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    Les aventures de Tintin: Le secret de la licorne (The adventures of Tintin Secret of the unicorn)

    De Steven Spielberg

    USA/ Nlle Zélande (2011) – Animation / Aventures / Pur bonheur

    Les aventures de Tintin Le secret de la licorne de Steven Spielberg

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    Jusqu'à présent les adaptations cinématographiques de Tintin se limitaient aux sympathiques films d'animation de Raymon Leblanc et les longs métrages un peu kitchs en prise de vue réel de Jean-Jacques Vierne et Philippe Condroyer. La meilleure adaptation de l'œuvre de Herge restant la série télé d'animation initié et produite par Philippe Gildas en 1991. 20 ans après ce sont deux mastodontes de la superproduction et de l'entertainement qui s'unissent pour redonner vie au célèbre reporter belge. Steven Spielberg, Peter Jackson, le top de la technologie s'unissent pour livrer sur grand écran la plus trépidante aventure de Tintin.

     Le film combine trois album de Hergé pour créer un unique récit dans lequel Tintin se retrouve plonger au cœur de folles aventures qui l'amèneront à faire connaissance avec le capitaine Haddock. Avec son fidèle chien Milou et l'aide des deux Dupont et Dupond le jeune reporter intrépide va parcourir le monde à la recherche d'un fabuleux trésor....

    Les aventures de Tintin Le secret de la licorne de Steven Spielberg

     Avant toutes choses je dois préciser que je ne suis pas un Tintionophile averti même si j'ai comme tout le monde lu de nombreux albums lorsque j'étais gamin. Je ne suis pas un puriste, intégriste, spécialiste de Hergé prompt à m'indigner du moindre petit écart de lecture vis à vis des œuvres originales. Si je comprends parfaitement la colère de certains qui ne retrouvent pas sur grand écran tout à fait les saveurs et la ligne directrice des albums qu'ils vénèrent en revanche moi je me moque un peu de voir Spielberg et ses trois scénaristes condenser, ajouter et proposer de nouvelles choses. Je ne brandirais pas la carte de la trahison pour un simple rot dans un moteur d'avion ou un combat de grues sur un port. L'important n'étant pas de copier mais de respecter l'esprit et sur ce point je trouve que le Tintin de Spielberg est une réussite tout simplement parce que j'y retrouve des sensations que j'avais gamin à la lecture des bandes dessinés.

    Les aventures de Tintin Le secret de la licorne de Steven Spielberg

     Les aventures de Tintin Le secret de la licorne est pour moi une très belle réussite, un grand spectacle familiale intelligent et généreux qui parvient à réunir dans une salle de cinéma autour du plaisir de l'évasion et de l'aventures des enfants de sept à soixante dix sept ans. Le film de Steven Spielberg est aussi et surtout un pur bonheur de tous les instants. Le film séduit d'emblée dès son générique de début à la Catch me if you can, bourré de références aux autres albums de Tintin et qui doucement transporte les spectateurs et le célèbre reporter du carcan de la case et de l'aplat de couleur vers le relief et la motion capture. La toute première scène est aussi un très joli moment et un hommage émouvant à Hergé lorsque la figure du Tintin de Spielberg rencontre le trait et la vision d'un portraitiste belge. On est ensuite totalement immerger et bluffer par l'univers du film, cette forme hybride entre l'animation et le cinéma traditionnel que constitue la motion capture permet de donner vie d'une manière incroyablement palpable et presque émouvante aux personnages issus de l'imaginaire de Hergé. Les décors sont riches et magnifiques, les personnages fidèles à l'image presque inconsciente que nous avons en tête et l'aventure, l'humour, le suspens et l'exotisme sont bel et bien au rendez vous.

    Les aventures de Tintin Le secret de la licorne de Steven Spielberg

     Steven Spielberg nous embarque alors pour 105 minutes de pur bonheur menés sur un rythme d'enfer en enchainant de véritables morceaux de bravoures dont il a le secret. Il existe de toute évidence une filiation entre Tintin et Indiana Jones et l'une des force du film est de permettre de retrouver à la fois l'esprit du reporter belge et de l'aventurier américain condensé dans un même univers. On sent d'ailleurs que Spielberg s'amuse comme une petit fou truffant le film de clin d'œil à son propre univers de la célèbre houppette de Tintin se déplaçant dans l'eau comme un aileron de requin à l'arrivée au village dans le désert au parfum des Aventuriers le l'arche perdu en passant par le side-car semblant sortir directement du troisième volet des aventures de Indy.

