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    Drive

    de Nicolas Winding Refn

    USA – (2011) – Thriller / Drame

    Drive de Nicolas Winding Refn

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    Après le magnifique mais très hermétique Valhalla rising, le guerrier silencieux le réalisateur danois Nicolas Winding Refn signe avec Drive son film sans doute le plus accessible. Récompensé fort justement au dernier festival de Cannes du prix de la mise en scène Drive est sur le papier une histoire assez classique de gangster mais transcendée par la réalisation de Refn qui parvient à y glisser ses obsessions et son univers.

    Drive raconte l'histoire d'un pilote de voiture solitaire et peu loquace qui exerce ses talents de cascadeur pour Hollywood le jour et met ses dons de pilote aux services des malfrats la nuit. Avec un sérieux code de conduite ce driver ne prend jamais directement part aux cambriolage et se contente de servir de chauffeur. Son univers détaché va basculer suite à la rencontre de sa jeune voisine Irene et de son fils, le driver se retrouve alors impliqué personnellement dans une affaire qui le dépasse mais dans laquelle il va se plonger pour tenter de sauver celle qu'il aime.

    Drive de Nicolas Winding Refn

    Le scénario de Drive, qui n'est pas signé Nicolas Winding Refn mais Hossein Amini, n'est donc pas d'une grande originalité puisque on y retrouves le classique schéma mainte fois utilisé du héros taciturne et solitaire qui par amour se retrouve plonger dans une histoire de maffia et de gangsters. L'histoire n'est donc objectivement pas le point fort de Drive qui dans les mains d'un réalisateur lambda n'aurait sans doute jamais dépassé le stade du gentil polar de série B. Mais voilà derrière la caméra de Nicolas Winding Refn Drive devient un objet de fascination dans lequel le réalisateur parvient à insuffler son univers, ses obsessions en livrant un film qui prend souvent à contre pied les attentes du spectateur pour transformer un polar des plus banal en un très grand film. Le héros du film devient de ce fait une figure qui s'inscrit parfaitement dans l'univers de son réalisateur avec un personnage peu bavard, apparemment inexpressif et capable de débordements de violences bien sèche. Ryan Gosling un poil trop mono-expresif ne possède aucunement le charisme de malade d'un Mads Mikelsen mais le jeune acteur livre une belle performance dans laquelle l'intégralité des émotions semblent bouillir à l'intérieur du personnage sans parvenir à s'exprimer. A ses cotés il faut saluer la charmante performance de Carey Mulligan et une belle galerie de seconds rôles avec Ron Perlman, Albert Brooks, Oscar Isaac et surtout l'immense Bryan Cranston (Breaking bad).

    Drive de Nicolas Winding Refn

    Drive est tout simplement un film qui démontre à quel point l'élément primordial à la réussite d'un film reste la puissance de sa mise en cène. Nicolas Winding Refn ne cède jamais à la facilité, préfère orchestrer des courses poursuites comme de fascinant jeux du chat et de la souris plutôt que de tomber dans la surenchère d'explosions et de cascades, joue sur l'ambiguïté d'un curieux triangle amoureux pour livrer une histoire d'amour platonique basée avant toute choses sur le respect et offre aux spectateurs à intervalle régulier de formidables moments de cinéma. L'attaque de la chambre du motel, la confrontation finale filmée quasiment uniquement à travers des ombres sur le sol et la formidable scène romantico-barbare de l'ascenseur restant quelques uns des point d'orgue du film. On pourrait encore ajouter aux nombreuses qualités du film les accents à la Michael Mann avec la manière dont Refn filme la nuit et la fascinante musique de Cliff Martinez avec de morceaux signés Kavinsky, The cromatics ou Desire. A la manière de son héros Drive impose ses règles et sa mécanique à la fois lente et implacable débouchant sur un final qui semble encore hésiter entre le happy end et la figure mélancolique du héros solitaire.

