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Par Freddy K le 2 Mai 2011 à 06:24
Le buzz The silent house tient entièrement sur son concept de mise en scène qui propose de vivre « l'horreur en temps réel » avec un film tourné en un seul plan séquence de 80 minutes. Le film de l'uruguayen Gustavo Hernandez s'inscrit donc dans une veine du cinéma vérité à la Rec ou Blair witch project tout en s'affranchissant de la contrainte de la vue subjective d'un seul et unique personnage qui serait à la fois acteur et réalisateur du récit t de l'aspect documentaire.
The silent house raconte l'histoire de Laura et de son père qui reviennent dans la maison de campagne de leur enfance pour faire quelques travaux avant de pouvoir la vendre. Alors qu'ils s'apprêtent à passer la nuit dans cette vielle maison sans électricité, Laura entend des bruits à l'extérieur puis à l'étage de la maison. Pour la jeune femme commence alors de longs moments d'angoisse d'autant plus que son père disparaît en tentant d'explorer l'étage de la maison.
Peu importe sa forme et son concept technique ce que l'on attends avant toutes choses d'un film d'angoisse c'est qu'il nous procure des sensations fortes comme des gros moments de tension et malheureusement The silent house n'y parvient que bien trop rarement. Le problème c'est que hormis la lente exploration de la maison à l'aide d'une lampe dont la lumière dévoile lentement un décor inquiétant le film ne propose finalement pas grand chose. Et puis il persiste un sentiment de déjà vu car on pense évidemment à Rec ou encore au jeu Silent Hill avec même cette progression éclairée à la lampe. Des références certes respectables mais qui deviennent écrasante à mesure que l'on comprends que The silent house n'a finalement rien de nouveau à proposer et se contente d'exploiter des univers que d'autres ont déjà mis en place. Le film comporte toutefois deux ou trois scènes assez réussi à défaut d'être originale comme lorsque la jeune femme plongée dans le noir s'éclaire par intermittence avec des flashs d'appareil photo ou lorsque après une course dans les bois la camera tourne autour d'elle faisant perdre ses repères au spectateur avant de révéler la présence d'une mystérieuse petite fille à l'arrière plan.
Dans l'ensemble Gustavo Hernandez propose un film agréable à suivre fluide dans sa mise pourtant tout en mouvement et visiblement strictement préparé afin d'offrir de nombreux plans très soignés. Gustavo Hernandez évite donc le coté hyper nerveux d'une shackicam frénétique bougeant dans tous les sens pour suggérer terreur et panique, ici on est plus dans une angoisse posé lente et progressive. En revanche le plan séquence de 80 minutes est de toute évidence une belle petite arnaque tant on devine que les plans entièrement dans le noir servent en fait à coller avec une bande son pour faire le lien deux ou trois plans séquences entre eux. A noter aussi que le film de Gustavo Hernandez comporte une longue séquence post générique rajoutée après le premier montage: une scène ratée par la plupart des spectateurs qui se précipitent hors de la salle dès le début du générique de fin mais qui objectivement n'apporte pas grand chose et ne fait que rendre plus explicite une histoire qui l'est déjà suffisamment à mon gout.
The silent house se repose sur une histoire solide mais qui encore une fois ne brille pas vraiment par son originalité; on es ici dans la droite lignée des films d'horreurs ibériques qui basent les manifestations étranges sur les forts traumatismes des différents protagonistes. La résolution du mystère ne surprendra donc pas vraiment les habitués de ce type de film et mettra même en évidence quelques petites incohérences dans le récit. Il faut pourtant saluer la très jolie performance de la jeune comédienne Florence Colucci qui porte une bonne partie sur les frêles épaules nus sous son débardeur. Constamment à l'écran l'actrice parvient à faire passer terreur et émotion sans trop forcer son jeu et avec très peu de dialogues. L'actrice est même peut être le plus gros motif de satisfaction de The silent house.