    Alors que tant de film peinent à nous en offrir une seule Les aventures de Tinitin Le secret de la licorne comportent pas moins de trois ou quatre scènes d'action absolument extraordinaire. La première est l'évasion de Tintin et Haddock dans les coursives et couloirs d'un bateau, une scène durant laquelle Spielberg exploite à merveille la profondeur de champ de la 3D. On pourrait ensuite citer le crash de l'avion en plein désert après avoir traverser un nuage de turbulences mais c'est encore rien à coté des deux gros morceaux de bravoures que constituent la bataille navale et la poursuite finale. Steven Spielberg affranchit des contraintes techniques et physique fait virevolter sa camera dans des mouvement aériens et limpide nous plongeant en plein cœur d'un abordage entre deux navires sur une mer déchainée ou dans une poursuite trépidante mené à deux cent à l'heure. La caméra semble s'envoler, plonger, foncer, glisser, tourner pour coller à l'action le tout avec un soucis de fluidité et de lisibilité qui honore Spielberg. Outre la virtuosité en apesanteur de la mise en scène de Spielberg il faut saluer la manière absolument génial avec laquelle le réalisateur place ses transitions notamment lors de la séquence de bataille navale entre les images du récit et le capitaine Haddock racontant les faits.

    Les aventures de Tintin Le secret de la licorne de Steven Spielberg

     On trouve rarement de grands films sans des grand personnages et rarement de grands personnages sans grands acteurs. La motion capture permet de donner vie à des figures de cartoon non seulement par l'animation mais surtout par le jeux des acteurs. L'occasion de saluer Zemeckis véritable précurseur et pionner dans le domaine de la motion capture avec Le pôle express, Boewulf ou Le drôle de noël de Scroodge. On peut maintenant parler de performances d'acteurs pour un personnage synthétique et animé et donc saluer pour ce Tintin les prestations de Jamie Bell en Tintin, Daniel Craig en Ivanovich Sakarine, Nick Frost et Simon Pegg en improbable jumeaux Dupont et Dupond ou la petite participation de Gad Elmaleh en Ben Salaad. Pourtant tous se font voler la vedette par Andy « Gollum » Serkis absolument monstrueux en capitaine Haddock. Plus encore que Tintin le capitaine Haddock est la vraie star du film, d'ailleurs c'est au moment de son entrée dans le récit que le film trouve son rythme effréné de croisière. Haddock est de loin le personnage le plus drôle, le plus charismatique et le plus émouvant du film. Andy Serkis parvient à donner une belle profondeur d'âme à cet alcoolique invétéré rêvant d'aventures sur des galions. C'est à Andy Serkis et son avatar que l'on doit incontestablement les plus drôles et surtout les plus beaux moments du film comme le récit dans le désert ou la découverte du chapeau de ses ancêtres comme un trésor plus précieux encore que toutes les pièces d'or qu'il contenait.

    Les aventures de Tintin Le secret de la licorne de Steven Spielberg

     Pour terminer un petit mot sur la 3D relief du film que Spielberg à le bon goût de ne pas utiliser comme un gadget à la mode mais comme un outil technique permettant de plonger le spectateur dans un univers jusque ici confiné et enfermé dans le carcan de cases bi dimensionnelles. Pas d'effets sortants gratuits, une vraie profondeur de champs, un travail sur les différents niveaux du plan (La scène dans le bateau), une immersion totale dans l'action (La scène de la moto tyrolienne) et une plongée dans l'écran pour le spectateurs; Spileberg a juste compris tout ce que devait apporter et offrir la troisième dimension. Les aventures de Tintin Le secret de la licorne est tout simplement le meilleur film 3D relief depuis et derrière Avatar.