    Drive de Nicolas Winding Refn

    Drive est au bout du compte un pur objet de fascination à la fois fulgurant et contemplatif qui mélange dans un même écrin les obsessions formelles de son réalisateur avec les univers des films noirs de Mann à Friedkin en passant par Scorsese.

     

    Ma note: 08,5/10

      


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    Intouchables

    de Eric Toledano et Olivier Nakache

    France (2011) – Comédie

    Intouchables de Eric Toledano et Olivier Nakache

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    Intouchables est le petit film phénomène de l'année 2011 en France, à la fois succès critique et public le film de Toledano et Nakache semble fédérer absolument tout le monde autour de lui (enfin presque si on oublie Telerama et les Inrock). Il restait à savoir si Intouchables était une nouvelle fois un film sympathique porté aux nues comme L'arnacoeur ou Bienvenu chez les ch'tis ou bien un grand succès populaire récompensant vraiment un bon film. En sortant de la salle avec le sourire aux lèvres et les yeux embués j'avais ma réponse, Intouchables mérite largement son immense succès...

     Inspiré d'une histoire vraie Intouchables raconte l'amitié improbable entre un aristocrate tétraplégique et un jeune de banlieue tout juste sorti de prison. Deux univers qui n'était pas vraiment fait pour se rencontrer mais qui vont finir par s'apprivoiser pour devenir une relation entre tendresse et respect.

    Intouchables de Eric Toledano et Olivier Nakache

    Intouchables est un film qui aurait très vite pu sombrer dans les pires facilités du fait de son sujet traitant à la fois du handicap et du choc des cultures entre bourgeoisie et banlieue. Mais Intouchables, porté par une évidente tendresse vis à vis de ses personnages, évite systématiquement et avec élégance les pièges du pathos, de la compassion, de la morale, des clichés et du film à thèse sur les jeunes de banlieue. Car même si le film de Toledano et Nakache parle de notre société, du traitement des handicapés, de cultures multiples et de préjugés il a le bon goût de toujours le faire avec beaucoup humour et de ne jamais surligner et expliciter lourdement son discours. Il suffit souvent d'une situation bien sentie, d'un dialogue qui fait mouche pour que le message passe sans que les deux réalisateurs soient obligés d'appuyer leurs effets. Intouchables parle tout simplement du respect de l'humain quelque soit sa condition physique ou social et du refus de l'apitoiement. Jamais Eric Toledano et Olivier Nakache ne font rire aux dépends du handicap, ils rient tout simplement avec en montrant que l'acceptation de soit et des autres passent souvent par l'humour qui implique à la fois respect et distance. Le film permet de modifier notre regard et notre sensibilisation vis à vis du handicap car Intouchables est un film qui s'amuse à nous faire réfléchir.

    Intouchables de Eric Toledano et Olivier Nakache

    Déjà réalisateur des très sympathiques Nos jours heureux et Tellement proches le duo Toledano et Nakache confirment ici leurs capacités à faire des comédies aussi humaines et chaleureuses que drôles et attendrissantes. Car Intouchables est avant toute chose une vraie comédie dans laquelle on se marre très souvent le film s'appuyant sur le formidable duo formé par François Cluzet et Omar Sy. Le naturel, la tchatche et le sens de la vanne de Omar Sy font des merveilles devant un Cluzet impeccable comme toujours et bien content de retrouver dans l'humour l'humanité qu'il avait perdu dans la pitié des regards qu'il inspire. Les grands moments de comédie se succèdent donc à un rythme soutenu de la scène des bas de contention à la découverte de l'opéra en passant par le blind test classique ou encore la séquence durant laquelle le personnage interprété par Omar Sy s'amuse en rasant la barbe de son partenaire. Une très belle scène d'ailleurs dans laquelle Phippe (François Cluzet) retrouve doucement la joie de vivre à mesure des pitreries de Driss (Omar Sy). Intouchables est une comédie parfaitement bien écrite dans laquelle les personnages ne semblent jamais débiter des textes farcis de vannes mais bel et bien s'exprimer de la manière la plus naturel qui soit, le film peut également se vanter de posséder une mécanique infaillible et un sacré sens du tempo. Si le film ne verse jamais dans le mélo ou la recherche systématique du larmoyant il réserve toutefois de jolis moment d'émotion comme lorsque le personnage interprété par Cluzet évoque sa première femme ou dans les relations entre Driss (Omar Sy) et sa tante. Intouchables semble bel et bien touché par une sorte d'état de grâce dans lequel tout semble à la fois léger et lourd de sens ce qui fait que l'on ressort du film avec le visage que nous donne les meilleurs feel good movies à savoir un sourire aux lèvres et les yeux brillant.

