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    derriere les mursJe ne sais pas si c'est pour soutenir la moindre petite tentative de cinéma de genre en France ou la simple perspective de voir Laeticia Casta en relief mais je me faisait un devoir d'aller au cinéma pour voir Derrière les murs, premier film français en 3D réalisé par Pascal Sid et Julien Lacombe et ceci en dépit de nombreuses critiques assez sévère y compris dans la presse spécialisée comme dans le dernier Mad Movies.

     Derrière les murs raconte l'histoire d'une jeune femme écrivain qui vient se réfugier dans une immense maison de campagne afin de retrouver l'inspiration après la mort de sa fille. Peu à peu la jeune femme est victime de terribles visions qui lui servent toutefois d'inspiration pour écrire. C'est alors qu'une jeune fille du village disparaît mystérieusement....

    derriere les murs

     

    Si Derrière les murs n'est objectivement pas une totale réussite ce n'est pas non plus la purge à laquelle de nombreuses critiques aimeraient nous faire croire comme malheureusement trop souvent dans le registre du cinéma de genre français Derrière les murs est juste un film moyen manquant franchement d'audace à totalement investir le genre. Car commençons par ce qui plombe le plus le film c'est à dire sa fin assez ridicule qui vient totalement désamorcer l'univers fantastique et surnaturel mis en place durant tout le film. Un peu comme pour Propriété interdite (Dont la critique viendra bientôt), Pascal Sid et Julien Lacombe semblent aborder le genre du bout des doigts pour finalement livrer un film fantastique qui se chercherait une pseudo respectabilité à ne pas l'être. On se demande parfois si les deux réalisateurs ne se sentent pas plus concernés par la reconstitution pittoresque de la campagne française d'après guerre que par l'univers purement fantastique du film. Du coup le film se perd souvent en digressions et sous intrigues sans le moindre intérêt oubliant visiblement le cœur même du sujet et les choses pour lesquels certains spectateurs comme moi auront payer leur place. Il est fort respectable après la vague de films horreur français bien gore et teigneuse de revenir vers un fantastique plus classique hérité de la Hammer et très inspiré par le cinéma de genre espagnol, encore faut il aller au bout des choses et totalement investir le genre.

    derriere les murs

     

     On pourra également regretter le manque flagrant d'audace d'une mise en scène que l'on hésitera à qualifier de classique ou paresseuse et qui utilise le relief et la 3d de la manière la plus anecdotique qui soit. Aucuns effets sortant, très peu de profondeur de champs et quelques contre plongée c'est vraiment très peu pour un film basant une bonne partie de son argumentaire publicitaire sur le fait que Derrière les murs soit le premier film français tourné en relief. On peut encore une fois se réjouir de voir un film posé n'utilisant pas la shackycam hystérique et le sur-découpage tout en soupirant devant l'impersonnalité d'une mise en scène digne d'un téléfilm. Niveau direction des acteurs Sid et Lacombe s'en sorte plutôt bien offrant à une Laeticia Casta des plus convaincante un très joli rôle, en revanche Jacques Bonnafé est lui franchement limite caricaturale dans son jeu et son accent du "Bondiou" de bon campagnard.

    derriere les murs

     

    Mais Derrière les murs possédé aussi deux ou trois jolies petites choses à défendre à commencer par une volonté d'ancrer le fantastique dans une culture et un « folklore » typiquement français tout en revenant vers l'univers d'un cinéma de genre basé sur les ambiances et les traumatismes des personnages plus que sur l'effet choc. Derrière les murs lorgne donc plus vers des films comme Les autres ou L'orphelinat, vers une ambiance d'horreur gothique plus que vers la surenchère d'effets à la Saw et Hostel, ce qui est déjà une qualité en soit. Et puis Pascal Sid et Julien Lacombe parviennent le temps de quelques scènes à créer un vrai climat de frisson et de peur à travers des moments, certes très classique dans leur mécanique, mais aussi très efficace dans la tension. La scène de la baignoire ou encore le moment ou Suzanne (Laeticia Casta) se réfugie sous les draps après avoir aperçu deux silhouettes de jeunes filles au pied de son lit sont de vrais jolis petits moments de fantastique. Laeticia Casta est aussi une jolie surprise offrant beaucoup d'épaisseur et de fragilité à ce personnage de femme traumatisée par la mort de sa fille.