     Les aventures de Tintin Le secret de la licorne est donc un grand film populaire au sens noble du mot, une œuvre capable de réunir autour du plaisir et de l'évasion différentes générations de spectateurs. Le simple plaisir de passer un bon moment, la sensation d'un spectacle pour lequel le prix d'une place de cinéma semble encore justifié sont déjà des arguments qui plaident en faveur du film de Spielberg. Si on ajoute le réveil d'une part d'enfance, la perfection technique qui s'efface pour simplement donner vie à une histoire et ce putain de sentiment de bonheur on est définitivement devant un très grand film et un magnifique divertissement

     

    Ma note : 08,5/10

     


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    Melancholia

    De Lars Von Trier

    Danemark/France/Allemagne (2011) Drame / Fantastique / Spleen apocalyptique

    Melancholia de Lars Von Trier

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    La fin du monde est proche et Lars Von Trier a choisit de la dépeindre de la manière la plus intimiste et intense qui soit. Là ou tant d'autres cinéaste ont trouvé un prétexte à un cataclysme d'effets spéciaux spectaculaires et totalement désincarnés le réalisateur danois pose un regard bouleversant et d'une rare puissance sur les derniers instants de l'humanité. Melancholia c'est la fin du monde version intime, l'apocalypse version spleen....

     Melancholia c'est donc le nom d'une planète qui se dirige vers la terre et menace de la percuter. Deux sœurs Justine et Claire, aux comportements opposés, attendent entre angoisse et sérénité le moment ou Melancholia décidera du sort de la terre.

    Melancholia de Lars Von Trier

     Melancholia est divisé en trois partie; la première est un prologue constitué d'images d'une beauté formelle assez époustouflante et noyé par la musique de Wagner. Des images en forme de rêve prémonitoires semblant directement sortir de l'esprit de Justine, des instantanés allégoriques qui annonce dès le début du film que la fin du monde aura bel et bien lieu et qu'elle sera étonnement paisible et magnifique. On retrouve ici les formidables qualités d'artiste et d'esthète de Lars Von Trier pour cinq minutes fascinantes entre lyrisme, spleen, mélancolie et poésie. Des images qui trouveront toute à plus ou moins long terme un écho dans le futur récit du film et qui annonce par la fin imminente du monde la vacuité des futurs comportements humains qui suivront.

    Melancholia de Lars Von Trier

     Après ce prologue magnifique Lars Von trier revient à une forme plus abrupt de son cinéma en retournant vers les préceptes de son fameux dogme. Ce premier grand chapitre est consacré à Justine (Kirsten Dunst) et à son luxueux mariage dans la propriété de sa sœur et son beau frère. Le chapitre commence de la manière la plus légère qui soit avec un gag, comme une respiration, montrant le jeune couple à bord d'une longue et luxueuse limousine incapable de franchir les virages serrés d'une petite route escarpée de campagne ce qui va occasionner un monstrueux retard à la réception offerte pour leurs noces. Ensuite Lars Von Trier caméra à l'épaule va plonger Justine dans les conventions et les usages d'un mariage qui doucement vont la dépasser et faire naître en elle un profond sentiment de mélancolie désabusé. Alors qu'elle semble avoir tout pour être heureuse Justine va sombrer doucement dans une sorte de dépression et transformer de manière quasiment auto destructive sa soirée de noces en un cauchemar. Pas très loin de Festen, Lars Von Trier met alors au grand jour les petites faiblesse et les grandes mesquineries des hommes. Justine est plongée dans un panier de crabes et au cœur d'un monde dans lequel elle semble incapable de s'inscrire entre un père absent et incapable de l'écouter, une mère psycho-rigide et cassante, un patron qui la harcèle sans cesse pour lui faire cracher un slogan publicitaire, un beau frère totalement obsédé par le cout du mariage et un mari aimant et pressé de se ranger dans le cadre d'une vie bien formatée... Justine sombre alors doucement, le regard vide comme consciente de toute l'absurde futilité des promotions et bonheurs illusoires qui s'offrent pourtant à elle. Entre de fugaces moments de bonheur et des instants profond de mélancolie Justine traverse cette soirée tel un fantôme rejetant la moindre perspective d'avenir. Kirsten Dunst qui n'a pas volé son prix d'interprétation à Cannes est absolument magnifique et donne une belle intensité à ce personnage complexe pour lequel on ressent finalement autant de tendresse que d'antipathie.