    Intouchables de Eric Toledano et Olivier Nakache

    Je ne pouvais pas terminer cette petite critique sans évoquer la polémique ridicule lancé par les américains et Variety qui via le journaliste Jay Wessberg accuse le film d'un racisme digne de la case de l'oncle Tom. Comment peut on à ce point passer à coté d'un film pour n'en fabriquer qu'une polémique puante qui déshonneur surtout celui qui tente de la mettre en avant. Car c'est peut être ce brave Jay Wessberg qui a un petit soucis si à la simple vision d'un noir en train de danser il imagine un singe qui amuse son maître. C'est d'autant plus énervant que le film de Nakache et Toledano est de toute évidence un plaidoyer pour le respect de l'homme en dehors de toute considération physique et que c'est le choc des cultures qui est le moteur de la comédie bien plus qu'une ridicule opposition entre noir et blanc. En gros Jay Wessberg aurait mieux fait de fermer sa gueule plutôt que de venir imposer son point de vue moralisateur et donneur de leçon alors qu'il est de toute évidence totalement à coté de la plaque. L'immense majorité de la critique française et plus de seize millions de personnes ont vu l'humanité qui se dégage du personnage de Driss avant de s'attarder la couleur de sa peau.

    Alors peu importe les polémiques inutiles, les critiques qui pour se distinguer de la masse commence à tirer sur le film car Intouchables est vraiment un très joli film et le quatuor Toledano, Nakache, Cluzet et Omar Sy semblent sur un petit nuage, loin, très loin à la fois intouchables et tellement proche de gens dont ils ont remplis le cœur de joie et d'une belle générosité.

     

    Ma note 07,5/10

     


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    Père Noël origines (Rare Exports a christmas tale)

    de Jalmari Helander

    Finlande-Norvège -France (2011) Fantastique / Bad santa

    Père Noël origines de Jalmari Helander

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    Noël approche et quoi de mieux pour célébrer la venue du gros monsieur habillée de gros rouge qui tâche et de blanc sec que d'emmener toute sa gentille petite famille au cinéma pour voir un joli conte de noël. Les petits enfants pas toujours très sage seront ravis de découvrir les origines du père noël et de sa légendaire bonhomie avec Rare exports, a christmas tale de Jalmari Helander qui sort à point nommé une petite semaine avant l'overdose de foie gras et de cadeaux.

     Père noël origines se situe donc dans le grand nord du coté de la Finlande ou des scientifiques ont décidés d'exhumer la tombe du père noël. Le seul petit soucis c'est que le père noël n'est pas tout à fait à l'image du gros personnage popularisé par Coca-cola et qu'il va se révéler bien plus proche de la dangereuse créature mythologique que de l'image lisse de publicité.