    derriere les murs

     

    Derrière les murs est donc une demi satisfaction et une nouvelle fois le cinéma de genre français accouche d'un film bien loin des espoirs que l'on pouvait fonder sur le projet. Le film de Pascal Sid et Julien Lacombe n'a rien de déshonorant et rien de formidable; comme un énième coup dans le vide. On pourra donc une nouvelle fois descendre une tentative ratée de cinéma de genre ou se dire qu'un seul Derrière les murs est toujours plus respectable que cent comédies insipides et cinquante films d'auteurs exaspérant de nombrilisme.

     

    Ma note : 05/10

     

     


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    j'ai rencontre le diable Après Old boy, Lady vengeance, The chaser, Memories of murder ou encore No mercy ,J'ai rencontré le diable vient une nouvelle fois confirmé qu'en matière de thriller et de polars radicaux la Corée est définitivement au top. On retrouve dans le nouveau film de Kim Jee-woon les ingrédients savamment dosés du meilleur du polar à la coréenne avec de la noirceur, une violence bien sèche,une folie sous-sous-jacente, une grosse intensité dramatique, quelques touches d'humour salvatrice et surtout la puissance imparable de la mécanique d'un très grand film.

     

    J'ai rencontré le diable raconte la traque d'un agent secret cherchant à venger la mort atroce de sa petite amie. Mais plutôt que d'arrêter ou tuer le monstre responsable de son immense chagrin et de sa rage profonde l'homme décide de longuement le faire souffrir en le laissant comme une proie s'échapper entre deux séances de souffrance. Mais entre les deux hommes commence alors un jeu du chat et de la souris dont aucun ne pourrait sortir totalement indemne...

    j'ai rencontre le diable

     

    La première force de J'ai rencontré le diable est sa mécanique aussi implacable que surprenante, Kim Jee-woon et son scénariste Park Hoon-Jung parviennent paradoxalement à combler les attentes du spectateurs tout en bousculant les schémas habituelles de ce type de récit. L'exposition des personnages est sommaire mais très efficace permettant d'entrer immédiatement dans le vif et le cœur du sujet. On pouvait alors s'attendre à un thriller basé sur le suspens d'une enquête et d'une longue traque pour retrouver le criminel, mais là encore le film étonne et le coupable est très vite identifié et localisé. On pouvait alors craindre que J'ai rencontré le diable ne sombre dans la facilité pour finir par ressembler à un torture porn classique dans lequel le bourreau subit durant de longues minutes toute la haine de sa victime. Seulement J'ai rencontré le diable n'est pas à court de bonnes idées et invente le concept de vengeance épisodique. Effectivement une fois localisé et clairement identifié le monstre et bourreau n'est pas arrêter, séquestrer ou mis à mort mais laisser en liberté après avoir subit une sévère branlée et avaler sans le savoir une sorte de balise GPS permettant de suivre le moindre de ses faits et gestes. Localisé où qu'il aille et quoi qu'il fasse le monstre se retrouve alors comme une proie ne pouvant se cacher et subissant au moindre faux pas une nouvelle correction. Le procédé est malin et semble même parfois à la limite de la comédie, cet assassin et prédateur sexuel ayant la fâcheuse tendance à se faire rosser et défoncer la gueule à chaque fois qu'il est tout proche d'assouvir enfin sa frustration sexuel. Mais la mécanique est surtout le reflet terrifiant de la souffrance indescriptible de cet agent secret et peut être même de sa propre frustration sexuel, sa fiancée étant morte. La mort n'est pas ici trop douce, elle est juste trop brutal et la souffrance d'un cœur ne peut avoir de correspondance que dans une longue et lente souffrance du corps et surtout dans la peur viscérale de ne plus jamais être à l'abri. Il n'est pas simplement question ici d'une vengeance mais de transmettre à un monstre toute la souffrance, la douleur et la peur de ses victimes.