    Melancholia de Lars Von Trier

     Le second grand chapitre se concentre plus sur Claire (Charlotte Gainsbourg) la sœur de Justine au moment ou la planète Melancholia doit frôler ou percuter la terre dans quelques jours. Le personnage de Justine a alors totalement sombrer dans une profonde dépression qui la réduit à un état quasi végétatif incapable de se mouvoir. Pourtant à mesure que Melancholia s'approche de la terre Justine retrouve une forme de sérénité alors que Claire sombre doucement dans la peur de perdre tout ce qu'elle aime. Bien plus posé et presque apaisé dans sa mise en scène Lars Von Trier orchestre alors une inéluctable fin du monde dans laquelle, telle des vases communicants, la mélancolie devient sérénité alors que la bienveillance positive se transforme en chagrin et en peur. Léo Ferré écrivait que le désespoir était une forme supérieure de la critique et qu'il convenait de l'appeler bonheur, Justine semble alors trouver enfin dans la disparition d'une humanité qu'elle juge comme le mal de notre planète une forme de paix absolu. Pour Claire en revanche c'est une peur viscérale et une tristesse infini qui accompagne ses derniers instants. L'occasion de dire que le jury de Cannes aurait été bien inspiré d'associer Charlotte Gainsbourg au prix d'interprétation féminine de Kirsten Dunst tant l'actrice nous offre des moments d'intense et profonde émotion confirmant au passage que le soit disant misogyne Von Trier continue d'offrir de superbes rôles féminins. Le final de Melancholia est absolument magnifique, intense et bouleversant et se pose sans conteste comme le plus beau moment de cinéma de cette année 2011. Lars Von Trier cloue littéralement le spectateur au fauteuil par la puissance émotionnel implacable de ce qu'il nous donne à vivre et l'intensité de cet immense moment de cinéma. Jamais sur un écran de cinéma la fin de l'humanité n'avait été aussi intense, puissante, bouleversante et paradoxalement paisible.

    Melancholia de Lars Von Trier

     Lars Von trier réussit une nouvelle fois un très grand film et à moins d'être totalement allergique à la mise en image parfois chaotique héritée du dogme il me semble impossible de ne pas ressortir vraiment ému du film. La planète Melancholia heurte aussi les spectateurs et sa déflagration mélancolique laisse des traces profondes longtemps après la fin du film. Même si elle ne fait que vous frôler cette étrange planète pourrait bien perturber vos sens et réveiller au plus profond un sentiment diffus mais intense de spleen magnifique.

     

    Ma note: 09/10

     


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    The artist

    de Michel Hazanavicius

    France (2011) Comédie dramatique / Romance / Intemporel

    The artist de Michel Hazanavicius

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    Je pensais qu'il était presque devenu impossible de coller ensemble dans une critique cinq mots comme: Comédie, française, intelligente, originale et ambitieuse. Fort heureusement est arrivé Michel Hazanavicius qui après avoir signé avec les deux OSS 117, les meilleurs comédies françaises de ses dix dernières années, nous revient avec The artist. Le réalisateur aurait pu se reposer sur ses lauriers et enchainer tranquille avec un troisième volet des aventures de l'espion qu'on aime tant. Mais Hazanavicius choisit de s'attaquer à un projet plus ambitieux et autrement casse gueule, The artist n'est pas une comédie pure, pas une parodie mais un film qui mélange comédie, romance, mélodrame le tout en noir et blanc et à la manière d'un film muet des années 20. L'occasion pour Hazanavicius de rendre un très bel hommage à ce cinéma magnifique, à ses artistes et à ses artisans.

     The artist raconte l'histoire de George Valentin (Jean Dujardin) une immense star du cinéma muet à Hollywwod qui voit arriver avec méfiance et mépris les premiers films parlant. George Valentin sombre alors doucement dans l'oubli alors que dans le même temps Peppy Miller, une jeune starlette repérée par Valentin lui même, devient une star du cinéma parlant. Un destin croisé pour une histoire d'amour presque impossible...