    Père Noël origines de Jalmari Helander

     Le film de Jalmari Helander est une très belle surprise mais je ne suis pas certain que le film va mettre en joie toute les familles qui iront le voir sans trop savoir à quoi s'attendre. Père noël origines est un conte finalement assez sombre qui prend un malin plaisir à détourner toute l'imagerie un peu guimauve des contes de noël made in hollywood. J'imagine déjà avec un sourire béat les commentaires outrées de mères de familles sur allociné qui pensaient se retrouver devant une production bien crétine type Super noël ou Elfe et qui vont devoir faire face aux flots des questions de leurs chères têtes blondes. Et pourquoi les elfes ce sont des vieux messieurs tout nus? Et il est vraiment méchant le père noël? Et maman je peux avoir un fusil comme les garçons du film? Il faut dire que le film de Jalmari Helander tord le cou de manière jubilatoire à toute l'imagerie d'Épinal du conte de noël. Les zolis paysage enneigés sont ici remplacés par d'immense étendus vides et glaciales, les rennes ne volent pas dans le ciel mais se font éventrer dans la neige ou dépecer à l'abattoir, les repas de fête sont de sordides face à face entre un père solitaire et son fils mort de trouille et les lumières sont de pauvres guirlandes tendus entre deux baraquements. Mais c'est l'image même du père noël qui prend les couleurs les plus sinistre avec cette figure cornue de père fouettard venant corriger, voir dévorer les enfants pas sages, soit l'immense majorité des gosses qui par définition ont toute l'innocence nécessaire pour faire des bêtises. Du coup le jeune héros du film attends le père noël avec angoisse dans une armure confectionné de brics et de bracs. Le film pointe même du doigt la pression psychologique que avec laquelle on assomme souvent les enfants sur le registre « si tu n'es pas sage le père noël ne viendra pas... » Jubilatoire également l'imagerie des elfes qui sont ici des vieillards qui se trimballent la bite à l'air dans la neige en protégeant leur maître avec une violence des plus radicale. Incontestablement Jalmari Helander signe avec Rare exports l'un des contes de noël les plus tordus qui soit.

    Père Noël origines de Jalmari Helander

     Pourtant le film est loin d'être totalement sinistre ou même effrayant. Toutefois je sais pas si je conseillerais aux plus jeunes les visions de ces elfe nus guettant comme des fauves dans la neige ou encore la scène relativement tendue et éprouvante de l'interrogatoire de l'elfe dans l'abattoir. Père noël origines est un conte finalement assez adulte qui finira par dénoncer avec force et véhémence la marchandisation de tout y compris des mythes et de l'imaginaire. On domestique la brutalité des légendes, on poli les aspérités des contes, on gratte les tâches sur les pages des mythes pour vendre des produits inoffensifs qui feront rêver des gamins dans des cercles purement commerciaux. Pourtant en sortant du film et si à l'occasion on venait à croiser un père noël de supermarché, il serait difficile de ne pas penser qu'il s'agît peut être d'un elfe à poil du grand nord domestiqué. Le film de Jalmari Helander n'oublie simplement jamais qu'il existe une part d'ombre dans chaque exposition de lumière et que les contes sont souvent à la base des histoires absolument monstrueuses. Père noël origines est donc un vrai coup de cœur car au delà de ses aspects les plus sombres et de son regard sur la mascarade commercial de noël il est avant tout un très joli film parfaitement maîtrisé et rempli de jolis moments magnifiés par une superbe photographie. Il faut également saluer la performance du jeune Omini Tomilla d'une justesse à toute épreuves en gamin prêt à en découdre avec le père noël (on pense parfois à Alain Musy dans le très bon 3615 code père noël). Si le film fait souvent penser aux productions Amblin des années 80 il n'en demeure pas moins solidement ancrée dans une culture nordique qui l'autorise à des audaces qui feraient sans doute fuir l'immense majorité des exécutifs d'Holywood car ce n'est pas chez Spielberg ni même Joe Dante qu'on verrait une horde de vieux crasseux crasseux courir les couilles au vent du nord après un gamin de moins de dix ans.

