant 90 minutes tout en perdant un à un certains camarades. Difficile de sauver le film de Fred Benhammou sur ses simples bonnes intentions et sa photographie plutôt réussi car Le village des ombres est surtout un monument d'ennuie et de non trouille qui multiplie fausse pistes, flashbacks et faux semblants pour masquer qu'il n'a finalement pas grand chose à raconter. On s'ennuie donc beaucoup (pour rester poli) devant cette poignée de jeunes tournant en rond dans un village abandonnée tout en tentant d'en comprendre le fonctionnement. Le casting est plutôt moyen et va du correct Christa Theret (Lol) au difficilement supportable avec Ornella Boulè la bien nommé et Jonathan Coen pas convaincant une seule seconde. Le village des ombres ne suscite pas le moindre frisson, ce qui est franchement emmerdant pour un film fantastique et Fouad Benhammou n'exploite jamais son décor et son univers à sa juste mesure préférant empiler les clichés les plus éculés sans jamais parvenir à être efficace. Le village des ombres est donc une nouvelle grosse déception en espérant que 2010 ne représente pas le chant du cygne pour le cinéma de genre en France. On peut toutefois rester optimiste car Proie de Antoine Blossier et surtout Livide de Bustillo et Maury devraient très vite venir rehausser le niveau.
Hypnose 2 – Stir of echoes 2, The Homecoming (2007) de Ernie Barbarash 05/10
En générale il est bien difficile d'espérer quoi que ce soit de bon d'une suite tournée plusieurs années après le film d'origine surtout si c'est directement pour le marché de la télévision et de la vidéo . Pourtant cet Hypnose 2 sans bien sûr pouvoir rivaliser avec le très bon film de David Koepp sorti en 1999 est bien loin d'être la purge que l'on pouvait craindre. Certes le film ne brille pas par son originalité mais il permet de passer un bon petit moment en installant son récit dans les traumas d'une Amérique post 11 septembre. Hypnose 2 raconte donc l'histoire d'un soldat de retour de la guerre en Irak et totalement hanté par une bavure faites sous son commandement et qui aura couté la vie à une famille innocente. Le capitaine Ted Cogan (Rob Lowe) commence alors à être sujet à des visions cauchemardesque de corps calcinés et des apparitions de spectres. La force du film de Ernie Barbarash tient pour beaucoup dans cette description d'une Amérique rongée par la haine et les traumatismes du onze septembre et par le poids pour de nombreux de la culpabilité et des horreurs vécus au front. Un contexte fort que Ernie Barbarash utilise parfaitement en décrivant sans trop appuyer le trait le désespoir de jeunes veuves de guerre, la haine d'enfants traumatisés par la perte de leurs pères, la difficulté de réinsertion des soldats et le climat ordinaire de la haine de l'autre. Du coté de la forme Hypnose 2 est bien moins clinquant entre une mise en scène sans inspiration, une utilisation très mécanique et sans surprises des effets spéciaux très inspiré par le cinéma de fantômes japonnais et une incapacité flagrante à mette en image une vraie bonne séquence de trouille préférant capitaliser et utiliser avec l'efficacité en moins les trucs du premier film. Le film de Ernie Barbarash demeure au bout du compte un spectacle pas vraiment désagréable avec un Rob Lowe plutôt convaincant, une histoire avec une vraie profondeur contextuelle même si il faut avouer que la clémence de cette petite critique est sans doute beaucoup du au fait que je craignais vraiment le pire de cette suite en forme de téléfilm.
Terror trap (2010) de Dan Garcia 03/10
Dan Garcia est un type qui ne s'embarrasse pas vraiment avec l'originalité et pour son film dont il est à la fois scénariste, producteur et réalisateur, le brave homme pompe sans vergogne des éléments de Hostel, Motel avec une pincée de Massacre à la tronçonneuse version Nispel. Terror trap raconte donc l'histoire d'un shérif qui ramasse sur le bord de la route tout ce qu'il trouve d'âmes égarés, d'automobilistes en panne et de jolie poupée en effraction afin de les conduire vers un curieux motel pour qu'ils puissent y passer la nuit. Dans cet établissement bourré de caméras de surveillance s'organise des snuff movies sauvages que quelques clients privilégiés peuvent venir suivre en direct sur des moniteurs vidéos. Terror trap répand donc de douces effluves de torture porn saupoudrées de quelques grammes de suirvival, mais le résultat s'avère lui d'un ennuie et d'une vacuité totale. Dan Garcia se perd en digression futiles et multiplie les personnages sans le moindre intérêt comme ce groupe de femmes de l'est acheté comme du bétail et dont on se demande bien ce qu'il vient foutre dans le film. Car Terror trap n'utilise même pas la moitié de ses trois pauvres idées et se concentre essentiellement sur un couple qui va passer une bonne partie du film à tenter de s'enfuir avant de se réfugier dans une autre chambre dans un schéma aussi vite lassant que répétitif. Totalement pauvre, pour ne pas dire complètement avare en séquence gore le film ne semble même pas avoir les couilles d'aller au bout de son concept prétexte à un film d'horreur primaire et bestial. Déjà pas original pour un sous, emmerdant et pas gore Terror trap tape même dans le ridicule en montrant les réactions outrancières des types venus assister au spectacle avec leurs popcorn et réagissant comme si ils étaient devant un blockbuster ou un match de foot, par pur provocation Dan Garcia se croit même obliger de nous monter un type qui se pogne devant ce bien triste spectacle. Histoire de donner un semblant de fond à cette histoire Dan Garcia rapproche notre besoin de spectacle déviant et de sang aux jeux du cirques et aux gladiateurs à travers un dialogue mis dans la bouche d'un Michael Madsen de plus en plus monolithique et tristement amorphe. Fort heureusement le film permet de retrouver un Jeff Fahey en roue libre totale dans le rôle d'un shérif redneck abusant de son autorité et mais c'est bien le seul et maigre petit motif de satisfaction à retirer de ce très dispensable Terror trap.