    The artist de Michel Hazanavicius

     La première chose qui frappe l'esprit au bout d'à peine dix minutes de film c'est à quel point The artist est un film techniquement assez irréprochable. Alors que trop souvent les productions hexagonales se foutent royalement de tout ce qu'ils considèrent injustement comme secondaire, le film de Michel Hazanavicius est esthétiquement et techniquement une petite merveille. Ce n'est même pas une surprise puisque l'on retrouvait déjà ses qualités là et ce soucis presque maniaque de création d'un univers totale dans les deux OSS 117. C'est bien simple on a immédiatement la sensation de se retrouver devant une production datant des années 20 et de retrouver ce piqué d'images si particulier. Les costumes, les décors, les effets spéciaux, la lumière, le rythme, le découpage, les maquillages, la photographie, absolument tout participe à plonger les spectateurs dans cet univers et à rendre palpable ce pari un peu fou. Il faut également citer la formidable musique de Dominique Bource, fidèle complice de Hazanavicius, qui accompagne presque 90% du film entre punch jazzy et mélodie au piano bouleversante. On connait l'importance de la musique dans les films muets comme ceux de Chaplin et le score de Dominique Bource s'impose illico comme l'une des plus belle musique de film de cette année.

    The artist de Michel Hazanavicius

     Le casting de The artist est encore une fois une petite merveille et un plaisir de tous les instants. On passerait presque sur la formidable performance de Jean Dujardin déjà mille fois encensé et récompensé d'un prix d'interprétation à Cannes remis par mister De Niro. Une distinction mérité tant Dujardin livre une très jolie performance réussissant tour à tour à être charmant, drôle, pathétique et bouleversant tout en restant imperturbablement classe. Mais il faut aussi saluer la performance de Berenice Bejo qui incarne avec autant de force, de talent et d'émotion que son homologue masculin la délicieuse Peppy Miller. Berenice Bejo trouve incontestablement ici son plus joli rôle avec cette délicieuse et charmante actrice entre Betty Boop et Paulette Godard élevée soudainement au rang de star. Des performances souvent dignes des grandes stars du muet, Michel Hazanavicius s'amusant souvent des excès expressif de la pantomime et des blessures profondes de ses personnages. La petite séquence montrant George Valentin (Jean Dujardin) en plein tournage perdre doucement son jeu d'acteur à mesure qu'il tombe amoureux de sa jeune partenaire est un immense moment de comédie et de direction d'acteurs. Impossible de ne pas citer les prestigieux seconds rôles du film avec l'immense John Goodman ( The big Lebowski, Barton Fink), James Cromwell ( Babe, La ligne verte, L.A Confidential), Malcom McDowell (Orange mécanique, If), Missi Pyle (Dodgeball).

    The artist de Michel Hazanavicius

     The artist confronte donc deux trajectoires de carrière autour d'une simple révolution technique. Par certains aspects le film de Hazanavicius fait penser à L'illusionniste de Sylvain Chomet dans lequel un vieux magicien se retrouvait totalement dépassé par son époque et devait se résoudre à ne plus faire rêver personne ou encore le Limelight de Chaplin et ses vieux clowns bouleversants. Pourtant The artist n'est jamais un film passéiste et la descente vers l'oubli de son personnage principale est autant due aux mutations de l'art qu'il pratique qu'à sa propre vanité et son orgueil. The artist est certes un formidable hommage à la magie du cinéma muet mais il n'oppose jamais deux types de cinéma différent préférant plaider pour la mémoire de ceux qui nous font rêver plutôt que l'oublie dès qu'une nouvelle star ou une nouvelle technique fait son apparition. Mais Michel Hazanavicius ne manque pas de pointer également du doigt un cinéma devenu souvent trop bruyant à travers la formidable scène du cauchemar de Valentin (une des seule séquence sonore du film) dans lequel les bruitages deviennent de plus en plus assourdissant au point de devenir surréaliste à l'image d'une plume s'écrasant sur le sol dans un fracas de bombardement. The artist est de toute évidence l'hommage un peu fou d'un formidable fan de cinéma qui parvient le temps d'une séquence magnifique à imposer un silence jusque dans la salle ( Bon en même temps on était à peine douze dans la plus grande salle du multiplex). On pourrait citer et énumérer encore longtemps les beaux moments que nous offre The artist, de la séquence de l'escalier au formidable numéro de claquettes en passant par l'intelligence des dialogues et l'esprit de tous les grands artistes du muet qui plane sur le film de Chaplin à Keaton en passant par Lionel Barrymore ou Douglas Fairbanks.

    The artist de Michel Hazanavicius

     The artist est vraiment une petite merveille qui revient à une forme épurée et universel du cinéma. Alors que tellement de film masque derrière le bruit assourdissant de leur bande son et la fureur de leurs effets spéciaux qu'ils n'ont plus rien à dire, c'est juste un plaisir sans nom de voir que ce cinéma là peut et devrait encore et toujours exister en dépit des modes. On ressort de The artist à la fois heureux et ému avec l'envie d'aimer le cinéma tout entier. Malheureusement le film réalise un démarrage en demi-teinte, sans doute pas assez moderne pour la majorité du public; pourtant une chose est certaine dans cinquante ans The artist semblera moins vieux que 90% des films qui sortent actuellement.

     

    Ma note : 08,5/10

     

     


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    Cars 2

    De Brad Lewis et John Lasseter

    USA - 2011 - Animation / comédie en trombe

    Cars 2 de Brad Lewis et John Lasseter

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    Cinq ans après leurs premières aventures Flash McQueen et ses potes de Radiator spring sont donc de retour pour Cars 2. Un périple d'espionnage aux quatre coins du monde qui propulse la dépanneuse Martin en héros malgré lui pour un Pixar cuvée 2011 de très belle tenue. Mais si Cars 2 est objectivement un formidable blockbuster familiale d'une belle perfection technique, le film reste toutefois un poil décevant pour un film estampillé Pixar surtout après trois chef d'œuvres instantanés consécutif comme Wall-E, Toy story 3 et surtout Là haut.

    Cars 2 propulse donc nos héros à travers un voyage qui les transportera à travers le monde  du Japon à l'Angleterre en passant par la France et l'Italie. Alors que Flash concoure au titre de voiture la plus rapide du circuit mondial son ami Martin est embarqué bien malgré lui dans une histoire d'espionnage industriel autour d'un nouveau carburant bio. Une aventure qui va mettre à rude épreuve l'amitié entre le petit bolide rouge et la dépanneuse gaffeuse...

    Cars 2 de Brad Lewis et John Lesseter

     Cars 2 est un formidable divertissement qui rend un chaleureux hommage aux films d'espionnages des sixties et seventies avec bien évidemment en premier lieu les James Bond avec Sean Connery. Brad Lewis et John Lasseter conduisent à tombeau ouvert un pur blockbuster familiale bourré d'actions, de courses poursuites frénétiques et d'humour. Impossible de s'ennuyer et Cars 2 s'amuse avec délice des codes du film d'espionnage pour livrer une sorte de course poursuite discontinue de 105 minutes qui ravira encore une fois les plus petits tout en captivant les plus grands et les cinéphiles. On retrouve le doux parfum des cascades à la Rémy Julienne, les bagnoles sur-équipées de gadgets leur permettant de voler ou d'aller sous l'eau, les déguisements et les méchants avec monocle et accent allemand à couper au couteau. Plus étonnant Cars 2 propose tout de même dans un film d'animation estampillé Disney une scène de torture provocant la mort d'un personnage, certes ce ne sont que des voitures mais il faut une nouvelle fois saluer l'audace des studios Pixar à sans cesse bousculer les limites. Cars 2 en met donc plein la vue niveau action que ce soit à travers les courses de Flash ou à travers les pérégrinations explosives de Martin promu donc pour le plus grand plaisir des plus petits véritable héros et personnage principal du film. Le coté gaffeur, maladroit et lunaire de Martin assure l'essentiel de l'humour du film comme lors de la très amusante séquence des toilettes japonaise.

    Cars 2 de Brad Lewis et John Lesseter

     Niveau technique Pixar semble encore une fois se surpasser et encore je n'ai pas vu le film en 3D (A priori superbe) puisque j'accompagnais mon petit neveu de trois ans. Cars 2 nous fait donc voyager à travers le monde dans des décors absolument sublime et bourré de petits détails visuels comme la customisation des monuments avec des éléments de bagnole, le haut de la tour Eiffel devient une bougie de voiture, certaines vitres rondes ressemblent à des roues etc.... Un sens du détail qui fait encore une fois honneur à un boulot technique que l'on imagine monstrueux mais qui explose la rétine sans jamais s'étaler de manière gratuite. La technique restant comme toujours pour le studio à la lampe non pas une fin en soit mais un moyen de raconter des histoires et de rendre crédible des univers. On reste donc émerveiller comme un môme devant un japon aux multiples néons multicolores, une Italie chaleureuse et ensoleillée, un Paris de pur carte postal (Une constante des films ricains) et un Londres très classe and so british. Lumières, reflets, jeux d'ombres c'est un pur bonheur de voir des milliers de voitures différentes évoluer sous nos yeux avec un tel soucis de modélisation individuel. Et puis une nouvelle fois Pixar titille notre fibre nostalgique et nos plaisirs d'enfance en orchestrant avec de petites voitures la plus extraordinaire des grandes aventures.

    Cars 2 de Brad Lewis et John Lesseter

     La seule chose qui place ce Cars 2 un poil en dessous des derniers films du studio c'est incontestablement le manque d'émotion et l'aspect un poil désincarné d'une aventures qui gagne en spectacle et explosion tout ce qu'elle perd en profondeur. Certes le film comporte un très joli message sur l'amitié ( Ne touchez pas mes bosses !) mais on es bien loin de la nostalgie bouleversante de Toy Story 3, de la tendresse absolu de Là-haut ou de la poésie lunaire de  . Pas vraiment une sortie de route mais le sentiment d'un film peut être plus mécanique et humainement moins fort que les autres films du studio. Pas de quoi toutefois hurler déjà à la fin de Pixar comme le font certaines critiques qui confondent une bien légère déception et une trahison pure et simple. Cars 2 montre de toute manière qu'un Pixar « moyen » reste très au dessus de la majorité des films d'animation produit depuis ses dernières années.

    Cars 2 de Brad Lewis et John Lesseter

     Cars 2 reste donc un formidable divertissement à la fois spectaculaire, drôle et intelligent. Le dernier né des studios Pixar peut être considéré comme une très légère déception mais après plusieurs véritables merveille ce n'est finalement qu'un très très bon film, preuve que le studio à la lampe nous a tellement habitué à l'excellence qu'il nous a rendu trop exigeant.

     

    Ma note : 7,5/10

      

      


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    Balada Triste   Balada triste est le dernier film en date du génial Alex de la Iglesia, réalisateur aux univers aussi multiples que complémentaires dont j'ai à ce jour aimé absolument tous les films(Simplement pas encore vu Meurtres à Oxford). A la fois film somme de ses œuvres précédente et projet le plus intime et personnel, Balada triste est incontestablement le plus beau, le plus intense , le plus fou et le plus triste des films de Alex de la Iglesia. A travers cette fable mettant aux prises deux clowns amoureux fou d'une même femme le réalisateur espagnol atomise les contradiction politiques de l'Espagne de Franco et livre un film sur la nostalgie brisée de ceux que l'on aura privé d'enfance.

     Blada triste raconte donc l'histoire de deux clowns travaillant dans un même cirque dans l'Espagne franquiste de 1973. D'un coté on trouve Sergio, un clown dévoué et populaire mais qui est aussi un homme violent, bouffi de haine, alcoolique et terriblement autoritaire. De l'autre on trouve Javier le clown triste, un homme timide, réservé qui porte la blessure d'un passé difficile puisque il est le fils d'un ancien clown victime de la guerre civil après avoir été enrôlé de force dans l'armée républicaine. Les deux hommes que tout oppose vont finalement se déchirer jusqu'à la folie pour l'amour de Natalia une jeune et magnifique acrobate...

    Balada Triste

     Balada triste est un film totalement fou et imprévisible, à tel point qu'il est bien difficile de clairement classifier le film et de le ranger dans une case. A la fois comédie, pamphlet politique, drame historique, conte philosophique, romance, film d'horreur, thriller et fable surréaliste le film de Alex de la Iglesia est un mélange de saveurs et de sensation décrivant de manière aussi bouillonnante que brouillonnante les contradictions d'une Espagne malade de son passé et du poids laissé par la dictature de Franco. C'est en tout cas grisant et très agréable de se retrouver devant un film qui vous embarque à ce point dans une ballade aussi imprévisible et dans laquelle il est absolument impossible de savoir ce que nous réserve la scène suivante. Il n'est pas rare au cours d'une même séquence de passer par des sensations multiples et contradictoires comme lorsque Sergio retrouve Javier et Natalia à la fête foraine; on est alors à la fois ému du dévouement de Javier, choqué par la violence de Sergio, amusé par l'humour noir de la séquence et crispé par la tension de l'instant. Balada triste est une sorte de manège complètement fou qui file à vive allure à travers des attractions disparates. Un univers chaotique mais totalement cohérent dans lequel Alex de la Iglesia semble rendre hommage à Jodorowski (La tentive de meurtre à grand coup de trompette), Browning (la parade du cirque avançant sous la pluie pour sauver Sergio), Hitchcock (Le final), James Whales (Sergio recousu tel Frankenstein) et Luis Bunuel (L'utilisation surréaliste de Javier comme chien de chasse).