    Père Noël origines de Jalmari Helander

     Jalmari Helander pense déjà à donner une suite aux aventures de ses elfes domestiqués en père noël en racontant leurs aventures aux quatre coins du monde. On pourrait même imaginer (pur fantasme de geek) qu'il puisse confier les aventures à un réalisateur local et différent pour chaque pays avec pourquoi pas Balaguero pour l'Espagne, Christopher Smith pour l'Angleterre, Soavie pour l'Italie, Thomas Alfredson pour la Suede, Jamie Blanks pour l'Australie, Gaspar Noe pour la France, etc etc... Mais trêve de purs spéculations et retour à la réalité pour affirmer une nouvelle fois que ce Père noël origines est excellent 

     Père noël origines est donc définitivement un gros coup de cœur, un film à la fois sombre et lumineux, intelligent tout en restant ludique et un sérieux retour aux sources d'une mythologie devenu un bazar commercial dans lequel prônent fièrement des icônes publicitaires. Le film de Jalmari Helander n'est sans doute pas le plus clinquant, le plus scintillant ni le plus mignon des contes de noël mais c'est sans aucun doute le plus féroce et le plus jubilatoire.

     

    Ma note : 08/10

     

     


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    Crazy, stupid, love

    de John Requa et Glenn Ficarra

    USA (2011) - Comédie romantique  / Une de plus

    Crazy, stupid, love de Jonh Requa et Glenn Ficarra

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    Ce qui est bien avec les comédies romantiques, et un peu énervant aussi, c'est que c'est toujours différent mais toujours un peu la même chose également. Aussi la simple annonce d'un nouvel esprit et d'un souffle nouveau dans ce genre des plus balisé auront suffit à me pousser à aller voir Crazy, stupid, love en salles. Malheureusement si le film emploie des chemins de traverses il termine sa course sans la moindre surprise dans une célébration bien mielleuse de l'amour triomphant.

     Crazy, stupid , love c'est l'histoire de Cal (Steve Carell) d'un type bien ordinaire qui apprends subitement que sa femme souhaite divorcer. Un soir alors qu'il traine lamentablement son cafard dans un bar il va faire la rencontre d'un jeune séducteur qui décide de le prendre sous son aile pour en faire un serial tombeur et lui redonner le goût de l'amour et de la séduction. Autour de ses deux personnages gravitent d'autres protagonistes en quête d'amour comme un adolescent amoureux fou de sa baby-sitter ou une jeune avocate bourrée d'ambition.

    Crazy, stupid, love de Jonh Requa et Glenn Ficarra

     Crazy, stupid, love propose donc d'explorer l'amour et la séduction au travers de nombreux personnages et divers générations. Un parti pris assez ambitieux qui propose de mélanger le film chorale et la comédie romantique afin d'explorer différentes formes d'amour et de passion de la plus innocente et juvénile à la plus primaire et sexuel. On suit donc les histoires d'une bonne dizaine de personnages gravitant autour d'un Steve Carell qui sert d'axe et de fil rouge narratif à divers romances qui parviennent toute à exister à l'écran sans se marcher les unes sur les autres. De ce point de vue Crazy, stupid, love est une vraie réussite car les différentes composantes de son récit cohabitent, se répondent pour finir par se retrouver dans une scène assez savoureuse regroupant les différents personnages. A l'exception du personnage un peu falot d'Émilie interprétée par Julianne Moore le reste des protagoniste et du casting est un pur bonheur avec en tête un Steve Carell toujours aussi parfait. On retrouves aussi la délicieuse Emma Stone (ZombielandSupergrave) touchante en femme ambitieuse découvrant que l'amour doit se nourrir de passion et de complicité, Ryan Gosling le nouveau beau gosse découvert dans Danny Ballint en séducteur succombant à la passion amoureuse, le jeune Jonah Bobo en adolescent amoureux trop précoce et la pétillante Analeigh Tipton dans un très jolie rôle d'adolescente babysitter coincée dans sa quête d'amour entre des passions trop infantiles et des désirs trop adultes.