My soul to take (2010) de Wes Craven 04/10
Après 2005 avec le bide fortement mérité du lamentable Cursed et le très moyen Red eye Wes Craven semblait s'être un peu retiré de la mise en scène préférant produire, écrire et suivre de plus ou moins loin les remakes de se œuvres maîtresse comme La colline à des yeux, Last house on the left ou Les griffes de la nuit. My soul to take ressemble donc fortement à un galop d'essais avant de reprendre les commandes d'un Scream 4 (Le film sort le jour même ou j'écris cette critique) fatalement très attendu au tournant. My soul to take marque donc le retour de papy Craven à la mise en scène d'un film dont il est également le scénariste, une chose qui ne s'était plus produite depuis Freddy sort de la nuit en 1995. Si My soul to take se situe bien au dessus des derniers films de Craven, notamment Cursed, le film est pourtant loin d'offrir un grand retour aux affaires pour le papa de Freddy et pose même quelques sérieuses inquiétudes sur le prochain Scream. My soul to take raconte l'histoire de sept adolescents tous nés une même nuit quinze ans auparavant alors qu'un serial killer aux multiples personnalités se faisait tuer par la police locale après une nuit d'horreur. Depuis une légende raconte que le tueur reviendrait à la date anniversaire de sa mort afin de collecter les sept morceaux de son âme repartis dans les nouveaux nés de cette fameuse nuit. My soul to take s'inscrit dans dans une mécanique de slasher dont Wes Craven connaît parfaitement le moindre rouage. On retrouve donc dans le film de nombreux éléments de l'univers et de la filmographie de Wes Craven avec une trame finalement assez proche de Scream, des séquences oniriques à la Nightmare on Elm street, des éléments de culture vaudou et surtout ce portrait d'une jeunesse américaine victime du poids des silences et des actes du passé. Le film s'ouvre sur une séquence horrifique bien sèche comme dans Scream pour se poursuivre vers un slasher classique à l'arme blanche dans laquelle il faudra deviner l'identité du tueur. On a donc la sensation en voyant My soul to take que Wes Craven avait presque besoin de se rassurer en s'appuyant sur des acquis pour livrer un film finalement carrè mais sans la moindre surprise. Le plaisir que procure My soul to take tient pour beaucoup dans sa forme et sa mise en scène qui tranche avec les canons imposés par des années de torture porn aux montages hystériques, le film de Craven est posé et offre des meurtres qui ne cèdent jamais à la surenchère. Le revers de la médaille c'est que My soul to take semble parfois bien trop sage et peu mou du genou et la sensation d'assister à un sous Scream fait assez vite son apparition d'autant plus que le film n'est pas dénué de quelques défauts fort dommageables. Tout d'abord la figure du tueur sorte de Predator clocdo à rastas est bien peu charismatique et surtout on a la sensation que les trois quart du casting ne sert strictement à rien. Wes Craven nous balance des caricatures d'adolescents qui n'ont jamais l'occasion d'exister à l'écran du sportif bas du front à la bigote rousse en passant par l'asiatique et la pétasse blonde difficile de s'accrocher au moindre personnage le pire étant le black aveugle qu'on retrouve mort dans un placard(??). Le film offre également quelques séquences au comique plus ou moins volontaire pour le moins gênante comme lorsque deux adolescents se comporte en face l'un de l'autre comme si ils étaient devant un miroir et des jumps scares aux effets bien plus que faisandés. Des défauts assez rédhibitoires d'autant plus que My soul to take comporte ni frisson, ni suspens et finalement bien peu d'émotions fortes. Difficile par conséquent de savoir si Wes Craven brasse ses obsessions ou commence à sérieusement radoter ses univers et son cinéma. En tout cas My soul to take laisse franchement sceptique et inquiet sur le futur Scream 4, la réponse sera bientôt en salles le film sortant au moment ou j'écris ces quelques lignes. Le grand retour de Wes Craven n'est donc pas My soul to take, il reste à croiser les doigts pour que ce soit avec Scream 4.
Voilà une semaine se termine, une autre va bientôt recommencer. To be continued ....
votre commentaire -
Par Freddy K le 7 Avril 2011 à 21:11
Au sommaire cette semaine:
Le nom des gens (2010) de Michel Leclerc 06,5/10
Le nom des gens est rien de moins qu'une comédie romantique, sociale et politique avec Sara Forestier. Oui, je sais de prime abord ça fout la trouille et pourtant le film de Michel Leclerc est une vraie belle petite surprise à la fois drôle et intelligente. Le nom des gens raconte l'histoire de Bahia Benmamhoud, une jeune fille extravertie aux idées politiques de gauche très manichéennes qui a décidée de combattre les idées de droite en couchant avec ses représentants afin de tenter de les convertir. Une sorte de militante par le sexe pour qui les ébats sont plus productifs que les débats. Un jour elle jette son grappin sur un homme qu'elle pense être l'archétype du mec de droite alors qu'il est en fait un fan de Lionel Jospin, comme quoi les apparences peuvent être trompeuses. Entre Bahia et ce quadragénaire tranquille et très posé répondant au nom d'Arthur Martin va naître une idylle aussi explosive que celle du feu et de la glace. Objectivement Le nom des gens est un film qui brille bien plus par la qualité de son écriture que par sa mise en scène manquant trop souvent de folie et d'audace. Pourtant inutile de faire la fine bouche car le second film de Michel Leclerc touche juste et couvre à travers le prisme de la comédie romantique un très large éventail de questions sociales et politiques souvent avec légèreté, humour et pertinence. Le clivage caricaturale entre gauche et droite, la culture multiple et le replis communautaire, le poids du passé et la victimisation, les problèmes identitaires, la hargne caricaturale du militantisme..... Le nom des gens se permet d'aborder de nombreux sujet qui sont le reflet de notre société en gardant toujours un regard décalé sur les choses évitant ainsi le piège du didactisme et de la leçon de morale. Les comédiens sont dans l'ensemble tous très bon avec un Jacques Gamblin trop sage et une Sara Forestier totalement exubérante et énergique, la jeune comédienne est un poil en roue libre durant tout le film mais finalement sa performance colle exactement à son personnage imprévisible, excessif, parfois tête à claques et finalement très attachant. Les bonnes comédies romantiques sont souvent celle qui donnent envie d'être amoureux, Le nom des gens est vraiment réussi puisque le film m'aurait presque donner envie de devenir facho pour que Sara Forestier vienne me convertir durant des jours entiers sous la couette. Il faut aussi noter la très jolie présence dans un second rôle de Zinedine Soualem particulièrement touchant en père algérien totalement dévoué aux autres et réfractaire à la simple idée de penser à lui même. Si tout n'est pas parfait , la scène de nudité dans le métro est un poil artificielle, Le nom des gens permet de passer un très bon moment. Le film est bourrè de situations et de dialogues très drôle, le regard sur notre société est incisif et amusant et le film offre en plus quelques jolis moments d'émotion. Le nom des gens permet également d'aborder une richesse thématique assez rare dans le cinéma français qui se contente trop souvent de tracer un film sur une seule idée directrice. Hymne à l'amour de soit et des autres Le nom des gens est une belle surprise et une comédie tout à fait fréquentable.