    Balada Triste de Alex de la Iglesia

     Balada triste est surtout le portrait acide d'un pays rongé par son passé et hésitant encore (à l'image de Natalia) entre le conservatisme rigide, machiste et autoritaire hérité du Franquisme et la liberté d'une résistance qui finit par devenir un monstre de violence rongé par le passéisme d'un désir de vengeance. Les deux clowns du film incarne bien évidemment deux fortes tendances, deux courants de pensée se disputant de manière aveugle et symbolique les faveurs du pays. La grande force de Alex de la Iglesia est de ne jamais prendre parti et de refuser tout manichéisme en proposant des personnages complexes qu'il est impossible d'admirer ou détester d'un bloc. Si dans un premier temps le clown triste Javier est clairement montré comme le gentil alors que Sergio est le monstre, les tendances s'inverseront et le temps de quelques scènes on finira par se prendre d'affection pour la figure du monstre pathétique de Sergio alors que Javier provoquera l'aversion dans sa folie destructrice. Les deux clowns de ce pathétique cirque finiront physiquement par se transformer en monstres effrayants pour les enfants et rongé dans une quête obsessionnelle de prendre le pouvoir et de séduire Natalia au point de la mettre en danger. Rarement un cinéaste n'aura porter un regard aussi brut, métaphorique et dérisoire sur les tourments politique de son pays à l'image de cet instant ou Javier demande aux terroristes de l'ETA qui viennent d'opérer l'attentat sur Carrero Blanco (Un fait historique exact) dans quelle cirque ils travaillent. Alex de la Iglesia rêve sans doute de manière utopique à l'unité d'un pays apaisé dont les fantômes des guerres et des disputes passées ne sont plus que des clowns monstrueux, grotesques et pathétiques.

    Balada Triste de Alex de la Iglesia

     Balada triste est un très grand film malade servi par un formidable trio d'acteurs avec Carlos Aceres, Antonio De La Torre et la magnifique Carolina Bang. Le film bénéficie également de la présence de quelques complices et habitués du cinéma de Alex de la Iglesia avec Santiago Segura dans le rôle du père de Javier, Roque Banos qui signe une nouvelle fois une magnifique partition et Kiko de la Rica à la photographie qui travaille pour la troisième fois avec le réalisateur après Mes chers voisins et Crimes à Oxford et qui livre lui aussi un travail magnifique lors de scènes quasiment en noir et blanc. Balada triste est un film dont on ressort à la fois euphorique et lessivé, triste et amusé, mélancolique et galvanisé. Durant un peu moins de deux heures Alex de la Iglesia nous transporte ,générique compris, dans un tourbillon rempli de moments d'horreur graphique ou gothique, de folie furieuse et poétique , d'humour burlesque et grotesque, de tragédie et de larmes jusqu'à un final absolument bouleversant. Impossible d'oublier la puissance métaphorique de certains moments du film comme lorsque les deux clowns s'affrontent au milieu des crânes désespérément semblables des soldats de Franco et des soldats républicains. Difficile également de ne pas être touché par la beauté de certaines séquences comme celle du cinéma ou la danse entre Javier et Natalia dans la grotte avec en arrière plan un clown qui chante le titre éponyme du film.

    Balada Triste de Alex de la Iglesia

     Cette ballade est un magnifique voyage dans la mélancolie des blessures d'un pays ne réussissant pas à s'affranchir de son passé. Un voyage mené à la vitesse d'un bolide par un cinéaste décidément aussi génial et imprévisible que furieux. Balada triste est tout simplement à ce jour le plus grand film d'un des plus grand réalisateur de notre époque.

     

    Ma note : 09/10

      

      


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