    j'ai rencontre le diable

     

    J'ai rencontré le diable est un film radicale et d'une grande noirceur dans lequel la démesure de la violence n'est que l'expression d'une terrible souffrance et l'écho d'un incommensurable chagrin. Le film n'est pas un spectacle gore dont on s'amuse du moindre débordement le sourire au coin des lèvres et encore moins une boucherie complaisante à la Saw. Dans J'ai rencontré le diable la violence fait souvent très mal à l'image de la douloureuse scène du tendon coupé au scalpel et l'on en arriverait presque à regretter quelques séquences un peu plus gratuite et anecdotique comme l'épisode du taxi . Sombre froid et nihiliste le terrifiant final du film refuse toutefois d'aller jusqu'au bout d'une logique dans laquelle le monstre aurait du subir lui aussi la souffrance de devoir perdre ses proches. Le film traitant de légitime violence, de justice personnel et de vengeance pourrait laisser libre cours à toutes les interprétations possibles et Kim Jee-woon a la très bonne idée de ne pas faire un film à thèse et surtout de n'asséner aucune leçon de morale. Il n'est question ici que de souffrance personnelle, que d'actes individuelles et d'une spirale de violence qui finira par tout détruire sur son passage pour le bourreau comme pour sa victime dont les images finiront par se fondre dans les tréfonds de l'horreur de nos pulsions destructrices. Le diable rencontré n'étant pas seulement le monstre coupable de meurtres mais aussi la bête qui sommeille finalement au fond de nous même. Fort heureusement au cœur de toute cette noirceur Kim Jee-woon pose quelques touches d'humour parfois tellement inattendu qu'elles deviennent hilarantes comme la scène durant laquelle un homme tente de retirer le couteau qui cloue sa main contre une table et qui tire si fort sur le manche que celui ci lui reste dans la main. C'est tellement idiot et en décalage avec l'ambiance de la scène et du film que j'ai juste éclater de rire.

    j'ai rencontre le diable

     

    Et puis J'ai rencontré le diable est surtout l'affrontement de deux acteurs extraordinaires avec d'un coté Lee Byung-hung (Joint security AreaA bittersweet life) et de l'autre Choi Min-sik (Lady vengeance et le cultissime Old Boy). Ne serait ce que pour les performances et l'intensité de ses deux comédiens J'ai rencontré le diable mérite largement son statut de très grand film. Choi Min-sik est tout simplement monstrueux dans tous les sens du mot et impose une nouvelle fois la puissance charismatique de sa présence. Figure à la fois rassurante et terrifiante le comédien parvient à faire basculer son personnage vers une sorte de folie tranquille absolument glaçante à l'image de l'éprouvante scène durant laquelle il impose, soumet et domine une jeune infirmière. De son coté Lee Byung-hung est prodigieux dans un registre tout en retenu, si l'acteur semble souvent froid et impassible son regard trahit en revanche le moindre de ses sentiments. Durant tout le film le personnage interprété par Lee Byung-hung semblera contenir sa rage, sa détresse et sa tristesse pour finalement n'exploser de manière bouleversante que lors des derniers instants du film. L'ultime face à face entre les deux acteurs est un monument de tension et s'impose dores et déjà comme l'on des instant culte de cette année 2011. L'intensité des regards, la rage viscérale des gestes donnent à cette séquence une puissance assez peu commune que ce soit par les larmes de Lee Byung-hu comme par le sang de Choi Min-sik.

    j'ai rencontre le diable

     

    J'ai rencontré le diable est donc un formidable thriller, une sorte de bombe qui explose dans un fracas de larmes et de sang pour laisser le spectateur hagard devant la déflagration émotionnelle d'un spectacle aussi jouissif que perturbant.