Sucker punch (2011) de Zack Snyder 03/10
D'habitude je ne colle jamais une critique ciné dans cette rubrique, préférant souvent étoffer pour le films vus en salles mon argumentaire dans des critiques un petit peu plus longue. L'ami Geouf ayant déjà largement et fort justement démonté le nouveau film de Zack Snyder en explorant la plupart des nombreux défauts du film je me contenterais juste d'en remettre gentiment une légère couche pas totalement inutile vu le nombre d' avis béat d'admiration de certains spectateurs sur les différents site de cinéma. Sucker punch raconte grosso modo l'histoire d'une pauvre jeune fille internée de force dans un asile psychiatrique et qui va tenter de s'échapper en s'évadant au sens propre comme au figuré dans son imaginaire. Sucker punch c'est un petit peu Le labyrinthe de Pan en version beauf, car si Guillermo Del Toro inscrivait l'imaginaire de Ofélia dans son amour pour les contes et brouillait finalement la frontière entre imaginaire et réalité pour interroger le spectateur sur sa propre capacité à rêver, Zack Snyder se contente lui d'exploiter un argument facile pour aligner sans autre justification ses scènes d'action. Rien ne permet de comprendre pourquoi Babydoll s'imagine dans des univers de manga, de guerre ou de science fiction, en même temps il faut préciser que la caractérisation des personnages est loin d'être le soucis premier de Zack Snyder qui ne traitera jamais ses cinq actrices autrement que comme des potiches, très belles certes mais très vides. On ne saura finalement rien du personnage de Babydoll qui s'avère aussi fonctionnel que tout le reste et qui ne suscitera jamais envers les spectateurs la moindre petite empathie. Même lorsque le final nous révèlera partiellement ce que la jeune femme subit lorsqu'elle s'évade ne suscitera pas la moindre compassion. Pourtant dès le pré-générique Zack Snyder met le paquet en voulant jouer la carte de l'émotion, mais on reste dubitatif devant la lourdeur de la mise en image qui nous balance mine de rien au ralenti, presque en noir et blanc et sur du rock bien lourd les images d'une jeune fille qui perd sa mère, tue sa jeune sœur par accident, manque de se faire violer par son beau père avant de se faire arrêter par les flics le tout sous la pluie; à ce niveau de pesanteur même le mot pachydermique semble un peu trop léger. Ensuite le film va enchainer de manière totalement mécanique et désincarné des scènes d'actions comme autant de clips et de niveau d'un bien triste jeu vidéo. On voit babydoll qui fait la moue, qui ondule des épaules, ferme les yeux et Zack Snyder nous balance des séquences d'actions qui ne parviennent même pas à sauver le film de l'ennuie. Car peu importe les univers qu'il aborde, allant du film de sabre à l'héroïc fantasy en passant par le film de guerre et la science fiction Zack Snyder filme tout et toujours de la même façon. Autant dire qu'on se lasse très vite des pauses des cinq bimbos flingues en main, des ralentis systématiques, des galipettes en vol, du montage trop cut et des bullet time à profusion. Car finalement seul le décor et les ennemis changent un peu mais l'action reste toujours sur un seul et unique registre. Souhaitant sans doute faire de plus en plus spectaculaire au fil des séquences, Zack Snyder parvient surtout à faire de plus en plus bordélique et la scène dans le train avec les robots est juste une immonde bouillie numérique illisible, bruyante et totalement frénétique. On remercie juste à cet instant les producteurs de ne pas avoir booster artificiellement le film en relief sinon le sac à vomi deviendrait absolument obligatoire. Le film se termine alors en mode Brazil ce que objectivement on comprends dés le début et Zack Snyder se croit obliger de justifier l'ensemble en nous balançant en voix off un grand message philosophique à deux balles sur notre capacité à briser nos liens et nous évader. A cet instant on hésite encore entre verser une larme et éclater de rire, une chose est certaine c'est que la bombe visuelle tant annoncée n'est qu'un pétard mouillé qui fait beaucoup de bruit mais aucune étincelle.
Ce n'est qu'un début (2010) de Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barrougier 06/10
Ce n'est qu'un début est un film documentaire qui suit une expérience pédagogique mise en place dans une maternelle d'une ZEP (Zone d'éducation prioritaire) de Seine et Marne. Dans ce projet on propose ni plus ni moins qu'à des enfants de trois à quatre ans de faire de la philosophie, pas une analyse en règle de Freud mais simplement de prendre le temps de réfléchir, parler, écouter sur des sujets comme l'amour, la mort, la liberté, la pauvreté, c'est quoi un chef ou un ami... Par sa forme Ce n'est qu'un début est certainement bien plus proche d'un format de télévision que d'un film taillé pour le grand écran, Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barrougier ont choisit de suivre cet atelier singulier de la manière la plus neutre possible se contentant le plus souvent de filmer ces drôles de moments au fil du temps qui passe et du rythme de la vie qui s'écoule. Les deux réalisateurs confrontent toutefois cette bulle dans laquelle des gamins prennent le temps de réfléchir et s'exprimer à un flot discontinu de mots et d'informations déversé régulièrement par les médias. Ce n'est qu'un début est un film à le fois touchant et drôle car les paroles des enfants donnent à la philosophie des tournures souvent très poétiques et pleine du bon sens dont savent faire preuve les plus innocents. On s'amuse beaucoup des mots d'enfants comme cette petite fille qui définit l'intelligence en citant sa mère qui ne met jamais le Nutella au frigo ou ce petit garçon qui pense que plus tard il sera chef et qu'il aura une Twingo, de leurs petites hésitations, de leurs fautes de langage comme « Quand mon père ne travaille pas, il est en congelé », de leurs expressions et de leur capacité à exprimer avec leurs mots des idées souvent pleine d'à propos. Mais au delà du simple plaisir des mots d'enfants Ce n'est qu'un début montre le lien qui se tisse entre l'école et la vie de tous les jours, les parents reprenant et poursuivant souvent les thèmes abordés chez eux avec un socle pour pouvoir évoquer des sujets parfois difficile. On es également parfois très ému par un silence, un mot qui semble difficile ou impossible à sortir, par la force de ce que disent les enfants sur la mort ou la différence comme cette petite fille pleine de bon sens citoyen qui dit « On es tous pareils comme on es tous différents ». Ce n'est qu'un début est certes un peu mécanique dans son cheminement et pas vraiment palpitant au niveau de l'action mais la générosité, la poésie, l'innocence, la pertinence, la drôlerie, la sensibilité et la force des mots de ses gosses permet de passer un très bon petit moment.
Crazy night – Date night (2010) de Shawn Levy 05/10
Après les deux épisodes de La nuit au musée, Shawn Levy abandonne la comédie familiale à effets spéciaux pour une comédie sur fond de thriller et de romance. Crazy night ne propose finalement rien de bien nouveau en plongeant le temps d'une nuit sur un quiproquo un couple bien ordinaire dans une histoire de chantage impliquant maffieux, politiciens et flics corrompus pour une folle course poursuite. Si Crazy night est une petite comédie sympathique elle ne décolle toutefois jamais vraiment et se regarde entre amusement et ennuie. Le film manque singulièrement de rythme, les scènes ressemblent parfois à un collage de sketchs très inégaux, l'intrigue policière est totalement artificielle et les bons gags sont finalement plutôt rare. Le duo formé par Steve Carell et Tina Fey fonctionne plutôt bien même si l'actrice en fait souvent des tonnes pour se mettre au niveau d'un Steve Carell qui lui parvient paradoxalement à être drôle en restant impassible. Les seconds rôles n'ont jamais beaucoup de place pour exister et semblent encore une fois venir faire leur sketch au cœur du récit comme James Franco et la délicieuse Mina Kunis. Au bout du compte cette version romanticomique de After hours manque franchement de folie et donne bien peu souvent d'occasion de se marrer. On retiendra surtout une scène de poursuite en bagnole assez originale et bien torché et la scène du club de striptease assez amusante quoique bien trop longue à mon goût. Si cette folle nuit restera gravée dans la mémoire des personnages du film elle sera bien plus vite oubliée par les spectateurs.