    Crazy, stupid, love de Jonh Requa et Glenn Ficarra

     Comme toute bonne comédie romantique qui se respecte Crazy, stupid, love navigue entre rires et émotions. Sur le registre de la romance on retiendra surtout deux très belles idées avec d'un coté le personnage de Steve Carell venant la nuit en cachette pour entretenir le jardin de son ancienne maison comme pour retrouver les sensations de sa vie rangée passée et entretenir l'espoir de reconstruire son couple et surtout la scène entre Ryan Gosling et Emma Stone transformant un désir d'étreinte purement sexuelle en un joli jeu de séduction et de tendresse. Pour le rire on retiendra surtout la séquence de coaching et relooking de Steve Carell limite Pretty woman dans l'esprit. Si Steve Carell est incontestablement le personnage centrale du film et l'attraction comique majeure de Crazy, stupid, love il se fait pourtant voler la vedette par une explosive et hilarante Marisa Tomei qui dans un rôle très secondaire s'offre rien de moins que les meilleurs moments du film. La séquence de séduction un peu foireuse dans le bar et sa partie de jambes en l'air avec Cal (Steve Carell) sont très drôle et la scène de réunion parents professeurs durant laquelle elle se retrouve face au couple Carell/Moore est absolument géniale. Comble de l'élégance et du bon goût c'est encore Marisa Tomei qui osera faire un joli doigt d'honneur lors du final dégoulinant et bien mielleux de bons sentiments.

    Crazy, stupid, love de Jonh Requa et Glenn Ficarra

     Car sans être révolutionnaire Crazy, stupid, love était une très belle comédie romantique cassant un peu les structures et les clichés du genre jusqu'à son final absolument déprimant de morale et de bons sentiments. On assiste donc au grand discours du personnage repenti sur la passion et l'amour devant une salle béate écoutant le sourire aux lèvres et la larme à l'œil avant que tout le monde ne se range bien gentiment dans les cases et les conventions du genre et de la société. Cal retourne vers sa femme car les couples ne sont pas fait pour divorcer, le séducteur alignant les conquêtes se range pour devenir un bon fiancé fidèle et dévoué, le jeune adolescent comprend qu'il est un peu trop jeune pour aimer autrement que de manière platonique et la jeune babysitter s'en va pour se consacrer à des amours de son age. Les liens du mariage sont sacrés, les amours d'adolescents ne sont pas très sérieux, il faut trouver l'amour plutôt que de séduire à tout va et l'union de deux êtres doit se faire sans trop de différence d'age , amen ! Tout va donc bien dans le meilleur et le plus morale des mondes, les deux quadragénaire sont ensembles, les deux trentenaires aussi et les deux trop jeunes se séparent gentiment. C'est vraiment ce qui s'appelle gâcher un joli film par un final bien foireux, encore une fois merci à Marisa Tomei pour ce petit doigt tendu aux conventions et à toute cette guimauve.

    Crazy, stupid, love de Jonh Requa et Glenn Ficarra

     On ne va pas non plus trop bouder son plaisir et démolir le film uniquement sur son final car Crazy , stupid, love permet de passer un très joli moment en alternant avec jubilation pendant l'immense majorité du temps les rires et les moments plus romantiques. On attendras juste encore pour trouver la comédie romantique qui comprendras que l'amour n'est pas une célébration de doctrines morales, religieuses et sociologiques mais au contraire la célébration d'une passion capable de briser l'intégralité des limites et des carcans sociaux, politiques et moraux.

     

    Ma note: 06,5/10

      


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    Polisse

    de Maïwen

    France (2011) – Policier /Com Dramatique – Chronique d'une détresse trop ordinaire

    Polisse de Maïwen

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     Après deux premiers films parfaitement égocentriques et parfois horripilant de prétention auteurisante sur sa famille et son métier de comédienne, la jeune actrice et réalisatrice Maïwen revient avec Polisse. Pour son troisième long métrage Maïwen choisit donc plonger le spectateur dans le quotidien d'une brigade de police spécialisé dans les affaires de mineurs. Fatalement le film lorgne bien plus du coté du Police de Pialat que vers celui de L'arme fatale. Maïwen choisit de coller au plus près des ses acteurs et de leurs personnages en s'attachant uniquement à la dimension humaine de la fonction de flic.