     

    Ma note : 08,5/10

     

     

     


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    la proie Le polar à la française se porte plutôt bien et parmi ses dignes représentants que sont Fred Cavayé, Olivier Marchal ou Nicolas Boukhrief on pourra maintenant ajouter le nom de Eric Valette que l'on pensait plus orienté vers le fantastique et l'horreur. Après une escapade américaine peu concluante le réalisateur de Maléfique est revenu en France pour y tourner des thriller comme Une affaire d'état et maintenant La proie, un film entre thriller et action qui se place dans la lignée des très bons films de Fred Cavayé.

     La proie raconte l'histoire de Franck Adrien (Albert Dupontel) un braqueur de banques contraint de s'échapper pour traquer son ancien codétenu qui s'avère être un dangereux prédateur sexuel pouvant mettre en péril sa famille. Une traque difficile pour Franck d'autant plus qu'il se retrouve très vite accusé des crimes de sa proie et pourchassé comme étant l'ennemi public numéro un. Le compte à rebours commence alors pour Franck qui doit sauver ce qu'il reste de sa famille, prouver son innocence avant d'être abattu par la police.

    la proie

     

    La proie est un bon petit thriller qui se place toutefois quelques coudées en dessous de l'excellent A bout portent de Fred Cavayé, les deux films s'articulant sur une même dynamique de course poursuite et de tentative pour le héros de retrouver ses proches en danger. Si La proie ne convainc pas totalement c'est essentiellement la faute à quelques facilités d'écriture dans son scénario qui font que le film est souvent trop prévisible pour totalement captiver l'attention. La proie accumule de trop nombreux clichés du genre comme la jeune flic mise à l'écart de l'affaire par ses supérieurs et qui poursuit en solo, l'ancien flic mis sur la touche qui poursuit ses enquêtes comme des obsessions et une traque qui dans sa grande majorité se déroule sans la moindre surprise. On regrettera aussi une propension à un poil trop charger le trait des personnages surtout concernant le méchant qui devient du coup un peu caricaturale dans le registre du salaud ordinaire, poli et bien propre sur lui. Toutes les petites faiblesses du film sont là, dans cette sensation d'un thriller trop classique et prévisible carburant avec une évidente connivence avec de nombreux clichés du genre. Des défauts pas suffisamment rédhibitoires pour se priver du plaisir et de l'efficacité évidente de Eric Valette à offrir un très bon moment de cinéma.

    la proie

     

    La proie tire une grande partie de sa force de l'interprétation et de la présence très physique de son acteur principal, à savoir l'excellent Albert Dupontel. Le comédien offre une belle performance en étant tout aussi crédible dans les nombreuses scènes d'action que dans les moments plus intimistes et émouvants. Albert Dupontel possède incontestablement une présence et un charisme peu commun dans le cinéma français ce qui lui permet d'être tout aussi crédible quand il râpe la gueule d'un détenu contre un mur en crépi, quand il saute sur le toit d'un train ou quand il serre sa fille dans ses bras. Il est toutefois difficile de ne pas parfois penser au Dupontel comique comme lorsque son personnage s'évade de prison en endossant la tenue d'un gardien, j'avoue que pour le coup la dégaine et la démarche particulière de l'acteur m'ont fait penser à Enfermés dehors, mais c'est sans doute du au fait que j'ai un petit peu trop regarder le film. Dans l'ensemble Albert Dupontel est formidable tout comme le reste du casting avec Alice Taglioni et Serge Hazanavicius tout deux parfaits en flics ordinaires, Stéphane Debac et Natacha Régnier qui incarnent un couple de salauds bien ordinaire et en vrac Sergi Lopez, Zinedine Soualem et Lucien Jean-Baptiste. La marque d'un très bon casting étant que tous les personnages parviennent à exister à l'écran en dépit de leurs traits de caractères parfois un peu forcé.

    proie

     