Voilà une semaine se termine, une autre va bientôt recommencer. To be continued ...
1 commentaire -
Par Freddy K le 3 Avril 2011 à 20:33
Au sommaire cette semaine :
Feast II : Sloppy seconds (2008) de John Goulager 04/10
Le premier feast sorti en 2005 était une joyeuse série B totalement bordélique mais finalement assez sympathique par son mélange d'humour, de gore et d'idées de mise en scène amusante comme la présentation des personnages avec le temps qu'il leur restait à vivre. La suite toujours réalisé par John Goulager déplace l'action du petit bar paumé à une ville entière pour un film qui flirte cette fois ci bien bien vers le gros Z qui tâche à la Troma que vers la série B respectable. Le problème de Feast II c'est que le film est finalement tout aussi exaspérant qu'attachant. Étant particulièrement amateurs de gros Z foutraques bien gore et délirant à l'image de ce que savent faire les japonnais ce Feast II s'annonçait pour moi sous les meilleurs auspices avec ses personnages hors normes, ses monstres en caoutchouc, sa folie ambiante et son goût pour le gore multicolore à la Street trash ou Body melt. Le résultat est forcément bien plus mitigé la faute surtout à une recherche systématique de l'effet pour l'effet et une envie en dépit de tout et du bon sens de vouloir choquer par des effets les plus vomitifs possibles. Difficile donc de totalement adhérer à la gratuité la plus crasse de certaines scènes comme l'autopsie du monstre qui éjacule en gros plan dans la bouche des lesbiennes, la mort du bébé qui tient du gag pas drôle et totalement artificiel ou encore le rêve avec le couple qui s'embrasse la bouche pleine de vomi. John Goulager a choisit de jouer la carte de la surenchère mais on sent bizarrement que le procédé est plus manipulateur et cynique que vraiment sincère comme si les effets dictaient le récit bien plus que l'histoire ne justifiait les débordements. La courte featurette présente sur le DVD montre un John Goulager entre prétention absolue et suffisance affirmant que les Feast redéfinissent carrément le genre avant de conclure que ceux à qui cela ne plait pas peuvent toujours aller se faire foutre. Le genre de déclaration de sale gosse qui donne vraiment très envie de détester le film. Dommage donc car paradoxalement on aimerait que John Goulager prenne cette histoire totalement déjanté au premier degré et livre un film vraiment fou en exploitant à fond ce charismatique et très grindhouse gang de lesbiennes bikeuses tatouèes, ses nains mexicains catcheurs et surtout ces putains de monstres en plastique sortant d'on ne sais ou. Mais voilà, Goulager sous couvert de politiquement incorrect se vautre finalement dans la facilité de gags stupides (Le monstre qui pète) de personnages exaspérant comme ce vendeur de voiture black aussi indigent qu'un mélange de Chris Rock et Tracy Morgan réunis et traite au bout du compte le genre avec bien plus de mépris que de référence. Comme quoi faire n'importe quoi avec talent n'est pas à la portée de n'importe qui. Feast II est sans doute une belle bouse, mais tout au fond de moi le bisseux intégrale amateur des pires navets possibles et des films totalement cintrés aura trouver dans Feast II deux trois raisons de se réjouir de ce triste spectacle. Est il pourtant bien raisonnable d'attendre un Feast 3 ?? Si on y trouves encore des lesbiennes bikeuses à poil, des fight de nains catcheurs, des monstres en caoutchoucs poisseux et des corps qui fondent dans des gerbes multicolores je crois que je dirais oui.
La meute (2010) de Franck Richard 03/10
Sur le papier La meute était un projet des plus alléchant avec d'une part un réalisateur aux notes d'intentions et aux influences des plus respectables (Carpenter, Franju, Tourneur) et de l'autre la perspective d'un vrai film de monstres s'inscrivant dans une culture et un décor typiquement local avec les terrils post-industriel du nord de la France. On pouvait encore ajouter aux aspects positifs un casting à la fois étonnant et solide avec Yolande Moreau, Emilie Dequenne, Philippe Nahon et un plus surprenant Benjamin Biolay. Le résultat n'en ai que plus décevant encore car si le film avait clairement tout pour plaire le résultat est lui bien loin d'être à la hauteur des espoirs légitimement fondés sur le projet. La meute raconte donc l'histoire d'une tenancière d'un petit bar paumé dans le Nord qui accueille les voyageurs égarés avant de les séquestrer afin de pouvoir nourrir des goules qui vivent sous terre. Le premier gros problème du film de Franck Richard est incontestablement le ton avec lequel le jeune réalisateur et scénariste traite son histoire car à top vouloir jouer du décalage, de l'humour et de la dérision il plombe presque immédiatement l'aspect horrifique de son film. Difficile effectivement de croire à des personnages aussi caricaturaux et de plonger dans le premier degré d'un récit fantastique lorsque l'on se retrouve par exemple devant un personnage comme celui interprété par Phillippe Nahon qui parle à son solex comme si c'était un cheval, se fourre des crayons dans le nez et les oreilles et arbore un tee shirt « I fuck on the first date ». Difficile aussi de croire à des bikers aux dialogues systématiquement orduriers quand ils ne se touchent pas mutuellement les cuisses en faisant du tricot. Quand à Emilie Dequenne elle est souvent à la limite du trop dans son personnage de d'jeuns rebelle et Benjamin Biolay traverse le film le visage figée sur une unique expression. On pourra sauver la performance de Yolande Moreau car elle est parfaite mais son personnage ne propose objectivement absolument rien de vraiment originale, la comédienne possède juste la gouaille nécessaire pour faire passer des dialogues parfois amusant comme « Même du bon cotè du canon t'as toujours autant une tête de con ». L'autre grosse déception est de ne jamais vraiment exploité les aspects les plus « français » de cette histoire et de ce décor pour finalement singer les productions américaines dans leurs aspects survival et torture porn, un peu comme si Franck Richard ne croyait pas lui même que l'on puisse faire un film d'horreur typiquement et 100% français. On pourrait encore regretter des flashbacks inutiles, des explications trop didactiques, des ellipses curieuses et un scénario sans surprise, car la liste des défauts rédhibitoires est malheureusement bien longue. On gardera pourtant des goules plutôt réussis graphiquement, quelques belles ambiances nocturnes et deux ou trois images faisant enfin illusion d'être dans un véritable film d'horreur. Avec La meute le cinéma de genre made in France semble revenir dix ans en arrière à l'époque peu glorieuse de Bee movies.