The silent house est donc un film assez moyen mais qui permet de passer un bon moment pour peu que le film soit regardé dans l'obscurité d'une salle de cinéma. Le film de Gustavo Hernandez a déjà son remake totalement inutile en préparation aux USA et son bide relatif en salles le condamne déjà à un certain oubli. Dommage car sans rien proposer de vraiment extraordinaire le film mérite d'être vu tel qu'il est...
Ma note : 05,5/10
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Par Freddy K le 15 Avril 2011 à 10:20
Cela faisait bientôt dix ans que Wes Craven n'avait plus donné de signes de vies très significatifs, certes le réalisateur avait produit et supervisé d'excellents remakes de ses œuvres de jeunesse comme La colline à des yeux ou La dernière maison sur la gauche mais niveau scénario et mise en scène c'était plutôt la loose complète avec Pulse, le lamentablement mauvais Cursed et même le très décevant My soul to take. On pouvait donc être tout aussi excité que inquiet à l'annonce d'un Scream 4, mais inutile de tourner autour du pot le verdict final est sans appel; Wes Craven is back et putain ça fait bien plaisir.
Scream 4 raconte le retour de Sidney Prescott à Woodsboro dix ans après la vague de crimes dont elle fût à la fois la victime et la survivante. Un retour pour la promotion de son tout premier livre qui ne sera pas de tout repos le tueur au fameux masque ayant décider de reprendre du service en exterminant une nouvelle génération d'adolescents biberonés aux films d'horreur.
Scream 4 est juste un plaisir de tous les instants, Wes Craven et Kevin Williamson ayant tout simplement réussi l'exploit de faire de ce quatrième volet un film flirtant avec le formidable niveau du tout premier opus de la saga de ghostface. Dès sa première séquence Scream 4 séduit par son humour, l'efficacité redoutable de sa mise en scène, le plaisir nostalgique de retrouver les sensations du premier film et une formidable et très drôle mise en abîmes entre Scream et son pendant Stab tout comme entre fiction et réalité. Une bien belle entrée en matière qui permet déjà à Craven et Williamson d'épingler les tortures porn à la Saw et les suites produites au kilomètres tout en gratifiant le spectateurs de quelques guest stars fort sympathiques. Scream 4 part donc sur les chapeaux de roues et la bonne nouvelle c'est que le film tient magnifiquement bien la distance.
Le plaisir et la nostalgie sera à son comble avec le retour sur l'écran de trois autres personnages emblématiques de la saga avec Sidney Prescott (Neve Campbell), Dewey (David Arquette) et une toujours aussi arriviste Gale Weathers (Courtney Cox). Des personnages toujours aussi attachants qui sont entourés à l'écran d'une bande d'adolescent bien moins crétin et insignifiants que dans une bonne flopée de récents films d'horreurs et de quelques nouveaux personnages savoureux comme l'adjointe de Dewey interprétée par Marley Shelton. Car Scream 4 redonne enfin aux victimes de slasher une épaisseur et une dimension dramatique les plaçant immédiatement au dessus du simple statut de chair à boucherie. Même avec parfois très peu de temps pour exister à l'écran impossible d'oublier pour autant le sort de certaines victimes. On sent même à travers le film et sa thématique une vraie envie de la part de Kevin Williamson et Wes Craven de redonner une part d'humanité aux victimes afin de se démarquer de personnages prétextes ne servant finalement que de faire valoir aux tortures et boucheries de psychopathes en tous genres. Le casting est absolument formidable et Neve Campbell offre une très belle performance donnant à Sidney la force d'une grande héroïne de slasher et le fragilité d'une victime de tragédie. Wes Craven renoue également avec Scream 4 avec les casting essentiellement composé de comédiens issus de la télévision comme Hayden Panettiere (Heroes), Alison Brie (Mad men) ou Emma Roberts (Alie Singer)
Scream 4 est aussi un véritable film d'horreur particulièrement carré, sec et efficace. Wes Craven évite le piège des jumps scares à répétition et donne à son film une facture classique d'horreur old school en refusant l'épilepsie du sur-découpage et de la shacki cam frénétique. Scream 4 est classique au sens le plus noble du mot et offre de formidable séquences d'horreur, certes bien peu originales mais foutrement efficace comme la scène du parking. Les meurtres refusent quand à eux la surenchère de l'effet gore systématique mais demeurent le plus souvent très crus et violent du fait justement de leur froideur réaliste. Là encore Wes Craven frappe juste et offre aux spectateurs le plaisir de retrouver les douces effluves d'un bon vieux slasher. Encore un fois la violence des meurtres marque bien plus les esprits par leur aspect dramatique que par leur aspect graphique et spectaculaire. Le film comporte toutefois de formidables moment comme un final dans une chambre d'hôpital que je trouves tout simplement énorme.
Wes Craven et Kevin Williamson prouvent également qu'un film d'horreur peut être très drôle non pas en riant du genre, mais en s'amusant avec les codes du genre. Scream 4 est bourré de moments très amusants et d'excellentes punchlines dont une sur les remakes qui m'a fait particulièrement plaisir. Mais tout comme le premier Scream ce nouvel opus s'amuse aussi des nouvelles tendances de l'horreur et vise souvent très juste que ce soit sur les remakes, les reboot, le torture porn, les films en vision subjectives, le cynisme des nouveaux spectateurs et l'envie de casser les structures passés. Les références et les clin d'œil sont nombreux, d'ailleurs Craven s'auto-cite pas mal durant le film et le plaisir référentiel est presque constant durant tout le film. Pas simplement malin et gratuitement référentiel Scream 4 base également toute sa construction sur le schéma d'un remake offrant de nombreuse références au premier film tout en les décalant légèrement ou en les déplaçant dans la structure narrative du film. Scream 4 est tout à la fois une vraie suite et une sorte de remake déguisé du premier ce qui est finalement totalement cohérent avec l'histoire et le dénouement du film.
ATTENTION SPOILER POSSIBLE Drôle, flippant, pertinent, trois qualités auxquelles il faut ajouter l'intelligence et le regard presque désabusé que Wes Craven et Kevin Williamson portent sur une jeunesse tellement gavée d'images et de technologie qu'elle semble en avoir perdue la dimension la plus dramatiques des horreurs qu'elle peut voir, subir et reproduire. Difficile de trop en dire sans spoiler totalement le final du film mais Craven porte un regard aussi lucide que tranchant sur une jeunesse prête à tout pour simplement se donner l'illusion d'exister dans un monde qui n'est même plus réel, la virtualité semblant aujourd'hui bien plus importante. Craven et Williamson frappent très fort avec cette idée génial de montrer ce désir de faire n'importe quoi juste pour exister aux yeux des autres, cette envie d'être dans la vie plus grand et plus fort que dans la fiction le tout étant relayé par la passivité et la facilité d'univers virtuels dans lesquels on bien a plus envie d'avoir des fans que d'avoir des amis. Scream 4 montre une génération collée à son portable qui tente de mettre sa vie en scène selon des schémas de fiction pour exister un peu plus fort que les milliers d'autres qui font la même chose. Scream 4 assassine avec force, justesse et intellignece la génération Facebook, Twitter, portables et Youtube dont les besoins de reconnaissances futiles et illusoires poussent à faire n'importe quoi. END OF SPOILER
Scream 4 est donc un retour en fanfare pour Wes Craven qui je l'espère va poursuivre sur cette formidable dynamique pour nous offrir de nouveaux régulièrement des films de cette qualité. Il est trop tôt pour savoir si ce nouvelle épisode aura une répercutions aussi forte que le premier sur l'industrie du cinéma horrifique. En tout cas Scream 4 c'est pour le moment juste un putain de plaisir et le retour d'une horreur aussi divertissante que diaboliquement intelligente.
Ma note : 7,5/10
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Par Freddy K le 9 Mars 2011 à 21:24
Après les films d'horreur et plus particulièrement les films de zombies avec Shaun of the dead, puis les films policiers tendance gros blockbusters avec Hot Fuzz les deux compères Nick Frost et Simon Pegg continuent de rendre hommage à leur cuture geek et à leur passion pour le cinéma à travers Paul. Cette fois ci c'est donc à la science fiction et aux films d'extra terrestre des années 70/80 que les deux et scénaristes décident de s'attaquer par la phase référentielle et toujours aussi déconnante. Mais contrairement à Shaun of the dead et Hot fuzz, Paul est le premier film 100% américain du duo et surtout leur premier gros projet sans leur complice et metteur en scène Edgar Wright.
Paul c'est donc l'histoire de deux potes complètement geeks qui s'offrent un voyage en forme de pèlerinage aux USA afin d'assister au Comic-con et de se faire un road trip à travers les endroits les plus mythique des fans d'ufologie. Durant leur périple en camping car les deux amis vont faire une drôle de rencontre puisqu'ils vont tomber nez à nez sur un extra terrestre en cavale prénommé Paul. Ce sera pour ses deux adolescents attardés le début d'une cavale à travers le pays dans laquelle ils croiseront des rednecks hargneux, des agents fédéraux déterminés et des fous de dieu....
Si Paul est objectivement une très belle comédie dans laquelle on retrouve la patte des deux scénaristes avec références à foison, glorification de l'amitié, humour potache et émotion, le film reste pourtant une relative déception en se plaçant un poil en dessous de Hot fuzz et quelques franches coudées derrière le culte Shaun of the dead. Il faudra bien sûr que je revois le film en VOST pour me faire une idée plus juste car il est par exemple difficile de penser que l'on gagne beaucoup en passant de Seth Rogen pour la VO à Philippe Manoeuvre pour la voix française de l'extra terrestre. La grossièreté assumée des dialogues peut aussi très vite verser dans la vulgarité à travers une VF pas totalement calibrée et sous contrôle. Pourtant la VF ne peux pas expliquer à elle seule la légère déception occasionné par le film.
Il ressort de Paul une curieuse impression d'un film carré, assez efficace mais un peu trop mécanique dans son histoire et un poil trop rectiligne dans sa mise en scène. Greg Mottola signe certes un film des plus agréable à regarder mais qui semble souvent manquer de folie un peu comme si à l'image de ses protagonistes il se contentait de suivre une route un peu trop clairement balisé. Il manque sans doute tout bêtement à Paul la présence de Edgar Wright dont on mesure d'un seul tout coup toute l'importance sur Shaun of the dead et Hot Fuzz. Car contrairement aux deux films précédemment cités on ressort de Paul sans ce plaisir magnifique et immédiat de vouloir se raconter nos scènes préférées entre potes, peut être tout simplement car rien de vraiment énorme ne ressort et ne dépasse du film. Paul manque donc de gros moments de bravoures et on en voudrait presque à Greg Mottola de ne pas avoir poussé bien plus loin des moments potentiellement énorme comme la bagarre générale dans le bar ou d'orchestrer des scène d'actions souvent assez poussives comme les quelques poursuites finales.
L'histoire elle aussi manque parfois de piquant de folie à l'image finalement du personnage Paul qui tout en étant un extra terrestre est traité durant tout le film comme un vague pote autostoppeur. Un choix à la fois gonflé puisqu'il casse totalement l'image fantasmé de l'être supérieur totalement différent et un poil foireux dans la dimension prétendument fantastique du personnage. Si le personnage de Paul est une franche réussite au niveau physique avec des effets spéciaux absolument géniaux, en revanche j'ai un peu de mal à vraiment adhérer à sa personnalité trop orienté pour coller à l'univers comique du film. Le paradoxe étant que cette rencontre des plus improbable semble finalement logique tant Paul s'inscrit dans la même logique de ton que ses deux héros. La formidable idée de faire de Paul un conseiller technique des grandes œuvres science fiction de ses dernières années est elle aussi totalement sous exploité à mon sens. Les personnages secondaires sont eux aussi assez décevant à l'image de Ruth Buggs (Kristen Wiig) un personnage féminin qui n'a d'autre intérêt que d'introduire une bien plate et insignifiante romance avec l'un des deux anti-héros. Jason Batteman, Bill Hader et Joe Lo Truglio sont tous trois excellent en agents fédéraux particulièrement troubles mais encore une fois leurs personnages manque à la fois d'épaisseur et de folie. Concernant Simon Pegg et Nick Frost ils s'accordent des personnages taillés sur mesure qui ressemblent à des vagues jumeaux de Shaun et Ed dans Shaun of the dead. Des personnages certes sans la moindre surprise mais toujours aussi drôles, charismatique et surtout attachant dans leur passions clairement assumés et leur indéfectible amitié. Quand aux caméos de Sigourney Weaver et Steven Spielberg ils sont encore une fois trop largement éventé pour être totalement efficace.
Et pourtant, malgré toute ses réserves le plaisir et bel et bien là car encore une fois Frost et Pegg parviennent à titiller avec bonheur la fibre sensible et nostalgique du geek qui sommeille en chacun de nous (enfin presque). On ne pourra finalement que remercier chaleureusement les deux compères de nous faire vivre cette improbable périple dans l'univers de la science fiction entre rires et émotions. Car Paul réserve en plus de quelques francs sourires de très jolis moments de cinéma notamment dans la relation très tendre entre Paul et la petite fille devenue une vieille femme qui l'avait recueilli lors de son crash de soucoupe volante. Des moments remplis de tendresse et de poésie durant lesquels encore une fois Pegg et Frost semblent nous dire que le plus beau reste de croire à l'impossible et la magie. Si Paul est une petite déception il n'en est pas pour autant un mauvais film et d'ailleurs il est presque couru d'avance que le film se classera parmi les meilleurs comédies de cette année 2011. Paul donne vraiment la banane et c'est déjà pas si mal
Ma note : 07/10
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Par Freddy K le 16 Février 2011 à 06:55
Après avoir décrit les tourments d'une star déchu avec The wrestler, Darren Aronofsky raconte à travers l'histoire de Nina, la naissance d'une étoile portée au firmament. Deux trajectoires contraires et opposées pour deux films qui pourtant se rejoignent sur une forme d'obsession du besoin de reconnaissance et sur l'abandon nécessaire à la sincérité des artistes. Si The wrestler se voulait presque documentaire dans sa forme en revanche Black swan verse ouvertement dans le fantastique et la sombre allégorie poétique.
Black swan raconte donc l'histoire de Nina une danseuse particulièrement sérieuse et appliquée du corps de ballet de New York. Lorsque le maître de ballet et chorégraphe Thomas décide de monter une nouvelle version du Lac des cygnes afin d'ouvrir la saison il offre à Nina la possibilité de tenir le rôle principale afin de devenir enfin la danseuse étoile de la troupe. Pourtant très vite la jeune fille timide et réservée comprends que son extraordinaire technique et son courage ne suffiront pas pour interpréter le cygne noir et Nina va devoir se libérer totalement et jouer sur des pulsions qui lui sont alors inconnus comme la mort, le désir, la sensualité et l'abandon de soit. Poussée à bout par la pression psychologique, la fatigue, les limites de son corps Nina va alors entrer dans une spirale dangereuse d'obsession, de paranoïa et voir son fragile équilibre mental vaciller à mesure que sa part d'ombre lui donne les clés pour devenir le cygne noir.
Black swan n'est finalement pas très éloigné de The Wrestler puisque l'on retrouve ce sentiment de suivre au plus prêt un personnage ne vivant que pour l'art qu'il pratique et cherchant jusqu'au vertige et au danger une forme de reconnaissance. Le personnage de Nina tout comme The ram ont partiellement sacrifié leur vie pour le spectacle et leur discipline leur impose dans les deux cas de faire constamment violence à leur propre corps et Aronofsky nous montre avec une froideur clinique les chevilles martyrisées, et les corps décharnées de danseuse quasiment anorexique. Si Black Swan est bien moins nostalgique et mélancolique que The wrestler on y retrouves pourtant cette forme d'hommage à celles et ceux qui ne vivent que pour le spectacle quitte à en oublier de vivre pour eux même. Ce n'est sans doute pas un hasard si dans Black Swan le personnage de Nina réponds « danseuse » lorsqu'un garçon lui demande qui elle est, comme si la jeune femme n'existait que par son activité artistique. La différence fondamentale reste que dans Black Swan le personnage de Nina ,qui est au tout début de sa gloire ,est une figure assez froide, fragile et presque hermétique aux émotions alors que The ram était une sorte d'éponge abreuvée de désespoir. Nina est donc une danseuse brillante et fragile mais pour devenir une grande artiste il va lui falloir bien plus qu'une technique irréprochable et sonder dans ses pulsions les plus sombres pour ne pas simplement jouer le cygne noir mais l'incarner jusqu'au vertige et ne faire plus qu'un avec le personnage. Darren Aronofsky montre alors que les plus grands artistes sont incontestablement ceux qui se fondent dans leur expression artistique en se nourrissant de leur âme jusqu'à se perdre mentalement.
Black swan est un diamant sombre dans lequel Darren Aronofsky prouve une nouvelle fois ses formidables talents de metteur en scène et renoue avec les thématiques récurrentes de son œuvre entre obsession et dépendance. La direction d'acteurs est irréprochable, la mécanique du film tout simplement diabolique et Aronofsky orchestre avec maestria un ballet de sensations et d'émotions qui va crescendo jusqu'à un final magnifique. Le réalisateur semble constamment collé au plus prêt de Nina et parvient à nous en faire ressentir la fragilité, la souffrance, la peur ainsi que la lente et progressive perte de repère de la jeune femme. Le film verse alors doucement vers un fantastique directement hérité du meilleur de Polanski et tout comme Nina le spectateur finira par ne plus savoir quelle est la part du rêve et du fantasme dans ce qu'il voit à l'écran. Black swan joue sur un registre de fantastique entre malaise et poésie et offre de formidables moments d'étrangeté comme avec le vieillard pervers dans le métro, de tension avec les scènes dans l'hôpital et devient même parfois franchement effrayante comme lorsque Nina se retrouve poursuivit jusque chez elle par des apparitions fantomatiques. Impossible également d'oublier les transformations physiques, les mutations, les stigmatisations psychologiques que subit Nina à mesure que son rôle s'empare d'elle. Black Swan est d'une telle maitrise et d'une telle richesse de sensation qu'il se classe d'emblée comme l'un des meilleurs films de l'année.
Il faut bien sûr saluer la très belle performance de Natalie Portman dans le rôle difficile de Nina. La jeune actrice semble s'être donnée corps et âme à son personnage au point de faire elle même les nombreuses chorégraphie du film et elle réussit sans doute avec Blak Swan l'une des plus belle performance de sa jeune carrière. Sans prothèses, sans maquillages elle parvient pourtant à offrir un autre visage que lors de ses films précédents, à la fois plus dur dans ses traits et plus fragile dans son regard la jeune comédienne devrait à juste titre empocher le prochain Oscar de la meilleure actrice. La scène durant laquelle elle se remaquille en séchant ses larmes sous des tonnes de fond de teint est absolument supebe. A ses cotés on retrouve Vincent Cassel, ambigu juste ce qu'il faut dans le rôle du chorégraphe poussant par la pression psychologique ses artistes dans leurs dernières limites et Barbara Hershey en mère sur-protectrice, étouffante et jalouse de la réussite de sa propre fille. Mais parmi les second rôles il convient de citer aussi la délicieuse Mila kunis dans le rôle de Lilly, un personnage qui représente un véritable pendant décomplexée et venimeux de Nina, une sorte de double négatif. Le film joue d'ailleurs avec beaucoup de finesse sur cette opposition entre la blancheur et pureté de Nina et la noirceur plus sensuelle de Lilly tout à la fois rivale et pulsion libératrice pour la jeune femme. Et puis impossible de ne pas citer Winona Ryder dans un rôle magnifique d'étoile condamnée à l'oubli après la gloire, un personnage d'autant plus touchant lorsque l'on pense au parcours de la jeune actrice, elle aussi quelque peu oubliée depuis quelques années.
Quand au final du film il est tout simplement superbe et Aronofsky nous entraine dans un ballet majestueux de sensations à la fois visuelles et sonores pour nous offrir l'éclosion magnifique d'une artiste fusionnant avec son personnage pour ne devenir que la stricte expression de son art. Une transformation bouleversante comme la pureté d'un acte de dévotion total au public, un moment d'éternité sublimant toute la souffrance du corps et des tourments de l'âme par la beauté de l'acte artistique. Le spectateur termine alors le film tout comme Nina lors du dernier plan; épuisé, anéanti, blessé, tourmenté mais heureux.
Ma note : 09/10
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Par Freddy K le 18 Janvier 2011 à 06:26
Dans un premier temps The green hornet faisait office d'un énième projet de films de super héros carburant aux effets spéciaux et jouant sur les succès récents des films baignant dans l'univers comics. Le film mainte fois repoussé finira par rebondir sous l'impulsion de Seth Rogen au poste de co-scénariste avec Evan Goldberg ( En cloque mode d'emploi, Funny Poeple) et la présence de Michel Gondry à la mise en scène. Et là, d'un seul coup le projet lambda devenait follement excitant par la simple participation de ses deux hommes aux univers bien particuliers. Il restait à savoir ce que le duo Rogen/Goldberg et Gondry allaient bien pouvoir faire avec un gros blockbuster d'action bourré d'effets spéciaux. Les premières bandes annonces montraient une orientation très clair vers la comédie avec la Rogen's touch alors que la fantaisie et la poésie des images de Michel Gondry semblait elle être totalement absente au profit d'un film d'action plus classique. Il restait donc à voir le film pour se faire enfin une idée définitive et disons le clairement The green Hornet et une réjouissante réussite.
Brit Reid (Ne surtout pas oublier le R du prénom) est une sorte d'adulescent insouciant, fêtard et suffisant qui se retrouve du jour au lendemain à la tête d'un empire financier à la suite du décès de son père. Le jeune homme se retrouve également directeur du journal le Daily sentinel réputé pour sa droiture et sa défense des opprimés. Pourtant c'est presque par hasard et par provocation qu'un soir Brit Reid et son chauffeur Kato décident d'aller jouer aux justiciers dans les rues de Los Angeles. Mais les deux hommes vont finir par se prendre au jeu, poussés par une campagne médiatique orchestré depuis la rédaction même du Daily sentinel. Brit Reid devient alors The green hornet et avec son fidèle serviteur et chauffeur il entreprends de nettoyer les rues de Los Angeles de la criminalité sans jamais se départir de l'aspect ludique de son costard de super héros.
The green hornet est en premier lieu une très bonne comédie fonctionnant un peu à la manière de Kick ass sur le principe d'un citoyen lambda qui décide de devenir un super héros. Mais plus encore que dans le film de Matthew Vaughn on se retrouve ici devant un homme ordinaire, suffisant dont les motivations sont plus intimes et égoïste que la soif de justice. Brit Reid devient d'abord The green hornet pour simplement s'amuser, pour sortir du cadre de sa vie, pour le fun, la célébrité et surtout pour adresser un énorme Fuck off à son père décédé qui lui avait étant enfant saboter ses rêves d'héroïsme. Sans aucuns pouvoirs, sans la moindre aptitude physique, sans profondes motivations, souvent totalement irresponsable et arrogant Brit Reid laisse donc le plus souvent à son partenaire et serviteur Kato l'intégralité de la panoplie du vrai héros. C'est donc Kato qui invente les armes et les gadgets et qui va au charbon lors des confrontations physiques grâce à ses formidables talents en arts martiaux tout en laissant le plus souvent le bénéfices des ses propres exploits au green hornet et donc par extension à Brit Reid. On se retrouve donc dans la situation amusante d'un héros totalement sidekick et d'un partenaire de second plan avec une véritable carrure de super héros, un peu comme si Batman ne faisait que bénéficier des exploits de Robin. Fatalement le film joue sur ce duo avec une structure de buddy movie à l'envers puisque les deux personnages vont immédiatement sympathiser et s'apprécier pour finir par ne plus se supporter ou de comédie romantique avec le cheminement amour, haine et réconciliation. Le duo formé par Seth Rogen et Jay Chou fonctionne parfaitement et on s'amuse beaucoup des nombreux bon mots du très volubile Seth Rogen et de son sens du dialogue et de l'improvisation. Le film contient aussi une formidable séquence durant laquelle Kato et Brit Reid en viennent finalement aux mains pour un affrontement dévastateur digne de ceux entre l'inspecteur Clouseau et Cato dans La panthère rose. Le film sans jamais tomber dans la parodies s'amuse à demi mots de nombreux codes et figures imposés de l'univers des super héros entre aversion pour les collants et suspicion de relation homosexuelle entre les deux partenaires. The green hornet propose donc un duo de personnages pour le moins singulier et finalement deux des super héros les plus cool et les moins torturès vus sur un écran depuis bien longtemps.
Certains vont sans doute tiquer devant l'orientation 100% divertissement et la légèreté du film en regrettant les questionnements existentielles propres au super héros, les aspects les plus sombres des justiciers et la fidélité à la série d'origine mais le film de Michel Gondry opte clairement pour des personnages qui s'amusent sans se poser de questions à jouer aux héros. Le film n'oubliera pas pour autant de remettre parfois les personnages en face de la responsabilité de leurs actes comme lors de la grotesque éradication par la pègre de tout les malheureux portant des vêtements verts. Sans être un film à thèse, The green hornet montre aussi les travers d'une société dans laquelle tout doit passer par l'image et la puissance de la machine médiatique capable de fabriquer des modèles en manipulant l'information. Le film n'est donc pas si innocent et futile qu'il semble l'être. On pourra donc difficilement parler d'une adaptation fidèle, en revanche The green hornet rend un très discret mais très élégant hommage à Bruce Lee au détour d'une courte séquence. On notera aussi le caméo amusant d'Edward Furlong et la joli performanche de Christoph Walz dans le rôle d'un méchant bien ordinaire souhaitant lui aussi devenir un super vilain de comics. En revanche le personnage très en retrait de Leonore Case,incarnée par Cameron Diaz, semble être l'atout charme assez dispensable du film . On peut imaginer que le personnage mis en place devrait prendre un peu plus d'ampleur en tant que cerveau des agissement du green hornet dans une hypothétique suite, mais en attendant on a un peu la sensation d'un personnage ne servant strictement à rien.
Il était difficile de penser retrouver la touche de folie et de poésie des précédents films de Michel Gondry et son amour pour les effets bricolés sur les tournages sur un tel film de studio. The green hornet est d'une facture tout à fait classique et aucunement une version swédé d'un gros blockbuster d'action. Michel Gondry c'est juste glisser humblement dans la peau d'un réalisateur au service de son sujet et d'un film ouvertement destiné au plus grand public. Et très honnêtement le frenchie s'en sort parfaitement avec un film spectaculaire, amusant et léger, élégant, bourré de scène d'action ne cédant pas trop à la surenchère du découpage excessif et privilégiant des plans larges pour laisser vivre l'action. Michel Gondry s'offre même quelques fantaisie pertinentes comme une scène en accéléré et surtout une séquence à base de split screen des plus réussi. L'apport de la 3D est plus discutable car si elle fait son petit effet lors de certaines scène on a surtout la sensation d'un film boosté à la 3D sans avoir vraiment été conçu pour (Ce qui semble être effectivement le cas). La dernière poursuite du film avec son montage un peu plus cut devient même assez difficile à suivre avec les fameuses lunettes sur le nez. Mais dans l'ensemble c'est vraiment le plaisir qui prime sur toute les petites imperfections du film et on se laisse volontiers porter par le rythme trépidant de cette très agréable et très amusante comédie d'action.
The green hornet est donc une très agréable surprise, un pur divertissement élégant et léger qui permet de passer un formidable petit moment de cinoche. Ce n'est objectivement pas un film inoubliable mais pour une année cinéma qui commence il fait figure d'un formidable amuse bouche pétillant et sucré.
Ma note : 07/10
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