    Niveau action Eric Valette offre avec une régularité de métronome de très bon moments de cinéma entre une grosse bagarre bien sauvage dans une prison, plusieurs courses poursuites à pieds et quelques cascades automobiles. La proie est un film qui fonce tête baissée et devant lequel il est bien difficile de s'ennuyer, Eric Valette réhabilite d'une certaine manière le bon divertissement policier comme il en existait dans les années 80 avec les polars mettant en scène Belmondo ou Delon. La proie n'a sans doute aucunes autres ambitions que d'offrir un divertissement pour adultes, une bonne série B policière au premier degré et un thriller musclè enchainant sans le moindre temps morts les morceaux de bravoures tout en conservant un vrai suspens. On fera donc abstraction des quelques ficelles trop voyantes et de quelques facilités d'écriture pour se laisser porter par le simple plaisir d'un bon polar made in France.

     

    Ma note : 06,5/10

     

     

     


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    prodigiesDepuis toujours je suis un fervent partisan de la défense de tous les films français qui tentent de sortir la production hexagonale de son carcan afin de bousculer un peu les choses et permettre à des films différents de pouvoir simplement exister. Un film imparfait comme Frontières sera toujours à mes yeux bien plus respectable qu'un film de Catherine Breillat, l'audace toujours plus défendable que le conformisme. Ce petit préambule étant fait je vais pouvoir commencer ma critique de The prodigies, un film certes bourré de défauts mais également rempli de qualités et qui doit ,ne serait ce que pour son originalité, être vu et défendu.

     

    prodigies

     

    The prodigies est l'adaptation du roman de Bernard Lentéric (La nuit des enfants) rois et raconte l'histoire de cinq gamins à peine adolescents dotés d'une intelligence hors du commun et de pouvoirs psychiques leur permettant de manipuler les esprits. Ces cinq jeunes sont réunis à New York par un homme possédant les mêmes pouvoirs qu'eux sous couvert d'un jeu de télévision visant à trouver les génies de demain. Mais un soir les cinq jeunes sont agressés avec une violence inouï dans central Park, ils décident alors d'utiliser leurs pouvoirs afin d'assouvir leur vengeance. Rongès par la haine, par le sentiment d'être incompris et rejetés les cinq jeunes adolescents décident alors de se venger de l'humanité toute entière...

    prodigies

     

    The prodigies est un film d'animation avec un parti pris graphique très fort mais c'est avant toutes choses un très bon film de science fiction combinant un scénario assez sombre et une mise en scène très inspirée de Antoine Charreyron. The prodigies nous plonge dans les méandres un récit plutôt violent impliquant des gamins qui se découvre (pour une fois) le pouvoir de rendre coup pour coups à ceux qui les démolissent physiquement et mentalement. Le film, interdit au moins de douze ans, n'hésite pas à montrer un gosse battu à coups de ceinture, un autre quasiment passé à tabac et le viol sordide d'une gamine de treize ans filmé par un complice avec son portable. Des faits pas plus gratuit que totalement anodins puisqu'ils vont conditionner la haine viscérale envers les adultes et des hommes pour les cinq personnages du film. La violence est ici décuplée par une très belle idée de mise en scène transformant alors les agresseur en des monstres bestiaux dans des scènes graphiquement très épurées et soudainement presque en noir et blanc. Paradoxalement la violence est à la fois atténué par l'aspect synthétique de l'animation et décuplée par la puissance de la mise en scène de Antoine Charreyron. A ce titre la scène du viol est particulièrement éprouvante car sans rien montrer Antoine Charreyron parvient à faire passer toute la violence de l'acte notamment lorsque les autres gamins sont secouer par mimétisme des mêmes soubresauts que la victime.

    prodigies

     