Bus Palladium (2009) de Christopher Thomson 04/10
Pour son premier film en tant que réalisateur Christopher Thomson choisit la chronique douce amère d'une bande de potes rêvant de connaître le succès avec leur groupe de rock. Un esprit forcément très rock'n roll et ancré dans une époque fantasmé entre seventies et eighties pour un film finalement assez sympathique mais bien trop gentillet. Car clairement le rock de Bus palladium se situe bien plus du coté des BB Brunes que de Noir désir ou No one is innocent et les jeunes membres du groupe semblent bien trop lisses pour un esprit vraiment rock. Le drame c'est que Bus Palladium ressemble parfois dans l'esprit à un sitcom d'AB en à peine plus grunge dans l'esprit. Le film pourtant servi par un très bon casting de jeunes comédiens tous très convaincant peine à vraiment passionner du fait de son histoire bien trop sage, bien trop propre, bien trop policée et bien trop prévisible. On connait dès le départ le cheminement du film et la trajectoire qui sera celle de ce groupe passant de l'anonymat au succès pour finalement splitter pour des histoires d'ego et de gonzesses. Un récit sans trop de surprise et surtout sans la moindre aspérité puisque toutes les dérives un poil trop destroy comme les déboires du chanteur avec la drogue sont systématiquement traités hors champs. Du coup Bus Palladium ressemble bien plus à une petite chanson pop nostalgique pas forcément désagréable mais totalement périssable qu'à un morceau rock lourd et entêtant. La caution rock avec la présence de Philippe Manoeuvre dans son propre rôle ne suffit pas vraiment à hisser Bus Palladium au niveau des films de Cameron Crowe (Singles, Almost famous) vers lesquels Christopher Thomson louche de toute évidence. Le film reste malgré tout très fréquentable et permet de passer un moment finalement assez sympathique.
Gardiens de l'ordre (2010) de Nicolas Boukhrief 06/10
Nicolas Boukhrief aime les polars, les univers urbains et la nuit et c'est fort logiquement que l'on retrouve ces trois éléments dans Gardiens de l'ordre son cinquième film en tant que réalisateur. Après l'excellent Le convoyeur et le plus décevant Cortex, Boukhrief continue donc de creuser son sillon comme un « spécialiste » du thriller made in France. Gardiens de l'ordre c'est l'histoire de deux gardiens de la paix des plus ordinaires qui une nuit, lors d'une banale intervention pour tapage nocturne, se retrouvent contraint en état de légitime défense de tirer sur un jeune homme sous l'emprise d'une drogue particulièrement puissante et dangereuse. Le jeune homme en question étant fils de député, les deux flics sont gentiment priés par leur hiérarchie de se taire, d'accepter les sanctions disciplinaires pour bavure et de ne surtout pas parler de cette drogue. Seuls contre tous et en marge du système les deux flics décident alors de remonter la filière du trafic de ces pilules d'amphétamines afin de retrouver leur dignité. Gardien de l'ordre est un bon polar qui a le mérite de proposer des personnages finalement assez atypiques avec ses deux héros bien ordinaires et simples flics contraint de plonger sans filet dans l'univers des dealers à cols blancs évoluant dans les plus haute sphère de la société. Nicolas Boukhrief colle au plus près de ses personnages et orchestre un film dans lequel la tension et la pression psychologique prennent très vite le pas sur l'action pour livrer au bout du compte un polar froid, sec et réaliste. Cécile de France est très convaincante en jeune flic s'improvisant femme d'affaires troubles et Julien Boisellier joue parfaitement sur le registre du fournisseur de drogues sans scrupules et charmeur. Sans jamais sombrer dans la caricature de la figure du chef du grand banditisme Julien Boisellier donne à son personnage la dangereuse et tranquille arrogance des marchands de mort pour qui tout n'est que commerce et business. Dans un rôle totalement à contre emploi Fred Testot s'en sort plutôt bien et l'acteur catalogué guignol de canal + donne à son personnage une belle intensité dramatique et un certain charisme. On pourra juste regretter un petit manque de conviction lorsque l'acteur passe à l'action et quelques effets de jeu un poil too much lorsqu'il se retrouve sous l'emprise de la drogue qu'il est obligé de tester. Gardiens de l'ordre est donc une bonne surprise, un polar sans génie mais carré et efficace qui parvient à tenir en haleine le spectateur jusqu'à son dénouement. Le seul petit bémol étant une petit approximation dans l'histoire dans la mesure ou les deux flics commencent à l'origine une enquête pour prouver que le fils du député était bel et bien sous l'emprise de la drogue pour finalement s'orienter vers le démantèlement du réseau ce qui à priori tout en leur offrant une respectabilité ne les innocente pas pour autant. Cela reste une broutille et inutile qui n'entame en rien le plaisir de ce très bon polar.
Voilà une semaine se termine, une autre va bientôt recommencer. To be continued ...
2 commentaires -
Par Freddy K le 25 Mars 2011 à 18:33
Au sommaire cette semaine :
Jonah Hex (2010) de Jimmy Hayward 03/10
Pour être tout à fait franc cette énième adaptation de comics ne m'attirait que par la qualité assez exceptionnelle de son casting avec Josh Brolin, John Malkovich, Aïdan Quin, Michael Fassbender et dans une moindre mesure Megan Fox, ainsi que par son univers western. Il était bien plus difficile d'être enthousiaste devant le choix du réalisateur et surtout celui des scénariste avec Taylor et Neveldine les dumb et dumber du film d'action. Le constat est finalement très simple, même les meilleurs acteurs du monde ne peuvent pas sauver un mauvais film. Jonah Hex c'est un peu un Ghost rider version country, un film qui semble n'avoir aucune autre ambition que d'enchainer sur 80 minutes un maximum de scènes d'actions et d'explosions. Impossible de savoir à qui en revient la faute, soit à Neveldine et Taylor ou bien aux remontages imposés par Warner mais Jonah Hex est un film sans la moindre continuité et bourré de raccourcis narratifs absolument honteux. Pas le moindre personnage ne trouve donc assez de place pour exister au delà de la caricature et il devient très vite énervant de voir un tel casting être à ce point si mal et sous exploité. Même la naissance de la figure de Jonah Hex est expédié à la va vite à travers une séquence cartoon alors qu'elle est pourtant indispensable à la dimension mythologique du personnage. Josh Brolin se contente donc de jouer le rebelle à la mâchoire serré, Malkovich le méchant de carton pâte et Megan Fox la potiche complète et atout charme du film. D'ailleurs vers le milieu du film les méchants vont aller enlever le personnage interprétée par Megan Fox soit disant pour attirer Jonah Hex dans un piège alors que le héros se fout royalement de ce kidnapping, d'autant plus que jamais il ne sera informé de ce fait (??). Inutile de chercher à comprendre, cette péripétie totalement artificielle ne sert qu'à réintégrer inutilement le décolleté de Megan Fox pour le dernier quart d'heure du film. Visiblement destiné à un très large public Jonah Hex rejette systématiquement la violence par des plans de coupe et même lorsque Jonah Hex pousse la tête d'un méchant dans une hélice de bateau on a la sensation à l'image que le bad guy a juste pris un coup de poêle à frire derrière la tête. Les scènes d'action du film sont dans l'ensemble assez poussive et le film ne fera illusion que pendant une des premières scène lorsque Jimmy Hayward lorgne du coté de Corbucci et de Django en affublant son héros de deux mitrailleuses lourdes ensuite malheureusement le film s'oriente plus vers le Wild Wil West de Barry Sonenfield. On ne retiendra finalement de Jonah Hex qu'une séquence de combat entre un gros dur à cuir et un homme serpent, une scène dont on se demande objectivement ce qu'elle vient foutre dans cette histoire mais qui est pour moi de loin le meilleur moment du film. Jonah Hex est donc une nouvelle adaptation bien calamiteuse de l'univers Comics.