     Polisse c'est donc l'histoire de Melissa (Maïwen) une jeune photographe mandatée par le ministère pour réaliser un ouvrage de photographies sur le quotidien de la BPM (Brigade de protection des mineurs). La jeune femme va alors se retrouver plonger au cœur d'affaires de meurs, de viol, d'attouchements sur mineurs et découvrir comment les hommes et les femmes de cette brigade tente de concilier tant bien que mal leur vie professionnel et leur vie privée.

    Polisse de Maïwen

     Polisse est un film que me laisse un sentiment pour le moins partagé pour la simple raison que j'ai le sentiment que Maïwen réussit à peu prêt une scène sur deux. Autant le film est absolument formidable et quasiment sans la moindre fausse note lorsque il suit ses flics dans l'exercice de leur métier, autant il cesse très souvent de m'intéresser pour ne pas dire plus dès l'instant qu'il s'égare sur les problèmes de couples et la vie privée des personnages. Les histoires de divorce, d'anorexie, de sexe et d'amour entre les protagonistes qui sont censé montrer les difficultés à se détacher totalement de leurs fonctions tombent bien trop souvent à plat à mon goût. Malheureusement quasiment toutes les scènes plus intimiste impliquant les individus plutôt que la vie du groupe semblent artificielles et finalement n'apportent pas grand chose au film dans son intégralité. Maïwen réussit ourtant de très jolis moments en dehors des strictes histoires de police mais c'est à chaque fois des scènes dans lesquelles l'esprit du groupe prime sur les histoires personnelles, on retiendra surtout la soirée dans la boîte de nuit ou l'équipe se lâche pour évacuer la tension et la scène de la soirée entre amis chez le personnage interprété par Marina Foïs. Dans le registre plus intime seuls la relation amoureuse tout en non dit entre Karole Rocher et Nicolas Duvauchelle et les très beaux moments entre Fred (Joey Starr) et sa petite fille parviennent à toucher. Le plus horripilant reste sans doute le personnage interprété par Maïwen elle même avec le sentiment parfois bien désagréable que le film tourne un petit peu trop autour de son nombril. La réalisatrice s'octroie d'abord un rôle de témoin assez distant et transparent mais assez vite ,comme si elle craignait de passer au second plan, le film va commencer à tourner autour de son histoire d'amour naissante avec le personnage de Fred, ce qui n'est objectivement pas l'aspect le plus passionnant du film.

    Polisse de Maïwen

     Fort heureusement Polisse est aussi un film vraiment formidable dès l'instant qu'il revient à sa véritable raison d'exister. On pourra dire absolument tout ce que l'on veux de Maïwen, de sa grande gueule, de sa prétention, de sa suffisance mais de films en films elle confirme qu'elle est vraiment une formidable et fiévreuse directrice d'acteurs. On se retrouve totalement plonger dans le quotidien de ces flics finalement bien ordinaires avec un soucis constant de toujours rester à hauteur d'hommes et de femmes. Polisse parvient à fasciner et révulser sur la cohorte d'horreurs quotidiennes que doivent traiter ses flics tout en gardant une forme de froide distance qui parfois se fissure comme autant de blessures. Parfois procéduriers, parfois cynique, parfois révoltés, parfois ironiques, parfois maladroit, parfois froid ou rempli de compassions on suit comme autant d'épreuves intimes les interrogatoires de mères indignes ou victimes, de père pédophiles et surtout d'enfants parfois victimes de leur innocence. Maïwen révèle alors sous le regard acéré comme un scalpel de sa caméra les pires horreurs dont peuvent être victimes les enfants. Polisse dresse alors en filigrane le portrait d'une époque entre impunité des puissants, banalisation totalement inconsciente de l'acte sexuel chez les adolescents, combat entre traditions et droit, violence ordinaire et de nombreux autres sujets que la réalisatrice évoque très souvent avec une force frontal et tact mesuré. Impossible d'oublier la scène de l'avortement de cette adolescente violée, les larmes de cette mère (Sandrine Kiberlain magnifique) réalisant les horreurs qu'elle a laissé subir à sa fille ou le terrible témoignage cynique et désabusé de ce père pédophile. Il serait bien trop facile de penser que Polisse se vautre dans le sordide en cataloguant les horreurs que peuvent subir les mineurs, il ne fait que livrer sur deux heures au yeux de tous ce que ces flics vivent au quotidien. Certaines séquences pourront sembler complaisantes dans leur description froide et clinique mais elles ne font que mettre à jour une réalité qui écorche le cœur et les yeux. On est d'abord surpris et souvent choqué par le détachement apparent de ses flics parlant parfois de viols de mineurs comme on parlerait shopping puis on finit par comprendre leur fonctionnement et surtout la carapace qu'ils sont obliger de se construire. On finira même par rire avec eux sur une histoire aussi grotesque que sordide de fellation pour récupérer un portable. L'intégralité de ce qui touche directement au travail de la brigade est absolument parfait en matière de mise en scène comme en matière de direction d'acteurs. Le seul gros bémol reste la séquence assez foireuse durant laquelle la BPM doit épauler une autre brigade pour un flagrant délit, une séquence de pseudo suspens et d'action tellement inutile que l'on se demande ce qu'elle vient foutre dans le film.

    Polisse de Maïwen

     Pour Polisse Maïwen s'est entourée comme souvent d'une sacrè bande d'acteurs et d'actrices. Un casting formidable pour une nouvelle fois de très grands moments de comédie. Le casting est absolument parfait à l'exception de deux léger bémol pour moi qui sont Maïwen elle même et Karine Viard que j'ai personnellement trouvée assez insupportable. Bon, j'avoue que je n'ai jamais vraiment accroché sur cette actrice mais elle est de tout le casting la seule qui me semble en faire souvent un peu trop dans le registre du naturel forcé. Pour le reste c'est du tout bon et il faut saluer les très belle prestation de Nicolas Duvauchelle, de la bien trop rare Karole Rocher (Braquo), de la formidable Emmanuelle Berco, sans oublier Frederic Pierrot, Naydra Ayadi, Arnaud Henriet et Marina Foïs bien plus convaincante en flic ici que dans L'immortel. Je sais que c'est un peu facile de citer l'intégralité du casting mais Maïwen a réussit à créer une telle effervescence, une si belle émulsion d'énergie entre ses comédiens qui fait qu'il est difficile d'en ressortir un seul du lot comme lors de l'excellente et bouillante scène du kebab. Difficile de ressortir un nom encore que, comme vous l'aurait remarqué forcément je n'ai pas encore parlé de Joey Starr qui incarne Fred. Pas grand chose à dire si ce n'est que Joey Starr est absolument MONS-TRU-EUX et qu'il bouffe l'écran avec un charisme animal et un naturel qui m'ont laissé vraiment pantois. Dès la première scène dans la voiture de police quand il engueule une adolescente de banlieue pour la faire taire c'est une évidence, Joey Starr est un putain d'acteur. C'est bien simple dès l'instant qu'il est à l'écran le film prend vraiment une autre dimension tellement il est énorme. Il était déjà l'un des seuls atouts du film Le bal des actrices mais là il est vraiment incroyable de magnétisme, de puissance et d'émotion. La scène durant laquelle son personnage prend trop à cœur la séparation d'une mère africaine et de son fils est juste bouleversante d'humanité, de rage, de tristesse et de tendresse mélangés. Ne serait ce que pour lui Polisse mérite vraiment le détour.

     Polisse est donc un film bien bancal, pas loin de la perfection dans sa description du quotidien de la BPM et pas loin d'être totalement insupportable sur d'autres aspect. La force du propos, la puissance de certaines séquences, l'émotion et l'humanité qui se dégage du film et la performance de Joey Starr suffisent toutefois à placer Polisse dans la catégorie des très bons films.

     

                                                               Ma note : 07,5/10

      


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