    The prodigies est assurément un bon film de science fiction mais c'est surtout un film qui imprime assez durablement l'esprit de formidables séquences et d'images tantôt spectaculaires et parfois inquiétante (Le gosse caressant un fusil à pompe). Antoine Charreyron s'offre des plans séquences improbables, des plongées et contre plongées vertigineuse et surtout offre aux spectateurs de formidables séquences comme ces cinq gamins en haut d'un building imaginant le monde en train de s'écrouler ou l'évasion de prison de Jimbo. Le meilleur moment restant sans aucun doute l'impressionant combat final durant lequel les prodigies utilisent des cadavres qu'ils manipulent comme de vulgaires pantins pour se foutre sur la gueule. On est donc très vite happé dans cette univers, par le caractère ambivalent des différents personnages, par qualité et le fluidité de la mise en scène en motion capture et par les enjeux dramatiques de cette histoire, le tout étant renforcée par une 3D qui une fois n'est pas coutume est assez immersive. Il faut aussi noter la très bonne bande originale de Klaus Badlet (A bout portant, Chasseurs de dragon) qui colle à la perfection à l'ambiance du film et porte à l'emphase toutes les scènes d'action du film.

    prodigies

     

    Malheureusement The prodigies n'est pas dénués de défauts, la plupart étant purement technique et liés à l'aspect graphique du film. On peut comprendre et totalement adhérer aux partis pris graphiques radicaux du film qui l'oriente vers la bande dessiné avec parfois un rendu 2d, vers le jeu vidéo avec un aspect de cinématique et de cel shading et même comprendre une envie d'inscrire le film vers l'animation pur et dur sans chercher à avoir un rendu photo réaliste. Toutefois le film n'est pas dans une radicalité aussi prononcé qu'un film comme Renaissance pour totalement faire oublier que The prodigies semble parfois avoir techniquement dix ans de retard. Le parti-pris graphique, les problèmes de post production, le manque de confort du budget n'excuse pas tout comme la pixelisation assez honteuse de nombreux éléments du décor, le manque de nuance des textures, l'absence de détails et de naturel de certains visages et l'aspect graphique foireux de certains éléments comme les mains. Même si dans l'ensemble rien n'est totalement rédhibitoire ses aspects pour le moins gênant empêche souvent une plus grande implication émotionnelle surtout pour les expressions faciales des personnages. Si The prodigies offre de magnifiques images il ressemble également parfois à une cinématique de consoles ancienne génération et franchement à l'heure de Pixar et des films en performance captures de Zemeckis ça la fout un peu mal. Sur un aspect plus concret concernant le film on pourra juste regretter le manque de développement de certains personnages parmi les cinq gamins comme le gros rouquin au regard de tueur et la jeune fille asiatique. Ce qui reste objectivement et indépendamment de l'aspect visuel le seul gros défaut du film.

    prodigies

     

    The prodigies est au bout du compte un très bon film qui mérite largement que l'on passe outre ses défauts visuels et ses aspects techniques semblant parfois d'un autre temps. En attendant le blu-ray qui semble t'il corrigera quelques défauts techniques le film de Antoine Charreyron mérite amplement d'être vu et surtout défendu.

     

    Ma note: 07/10

     

     


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    the tree of lifeLa rédaction d'une critique est parfois un exercice difficile et une sorte de casse tête intellectuel surtout lorsque le film échappe justement à l'analyse classique pour ne laisser que des sentiments profonds, parfois indescriptibles et quasiment intimes. Je ne sais pas vraiment en commençant cette critique de The tree of life si je vais pouvoir expliquer, analyser, rationaliser toutes les raisons pour lesquelles je considère le nouveau film de Terence Malick comme une merveille absolue. Depuis maintenant quelques jours le film et les sensations tournent en boucle dans ma tête, les tentatives d'explication me glissent parfois entre les doigts, la richesse thématique du film m'obsède, la beauté de ses images me hante, le besoin de comprendre occupe mon esprit et la puissance du film me bouleverse. Si The tree of life est objectivement un film difficile à critiquer c'est certainement car il propose une expérience cinématographique, poétique et sensorielle tellement novatrice qu'elle échappe à notre façon habituelle et « mécanique » de regarder le cinéma.