I know who killed me (2007) de Chris Siverston 07/10
I know who killed me est un film qui a lui seul discrédite totalement cette curieuse institution des razzies awards. Le film de Chris Siverston cristallisait en 2007 la haine aveugle de cette cérémonie envers Lindasy Lohan et récoltait du coup sans aucun discernement les titres de pire film, pire réalisateur, pire actrice et pire scénario... Une véritable honte qui va condamner le film au mépris assez systématique du public et presque à l'oubli total en le privant par exemple d'une carrière internationale. Pourtant I know who killed me est loin d'être un mauvais film et même si il est imparfait le premier long métrage de Chris Siverston possède de sérieux atouts à faire valoir avec en premier lieu une ambiance surnaturel absolument fascinante directement héritée du giallo. I know who killed me possède également une histoire solide et suffisamment tordue pour être difficile à résumer en quelques mots. Le film raconte comment une jeune fille de bonne famille se retrouve enlevée par un tueur qui la mutile de manière atroce. Après son évasion la jeune fille semble totalement avoir perdue la mémoire et s'être glisser dans le corps d'une autre personne tout en étant persuadé qu'elle est toujours captive du tueur... I know who killed me offre un univers totalement étrange et entraine le spectateur sur une multitude de faux semblants avec un véritable savoir faire, le récit ainsi que le dénouement du film peuvent ainsi laisser place à divers interprétations plus ou moins cartésienne. Mais c'est surtout par sa mise en scène et son univers graphique que le film de Chris Siverston séduit avec un formidable travail sur la couleur qui fait penser à Dario Argento période Suspiria. Le réalisateur guide souvent le regard du spectateur dans l'image par des touches de couleurs très vives avec une opposition très net entre le rouge et le bleu, un procédé qui n'a rien d'artificiel et qui guide notamment l'héroïne dans sa quête d'indices durant toute la seconde moitié du film. Si le tueur manque un peu de charisme et de présence pour être totalement convaincant en revanche son univers est fascinant avec des instruments de tortures tranchants en verre bleutés du plus belle effet et une violence très sèche qui explose lors de séquences digne du plus radicale des torture porn. Le film baigne dans une ambiance étrange entre Lynch et Argento et le double rôle de Lindsay Lohan permet au spectateur d'imaginer de nombreuses possibilités et explications possibles à cette histoire de la plus simple et donc la moins intéressante à la plus allégorique en passant par la plus fantastique. Concernant Lindsay Lohan, difficile de nier le fait que la jeune actrice est loin d'être mauvaise et que sa performance ne mérite pas plus un Oscar qu'un Razzies, Lindasy Lohan livre tout simplement une jolie performance dans ce double rôle antinomique comme les deux faces d'une seule et même personne, comme les deux penchants de l'adolescence. I know who killed me mérite donc cent fois mieux que sa désastreuse et injuste réputation de navet, il reste à espérer qu'un distributeur saura passer outre pour enfin distribuer le film en France ne serait ce qu'en DVD. Quand on voit le nombre de véritables bouses qui sortent en salles et en DTV à longueur de temps on se dit que ce ne serait que justice.
Rubber de Quentin Dupieux 07,5/10
Quentin Dupieux aime les paris totalement fou et après avoir réussi à tourner un bon film avec Eric et Ramzy, ce qui n'est pas un mince exploit, le réalisateur récidive en tournant un film dont le personnage principal n'est autre qu'un pneu serial killer et télépathe. Comme si ce concept déjà bien barré ne suffisait pas encore Quentin Dupieux intègre dans son film une mise en abime du cinéma avec des spectateurs qui regardent le film dans le film, des personnages qui interpellent les spectateurs et livre une œuvre totalement dédié à la gloire du concept de no reason. Il est donc inutile de vouloir tout expliquer ou rationaliser concernant Rubber et il est préférable de se laisser porter par cette ovni cinématographique à la fois radicale et poétique. Le premier exploit du film est de rendre crédible et pas totalement Z cette histoire de pneu et de lui faire tenir la route sur 80 minutes. La « naissance » du pneu, ses premiers tours de roue hésitant, ses chutes, la découverte de son plaisir à tuer, de sa faiblesse physique et de ses pouvoirs mentaux sont tout simplement des grands moments de cinéma qui rendent l'improbable possible. Ensuite Quentin Dupieux rend hommage à tout un pan du cinéma américain entre road movie, film d'horreur et série B. Sans jamais tomber dans le second degré cynique et parodique Quentin Dupieux finit même par donner une sacrée personnalité à son pneu en l'humanisant par des petites touches amusantes comme lorsqu'il prend sa douche ou regarde fatalement une course de bagnole à la télé. Techniquement très soigné malgré un budget et un temps de tournage des plus restreint Rubber démontre que l'audace, le talent et la radicalité du point de vue suffisent à transcender les plus improbables projets. Rubber s'amuse également avec le cinéma en lui même à travers les spectateurs qui regardent le film avec des jumelles et certains personnages conscient d'être les acteurs d'une œuvre de fiction. Si cette idée casse un peu la structure premier degré de l'histoire du pneu elle permet à Dupieux d'apporter une réflexion sur le cinéma lui même et les attentes des spectateurs. Dans Rubber on voit donc des spectateurs attendant avide qu'il se passe quelque chose et d'autre cherchant toujours à systématiquement tout comprendre et analyser. On voit aussi dans Rubber un curieux personnage qui pour moi symbolise un peu l'image du producteur tentant de faire correspondre et coïncider les attentes des spectateurs et les événements du film. Ce ne sont peut être que des interprétations de ma part mais j'adore cette idée du producteur qui vient gaver ses spectateurs jusqu'à les étouffer (dans une scène qui rend un formidable hommage à Romero) pour qu'ensuite l'exigence du film puisse se liquéfier les acteurs cessant carrément de jouer. Mais voilà il reste encore un spectateur attentif qui ne se gave pas de la première choses que l'on vient lui servir et qui lui a envie de voir et comprendre la fin du film, trop cartésien, trop analytique, trop critique ce spectateur finira par intervenir dans le film afin de critiquer le déroulement de l'histoire et le plan ridicule de la police afin de capturer le pneu avant de finir exploser par ce dernier visiblement très mécontent que l'on vienne hurler et révéler la fin du film. Ne pas bouffer tout et n'importe quoi en légitimant des films de plus en plus cynique et désincarné, ne pas sur analyser et démonter le moindre fait d'un film pour ne pas casser la magie voilà mine de rien sans doute les deux plus gros écueils sur lesquels se fracassent régulièrement les spectateurs et les critiques comme je viens de le faire d'ailleurs. Et puis quelle formidable idée, poétique et absurde de montrer que les films n'existent que si une personne les regarde. Rubber est donc un film dans lequel on doit se laisser embarquer sans chercher à trop savoir pourquoi, un manifeste à la gloire du cinéma Bis et d'une forme de non sens qui droit comme un pneu au beau milieu d'une route déserte est maintenant fermement prêt à s'attaquer à Hollywood.
The last broadcast ( 1998) de Stefan Avalos et Lance Weiler 02/10
The last broadcast est un film qui est sorti de l'anonymat dans lequel il aurait objectivement du rester sur le simple fait que le film aurait fortement inspiré, pour ne pas dire plus, Myrick et Sanchez et leur film Le projet Blair Witch. Tout comme dans l'histoire de la poule et de l'œuf , difficile de savoir qui était vraiment le premier car si The last Broacast est sorti le premier, les deux films étaient en gestation exactement à la même période. Pour mettre tout le monde d'accord il suffirait sans doute d'envoyer Ruggero Deodato qui avec Cannibal holocaust en 1978 avait une belle longueur d'avance sur les 4 réalisateurs réunis. Si effectivement The last Broadcast et The Blair Witch project possèdent de nombreuses et troublantes similitudes en revanche il est incontestable que le film de Myrick et Sanchez explose le film de Avalos et Weiler sur toute la ligne en exploitant à 200% un concept que The last broadcast ne fait qu'à peine effleurer. On serait presque reconnaissant à Daniel Myrick et Edouard Sanchez d'avoir offert avec leur film tout ce que Avalos et Weiler ont ratés dans les grandes largeurs avec le leur. The last broadcast raconte l'histoire de quatre jeunes partis faire un documentaire dans une forêt sur le diable du New Jersey. Des 4 protagonistes un seul reviendra vivant et sera accusé du meurtre sauvage des trois autres. Le film de Avalos et Weiler propose sous la forme d'un documentaire agrémenté des bandes vidéos tournées par les protagonistes eux même de faire la lumière sur cette triste histoire. Alors que Le projet Blair witch se concentrait uniquement sur les bandes vidéo retrouvés, The last broadcast fait intervenir de nombreuses personnes liées à l'enquête pour des entretiens plus ou moins pertinents. Durant 75 minutes le film tient plutôt bien la route même si objectivement cette histoire n'a rien de vraiment passionnant et que les acteurs sont assez peu crédibles en revanche la fin est clairement une honte totale qui vient contredire toute la mécanique du documentaire mise en place auparavant en revenant à une forme plus classique de film pour un twist ending bien moisi. Alors que The last broadcast affiche fièrement au début que les personnages que nous allons voir ne sont pas des acteurs, le film se termine par un générique de fin révélant le noms des acteurs et de leurs personnages. What a fuck !!!! Même si on es pas crédule au point de penser que tout est vrai, on a envie que comme pour Le projet Blair witch le film aille au bout du bout de son concept. Je ne sais pas si Myrick et Sanchez ont pompé honteusement The last broadcast mais une chose est certaine c'est qu'ils ont eu bien raison de le faire afin de transcender le concept d'origine pour transformer une bouse mal branlé en un très grand film qui lui exploite magnifiquement et totalement son idée de départ.
Voilà une semaine se termine, une autre va bientôt recommencer. to be continued...
4 commentaires -
Par Freddy K le 19 Mars 2011 à 19:41
Au sommaire cette semaine :
Captifs (2010) de Yann Gozlan 05/10
Le soucis majeur du film de Yann Gozlan c'est qu'il semble vraiment arriver après la bataille voir carrément après la guerre. En effet Captifs ne propose strictement rien de nouveau et les fans de films de genre risque donc de fortement s'ennuyer devant un film qu'ils auront vraisemblablement la sensation d'avoir déjà vu des dizaines de fois. Captifs raconte donc les mésaventures de trois jeunes humanitaires français dans les Balkans; alors qu'ils sont en route pour leur retour en France ils se retrouvent attaqués et pris au piège de criminels aux motivations troubles. Le cadre de l'Europe de l'Est a déjà été exploité avec Hostel, Severance, Ils ou même Vertige; le thème du trafic sauvage d'organes était déjà au centre de films tels que Paradise lost ou Train et l'aspect survival quand à lui est exploité jusqu'à la corde à longueurs de DTV. L'originalité est donc loin d'être la vertu première de Captifs qui va jusqu'à fortement s'inspirer du visuel de Martyrs pour son affiche. Pourtant le film de Yann Gozlan n'a rien non plus de vraiment honteux ou déshonorant, il est plutôt correctement emballé, choisit la tension plus que la surenchère systématique dans le gore et offre à Zoe Felix un joli contre emploi plutôt réussi. Captifs n'est donc ni vraiment mauvais, ni franchement bon et il laisse obligatoirement une impression en demi teinte. On pourra toutefois reconnaître au premier film de Yann Gozlan de belle qualité cinématographique avec notamment un joli travail sur le son comme vecteur d'angoisse et une mise en scène assez carré et efficace. Dommage donc qu'en plus de son manque flagrant d'originalité le film se retrouve handicapé par deux trois petites choses qui alourdissent le récit comme un prologue sans grand intérêt expliquant la phobie chronique du personnage interprété par Zoe Felix, un personnage totalement transparent et fonctionnel interprété par Ariel Elmaleh, des tortionnaires en marcels assez caricaturaux et surtout ce sentiment constant de déjà vu. On espère donc retrouver Yann Gozlan sur un second film un poil plus original que celui ci dans lequel il pourrait apporter un peu plus que son évident savoir faire.
30 jours de nuit 2, Jours sombres - 30 days of night, dark days (2009) de Ben Ketai 03/10
30 jours de nuit 2, Jours sombre est donc une suite direct du film de David Slade sorti trois ans plus tôt. Une suite directement shooté pour le marché de la vidéo qui ne reprends finalement pas grand chose de l'univers du premier film qui avait le mérite d'être très efficace tout en sous exploitant sa monstrueuse idée de départ d'une nuit durant presque un mois. On retrouve donc le personnage de Stella qui tente de venger la mort de son petit ami tout en parcourant les USA afin de convaincre un monde incrédule que le cau-auchemar a déjà commencé. Elle va être aidée dans sa quête de vengeance par trois autres victimes qui vont lui proposer d'aller botter le train de Lilith la reine des vampires. Première énorme déception si l'on retrouve le personnage de Stella on assiste également à un changement d'actrice pour l'interpréter, un changement qui d'emblée assure une continuation des plus bancale entre les deux films. C'est d'autant plus dommageable que le spectateur ne gagne pas vraiment au change en passant de la charismatique Melissa George à la bien plus transparente Kiele Sanchez. Autre déception avec l'abandon complet des décors rigoureux et blancs de l'Alaska et du concept de la nuit qui n'en finit pas, cette suite se déroule dans des univers urbains, le plus souvent en intérieur et sur un rythme plus traditionnel et mécanique du jour et de la nuit. 30 jours de nuit 2, Jours sombres ressemble plus à un sous Blade dans lequel 4 personnages en quête de vengeance tentent de dégommer du vampire à tour de bras. Un concept pas plus con qu'un autre à condition de ne pas se prendre les pieds dans le tapis des incohérences et de la facilité ce qui bien sûr est loin d'être le cas ici. On a par exemple du mal à comprendre pourquoi les personnages s'acharnent durant tout le film à défourailler sur les vampires alors qu'ils savent très bien que cela ne sert strictement à rien et on se dit qu'avoir deux ou trois armes spécifiques et vraiment mortels semblerait un petit peu plus pertinent. Quand à la petite armée de vampires qu'ils sont censé affronter elle se limite le plus souvent à une demi douzaine de gothiques fringués au rayon cuir de La redoute. Même la délicieuse et vénéneuse Mia Kirshner ne marquera pas vraiment les esprit dans sa performance bien fade de la grande reine des vampires... Le film de Ben Ketai est donc une suite des plus dispensable qui n'apporte rien de nouveau et qui se place très très en dessous du film de David Slade pourtant déjà très perfectible.