     

    the tree of life

     

    The tree of life est donc le cinquième film de Terence Mallick en quarante ans, un réalisateur rare dans tous les sens du terme qui aura une nouvelle fois fait attendre presque deux ans avant de sortir son nouveau et dernier film en date. The tree of life a connu les honneurs d'une sélection officiel à Cannes et les remous d'une projection polémique saluée par des huées, des sifflets et des applaudissements. Le film de Terence Malick divise souvent de manière catègorique, une preuve que le réalisateur ne laisse personne indifférent et propose un cinéma radicale et artistiquement intègre. Et puis une polémique à Cannes c'est presque l'assurance de voir au bout du compte un bon film comme l'atteste Irreversible, Antichrist ou La lune dans le caniveau.

     

    the tree of life

     

    The tree of life raconte l'histoire d'un deuil qui vient frapper de plein fouet une famille américaine. La mort d'un jeune homme de dix neuf ans qui va pousser ses proches à s'interroger sur le sens de la vie, remettre en cause jusqu'au vertige l'équilibre de l'existence. Jack l'un des frères du défunt souffrira à postériori d'une grosse crise existentielle qui lui fera reprendre le fil de ses souvenirs à la recherche de ce frère perdu et du sens de sa propre vie.

     

    the tree of life

     

    The tree of life n'est pas un film linéaire et Terence Malick ne nous raconte une histoire en nous emmenant tranquillement d'un début vers une fin, le récit brouille les époques, multiplie les points de vues livrant sans une continuité apparente les souvenirs et points de vues métaphysiques de différents personnages. On passe donc des questionnements d'une mère interrogeant sa foi devant la violence de la perte d'un enfant, aux souvenirs d'un frère recherchant une chaleur passé et oublié et aux interrogations d'un père questionnant ses valeurs éducatives. Dans cette profusion de sentiments Terence Malick ose aller jusqu'à la genèse du monde comme si la mort ne pouvait de fait qu'entrainer un questionnement profond sur le sens et les origines de la vie. Cette longue séquence visuellement fascinante devrait pourtant laisser plus d'un spectateur de marbre et totalement déboussolé de voir arriver sur l'écran des molécules, des planètes et des dinosaures. Le film reprend ensuite une structure plus classique en nous plongeant dans les souvenirs d'enfance de Jack pour plus d'une heure de pur bonheur cinématographique.

     

    the tree of life

     

    Le cœur du film est sans doute ici, dans cette façon magnifique que Terence Malick a de filmer la vie et les frémissements intimes du bonheur. La puissance évocatrice et sensorielle des images de The tree of life est tout simplement sublime à tel point que l'on se surprend à sourire et pleurer en retrouvant parfois des moments intimes notre propre enfance. Il est presque impossible de décrire à quel point les images de Malick sont puissantes, charnelles, mélancoliques, sublimes, vivantes, bouleversantes et avec quel tact il parvient à saisir des sensations indescriptibles. The tree of life est une expérience intime et sensorielle intense qui emporte le spectateur dans une sorte de symphonie glorifiant d'une manière magistrale l'enchantement des moments les plus simples et les plus purs de la vie. Terence Malick est un épicurien et un amoureux de la nature pour qui il faut se délecter de tout ce qui vit, de tout ce qui est beau sur terre comme du vent dans nos cheveux, de la pluie sur notre peau et des jeux d'ombres et de lumières du soleil.

     

    the tree of life

     

    Mais Terence Malick ne nous montre pas seulement la félicité de l'enfance et aborde à travers les souvenirs de Jack une multitude assez hallucinantes de thématiques propres à l'enfance et l'adolescence comme la perte de l'innocence, la naissance du désir, le besoin de transgression des interdits, la conscience de la mort, le complexe œdipien, la difficulté à devenir un individu au sein d'un groupe.... The tree of life est un film d'une richesse rare, à tel point qu'il faudrait sans doute le voir et revoir des dizaines de fois pour commencer à simplement en saisir les contours thématiques. Car durant tout le film Terence Malick oppose également des éléments comme la grâce et la nature, le père et la mère, l'autorité et l'insouciance, le bien et le mal..... Des pôles et des idées parfois diamétralement opposés mais avec lesquels il faut trouver une forme d'équilibre pour se construire en tant que homme et individu. Terence Malick pointe également du doigt que nous sommes le fruit de notre éducation et que nous nous construisons dans les premières années de notre vie par l'amour, par les interdits, par l'expérience, par l'apprentissage et par la solidarité.

     

    the tree of life

     

    The tree of life est donc une poème philosophique et humaniste d'une puissance fulgurante et il convient de saluer la magnifique mise en scène de Malick et sa capacité à créer des images qui vont bien au delà de la simple beauté graphique. Le film est une pur merveille de mise en scène et l'on se délecte à chaque seconde de la maitrise hallucinante de Terence Malick à filmer la vie, la nature, l'amour, l'innocence à coup de travelling merveilleux , de plongées vertigineuses et de contre plongées nous mettant face à la grandeur des éléments. On peut associer à la puissance de ses images le chef opérateur Emmanuel Lubezki (Les fils de l'hommeLe nouveau mondeSleepy hollow) et la musique superbe de Alexandre Desplat. Et puis il faut bien évidemment saluer les performances des comédiens et comédiennes en commençant par Jessica Chastain bouleversante mère à la beauté diaphane, Brad Pitt superbe en père autoritaire et enfermé dans ses propres contraintes, Sean Penn même si son rôle est finalement bien sommaire et surtout les gamins du film tous extrêmement justes et émouvants.

     

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    The tree of life divise également sur sa soit disante bondieuserie, sur son imagerie new-age d'une forme de paradis et ses interrogations permanentes sur Dieu. Tout d'abord il convient de rappeler que le film adopte les points de vues de différents personnages ayant vécus dans une époque et une éducation religieuse stricte, ensuite Terence Malick interroge plus notre besoin de croire qu'il n'impose une vision ou une doctrine idéologique ou religieuse. Une grande partie du film est basé sur une dualité entre la grâce et la nature, le divin et l'organique le film commence d'ailleurs par cette phrase « Il y a deux voix dans la vie, celle de la grâce et celle de la nature. Il faut choisir la sienne ». La force de The tree of life est peut être justement de montrer que ce choix est impossible, qu'il faudra composer avec les deux et que c'est précisément ses interrogations qui font de nous des hommes aimants et capables de sentiments. La figure de la mère représente la grâce, la beauté, la nature et celle du père le pragmatisme, le terre, la rigueur et l'ordre mais comment choisir entre son père et sa mère ? Nous sommes des êtres à le fois biologiques et spirituels, notre corps est nature et notre esprit bien mystérieux. Sans être religieux ou catholique n'avons nous pas tous des simples interrogations sur la vie qui dépasse le cadre de la nature et de la science, n'aspirons nous pas tous à l'hypothèse folle de retrouver un jour des êtres perdus que nous aimions ? The tree of life n'a pas de réponses, il ne pose que des questions et ne livre finalement qu'une seule morale celle de l'amour de ses proches, de la nature et d'une recherche permanente du bonheur dans le moindre frémissement de vie.

     

    the tree of life

     

    The tree of life est un poème sublime, une symphonie majeure de sensations intimes et profondes, un film qui va sans doute bouleverser autant de monde qu'il en laissera totalement indifférent. L'art est comme cela il ne se donne qu'à celles et ceux qui sont capables d'ouvrir leur cœur et leur esprit pour se laisser transporter dans l'univers d'un autre. L'art ne s'explique pas il se ressent, il ne se mesure pas il se vit, il ne s'analyse pas mais il s'impose à nous..... The tree of life est juste à tous mes sens et mon esprit un chef d'œuvre absolu.

     

    Ma note : 10/10 .... Et juste pour le plaisir quelques images en plus.

     

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