Il reste du jambon ? (2010) de Anne Depetrini 02/10
Anne Depetrini , ex miss météo de Canal+ et souvent cantonnée au rôle de potiche de plateau télé, passe donc à la mise en scène avec un film partiellement autobiographique qu'elle a écrit avec son compagnon Ramzy Bedia. Il reste du jambon ? raconte donc l'histoire d'amour entre une jeune journaliste issus de la bourgeoisie parisienne et un médecin d'origine algérienne venant directement d'une cité HLM. Un choc des cultures, des traditions et des religions pour les deux tourtereaux qui vont devoir s'aimer en dépit des préjugés de leurs proches. La jeune réalisatrice choisit donc la comédie romantique sur fond social pour faire ses grands débuts au cinéma et se vautre assez lamentablement dans les pires clichés possibles. Car être pétris des meilleurs intentions ne suffit pas toujours à faire passer la pilule et il est toujours bien paradoxale de vouloir dénoncer les pires préjugés en alignant à l'écran les pires clichés culturels et raciaux possible. Anne Depetrini reste dans une vision très bobo des choses et oppose sans la moindre finesse une famille bourgeoise parisienne et une famille algérienne vivant en banlieue. Cette sensation de voir s'agiter sous nos yeux des archétypes purement fonctionnels est franchement désagréable et la comédie qui se voulait humaniste devient de ce fait très vite lourdement mécanique. Un aspect totalement artificiel renforcé par des personnages qui manquent cruellement d'épaisseur, de charisme, de force et de véracité. Le couple principale formé par Ramzy Bedia et Anne Marivin est juste insupportable de cabotinage et leur histoire d'amour à la limite de la gentille bluette platonique d'adolescents manque autant de piquant, de profondeur que d'émotion. Si le film n'est pas vraiment maîtrisé dans son écriture tout en réservant quelques bonnes répliques, du coté de la mise en scène c'est tout simplement catastrophique. Le film ressemble le plus souvent à un mauvais sitcom shooté sans le moindre point de vue dans des lumières dégueulasses... Pour trouver des points plus positifs il faudra donc se tourner du coté des second rôles qui visiblement n'ont pas besoin d'être dirigé pour être naturellement bon. On retrouve donc avec plaisir la délicieuse Leïla Bekhti, la jeune actrice récemment césarisée est formidable et elle apporte incontestablement beaucoup de charme, de justesse et de fraîcheur au film dans le rôle de la petite sœur de Ramzy. On retrouve également au générique la comédienne Geraldine Nakache, sa complice de Tout ce qui brille, qui apporte elle aussi une touche non négligeable d'humour et de charisme à un film qui en manque cruellement. Il reste du jambon? est donc une comédie passablement morose, une romance sans cœur et sans âme et un film social qui passe à coté de son sujet à trop vouloir être bassement didactique, on est quand même pas loin du ratage le plus complet.
L'illusionniste (2010) de Sylvain Chomet 08/10
A contre courant des modes et des tendances Sylvain Chomet poursuit son petit bonhomme de chemin et son travail d'artisan de l'animation. Un peu à la manière de Hayao Miyazaki le jeune réalisateur français continue d'ancrer ses récits dans son propre univers culturel tout en restant fidèle à l'animation traditionnel en 2D avec crayons et pinceaux. Après le formidable Les triplettes de Belleville, Sylvain Chomet choisit d'adapter le scénario d'un projet inachevé du grand Jacques Tati et offre comme un magnifique hommage à son personnage principal la silhouette si particulière du réalisateur et acteur de Jour de fête. L'illusionniste raconte l'histoire d'un artiste de cabaret qui à la fin des années 50 connait de plus en plus de difficultés à trouver des scènes pour se produire. Un peu contraint à l'exil il finira par se produire dans un pub en Ecosse dans lequel il fera la rencontre d'une jeune fille avec laquelle il va entretenir une relation entre amour et tendresse comme une improbable figure paternelle. L'illusionniste est vraiment une petite merveille à la fois tendre, drôle et émouvante sur laquelle plane en plus de l'ombre de Jacques Tati celle du Chaplin de Limelight. Le film de Sylvain Chomet porte un regard nostalgique sur la fin d'une époque et la disparition des artistes de cabaret, des clowns, des bateleurs, ventriloques et illusionnistes cédant leurs places dans l'imaginaire à l'avènement du rock'n roll et de la télévision. Un regard emprunt d'une formidable mélancolie et dénué de tout passéisme dans lequel les clowns sont suicidaires, les ventriloques alcooliques et les illusionniste s'inventent des histoires d'amours impossibles avec des jeunes filles. Le film de Chomet est une sorte de bulle de poésie en apesanteur, quasiment muet et doté d'une mise en image des plus posé L'illusionniste est une petite merveille de l'animation à l'univers aussi singulier que graphiquement riche dans le moindre petit détail de ses décors et de ses univers. Tout à la fois burlesque, fin et intelligent L'illusionniste s'impose comme un drôle de film triste qui plus encore qu'à la figure de Tati rends un hommage magnifique à des artistes et à un cinéma d'un autre temps. Impossible par exemple d'oublier ce moment magique du film durant lequel Sylvain Chomet fait entré son personnage de papier dans une salle de cinéma pour le confronter à l'image bien réelle de son modèle pour une sorte de mise en abîmes aussi ludique que particulièrement émouvante. L'illusionniste est à l'image de son personnage principal un manifeste délicat, élégant et émouvant à la magie du spectacle et la solitude au quotidien de ceux qui nous émerveillent. Grosse déception en revanche du coté de l'édition DVD et Blu-ray du film avec ses sept petites minutes de bonus ça fait un peu chiche comme écrin pour un aussi joli bijou.
Voilà une semaine se termine, une autre va bientôt recommencer. To be continued ....
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique